Patrimoine et territoire en Bretagne
Présentation
La relance des marais salants dans le golfe du Morbihan
Olivier Chenelle, agriculteur bio et paludier, relance le ramassage du sel dans les marais salants du golfe du Morbihan. Petit à petit, différentes espèces d'oiseaux reviennent dans les marais. La région était jadis réputée pour ses marais salants mais cette activité avait disparu depuis une quarantaine d'années.
Entre terre et mer, la Bretagne offre des territoires diversifiés, bien souvent source d'attachement pour ses habitants. La population qui a façonné au fil des siècles le territoire régional témoigne en effet de liens profonds avec la péninsule bretonne, en tant qu'héritage historique. Le pays traditionnel, à l'origine berceau des racines familiales et culturelles, est devenu au cours du XXe siècle un espace de développement économique et un patrimoine commun à protéger. Les territoires, animés par une population engagée et mobilisée, souhaitant définir elle-même l'empreinte qu'elle y laissera, dévoilent leur visage patrimonial. On voit dans ces quelques reportages comment le patrimoine local, jusqu'alors simple cadre de vie, devient une ressource à valoriser et à transmettre.
Attachement et défense du territoire
L'attachement de la population à sa région, ainsi qu'à son territoire et à ses paysages, se traduit souvent par un engagement dans des causes spécifiques. Diverses mobilisations de défense du territoire ont marqué la vie sociale et politique dans la seconde moitié du XXe siècle à travers la Bretagne. Ces épisodes souvent suivis par les médias contribuent à diffuser l'image d'un territoire régional devenu à la fois cadre de vie et patrimoine commun à protéger.
Episode des marées noires
La mer est largement constitutive de l'image de la Bretagne. Aux yeux de la population, les paysages littoraux sont aussi bien un attrait touristique, un patrimoine collectif et un précieux cadre de vie. La conscience de la valeur écologique des littoraux en Bretagne depuis les années 60 s'accompagne des plus grandes catastrophes. Par sa situation géographique, la Bretagne est parmi les régions au monde les plus exposées aux marées noires. La première de ces catastrophes, celle du Torrey Canyon, atteint le rivage en 1967. De tels événements mobilisent les riverains, les pouvoirs publics, ainsi que les associations de protection de la nature. Conscients des conséquences désastreuses pour la région et pour son patrimoine naturel, de nombreux Bretons mais aussi des amis de la région vont se retrouver des semaines durant pour tenter de sauver des oiseaux et de nettoyer les plages. Mobilisés avec tristesse puis ensuite avec colère devant ces drames à répétition (en 13 ans, la Bretagne est mazoutée 6 fois), les communes du Finistère et des Cotes d'Armor se regroupent en syndicat et font face lors d'un procès interminable aux géants du pétrole. De ces mouvements naîtra une politique européenne basée sur la reconnaissance de la mer comme « bien de l'humanité ».
Prolongements
![Dek vloaz goude peñse an Amoco Cadiz [Dix ans après le naufrage de l'Amoco Cadiz]](/ouest-en-memoire/media/imagette/512x384/Region00537)
Episode de Plogoff : contre la centrale nucléaire
Le nucléaire contesté à Plogoff
Le projet d'implantation d'une centrale nucléaire dans le Finistère à la pointe du Raz mobilise constamment depuis 4 ans la population de Plogoff. La tension est à son paroxysme. Les habitants révoltés sont sous la surveillance des forces de l'ordre.
Parmi les mobilisations symboliques de la population locale pour préserver son cadre de vie, la télévision nous offre des images du mouvement qui a touché Plogoff, dans le Finistère, dès la fin des années 70, lorsque EDF envisage la construction d'une centrale nucléaire. Contre ce projet perçu par les habitants comme une agression de leur cadre de vie, la mobilisation et les affrontements marquent l'hiver 1980-81. Des militants bretons, des écologistes, des associations et la population locale, telle Marie-Jeanne Kerloch, se réunissent en comité de soutien pour « défendre notre morceau de terrain car on est bien où on est ».
Prolongements
![Plougoñ, dek vloaz goude [Plogoff, dix ans après]](/ouest-en-memoire/media/imagette/512x384/Region00546)
Défense de l'environnement
Les algues vertes en Bretagne
La pollution des algues vertes, due à un taux élevé de nitrates dans l'eau, touche la côte bretonne. La commune de Binic, Côtes-d'Armor, est donc contrainte de nettoyer ses plages. Les riverains et la mairie ne sont pas contents, et ils l'expriment.
