Le fado de Misia
Notice
Portrait de la chanteuse Misia, qui enrichit le fado, chant traditionnel portugais, de nouvelles influences personnelles.
Éclairage
Née à Porto d'une mère catalane et d'un père portugais, Susana Aguiar (dite Misia) s'inscrit dans une lignée d'artiste (une mère ballerine, une grand-mère danseuse de cabaret) et c'est tout naturellement qu'après une jeunesse tumultueuse (on la trouve meneuse de revue à la fin des années 70 dans le célèbre cabaret barcelonais El Molino), elle entreprend au tournant des années 90 de réformer en profondeur le fado.
Le genre est alors tombé en désuétude, associé dans l'imaginaire collectif au régime de Salazar, mais la chanteuse, dès ses premières tentatives (Misia paru en 1991 puis Fado en 1993), sans remettre en cause les canons formels traditionnels, lui rend toute sa vigueur et sa modernité en mettant sa voix âpre et sensuelle au service des grands écrivains lusitaniens contemporains (Lobo Antunes, Saramago). En 1995 l'album Tantos menis, tantos mais pousse plus loin la réforme en associant à l'orchestration traditionnelle des instruments inhabituels comme l'accordéon, le violon ou le piano. Elle enregistre dans cet esprit deux autres albums (Garras dos Sentidos en 1998, Paixões Diagonais en 1999), puis en 2001 surprend avec Ritual, vibrant hommage à la grande Amalia Rodriguez, enregistré dans la configuration orchestrale traditionnelle du fado.
En 2003 Misia signe en compagnie du guitariste Carlos Paredes son disque peut-être le plus ambitieux, Canto ; puis en 2005 Drama Box, oeuvre résolument métissée, chantée en portugais et espagnol, mêlant fados, boléros et tangos.