Le NEC, Nouvel Equipement Culturel
Notice
L'architecte Christian de Portzamparc visite à Rennes le chantier du Nouvel équipement Culturel. Ce bâtiment qui rassemblera le Musée de Bretagne, l'Espace des Sciences et la Bibliothèque participe au développement de Rennes et de sa métropole.
Éclairage
Le 17 mars 2006, Rennes inaugure son nouvel équipement culturel, les Champs Libres. Grand projet municipal de la décennie 1990, il naît de la conjonction de nouveaux besoins culturels de la ville. Trois problématiques sont au cœur de la conception des Champs Libres, comme le rappelle Martial Gabillard dans son livre La Politique culturelle à Rennes : la lecture publique, le musée de Bretagne et l'espace des sciences. Une des premières missions culturelles que se donne la nouvelle municipalité en 1977 est de pallier au manque de bibliothèques de la ville de Rennes. A partir de 1979 elle constitue un solide maillage de bibliothèques pour que les livres soient accessibles aux quatre coins de la ville. Cette politique qui s'étale tout au long des années 1980 est soutenue financièrement par l'Etat. Jack Lang, ministre de la culture du premier gouvernement de François Mitterrand, met en place une politique en faveur de la promotion et de l'accessibilité du livre. Ce nouveau réseau de bibliothèques rennais s'accompagne d'une action culturelle autour du livre : prix littéraires, animation autour du livre... Cependant, il manque toujours une véritable bibliothèque centrale, celle de la Borderie devenant de plus en plus exigüe pour assurer un développement pérenne. De plus, la mairie vient d'acquérir un fonds muséographique important puisque l'écrivain Henri Polès lègue dans les années 1980 à la ville de Rennes toute sa collection autour de l'écriture et du livre. Il faut réfléchir à un espace approprié pour mettre en valeur tout ce patrimoine.
Parallèlement, la municipalité est à l'écoute d'un projet de grand musée de la Bretagne sur les arts et les traditions populaires. Depuis 1960, le musée des Beaux Arts accueille dans une partie de ses locaux un musée de la Bretagne. Même si le lieu est dynamique, sa visibilité est moindre alors qu'on voudrait lui donner une résonnance régionale. La question des lieux se pose sérieusement au milieu des années 1980. En 1988, premier coup d'essai : on imagine un espace sur le site de l'Arsenal pour une grande bibliothèque et un musée à vocation régionale. Mais le projet est rapidement remis en cause, le lieu n'est pas adéquat, et on parle d'une implantation hôtelière plutôt que culturelle.
Depuis les années 1980 Rennes et sa métropole sont à la pointe de la science et de la technique. Il faut ajouter à la vitalité de ce secteur économique en plein essor l'existence de plusieurs universités à Rennes qui stimulent la recherche scientifique. La science et la technique apparaissent comme un enjeu territorial qu'il faut mettre en valeur. En 1984, la municipalité lance le Centre de Culture Scientifique et Technique. Il prend place dans le centre commercial Colombia sous la forme de l'Espace des sciences. Mais c'est justement d'espace dont manque cette dynamique structure dès le début des années 1990. De ces trois nécessités naît le projet Nouvel Equipement Culturel. Puisqu'il faut créer une bibliothèque centrale, agrandir le musée de Bretagne et l'espace des sciences, la municipalité entreprend un grand chantier et propose de les regrouper dans une nouvelle structure culturelle. En 1991, une commission composée d'élus, d'administratifs et d'un comité scientifique planche sur le sujet. Le projet mis sur pied reçoit le soutien des différents ministères concernés.
En novembre 1992, le projet est voté et c'est Christian de Portzamparc qui gagne le concours d'architecture. Né en 1944, c'est d'abord à l'école des Beaux Arts de Paris que ce dernier fait ses classes. La ville est au cœur de ses préoccupations, et son travail est reconnu mondialement pour mêler concept artistique personnel et insertion intelligente dans un environnement urbain. Pour les Champs Libres, il propose de créer un même espace pour les trois pôles mais en les différenciant de façon à ce que le public les distingue et les identifie rapidement. Les volumes, les couleurs, les matériaux sont au service de cet assemblage. Il n'y a pas de fusion mais plutôt la conjugaison de trois dynamismes distincts. Les travaux commencent en 1997. Mais la construction n'est pas sans embuche et le chantier accuse plusieurs retards conséquents qui font enaler la polémique sur le coût de l'investissement (la ville est déjà impliqué dans un grand projet d'équipement de transport avec la mise en place du VAL). En 1999, la ville transfère ses compétences concernant ce projet à la communauté d'agglomération Rennes District qui devient en 2000 Rennes Métropole. Au-delà de la polémique entretenue par l'opposition municipale, il faut souligner le succès public des Champs Libres. Les expositions temporaires, les débats citoyens assurent le renouvellement de cet équipement culturel qui participe à la réanimation de tout un quartier de Rennes.
Bibliographie :
Martial Gabillard, "Vers les champs libres : lecture publique, les d'art et de traditions populaires, la culture scientifique et technique", in La politique culturelle à Rennes, 1997-2008, mémoires et réflexions, Rennes, Editions Apogées, 2008.