Les 25 ans de l'association "Eau et rivières de Bretagne"
L'association "Eau et Rivières de Bretagne" fête ses 25 ans. Elle est de plus en plus prise au sérieux par les responsables politiques et scientifiques. Son combat initial était de protéger et faire revenir le saumon dans les rivières bretonnes, il s'est élargi à la protection de l'eau et de sa qualité. Interview de son secrétaire Jean-Claude Pierre.
L'attachement au territoire en Bretagne se traduit par l'attention portée au patrimoine naturel, qui, au fil des ans, a connu de multiples agressions, à l'origine de l'émergence d'une véritable conscience écologique chez de nombreux acteurs. Depuis les années 80, le problème dominant est sans doute celui de la pollution des eaux qui résulte de l'agriculture intensive en Bretagne... Suite à cette pollution, la dégradation de l'environnement et de la qualité des eaux figurent parmi les conséquences subies par la population et les activités touristiques. Là encore, les voix sont dissonantes quand il faut discuter des solutions à apporter mais le souci est partagé comme le manifeste le nombre très important d'associations de défense de l'environnement en Bretagne.
Prolongements
Patrimoine et reconversion économique
Le patrimoine local et l'identité d'un terroir se sont révélés être au cours des dernières décennies autant de sources de dynamisme économique pour la région. Face aux mutations économiques en Bretagne depuis les années 80, le patrimoine culturel local est devenu une ressource de développement. En le valorisant, la Bretagne tire profit de sa richesse patrimoniale et se construit une image positive.
Le pays centre Bretagne
L'esprit Centre Bretagne
Le Kreiz Breiz (Centre Bretagne) souffre d'un manque de reconnaissance. Loin des centres de décisions, il est resté éloigné des préoccupations politiques. Des initiatives locales voient cependant le jour, notamment le GALCOB et le festival des Vieilles Charrues.
Le festival des Vieilles Charrues à Carhaix
La 4ème édition du festival des Vieilles Charrues débute ce soir. Durant trois jours Carhaix va vivre au rythme de la musique et du théâtre de rue. Ce festival, qui est né d'une plaisanterie entre amis, se veut éclectique et accessible à tous.
Au cœur d'une Bretagne diversifiée, le territoire des pays se présente actuellement comme un nouveau cadre d'initiatives reposant sur la culture et le patrimoine local. Dans une région excentrée, qui se trouve à cheval sur plusieurs structures administratives, telle que le centre-ouest Bretagne, la notion de pays constitue toujours un cadre cohérent, contribuant à l'émergence d'une identité et d'une dynamique culturelle. L'attachement au territoire fait alors face au sentiment d'oubli et d'exclusion de la part des pouvoirs publics. C'est dans ce contexte que sont apparues dans le pays centre-ouest Bretagne des initiatives originales naissant des projets de la population locale et de la vie associative, soutenues par la structure intercommunale du GALGOB. Parmi celles-ci, citons la création du festival des vieilles charrues en 1982, dont le succès depuis lors a largement contribué à promouvoir l'image du pays, ainsi qu'à l'émergence d'un nouvel attachement à ce territoire. Et cela marche ! Il suffit de voir le présentateur de télévision s'étonner lors d'une visite à Carhaix « dans une région qui s'est sentie longtemps oubliée, alors c'est pour cela que l'on voit des initiatives tout à fait étonnantes ».
Reconversion économique et patrimoine local
Le village abandonné de Poul-Fétan
Depuis 10 ans, Poul-Fétan est vide. Les habitants ont petit à petit abandonné ce village morbihanais, où ils vivaient en communauté autarcique. Aujourd'hui, ils témoignent avec nostalgie et regret de cette vie passée et de leur mode de vie solidaire.
La prise de conscience patrimoniale en Bretagne rime à partir des années 70 avec la volonté de puiser dans le patrimoine culturel local pour en faire une clé de développement économique. A une époque où se font souvent ressentir les effets économiques et démographiques de la désertification des campagnes, les initiatives pour le maintien du dynamisme des communes rurales sont les bienvenues. Autour de projets patrimoniaux et culturels qui émergent souvent du milieu associatif, de telles entreprises partagent la volonté de maintenir en vie les communes rurales, relevant le challenge de relancer l'activité et contribuer au dynamisme culturel. Au centre de ces initiatives, on trouve donc le patrimoine local, popularisé et élargi, englobant aussi bien l'architecture traditionnelle que les savoir-faire du passé ou encore les sites anciens représentatifs du milieu rural, que l'on destine à une nouvelle vie.
