La capitulation de l’armée allemande à Reims
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Résumé
En mai 1945, la Seconde Guerre mondiale approche de sa fin en Europe. Après le suicide d’Hitler le 30 avril 1945 et la nomination de l’amiral Dönitz à la tête du Reich, la sortie de guerre s’accélère. Suite à la reddition de l’armée d’Italie le 2 mai et de l’armée du Nord-Ouest le 4 mai, la totalité de l’armée allemande accepte la capitulation sans condition les 7 et 8 mai 1945.
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Date de publication du document :
08 déc. 2021
Date de diffusion :
11 mai 1945
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Contexte historique
ParProfesseur agrégé d’histoire, Doctorant en histoire contemporaine à l’Université de Strasbourg
La capitulation allemande marque la fin de la Seconde Guerre mondiale en Europe. La date du 8 mai est célébrée comme le « VE Day », le « Jour de la victoire en Europe » Pourtant, la veille, le 7 mai 1945, l’armée allemande signe un premier acte de capitulation sans condition au quartier général du Commandement suprême des forces alliées en Europe (SAHEF) à Reims.
Le printemps de l’année 1945 correspond au chant du cygne de l’Allemagne nazie. À la fin du mois d’avril 1945, l’armée allemande est dans une situation critique et la majeure partie du territoire est sous la domination des Alliés. Hitler, conscient de la défaite prochaine, veut que le Reich sombre avec panache, laissant un mythe millénaire derrière lui et des ruines dignes de l’empire romain. Les unités militaires ont pour ordre de tenir jusqu’à la dernière cartouche, de défendre chaque mètre carré du territoire et de pratiquer la politique de la terre brûlée conformément au Nerobefehl, ordre donné par Hitler le 19 avril 1945 sur la destruction des infrastructures du Reich. Tant qu’Hitler est en vie, toute capitulation est exclue : le peuple allemand doit combattre jusqu’à l’anéantissement dans ce que les nazis considèrent être une guerre raciale.
Après le suicide du Führer le 30 avril 1945 et conformément à sa volonté, l’amiral Dönitz lui succède à la tête du IIIe Reich. Sa stratégie est de négocier une paix séparée avec les alliés occidentaux et de poursuivre la résistance à l’Est afin d’éviter l’occupation soviétique au plus grand nombre d’Allemands et pensant que le communisme pourrait être un ennemi commun. En même temps, plusieurs unités de l’armée allemande tentent d’échapper à la captivité soviétique en capitulant à l’Ouest. Le 29 avril 1945 a lieu à Caserta la reddition de toutes les troupes allemandes en Italie et le 4 mai 1945, les armées du Nord-Ouest capitulent devant le maréchal Montgomery à Lunebourg. Alors que l’armée allemande poursuit les combats à l’Est de manière intensifiée tandis que certaines unités refluent vers l’Ouest afin de se rendre aux occidentaux, Dönitz envoie l’amiral von Friedenburg, commandant en chef de la Kriegsmarine proposer la capitulation de toutes les forces allemandes aux Alliés occidentaux. Le général Eisenhower, commandant du SAHEF, ne peut accepter une paix séparée conformément aux accords passés avec l’URSS et refuse cette démarche.
Face à l’impossibilité d’obtenir une paix séparée, le gouvernement provisoire du Reich se résigne à signer la capitulation sans condition de l’armée allemande aux Alliés. Le général Jodl, chef d’État-major de la Wehrmacht, et von Friedenburg sont envoyés au quartier général du (SAHEF) qui se trouve dans le Collège moderne et technique de Reims (rue Jolicoeur) et le 7 mai 1945, ils y signent la reddition des forces armées allemandes. Cependant, Staline demande immédiatement à ce qu’une nouvelle signature ait lieu, cette fois à Berlin et à ce que le document de Reims ne soit considéré que comme un préliminaire à la capitulation. Le dirigeant soviétique est soucieux de signer cet acte qu’il sait historique dans la capitale allemande aux mains de l’Armée rouge pour lui donner une portée symbolique, ainsi que pour s’assurer qu’il ne s’agisse pas d’une autre capitulation partielle. Une nouvelle signature arrange aussi les autorités françaises qui, tenues à l’écart, ne sont présentes à Reims qu’en qualité de témoin et représentées par le général Sevez alors que le général De Lattre de Tassigny avait été désigné. C’est donc le 8 mai 1945, et pour contenter les belligérants, que l’acte définitif est signé à Karlhorst, dans la banlieue berlinoise. Néanmoins, il faut encore attendre jusqu’au 2 septembre 1945, avec la capitulation des forces japonaises pour que la Seconde Guerre mondiale prenne fin.
