Rafle et déportation pour le STO à Nancy en 1943
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Résumé
René Rhein témoigne de son passé d’ancien déporté du STO pendant l’Occupation. Victime d’une Rafle à Nancy en 1943, son récit, appuyé par des dessins explicites, décrit toutes les étapes de son calvaire depuis la Lorraine de la zone réservée : arrestation, emprisonnement, déportation, conditions de vie et de travail dans le camp de concentration de Sachsenhausen. Un témoignage incontournable !
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Date de publication du document :
08 déc. 2021
Date de diffusion :
21 févr. 2018
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Le récit de René Rhein et la force de son témoignage sont capitaux dans l’appréhension de la déportation. Il apporte une information éclairant l’opinion sur ce drame qui compte si peu de survivants. Son livre, carnet de bord et journal intime, étaye son récit par une œuvre artistique. Le reportage reprend la chronologie des évènements. La première étape, à la prison Charles III, puis l’arrivée au camp (Wagons, SS armés, chiens) illustrent son texte qui décrit des « coups de crosses » et des « hurlements » semant la terreur parmi les déportés. L'humiliation subie par les prisonniers dénudés (rasage, douche) et les vues des hommes décharnés dans leurs uniformes rayés montrent leur calvaire. Le triangle rouge porté par les étrangers (Russes, Républicains espagnols, Polonais ou Français) est omniprésent et est reproduit sur la couverture du livre. Les dessins des chambrées, de « la soupe » et les visages menaçants des SS confirment leur martyre.
La démolition brutale de la démocratie par l’occupant explique l’incrédulité de R. Rhein, interloqué par la violence de son arrestation. La déportation en Lorraine porte en effet le sceau de la terreur nazie. En juin 1941, une dizaine de militants de gauche de Ligny-en-Barrois furent internés à Compiègne. Une manifestation, encore à Ligny, le 1er Mars 1943 mena à des arrestations par la Feldgendarmerie. Le 11, à la prison de Bar-Le-Duc, ces prisonniers furent divisés : certains, dont 6 jeunes mariés, furent libérés (raflés pour le STO une semaine plus tard), d’autres partirent directement pour le STO, les derniers furent déportés. La rafle des Juifs de Nancy prévue le 19 juillet 1942 fut par contre un échec. Édouard Vigneron, chef du service des étrangers de la police, organisa leur fuite : plus de 350 des 385 Juifs menacés furent sauvés.
L’Histoire et la Mémoire du STO ont été peu popularisés. Ces réquisitions de main-d’œuvre, décidées par l’Etat Français pour contribuer à l’effort de guerre allemand, s‘appuyaient sur la loi de 1942 (sur l’utilisation de la main-d’œuvre) complétée par celle du 16 février 1943 créant le STO. Au niveau territorial, les fonctionnaires français, surveillés par l'occupant, organisèrent les départs avec efficacité. Près de 640 000 français travaillèrent en Allemagne entre l'automne 1942 et l'été 1944. La Lorraine non annexée fournit 24 500 hommes. Les Lorrains, longtemps dociles voire résignés, rechignèrent davantage à partir de mars 1943 avec un accroissement des réfractaires. René Rhein témoigna du STO au travers de dessins des deux Kommandos auxquels il participa, Heinkel dans l’industrie aéronautique et Polaris dans une fabrique de bouteilles.
Après avoir vécu l’impensable, ceux qui revinrent en France en 1945 furent ignorés par les autorités. Les anciens du STO en conservèrent beaucoup d’amertume. Dans les années 1950, l’appellation Association des déportés du travail leur fut interdite par les autorités à la demande d'associations de déportés concentrationnaires, révélant ainsi une forme de concurrence entre les mémoires. De nos jours, le processus de mémorialisation semble apaisé. Depuis 2010, l’association "Les Amis de la Fondation pour la Mémoire de la Déportation" et "L’Amicale Mauthausen", en partenariat avec la Ville de Nancy, organisent un parcours mémoriel des rafles des 2 et 5 mars 1943. Ce travail effectué en liaison avec des établissements scolaires vise à en transmettre le souvenir et porte à la réflexion par un parcours urbain guidé selon la chronologie des rafles et s’achevant devant la plaque du souvenir des rafles de mars 1943.
