Troisième dévaluation du franc négociée à Bruxelles

21 mars 1983
01m 19s
Réf. 00060

Notice

Résumé :
A Bruxelles, les Européens parviennent à se mettre d'accord sur un nouveau réalignement des parités monétaires au sein du SME, portant notamment dévaluation du franc et réévaluation du mark.
Date de diffusion :
21 mars 1983
Source :
Antenne 2 (Collection: JT 20H )

Éclairage

Au matin du 21 mars 1983, Français et Allemands - ainsi que leurs partenaires européens - parviennent enfin à un accord monétaire après un long week-end de négociation au cours duquel la France fera planer la menace d'une sortie du franc du Système monétaire européen (SME). Au terme de cet accord, le franc français et la lire sont dévalués de 2,5 % ; la livre irlandaise, de 3,50 % ; le mark est réévalué de 5,50 %, le florin, de 3,50 %, la couronne danoise de 2,50 %, le franc belge et le franc luxembourgeois de 1,5 %. Il s'agit du troisième réalignement du SME en dix-huit mois, après ceux d'octobre 1981 et de juin 1982.

Dès l'accord obtenu, le premier ministre français, Pierre Mauroy, laisse entendre que celui-ci n'est qu'une première étape. La dévaluation sera en effet accompagnée d'un nouveau train de mesures économiques restrictives accentuant la politique dite "de rigueur" amorcée depuis juin 1982 et annoncées dès le 25 juin, après que le premier ministre aura été reconduit dans ses fonctions par le président Mitterrand.

Ce réalignement, et les mesures politiques annoncées ensuite par l'exécutif français, sont saluées unanimement par les autres pays membres de la CEE qui y voient un retour de la France sur le chemin de la convergence, mais aussi la preuve que la France ne pouvait mener seule une politique de reflation sans tenir compte des mécanismes supranationaux - à commencer par le SME - auxquels l'économie française prend part.

Au-delà, cet accord, marqué par la volonté française de ne pas quitter le SME, souligne l'engagement européen de la France et la priorité donnée à la construction européenne dans la politique de la nation.
Vincent Duchaussoy

Transcription

Christine Ockrent
Les rapports franco-allemands ont donc été sauvés de justesse de l’écueil monétaire, et ce au moment même où les 10 Chefs d’Etat et de Gouvernement, à commencer par le Président Mitterrand et le Chancelier Kohl se réunissaient à Bruxelles pour commencer les travaux du 25e Conseil Européen. De Bruxelles, Georges Bortoli.
Georges Bortoli
Ce matin, l’Europe avait la fièvre, ce soir, le malade va mieux et c’est d’un front serein que les participants de ce Sommet européen et notamment François Mitterrand et le Chancelier Kohl qui est le Président en exercice de la communauté ont ouvert leurs travaux. Les Chefs d’Etat et de Gouvernement réunis à Bruxelles savent en effet qu’au-delà des dispositions techniques, le fait que le système monétaire européen n’ait pas éclaté, traduit une volonté politique. La volonté de rester ensemble pour parler d’une même voix aux États-Unis, au Japon, aussi bien d’ailleurs qu’aux pays du tiers-monde. Dynamiser les investissements, doter l’Europe d’une véritable politique énergétique, lutter ensemble contre le chômage ; et aussi, peut-être, parler ensemble défense, équilibre des forces en Europe. Voilà quelques uns des problèmes auxquels les responsables réunis à ce sommet vont avoir à se mesurer. Et pour se mesurer à cela, il fallait d’abord résoudre le problème monétaire, c’est fait depuis ce matin.