Le patrimoine en Bretagne, vecteur d'identité culturelle
Présentation
Les Bretons « combinent les pièces identitaires qui leur plaisent, au gré de leur inspiration » [1]. Pour Ronan Le Coadic, professeur de sociologie, l'identité est un discours construit par un groupe sur lui-même à partir d'éléments concrets. Discours paradoxal en apparence puisqu'il permet de se voir « semblable et différent ». Aux yeux du sociologue, il semble impossible de trouver des éléments communs à tous les groupes qui vivent en Bretagne - si ce n'est peut-être la consommation de beurre salé - et il en conclut qu'il est sans doute impossible de définir de façon concrète l'identité bretonne au début du XXIe siècle.
Les paysages, la musique, la langue... La télévision en Bretagne offre des témoignages en image de ces éléments du patrimoine culturel qui, à la fin du XXe siècle, mobilisent une majorité de la population de la région. Parce que ces éléments patrimoniaux sont souvent mis en scène et font l'objet de discours et de pratiques construits dans le temps, ils peuvent être perçus comme la manifestation d'un sentiment d'identité partagé.
[1] « Patrimoine et identité », l'association des deux termes a fait l'objet d'un cours public proposé à Rennes 2 par le professeur Jean-Yves Andrieux en 2008. Ce cours disponible sur Internet permet d'approfondir par les regards croisés des spécialistes les rapports qu'entretiennent les deux termes en tenant compte des variations dans le temps et dans l'espace. La construction des identités régionales associée à celle des patrimoines au XIXe et XXe siècle est l'un des thèmes de ce débat d'idées, auquel participe Ronan Le Coadic.
Les paysages
Lors des enquêtes réalisées par Ronan Le Coadic auprès des Bretons sur la question de l'identité, les paysages sont toujours évoqués en premier. Symboles de la région, ces paysages se sont construits au fil des siècles et retracent souvent le cheminement de la population. Avec l'engouement pour le patrimoine naturel, les paysages deviennent de véritables héritages à préserver et à transmettre. Actuellement, l'attachement à ces paysages pittoresques et uniques s'exprime par le souhait de les préserver, parfois dans leur état originel, naturels et sauvages.
Naissance des paysages bretons
Dès le XIXe siècle, les paysages de Bretagne, ruraux et maritimes, ont su séduire voyageurs et peintres, à la recherche du pittoresque. On assiste alors à la naissance des paysages de la Bretagne par le regard et la création artistiques. Au début du XIXe siècle, la Bretagne attire les peintres romantiques comme Isabey, qui se sont emparés des images bucoliques du littoral et des campagnes bretonnes. Plus tard, les peintres modernes, comme ceux de l'école de Pont-Aven, se sont également tournés vers la mer et les falaises, tout en puisant également leur inspiration dans les paysages forestiers. Peu après, la publicité du tourisme balnéaire contribue à son tour à la diffusion d'une image idéalisée des paysages de la région, autour des plages de sable fin bordées de pins maritimes.
Attachement à un paysage
Maria Louyer
Sur les bords de la Rance, près de Saint Malo, rencontre avec Maria Louyer, agricultrice et poétesse, qui a publié un recueil de poèmes illustré par des gravures de Bernard Louédin dans les années 1980. Elle raconte à Marie Paule Vettes et Claude Mettra sa vie de "paysan de rivage", son goût pour l'astronomie, ses ancêtres marins ou corsaires...
Dans la seconde moitié du XXe siècle, les premières craintes de la population bretonne autour de son paysage naissent du remembrement. Le remembrement breton a été tardif mais la marche forcée de la modernisation lui a donné une ampleur rarement atteinte dans les autres régions. Le bocage qui donnait une forte originalité au paysage de la péninsule recule très vite. Cela se produit d'abord dans un scepticisme silencieux mêlé de l'espoir d'une productivité améliorée, mais rapidement des voix opposantes se font entendre sous des formes diverses. Certes, les voix ne seront jamais unanimes car les identités sociales n'ont pas toujours coïncidé avec l'identité culturelle, et des communautés se sont déchirées. Mais l'empreinte que le remembrement a laissé dans les mémoires manifeste - de la part de ceux qui étaient pour et de ceux qui étaient contre - un attachement très fort au paysage bocager, ce qui à nos yeux en fait un objet du patrimoine identitaire.
