La plus ancienne carte représentant l’Amérique est vosgienne
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Le planisphère de Waldseemüller vient d’être acheté par le Congrès américain après de nombreuses années de négociation. Présentation de ce chef d'œuvre d’origine vosgienne qui, par sa singularité, va bouleverser les cartes.
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Date de publication du document :
08 déc. 2021
Date de diffusion :
05 nov. 2003
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Contexte historique
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Il existe des échanges pluriséculaires entre l’Europe, l’Afrique et l’Asie, mais, jusqu’à la fin du XVe siècle ils restent limités. La découverte de nouveaux continents et ainsi de nouveaux mondes, comme l’Amérique ou encore l'Océanie, va bouleverser ces échanges et les densifier. De nouvelles routes sont ouvertes afin de mettre l’ensemble des territoires en relation et ainsi les cartographies vont évoluer : de la projection conique de Ptolémée on arrive progressivement à des projections cylindriques comme celles de Mercator (1569) ou de Peters (décrite pour la première fois en 1855 par James Gall et qui prend le nom de Gall-Peters en 1967), plus tardives que celle présentée dans l’extrait.
La carte de Martin Waldseemüller va être novatrice, tant dans son contenu que dans sa forme : elle représente la Terre par une modification de la projection conique mais de manière cordiforme, c’est-à-dire en forme de cœur ou encore de manteau. L’expansion du monde connu et les nouvelles techniques de reproduction, comme l’imprimerie, marque ces siècles et ouvre une ère nouvelle à ce que l’on va considérer comme une première mondialisation. Ce phénomène est visible par la diffusion de cette carte et de son nom à l’échelle européenne.
On cartographie le monde dans un souci scientifique mais également pratique ; les innovations dans les instruments de navigation, notamment la boussole, contribuent au succès de cette connaissance internationale. De plus, comme le montre la carte de Waldseemüller, on représente traditionnellement l’Europe au centre des cartes, dans un souci pratique mais aussi politique. C’est ce continent qui va coloniser et organiser les relations internationales.
L’imprimerie, inventée dans le Rhin supérieur (Mayence, Strasbourg), va permettre également la diffusion de ce savoir. Cette vidéo peut permettre de conceptualiser les premiers empires coloniaux, les nouvelles routes maritimes puisque l’auteur, Waldseemüller, utilise principalement des cartes marines pour élaborer ses cartes ainsi que les conclusions des voyages d’exploration. Ainsi cette carte est particulièrement importante pour l’expansion des connaissances géographiques.
Dès le XVIe siècle, on peut alors parler d’une première mondialisation lors de la mise en place d’une économie d’échange entre les continents : entre le Nouveau monde, l’Europe et le continent africain, dont les connaissances géographiques se précisent. La découverte de nouveaux territoires et l’expansion d’empires coloniaux vont organiser les relations entre les territoires et permettre le développement des métropoles européennes qui gagnent en influence et en richesse. Cette organisation et ces échanges mondiaux seront plus larges avec les grandes découvertes du XVIIIe siècle, qui ont aussi des ambitions scientifiques, en plus des ambitions commerciales des siècles précédents. Mais le XVIIIe siècle sera marqué par le commerce triangulaire, celui de la traite négrière - l’échange d’esclaves contre des armes, des produits de luxe ou manufacturés -, qui favorise l’enrichissement des classes aristocratiques. La main d'œuvre africaine est réduite à l’état de marchandise. Ces découvertes et cette mondialisation sera diffusée aussi par le publication d’encyclopédies et d’essais scientifiques qui dénoncent alors la base de cette mondialisation.
On surnomme Saint-Dié-des-Vosges la "marraine de l’Amérique" en référence à la cartographie de Waldseemüller, et cette histoire marque les esprits des géographes puisque c’est ainsi que va se fonder le Festival International de Géographie (FIG) en 1990.
Historiquement également, la ville a son importance dans la géographie puisque René II, duc de Lorraine (1451-1508), était passionné de géographie. Inspiré par Ptolémée, il est l’instigateur du projet d’imprimer la « Cosmographie », qu’il confie à Gauthier Lud, chanoine du chapitre de Saint-Dié.
