Le massacre de Wassy
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En 1562, à Wassy, les troupes du duc de Guise perpétraient un massacre de protestants. Si les causes de cette tuerie restent encore sujet à débats, l’événement n’en est pas moins présenté comme le prologue des guerres de religion qui allaient marquer le XVIe siècle.
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Date de publication du document :
08 déc. 2021
Date de diffusion :
20 oct. 2017
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Contexte historique
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Le XVIème siècle est le siècle des réformes religieuses, de l’apparition du protestantisme et de ses différentes branches, luthéranisme, calvinisme, anglicanisme pour ne citer que les plus importantes. Cela provoque un schisme, une séparation au sein de la religion chrétienne et conduit à de nombreuses violences en Europe. La France, en particulier, est déchirée par huit guerres de religion à partir de 1562 jusqu’en 1598, date de la signature par Henri IV de l’Édit de Nantes qui autorise la pratique de la religion protestante, dite réformée, dans un certain nombre de lieux.
Ces guerres sont caractérisées par de terribles massacres dont le premier, celui de Wassy, a lieu le 1er mars 1562, dans un petit village de Haute-Marne. Souvent oublié au profit de la Saint-Barthélemy (24 août 1572) à Paris, il marque pourtant dans l’historiographie le début des guerres de religion même si pour certains historiens elles avaient commencé avant. Catherine de Médicis (1519-1589) exerçait alors la fonction de régente pour son fils Charles IX (1550-1574), nommé roi en 1560 à la mort de son frère François II. Bien qu’elle ait cherché la conciliation et à éviter les violences entre catholiques et protestants, elle souffre d’une légende noire qui s’explique, en partie, par son rôle dans le déclenchement de la Saint-Barthélemy. Après la mort de son fils François II, elle assouplit la politique religieuse conduite jusqu’alors par les Guise.
Ces derniers issus de la grande noblesse, des ducs de Lorraine, ont fait carrière dans les armées et l’Église. Ils se présentent comme les défenseurs d’un catholicisme intransigeant. La régente les écarte du pouvoir et mène une politique de tolérance qui conduit au colloque de Poissy en 1561. Cette réunion, qui est une tentative de compromis entre catholiques et protestants, échoue cependant en raison de l’incompatibilité des points de vue. Après cet échec, Catherine de Médicis réunit à Saint-Germain une assemblée de notables, principalement des membres du Parlement de Paris, des juristes et diplomates qui conseillent d’autoriser le culte protestant sous certaines conditions. Le 17 janvier, est publié, dans ce sens, un Édit de tolérance, dit Édit de Janvier. Il donne pour la première fois un statut de légalité à l’Église réformée ce qui n’existe alors nulle part ailleurs en Europe. Est offerte aux huguenots, le nom donné en France aux protestants, la liberté de religion à condition que celle-ci soit exercée à l’extérieur des murailles urbaines et en présence des officiers du roi. Ce texte suscite des réactions très hostiles en particulier au Parlement de Paris où siégeaient de nombreux magistrats, clients des Guise, qui refusent de l’enregistrer, mais y sont contraints par lettres de jussion le 6 mars 1562. Une lettre de jussion est un texte public par lequel le roi oblige le Parlement à enregistrer une ordonnance. Néanmoins, en raison des violences et des actes d’iconoclasme qui éclatent un peu partout en France en 1561, la politique de conciliation échoue une nouvelle fois.
C’est dans ce contexte qu’a lieu le fameux massacre. François II de Guise, auréolé de son succès à Calais, qu’il a réussi à reprendre aux Anglais en 1558, jouit alors d’un très grand prestige et se présente comme le chef du parti catholique. En 1562, lors d’un déplacement de Joinville à Paris en compagnie d’une escorte nombreuse, de son épouse enceinte, de ses enfants et de son frère, il s’arrête sur ses terres de Haute-Marne pour, selon les uns, y faire des remontrances aux protestants de Wassy qui ont, en décembre 1561, hué et sifflé l’évêque diocésain venu, sur ses ordres, les convertir, ou pour d’autres y écouter la messe. Les versions divergent. Aurait-il été dérangé par le bruit fait par les protestants en train de psalmodier à cent mètres à peine de l’église, aurait-il décidé de faire appliquer la loi ? Les protestants rassemblés contrevenaient, en effet, à l’Édit, puisqu’ils se trouvaient à l’intérieur de la ville sur un terrain appartenant aux Guise. Le massacre aurait fait entre une vingtaine et quatre-vingts morts et plus de cent cinquante blessés, selon les sources.
