Hommage à Victor Schoelcher, l’homme qui a œuvré pour l’abolition de l’esclavage
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Portrait de Victor Schoelcher, principal artisan de l’abolition définitive de l’esclavage en France en 1848. Rappel de son combat et témoignage de l’un de ses descendants.
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08 déc. 2021
Date de diffusion :
27 avr. 1998
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L’esclavage peut être défini comme un système socio-économique qui repose sur l’exploitation d’êtres humains et qui use de la contrainte et de la violence. La question de l’esclavage, de sa justification ou de son rejet, a traversé toutes les périodes de l’histoire. A l’époque moderne, l’esclavagisme se développe dans le cadre de la traite négrière. Entre le XVIe et le XIXe siècle, celle-ci se caractérise par l’enlèvement et le commerce de populations noires d’Afrique, suivie de leur déportation vers les Antilles ou l’Amérique, où ces personnes sont réduites en esclavage par des colons originaires des puissances européennes. Les critiques contre cette pratique s’intensifient au cours du XVIIIe siècle, en particulier au sein du courant philosophique des Lumières et sous l’influence des Quakers anglais qui prônent l’égalité naturelle des hommes. Un mouvement abolitionniste se structure progressivement et s’internationalise à la fois en Amérique et en Europe. Dans un premier temps, les protestations s’élèvent plus contre la traite que contre l’esclavage lui-même. Le mouvement gagne la France à la veille de la Révolution : une “Société des Amis des Noirs” est fondée à Paris en 1788 ; Mirabeau, Lafayette et Condorcet participent régulièrement à ses débats, défendant notamment l’idée d’une abolition graduelle de l’esclavage. Le premier aboutissement de ce combat a lieu durant la période révolutionnaire : la Convention, assemblée législative de la Ière République, abolit officiellement l’esclavage le 4 février 1794. Mais, sous la pression des propriétaires de plantations coloniales, le Premier Consul Napoléon Bonaparte le rétablit le 20 mai 1802. Dans la première moitié du XIXe siècle, la question de l’abolition de l’esclavage, sans être centrale, agite régulièrement les débats des régimes conservateurs au même titre que les idéaux avortés de la Révolution française.
Le 24 février 1848 avec l'avènement de la IIe République un vent de liberté souffle à nouveau en France. Le nouveau régime, démocratique sur le plan politique, cherche à répondre aux aspirations sociales en proclamant le droit au travail et en limitant le temps de celui-ci. C’est dans ce climat fraternel et d’unanimité sociale des débuts de la IIe République que l’esclavage est définitivement aboli le 27 avril 1848. Avec le suffrage universel masculin, cette mesure fait partie des grands principes libéraux adoptés par le nouveau régime avant que celui-ci ne prenne un virage plus conservateur. Date symbole de l’histoire de France, l’abolition de l’esclavage est étroitement liée à la personne de Victor Schoelcher, ardent défenseur et combattant sans relâche de sa mise en œuvre.
L’étude de cette figure tutélaire de la mythologie républicaine permet de mettre en lumière le parcours et l’évolution de la pensée d’un homme considéré, de son vivant même, comme un véritable humaniste et philanthrope. Issu d’une famille catholique et bourgeoise d’origine alsacienne, Victor Schoelcher (1804-1893) met une grande partie de sa fortune, héritée du commerce de porcelaine paternel, au service de la défense de l’égale dignité de tous les êtres humains. Son combat pour abolir l’esclavage est le fruit d’une réflexion progressive. Le point de départ remonte aux premiers voyages que Schoelcher effectue en Amérique à la fin des années 1820 pour le compte de l’entreprise paternelle. Il est révolté par le sort réservé aux esclaves. Délaissant alors une carrière commerciale toute tracée, il devient un militant actif de l’humanisation de la condition des esclaves. Devenu franc-maçon, journaliste et pamphlétaire, il met sa plume au service de son combat. En 1833, il publie un réquisitoire, De l’esclavage des noirs et de la législation coloniale, dans lequel il démontre comment l’esclavage transforme les hommes en brutes. Schoelcher milite alors surtout pour une limitation de l’esclavage et pour la reconnaissance de droits aux esclaves. Ce n’est qu’au début des années 1840, à la suite d’un nouveau voyage aux Antilles, qu’il s’engage plus résolument pour son abolition complète. Ses réflexions sont partagées par d’autres grandes figures politiques comme Tocqueville ou Lamartine. En 1848, sa proximité avec les nouveaux hommes forts du régime républicain lui permet d’entamer une carrière politique. Nommé sous-secrétaire d’État à la Marine et aux Colonies puis président de la commission d’abolition de l’esclavage en mars 1848, il a désormais les moyens de son combat. Son poste à la commission lui permet de préparer les conditions de l’émancipation des esclaves dans les colonies françaises et de régler leur accès à la citoyenneté et au marché du travail. Il propose, sans succès, d’indemniser les anciens esclaves pour leurs souffrances endurées. Seuls les propriétaires bénéficieront d’indemnités. Les travaux de cette commission aboutiront au décret d’abolition définitive de l’esclavage signé le 27 avril 1848 par tous les membres du gouvernement provisoire de la République française.