Prolongements
Bretagne des bocages
Trente ans après le remembrement, l'écologie revient sur cette transformation radicale, en mettant en avant les apports du bocage à l'environnement. Un reboisement qui tente de tenir compte du paysage et des nécessités économiques démarre doucement dans un cadre associatif le plus souvent. Le Conseil Général d'Ille-et-Vilaine mène lui aussi depuis 30 ans une politique volontariste de reconstitution du bocage. Sensibles au rôle des haies paysagères pour le ruissellement des eaux et la biodiversité, des agriculteurs participent aux opérations de reconstitution du maillage bocager, tout en réfléchissant à l'amélioration de sa gestion. Dans l'optique de la préservation de la faune et de la flore, ces actions font également le choix de la reconquête d'un paysage rural à forte valeur culturelle en Bretagne. Construction datant de la fin du Moyen-âge jusqu'au milieu du XIXe siècle, le bocage est un paysage hérité. Il a longtemps incarné la Bretagne, et ce n'est pas par hasard si la population se tourne à nouveau vers ce paysage qui incarne une partie du cheminement de la région.
Prolongements
Bretagne maritime
Une marina à La Forêt-Fouesnant
A la Forêt Fouesnant, un projet immobilier est au cœur d'une polémique. Malgré les nouvelles orientations ministérielles concernant le littoral, des promoteurs ainsi que le maire souhaitent implanter une vaste marinf, afin de développer le tourisme.
Riche de ses paysages littoraux, la Bretagne rencontre un véritable succès touristique à partir de la seconde moitié du XXe siècle. Au cours des années 70, le tourisme populaire se développe et tandis que les vacanciers se ruent sur les plages, les projets de promoteurs immobiliers envahissent le bord de mer. Le développement de la plaisance et du tourisme rime avec stations balnéaires et infrastructures touristiques. Le paysage littoral, vecteur d'attractivité, devient alors victime de son succès. Rapidement, on reconnaît à quel point certaines infrastructures défigurent ce paysage et l'idée de protection s'impose tout naturellement. La loi Littoral depuis 1986 s'accorde avec le souci des riverains de préserver le rivage des constructions balnéaires et de conserver tant que possible le caractère sauvage de la côte bretonne. La préservation et la remise en état de sites naturels répondent depuis cette date à ces préoccupations environnementales et patrimoniales.
Prolongements
Les langues
Les langues régionales sont largement porteuses d'identité pour la Bretagne. Si tout le monde en Bretagne ne parle pas breton ou gallo, il faut bien reconnaître leur importance dans la spécificité de l'identité de la région.
Depuis les années 70, avec la revendication de l'identité régionale, les langues font l'objet de nombreuses mobilisations et contribuent à la reconnaissance positive de l'identité bretonne. Aujourd'hui, c'est un ensemble de sonorités, de chants, d'expressions, mais aussi une vision du monde et tout un vocabulaire technique qui transitent au cœur de ce patrimoine linguistique et qui sont, malgré l'enseignement et les initiatives en matière de transmission, menacés de disparition.
Breton et gallo
Petra eo ar brezhoneg ? [Qu'est-ce que la langue bretonne ?]
Orin ar brezhoneg hag e rannyezhoù displeget gant François Falc'hun, kelenner e Skol-Veur Brest. [François Falc'hun, de l'Université de Brest, nous renseigne sur l'origine du breton. Il présente les différents dialectes en montrant leur délimitation sur le territoire, puis des exemples des différentes prononciations sont donnés.]
Historiquement, trois systèmes linguistiques distincts sont attestés en Bretagne, le breton, le parler roman ou gallo et le français. Depuis le XVIe siècle, la frontière s'est stabilisée sur une ligne qui va de Saint-Brieuc à Saint-Nazaire, mais selon l'Office de la Langue Bretonne, la langue bretonne ne compte plus que 200 à 250 000 locuteurs en 2010 pour près de 2 millions en 1886 et la langue gallo est parlée régulièrement par 200 à 400 000 personnes. Les langues gallèses et bretonnes perdent des locuteurs, mais toutes deux sont devenues des éléments forts de l'identité bretonne. C'est cet intérêt pour la défense du patrimoine linguistique qui nous semble constituer une identité régionale, même si la pratique semble beaucoup plus difficile.