Les œuvres artistiques de la déportation sont indispensables pour la cerner au vu du faible nombre de photographies existant. L’art a été une forme de résistance dans les camps (Léon Delabre représenta Buchenwald ou Auschwitz). René Rhein dessina a posteriori, comme David Olère pour ses tableaux. La valeur et la portée de ces œuvres reste cependant inestimable pour les générations futures.
Transcription
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Thierry Gelhaye
Et autre cérémonie d’hommage ce matin à Nancy, la commémoration de la rafle de Gestapo en mars 1943.Plus de 300 jeunes nancéiens avaient été arrêtés entre le 2 et le 5 mars.La moitié d’entre eux sera déportée le mois suivant au camp de concentration de Mauthausen en Autriche.Seuls 88 en reviendront.Et parmi les survivants, René Rhein, c’est le dernier survivant encore en vie aujourd’hui.Il a écrit un livre personnel pour raconter et se souvenir de cet épisode tragique de sa vie.Bruno Courtaux et Inès Pons-Teixeira l’ont rencontré pour nous.
Bruno Courtaux
Quand il feuillette le livre de sa vie, René replonge dans ses souvenirs.Le livre commence par l’histoire de sa famille mais c’est surtout sa propre histoire qu’il raconte, celle d’un jeune homme de 20 ans arrêté par les Allemands le 2 mars 1943 à Nancy.Pour lui ce jour-là, tout commence comme une mauvaise blague.
René Rhein
Ils avaient toujours le pistolet guidé vers nous, moi je riais parce que ça faisait un film.Et puis je n’avais pas peur, non.Et puis de là, ils nous ont emmené à Charles III.Alors ils nous ont déposé à Charles III.Et à Charles III, bon ben on s’est dit, on va rester là.
Bruno Courtaux
Pourtant c’est le début d’un long voyage, un voyage vers l’enfer du camp de concentration de Sachsenhausen à 30 kilomètres de Berlin pour y effectuer son service de travail obligatoire.
René Rhein
On est rentré en colonnes et puis là bon on est passé dans les bureaux, on s’est déshabillé, on donnait ce qu’on avait sur nous puis après on est passé dans une autre pièce, après.C’est là qu’ils nous ont déshabillés entièrement, tout nus, puis on est monté sur les tabourets.C’étaient les Polonais qui nous rasaient entièrement.On est passé à la douche et puis de là, ils nous ont donné des habits rayés.
Bruno Courtaux
Ses écrits mais surtout ses dessins parlent beaucoup mieux que lui des souffrances qu’il a endurées pendant 2 ans avant de retrouver la liberté.
René Rhein
C’était très dur partout.On travaillait déjà de longues journées, le repas on se contentait de…rien quoi.Et puis tout était mauvais.Des soupes avec tous les vers dedans.Il y avait un côté autour du camp, il y avait le crématoire.Alors on ne voyait pas mais on voyait la fumée parce qu’il y avait un grand mur.C’est tout.On savait ça, c’est tout.
Bruno Courtaux
Un livre personnel qui nous laisse entrevoir le destin des 300 jeunes lorrains arrêtés par la Gestapo entre le 2 et 5 mars 1943 à Nancy.Répartis dans différents camps de concentration comme Mauthausen, seuls 88 en reviendront.Un ouvrage pour témoigner de cet impensable que des hommes ont pu commettre.
René Rhein
C’était un officier allemand qui nous avait dit, si un jour vous avez la chance de vivre, de rentrer chez vous, vous pourrez raconter ce que vous avez vu mais même vos parents ne vous croiront pas.Et c’était vrai.
Bruno Courtaux
À 95 ans, René Rhein est le dernier d’entre eux.
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