Pina Bausch et Les sept péchés capitaux sur une musique de Kurt Weill

24 janvier 1979
02m 49s
Réf. 00868

Notice

Résumé :

Enfin invitée au festival de Nancy en 1979, la chorégraphe allemande Pina Bausch présente Les sept péchés capitaux sur une musique de Kurt Weill. Extraits du spectacle.

Date de diffusion :
24 janvier 1979
Source :

Éclairage

Avec Les sept péchés capitaux, sur la musique de Kurt Weill et les textes de Bertolt Brecht, Pina Bausch (1940-2009) s'inscrit dans des références allemandes. Créée en 1976, trois ans après son arrivée à la tête du ballet de Wuppertal, cette pièce pour vingt danseurs et cinq chanteurs, s'empare avec vigueur de cette partition connue de tous. Conçu comme une Tanzabend ( « soirée de danse »), dans des décors et costumes de Rolf Borzik (1944-1980), ce spectacle insiste sur le sexe comme valeur marchande, les rapports de force entre les hommes et les femmes (motif majeur dans l'œuvre de Pina Bausch), la brutalité qui régit la société. Il suffit d'un oreiller régulièrement jeté sur le plateau par une danseuse sous la pression d'un homme pour que surgissent tous les scénarios possibles.

Combinaison enlevée de chansons, de saynettes théâtrales, de numéros dansés, dans un registre esthétique années cinquante, Les sept péchés capitaux ressemble déjà à ce qui va faire l'originalité de l'écriture bauschienne, alternance montée « cut » de tableaux qui se télescopent à l'opposé de la conduite linéaire d'un ballet. A côté de cette comédie tragique, une autre pièce Fürchtet euch nicht ( « N'ayez pas peur »), également sur des musiques de Kurt Weill, complètait le programme lors de la création.

Les années 70 sont une époque complexe pour Pina Bausch. En 1973, elle a accepté le poste de chorégraphe à l'Opéra de Wuppertal où elle lance un an plus tard le Tanztheater de Wuppertal. Rejetée d'abord par le public plutôt conservateur, et féru de ballet classique, elle choisit de mettre en scène des spectacles soutenus par des partitions musicales imparables. Kurt Weill, mais encore Gluck (Iphigénie en Tauride, Orphée et Eurydice), Stravinski (Le Sacre du printemps, voir la vidéo), Bartok (Barbe Bleue) tout en opérant des percées du côté du répertoire de chansons populaires ou de variétés. Pépite entre toutes, Café Müller (1978) met en scène, sur une musique de Purcell, dans un décor de café – lieu symbolique de Pina Bausch dont les parents tenaient un restaurant à Solingen, à quelques kilomètres de Wuppertal-, la chorégraphe, en longue combinaison, errant en aveugle au milieu de chaises (voir la vidéo).

Son écriture, dont chaque mouvement dansé exacerbe une situation et traduit des sentiments intimes, prend son élan. Peu à peu, le Tanztheater, terme utilisé d'abord par Kurt Jooss ( 1901-1979) [1], impose son nom, son esthétique et son sens. Le corps est le théâtre d'un geste singulier qui raconte au plus profond l'identité d'un être et son psychisme. Se libérant peu à peu des formes classiques, Pina Bausch va mettre au point son style à partir de chacun de ses interprètes à qui elle permettra de s'exprimer sur scène en dansant et parlant. Elle explose aussi la forme globale d'un spectacle de danse en jouant sur les associations d'idées et d'images, les changements de registres selon la structure du cabaret ou de la parade.

A partir de 1980, les spectacles et les succès s'enchaînent : Bandoneon (1980), Nelken (1982) (voir la vidéo), Auf dem Gebirge hat man ein Geschrei gehört (1984), Two cigarettes in the dark (1985)... Inspirée par Rome, Viktor ( 1986 ) ouvre la porte aux collaborations avec des théâtres situés dans de grandes villes du monde entier.

Elle officialisera ce type de travail en 1989 en séjournant à Palerme pour Palermo Palermo. Ce changement dans la fabrication des œuvres coïncidera avec l'arrivée de danseurs plus jeunes et un désir de joie chez la chorégraphe qui fait le pari du bonheur et du plaisir après des années de violences sombres, de tensions sourdes. A chaque production liée à une capitale, Pina Bausch s'installe avec sa compagnie pour une résidence d'environ trois semaines dans la ville. Elle y collecte des matériaux en tous genres, chorégraphiques, musicaux, rencontre les gens et les artistes. C'est ainsi que Hong Kong fait battre Le Laveur de vitres (1997), Budapest est évoquée dans Wiesenland (2000) (voir la vidéo)... Puis ce sera le tour de Istanbul pour Nefes (2003), de Séoul pour Rough Cut (2005)... Le dernier spectacle de la chorégraphe, morte d'un cancer fulgurant en juin 2009, ...como el musguito en la piedra, ay si si si... (2009) a été imaginé lors d'un séjour à Santiago du Chili.

[1] Pina Bausch, Photos de Guy Delahaye, Introduction de Jean-Marc Adolphe.

Rosita Boisseau

Transcription

(Musique)
Journaliste
Il a fallu attendre deux ans pour voir à Paris la troupe du ballet théâtre allemand de Pina Bausch, dans l’opéra de Wuppertal, qui a été l’une des œuvres les plus remarquées de ce festival.
(Musique)
Journaliste
Dans cette libre adaptation de la version des Sept Péchés Capitaux de Bertolt Brecht et de Kurt Weill, dans cet univers rétro, l’amour n’est qu’un terrible rapport de forces.
(Musique)
Journaliste
Théâtre de l’Ouest, théâtre de l’Est, chaque pays s’exprime avec un fond culturel qui lui est propre et livre pourtant une âme qui parle à tous.
(Bruit)