Reconnaissance de la langue bretonne
Réseaux bretons : la Charte régionale
Retour en archives sur le combat pour la reconnaissance de la langue bretonne. Récemment, la charte européenne des langues minoritaires a remis ce thème sur le devant de la scène politique. En partie signée par le gouvernement français, elle a été rejetée par le Conseil constitutionnel. Josselin de Rohan, Kofi Yamgnane et Yves Le Serre s'expriment sur le sujet.
L'identité bretonne, jusque là méprisée, est revendiquée dans les années 70 par une partie de la population. Ce virement de situation est incarné en 1977 par la reconnaissance officielle de la personnalité culturelle de la Bretagne par la charte régionale accordée par le Président Giscard d'Estaing lors de son discours de Ploërmel. Le nouvel engouement porté à la langue va dans le sens de cette reconnaissance. Les pouvoirs régionaux jouent un rôle moteur dans ce mouvement, en s'appuyant sur un large panel d'associations partenaires des cinq départements historiques de la Bretagne (y compris la Loire-Atlantique). Dans les années 2000, la Région demande à la France de ratifier la Charte Européenne des langues régionales et s'engage, aux côtés de nombreuses villes signataires de la Charte « Oui au Breton », dans l'affichage public de sa diversité linguistique en développant une signalétique bilingue. Cette volonté est reprise par le groupe économique «Produit en Bretagne» et par des banques comme le Crédit Mutuel de Bretagne et le Crédit Agricole qui proposent à leurs clients des chéquiers et des distributeurs de billets écrits en breton.
Prolongements
Apprendre une langue régionale
Diwan : skolioù-mamm e brezhoneg [Diwan : des écoles maternelles en breton]
Emgav er skol Diwan gentañ, e Gwitalmeze, evit lidañ deiz-ha-bloaz Yann. [Depuis un an, les écoles maternelles en breton créées par l'association Diwan fleurissent un peu partout en Bretagne. Reportage à Lampaul-Ploudalmezeau, la toute première école du genre, à l'heure du goûter d'anniversaire de Yann.]
Hor yez o kreskiñ : ar brezoneg er bak [Le breton au bac]
E trepas ul lise e Brest e komzer gant liseidi yaouank eus bro Leon, eus o implij eus ar brezhoneg bemdez hag eus ar c'hentelioù a heuliont el lise. [Dans le couloir d'un lycée brestois, de jeunes Léonards patientent avant leur épreuve orale de breton au baccalauréat, et expliquent leur rapport à la langue et les cours qu'ils suivent au lycée. ]
Al leur nevez e Menez kamm [Stage bretonnant à Menez Kamm]
Er bloavezhioù 70 muioc'h mui a dud yaouank a fell dezho deskiñ brezhoneg, ur yezh n'eo ket bet treuzkaset dezho gant o zud. Rak war ar maez e Breiz Izel tro ar bloavezhioù 50 eo kroget an holl vrezhonegerien da sevel o bugale e galleg. [Dans les années 70 de plus en plus de jeunes désirent apprendre le breton, une langue qui ne leur a pas été transmise par leurs parents. Car depuis les années 50, en Basse Bretagne tous les bretonnants ont commencé à élever leurs enfants en français.]
Les écoles de langue bretonne (DIWAN) ou bilingues (DIV YEZH et DIHUN) issues du monde associatif, soutenues par les collectivités, ont eu un rôle incontestable dans l'affirmation de la culture régionale, le développement de l'usage et de la transmission de la langue. La transmission familiale de la langue bretonne, largement constitutive de l'identité régionale, étant mise à mal au cours du XXe siècle, l'enseignement bilingue est imaginé comme un nouveau moteur de sauvegarde et de diffusion de ce patrimoine linguistique et culturel régional. Seulement 1% des enfants du primaire y sont scolarisés mais elles connaissent encore aujourd'hui un réel développement. L'enseignement du gallo a été plus tardif, toutefois, c'est depuis 2006 une langue régionale facultative au baccalauréat. De plus, les associations KEAVE et UBAPAR (Union Bretonne pour l'animation des pays ruraux) proposent des activités de loisirs en breton ou en gallo. Même si aujourd'hui encore, 206 000 personnes le parlent au quotidien, le breton est toujours menacé, au point d'être classé par l'UNESCO parmi les langues en danger sérieux d'extinction. Les collectivités locales sont aujourd'hui touchées par ce phénomène et tentent d'agir dans le sens d'un soutien par des politiques linguistiques volontaristes.