Éclairage média
Par
En 2003, la bibliothèque du congrès américain vient d’acquérir l’original de la mappemonde réalisée par Martin Waldseemüller, pour la somme de 10 millions de dollars. La bibliothèque du Congrès avait fait connaître son souhait de s'en porter acquéreur tout au long du XXe siècle. Il s’agit de la première carte sur laquelle figure le continent américain avec l'appellation America.
L’extrait commence par une vue en zoom arrière d'une copie de la carte vendue, permettant d’apprécier les nombreux détails et sa forme particulière : cordiforme, c’est-à-dire en forme de cœur. La projection se rapproche plus d’une projection cylindrique. Cette forme particulière fait référence à la foi de l’auteur : le « manteau » symbolise le manteau de la Vierge de la Miséricorde.
Ce cartographe est originaire de Saint-Dié-des-Vosges, et l’auteur de la première carte « Universalis Cosmographia » réalisée en 1507, marquante parce qu’elle représente le continent américain dénommé « America ». Elle a été imprimée en de nombreux exemplaires et diffusée sur le continent européen. C’est cette diffusion qui contribua à l’acception du nom d’Amérique pour la dénomination du nouveau continent découvert peu de temps avant. La carte est associée à la Cosmographiae Introductio, un livret de 52 feuillets réalisé à Saint-Dié.
Ce planisphère représente les Andes et montagnes Rocheuses, détail qui a son importance puisque qu’aucun des navigateurs européens ne fait mention de ces reliefs dans ses carnets.
Un zoom sur le continent américain, permet de voir le nom « America » ainsi que les nombreuses colonies installées sur la côte est. On peut remarquer aussi que l’ensemble du continent n’est pas encore exploré, au vu de la largeur du territoire représenté. S'enchaînent d’autres vues sur les médaillons supérieurs, illustrant des cartes flanquées de leurs auteurs : Ptolémée et Amerigo Vespucci. Ces cartes permettent de faire une comparaison avec celle de Waldseemüller et de montrer ainsi sa singularité. Mais ce n’est pas son unique nouveauté puisque c’est aussi la première carte murale réalisée grâce à l’imprimerie.
La carte a été diffusée sur l’ensemble du continent européen et elle fut tirée à environ mille exemplaires, un exploit pour l’époque. Le nom d’Amérique s’est alors naturellement imposé et a été admis par les habitants européens. Dans l’extrait, l’orateur mentionne le fait qu’il s’agissait d’une révolution à l’époque, ce qui est le cas, puisque le continent, jusqu’alors méconnu par les Européens, est désormais cartographié. Cette révolution signera également le début des grandes découvertes et aussi les prémisses de la mondialisation.
Albert Ronsin, historien et conservateur de la bibliothèque et du musée de Saint-Dié, explique comment on nomme le nouveau continent, à partir d’un nom féminin comme c’était déjà le cas pour l’Asie par exemple. Ce mot est donné en référence à l’explorateur qui découvrit et explora la partie sud du nouveau continent : Amerigo Vespucci. Ce sont ses travaux qui serviront de bases de travail au chanoine qui va cartographier ce nouveau continent peu exploré.
Le reportage se termine sur des vues de Saint-Dié après un incendie, pour compléter le propos du journaliste : les cartes sont souvent moins bien conservées que les manuscrits.
La ville, « marraine de l’Amérique », ne conserve qu’une copie de cette carte mais a toujours ce que le journaliste appelle la "notice explicative d’origine", qui n’est autre que le Cosmographiae Introductio. C'est un livret de 52 feuillets attribué à l’auteur Waldseemüller mais en réalité réalisé à l’initiative des érudits du « Gymnase vosgien » (association scientifique créée en 1500 à Saint-Dié-des-Vosges). Il avait été imprimé à 1000 exemplaires initialement, et il n’en subsiste que 22 dans le monde, dont deux sont conservés au musée de Saint-Dié.
Transcription
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