Éclairage média
ParProfesseur agrégé d’histoire, Doctorant en histoire contemporaine à l’Université de Strasbourg
Ce document est un extrait des Actualités françaises, du 11 mai 1945, une émission hebdomadaire diffusée dans les cinémas en France et en Afrique du Nord par la société d’État du même nom entre 1945 et 1969. Le genre des actualités filmées, aujourd’hui disparu, est très populaire dans la première moitié du XXe siècle et surtout dans l’entre deux-guerres. On retrouve des émissions analogues dans une bonne partie du monde, comme Die Deutsche Wochenschau en Allemagne nazie ou encore les British Movietone News en Grande-Bretagne. Le format décline dans les années 1950 avec l’essor de la télévision jusqu’à ce que le journal télévisé s’impose définitivement dans les années 1960.
Les premières émissions des Actualités françaises en 1945 portent surtout sur la guerre, dont l’issue approche. Véritable outil de propagande, elles participent à créer un mythe autour de l’épopée de la Libération : les musiques héroïques, assorties aux prises de vue de blindés alliés avançant telles que celles que l’on voit dans le média sont monnaie courante du format. Ici, les plans insistent pour montrer les généraux allemands qui se rendent, véritables figures de la guerre dont le grand public connaît les visages, ce qui sert à appuyer le caractère exceptionnel de l'événement.
Par ailleurs, les Actualités françaises sont aussi un outil au service de la formation d’une identité nationale française, élément d’autant plus important au sortir de la Seconde Guerre mondiale alors que l’unité française a été mise à mal : la défaite de 1940, l’échec de la IIIe République, l’avènement du Régime de Vichy et l’occupation du territoire national ont produit une fracture dans la société. À plusieurs reprises, le reportage évoque le rôle de la France libre dans la campagne de la Libération. Dans un ordre qui ne laisse rien au hasard, la voix-off explique : « Français, avec nos alliés anglais, américains et russes nous signons la fin de la tragédie ». L’utilisation du discours du général Eisenhower est encore plus parlante car elle permet au documentaire de construire la centralité de la France libre et résistante dans le processus de Libération. En effet, il est important de montrer que l’armée française et la résistance ont activement participé à la campagne contre l’Axe jusqu’en 1945 afin de donner une légitimité au Gouvernement provisoire de la République française (GPRF) et de faciliter la construction nationale d’après-guerre. On comprend dès lors que ce média s’attarde longuement sur la reddition de Reims, en France, sans évoquer ni l’absence de De Lattre de Tassigny, ni la signature définitive du 8 mai 1945 à Berlin.
Enfin, ce média est aussi le témoin d’une vision très européano-centrée d’une guerre qui fut pourtant mondiale. À plusieurs reprises, le commentateur laisse supposer que le conflit a définitivement pris fin. Pourtant, la guerre se poursuit sur le théâtre du Pacifique contre l’empire nippon : au moment où la reddition allemande est signée, la terrible bataille d’Okinawa (1er avril – 22 juin 1945) fait encore rage. Ce n’est qu’à la suite des bombardements atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki, les 6 et 9 août 1945, que le Japon accepte les conditions imposées par les Alliés. La capitulation japonaise, signée le 2 septembre 1945 sur l’USS Missouri en présence du général MacArthur, marque la fin du conflit. Évidemment, le déroulé de la guerre dans le Pacifique n’est pas totalement inconnu pour les Français contemporains des faits, en revanche, son éloignement relatif et l’absence de troupes nationales engagées dans ces opérations en font un sujet moins traité par le journalisme français de l’époque.
Transcription
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