Élu député en Martinique en 1848, puis en Guadeloupe en 1849, Victor Schoelcher poursuit son œuvre en veillant à l’application concrète du décret abolitionniste. Proscrit durant le Second Empire en raison de ses idées républicaines, il s’exile en Grande-Bretagne pour ne revenir en France qu’en 1870. D’abord réélu député de Martinique, il termine sa carrière en étant sénateur.
Éclairage média
Par
Ce reportage de France 3 Alsace a été diffusé le 27 avril 1998 à l’occasion de la commémoration du cent cinquantième anniversaire de l’abolition de l’esclavage par la IIe République française. Il a pour objectif de rappeler le rôle essentiel de Victor Schoelcher dans ce combat.
Les premières images transportent le spectateur en Martinique et en Guadeloupe, territoires de la République française qui portent encore la marque de la colonisation et de l’esclavage. Les premiers plans montrent d’emblée combien la présence de Schoelcher est vivace dans la mémoire collective des habitants. Un homme, dont on peut supposer que ses ancêtres furent esclaves, chante un hymne rendant hommage à l’œuvre de Schoelcher. Des statues, à l’effigie de Schoelcher, ornent des places publiques où des cérémonies marquant la fin de l’esclavage sont célébrées chaque année.
Le témoignage d’un descendant de Victor Schoelcher vient rappeler les origines alsaciennes de la famille. Celui-ci insiste à juste titre sur le combat souvent solitaire mené par son illustre aïeul dans la mise en œuvre du processus abolitionniste. Sans verser dans l’hagiographie, il souligne le rôle de philanthrope joué par son aïeul. Plusieurs caricatures extraites de journaux de l’époque illustrent sa notoriété auprès d’un large public à un moment où la diffusion de la presse prenait son essor.
Le commentaire de la journaliste met opportunément en perspective quelques-unes des principales étapes de la vie de ce grand humaniste : les voyages qui ont déclenché sa prise de conscience, son engagement partisan dans la presse, les épisodes marquants de sa carrière politique. Des gravures d’époque montrent le sort des esclaves tandis que d’anciennes chaînes, conservées dans un musée dédié à l’œuvre de Schoelcher, illustrent le propos. L’énergie et la détermination intacte que Schoelcher a déployé tout au long de sa vie pour mener à bien son combat sont soulignées. Enfin, il est aussi rappelé que Schoelcher a été bien plus que la figure de proue du mouvement abolitionniste puisqu’il a aussi milité pour d’autres causes dont l’amélioration de la condition féminine. En cela, son œuvre profondément humaniste reste donc toujours d’actualité.
Il reste à préciser ce que le reportage ne dit pas : entretenue dans les territoires ultramarins, la mémoire de Schoelcher l’est aussi largement sur l’ensemble du territoire français où de nombreuses rues et établissements scolaires portent son nom. De plus, Schoelcher fait partie du cercle très restreint des grandes figures de l’histoire de France à laquelle la République a rendu hommage par une panthéonisation : en 1949, à l’initiative du président du Sénat Gaston Monnerville, les cendres de Schoelcher sont transférées dans le monument parisien dont le fronton précise que la patrie est reconnaissante aux grands hommes. Depuis 2006, la France a fait du 10 mai une journée commémorative du souvenir de l'esclavage et de son abolition. Elle est par ailleurs le seul État au monde ayant qualifié la traite négrière et l'esclavage de "crime contre l'humanité". On peut donc parler d’une véritable construction mémorielle républicaine articulant l’abolition de l’esclavage à la figure de Schoelcher. Or, comme tout objet historique construit et commémoré de façon officielle par un État, la mémoire et le rôle de Schoelcher ont été régulièrement débattus et remis en cause par des groupes contestant la prépondérance voire le rôle joué par celui-ci dans l’abolition de l’esclavage. Ainsi, le 10 mai 2020 des militants indigénistes antillais ont revendiqué le déboulonnage de statues de Schœlcher en Martinique. En cela, ils inscrivent leur action dans une lutte politique qui rappelle que les différents régimes républicains français, bien que n’ayant jamais remis en cause l’abolition de l’esclavage, n’en sont pas moins restés colonialistes jusque sous la IVe République.
Transcription
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