Cet événement a été immédiatement récupéré et utilisé par les deux camps. Pour les catholiques et le parti de Guise, il s’agissait de justifier leur action au nom de la défense de la foi, de la mission confiée par le roi et des droits d’un lignage, alors que pour les protestants il s’agissait d’en faire un acte prémédité justifiant les guerres à venir et l’appel aux puissances étrangères. La personnalité du duc, présenté comme l’ennemi des protestants, a également joué. La première guerre de religion se conclut en 1563 par la Paix d’Amboise, garantissant aux protestants la liberté de conscience et l’exercice du culte. Le duc de Guise, quant à lui blessé durant le siège de la ville d’Orléans occupée par les protestants, est mort un mois avant.
Éclairage média
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La séquence présentée est un reportage paru dans l’émission Complètement à l’Est de France 3 Champagne-Ardenne. La journaliste Opale von Kayser est à Wassy en Haute-Marne devant la grange où a eu lieu le massacre de 1562. Ce petit village, proche de la ville de Troyes, était à cette époque un centre commercial très actif et un foyer de protestants grâce aux marchands drapiers revenant des foires de Champagne, en particulier, de Troyes.
La religion protestante est en effet une religion de la ville qui a séduit massivement les gens de commerce. C’est de Troyes également que sont venus les pasteurs qui ont officié à Wassy, comme le pasteur Léonard Morel présent ce 1er mars 1562. Elle y interviewe Michel Traizé, responsable des archives de la ville. Ce dernier fait un récit vivant de l’événement même si certains éléments semblent contestables à l’instar du nombre de mille protestants réunis pour la prière, tandis que la caméra incarne ses propos en nous présentant les lieux.
En arrière-plan, on découvre ainsi la fameuse grange. La grange originelle qui a servi de salle de prière à partir de 1561 a disparu depuis longtemps. Le premier temple construit en 1614 a été, lui, détruit en 1685 au moment de la Révocation de l’Édit de Nantes par Louis XIV. Le culte protestant est désormais interdit en France, les temples détruits et les protestants forcés à la conversion ou à l’exil. Un deuxième temple érigé avec les vestiges de la grange a été inauguré en 1889 pour abriter le musée protestant de la grange de Wassy. A cette époque, le protestantisme connaît un renouveau. La même année, une reconstitution de la grange était installée sur les lieux mêmes du massacre.
La caméra zoome ensuite sur deux plaques, celle rappelant l’événement et la seconde, plus émouvante et plus riche d’informations pour l’historien, donnant la liste des victimes avec parfois des indications de métiers (sergent royal, drapier). Sur le mur extérieur du musée est visible une reproduction d’une gravure célèbre de l’époque, réalisée par deux artistes lyonnais protestants, Jean Perrissin et Jacques Tortorel et publiée dans un recueil intitulé Quarante tableaux ou histoires diverses qui sont mémorables touchant les Guerres, Massacres et Troubles advenus en France en ces dernières années en 1569.
Lyon était alors un important centre protestant, elle a même un temps était leur capitale, de 1561 à 1562. Les auteurs, réfugiés à Genève pour fuir les persécutions religieuses, ont été sollicités par des marchands flamands pour réaliser des gravures représentant les événements qui ensanglantent la France. On sait qu’ils recouraient à une documentation importante même s’ils ne sont pas exempts de parti pris en faveur des protestants. Ces gravures ont été diffusées par des colporteurs et des libraires dans toute l’Europe. La gravure reproduite au musée permet de découvrir les protagonistes et de dénoncer la violence du massacre.
La séquence se conclut sur les polémiques suscitées par l’événement dès l’époque. On y apprend qu’il existe plus de 80 versions différentes de l’événement et que ce qui divise encore aujourd’hui les historiens est la question de la préméditation du massacre. La communauté protestante de Wassy survécut jusqu’à la Révocation de l’Édit de Nantes par Louis XIV en 1685. Si 700000 protestants quittèrent la France à la suite de cette mesure, ils furent 300 Wasseyens sous la conduite du dernier pasteur de la ville, Isaac Jaquelot, à se rendre à Leyde, aux Pays Bas.
Transcription
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