Prolongements
La langue bretonne à la télévision
Breiz o veva kinniget gant Chanig Ar Gall [Chanig Ar Gall présente Breiz o Veva]
Abadenn gentañ Breiz o veva, kinniget gant Chanig ar Gall. [Extrait de la première émission de la collection Breiz o veva, diffusée par la station ORTF de Rennes. Elle est présentée par Chanig Ar Gall, et les commentaires des reportages sont dit par Charlez Ar Gall.]
Ugent vloaz an tele e Breizh [Les vingt ans de la télévision en Bretagne]
Da vare ugent vloaz ar skinwel e Breizh en deus Fañch Broudig pedet Charlez ar Gall evit kontañ ar bloavezhioù kentañ. [Fañch Broudig revient sur les vingt ans de la télévision en Bretagne. Interview de Charlez ar Gall, un des premiers présentateurs breton, qui raconte comment se sont déroulées les premières années.]
Les médias jouent le rôle de la promotion de la langue bretonne, au même titre que les nombreuses maisons d'édition (Skol Vreizh, Emgleo Breiz pour le Breton, Bertaèyn Galeizz, Rue des Scribes Editions pour le Gallo) et la télévision. La télévision participe de ce mouvement de reconnaissance des langues régionales avec plusieurs émissions en breton, depuis la première chronique instaurée en 1964. Les années 70 réservent une place de plus en plus large à la langue bretonne dans la petite lucarne. C'est avec fierté que l'on parle breton à la télévision, média devenu pour les bretonnants un nouveau vecteur de transmission. Cette conquête de la télévision par la langue bretonne témoigne de la volonté de faire vivre et de promouvoir un patrimoine linguistique qui a bien failli disparaître et d'en faire un symbole majeur de la culture régionale.
La musique, la danse et les contes
Les nombreux festivals de musique et de danse dites traditionnelles ainsi que la multiplication des associations qui collectent et transmettent la pratique des traditions orales (contes, chants) témoignent d'un véritable intérêt partagé pour cet héritage culturel, constitutif de l'identité en Bretagne.
Un héritage culturel
Les premières collectes ont commencé dès le début du XIXe siècle dans le pays bretonnant. La plus fameuse d'entre elles, la collecte réalisée par le vicomte Hersart de la Villemarqué dans le Finistère, affirme la tradition poétique bretonne. L'ouvrage Le Barzaz Breiz, publié dès 1839 et réunissant une part significative de la tradition orale, est rapidement devenu une source de référence sur la question de la tradition orale en Bretagne. Les collectes de chansons populaires mais aussi de pièces de théâtre, contes, proverbes et poésies continuent activement tant en Haute-Bretagne qu'en Basse-Bretagne jusqu'en 1914. Tout ce répertoire va être la base du renouvellement musical des années 60.
Des fêtes aux festivals
Les Grandes Fêtes Interceltiques et de Cornouailles
Les Fêtes de Cornouailles réunissent à Quimper les pays Celtes de Bretagne, d'Irlande, d'Ecosse, du Pays de Galles qui célèbrent leur amitié. Ils défilent dans les rues de la ville en costume folklorique, au son de la musique traditionnelle.
Mais dans les années 50 ce sont les concours où se réunissent les bagads qui relancent l'intérêt populaire pour la musique bretonne. Les plus connus sont les fêtes de Cornouailles - on ne parlait pas alors de festival - qui se déroulent à Quimper. Ces regroupements qui à l'origine ne concernaient que la musique bretonne, rassemblent maintenant toute la culture celtique, autour du concept d'interceltisme, et s'ouvrent à de nombreuses musiques du monde. Ces fêtes sont devenues de véritables rendez-vous culturels, rassemblant des milliers de personnes, tout en incarnant l'alliance de la tradition et de la création musicale en Bretagne. Incontournables vitrines de la Bretagne, ces festivités sont certainement l'un des meilleurs vecteurs de promotion du dynamisme culturel de l'identité bretonne.
Prolongements
Collecter la mémoire
Pleudihen : l'association La Boueze
L'association La Boueze s'intéresse à la sauvegarde de la tradition orale de la Bretagne. Elle recense, filme, enregistre les chants, danses et documents du passé. Yves Defrance, accordéoniste, évoque la conservation et la transmission de cette tradition.
klasker tonioù kozh [collecteur de chansons traditionnelles]
Yann-Fañch Kemener, kaner yaouank, a zastum kanoù ha kontadennoù digant ar re gozh. [Jean-François Quemener, jeune chanteur breton plus connu aujourd'hui sous le nom de Yann-Fañch Kemener, recueille auprès des vieux chanteurs et conteurs de Bretagne tout un héritage culturel de tradition orale].
Dans les années 70, la Bretagne musicale vit une véritable effervescence en partie liée au renouveau des musiques traditionnelles. Le collectage progresse, rassemblé par l'association Dastum qui œuvre pour que « la musique [...] garde une originalité, une couleur, une identité, tout en s'appuyant sur des sources et non pas à partir de copies de copies, ou par génération spontanée ». Le répertoire s'enrichit des chants de marin (une anthologie des chants de mer est éditée en 1981 par la revue Chasse-marée) et de ceux du sud de la Haute-Bretagne dans les années 80 et 90. La création musicale repose alors sur la redécouverte de cette tradition orale.
Prolongements
Tradition et création musicale
Alan Stivell [Alan Stivell : barde breton]
E 1971, n'eo ket c'hoazh Alan Stivell ar soner brudet a sono en Olympia ur bloaz diwezhatoc'h. Met kontañ a ra dija da Charlez ar Gall gant petra, piv, eo bet awenet ha petra eo ar sonerezh, keltiek ha modern, a fell dezhañ kinnig. [En 1971, Alan Stivell n'est pas encore le musicien reconnu qui jouera sur la scène de l'Olympia un an plus tard. Mais il raconte déjà à Charlez ar Gall ce qui l'inspire et quelle est la musique celtique qu'il souhaite composer pour son époque.]
Dir Ha Tan [Le groupe vannetais Dir Ha Tan]
Gant o gitaroù ha binvioù-all ha doareoù da ganañ deuet eus ar folk song e ijin ar strollad Dir ha Tan ur sonerezh eus e mare, met sanket don e gwrizioù en hengoun. [Avec des guitares et d'autres instruments de la musique folk, les jeunes Morbihannais de Dir ha Tan inventent une musique ancrée dans la tradition, mais très contemporaine.]
Alan Stivell
Jacques Chancel reçoit le chanteur Alan Stivell. Il évoque ses harpes celtiques, son père qui refabriqua une harpe celtique, la fabrication de ces instruments, ses débuts, son succès. Il parle du livre de Pierre Jakez Helias, "le cheval d'orgueil", de sa rencontre avec Angelo Branduardi, de la prédominance de la musique américaine.
D'autre part, l'affirmation de la singularité du patrimoine musical d'inspiration bretonne va passer par de jeunes chanteurs, amateurs comme professionnels, qui revendiquent une musique actuelle à racines celtiques. Le grand concert d'Alan Stivell à l'Olympia en 1972 reste le symbole public du premier revival . Citons encore Glenmor, Gilles Servat, les frères Molard, Mélaine Favennec, Manu Lann-Huel, les Tri Yann, et beaucoup d'autres. Le second revival des années 80 et 90 ouvre la musique bretonne sur d'autres expériences : jazz et musiques du monde. Le renouveau musical s'accompagne de celui des festoù-noz, qui dans tous les coins de la Bretagne quittent les cours de ferme pour les salles de fête des villages. Loin d'être des spectacles, même si de grands musiciens se révèlent, ils offrent à toutes les générations la possibilité de danser et de festoyer. Cette effervescence musicale est particulièrement originale car elle mêle éléments traditionnels et éléments nouveaux pour produire une culture vivante englobant Haute-Bretagne et Basse-Bretagne. Signe de la vitalité de ce patrimoine culturel, Dastum demande en 2010 l'inscription du fest-noz au patrimoine immatériel de l'humanité.