Mémoires alsaciennes de la guerre d’Algérie [en alsacien]
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Quarante ans après le déclenchement de la guerre d’Algérie, d’anciens conscrits alsaciens enrôlés dans l’armée française déployée en Algérie livrent leurs souvenirs du conflit. Photos et reportages d’époque permettent d’appréhender l’histoire et les mémoires de cette guerre
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Date de publication du document :
01 sept. 2021
Date de diffusion :
02 nov. 1994
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Contexte historique
ParProfesseure certifiée d'histoire-géographie au Lycée Marc Bloch de Bischheim
Publication : 01 sept. 2021
Au moment de la réalisation du reportage en 1994, la guerre d’Algérie demeure un sujet tabou en France. Le gouvernement parle encore officiellement des « évènements d’Algérie », n’employant qu’à partir de 1999 le terme « guerre » pour les désigner.
La colonisation de l’Algérie a débuté en 1830. Jusqu’en 1870, de larges contingents de conscrits, dont des dizaines de milliers d’Alsaciens-Lorrains déjà, y sont envoyés afin de participer à la conquête et à la pacification du nouveau territoire français. Celui-ci devient une colonie de peuplement dans laquelle sont installés de nombreux colons bénéficiant d’un statut privilégié, les pieds-noirs, afin d'établir une présence pérenne et autonome. L’Algérie est ainsi considérée comme partie prenante de la France, d’où l’opposition forte et prolongée face aux velléités croissantes d’indépendance du peuple algérien au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, mais aussi la violence de la guerre qui en résulte.
Cette dernière s’inscrit dans le cadre du processus de décolonisation qui touche l’ensemble des puissances coloniales après 1945. Pour la France, cela concerne aussi l’Indochine, qui obtient son indépendance après une longue guerre également (1946-1954). Cette victoire contribue à motiver le peuple algérien pour s’émanciper de sa tutelle par la lutte armée. Tout comme en Indochine, les troupes françaises affrontent une guérilla diffuse, menée en Algérie par le FLN (Front de libération nationale). Les nombreux massacres perpétrés par l’un et l’autre camp, ainsi que le recours des Français à la torture pour tenter de sauver l’Algérie française ont causé plus de 20 000 morts et 60 000 blessés. Malgré l’envoi massif de troupes, principalement des appelés du contingent, la France se résout sous l’impulsion du général de Gaulle à renoncer à l’Algérie. À l’issue des accords d’Évian conclus en 1962, l’Algérie obtient l’indépendance.
Émancipée, l’Algérie devient une démocratie populaire, où le pouvoir est partagé entre le président, le parti unique, le Front de libération nationale et l’armée. Le nouvel État socialiste est progressivement gangrené par la corruption et le clientélisme, ce qui débouche sur la fin du parti unique en 1989 et l’organisation d’élections libres largement remportées par le FIS (Front islamique du salut) en 1991. En annulant ces dernières, le FLN provoque en 1992 le début d’une guerre civile sanglante, qui se prolonge jusqu’en 2002 et dont les massacres, relatés dans les médias, émeuvent le monde entier.
Les mémoires autour de la colonisation et de la guerre en Algérie restent au début des années 2020 un sujet sensible tant en France qu’en Algérie. Le gouvernement français a ainsi commandé à Benjamin Stora, spécialiste de l'histoire contemporaine de l'Algérie, un rapport livré en 2021 et immédiatement débattu. Celui-ci doit contribuer à la réconciliation des mémoires ainsi qu’à la construction d'une mémoire commune et apaisée.
Ce reportage se prête avec pertinence à l’étude du thème Histoire et mémoire du programme d’HGGSP en classe de terminale. Il interroge en effet les mémoires d’hommes ayant subi la guerre d’Algérie en les confrontant à des images d’archives ayant servi à écrire une histoire toujours au centre des polémiques.
Éclairage média
ParProfesseure certifiée d'histoire-géographie au Lycée Marc Bloch de Bischheim
La gravité du ton du journaliste, les témoignages et les archives retenus visent à montrer le traumatisme qui demeure en Alsace dans les années 1990 dans les mémoires individuelles et collectives après la guerre d’Algérie. Le reportage commence par un parallèle entre la Toussaint rouge de 1954 et un attentat islamiste à la Toussaint de 1994 afin de souligner que les civils sont à chaque fois les victimes collatérales des affrontements politiques, mais aussi que les horreurs de la guerre ne cessent pas dans l’Algérie indépendante. C’est pourtant aux soldats que l’essentiel du reportage est consacré, à ces jeunes Alsaciens qui, comme l’ensemble des Français, étaient appelés dans l’année de leur vingtième anniversaire afin d’effectuer le service militaire obligatoire d’une durée de 18 mois.
Ces appelés du contingent furent massivement mobilisés pour soutenir l’effort de guerre français dès 1954. Le conflit s’enlisant, leur service fut prolongé de douze mois. Les hommes ayant achevé leur service furent également rappelés. Entre 1952 et 1962, plus de 1,3 million d’appelés ou de rappelés ainsi que près de 400 000 militaires de carrière participèrent à l’effort de guerre. Les chiffres avancés par les anciens soldats alsaciens interrogés sont ainsi excessifs, tout comme pour les pertes humaines. Ces approximations s’expliquent en partie par l’impossibilité de consulter les archives de l’armée française pour cette période. Classées « secret-défense » pendant cinquante ans, celles-ci devraient être déclassées à partir de 2022.
Un extrait télévisuel des actualités françaises de novembre 1954 permet de voir comment les attentats furent présentés en France au moment des faits. La presse étant alors soumise à la censure, elle s’attachait à montrer avec quel professionnalisme les « opérations de maintien de l’ordre » étaient assurées, notamment en procédant à une traque systématique des terroristes dans la population algérienne. Les raisons des attentats ne sont pour leur part pas questionnées. Les témoignages des anciens conscrits et les photos qu’ils partagent révèlent l’efficacité du discours officiel au moment de la guerre, mais aussi la progressive dénonciation de cette dernière au fil des décennies. Les photos permettent également de voir comment l’armée tenta de gagner la confiance des Algériens. Des clichés représentent en effet des soldats français posant à côté d'eux. La photo d’une salle de classe montre des soldats français, essentiellement de jeunes appelés, œuvrant pour alphabétiser les enfants du pays. L’absence de légende ne permet cependant pas de dater, de localiser ni d’identifier précisément les scènes représentées.
Ce reportage permet ainsi d’appréhender l’évolution des mémoires de la guerre d’Algérie en France et en Alsace. Dans les années 1990, l’intérêt se portait surtout sur celles des conscrits, qui partageaient alors leurs souvenirs. D’autres demeuraient muettes alors ou n’intéressaient pas encore, comme celles des réfractaires représentant plus de 10 000 personnes à l’échelle nationale ou encore celles des soldats arabo-berbères, les harkis principalement, recrutés pour renforcer les effectifs français et obligés de quitter l’Algérie en 1962. Certains d’entre eux furent rapatriés en Alsace mais souffrirent de l’absence de reconnaissance de l’État français à leur égard jusqu’en 2003, année où le président Jacques Chirac instaura une « Journée nationale d'hommage aux harkis et aux autres membres des formations supplétives des armées françaises ». Les mémoires des centaines de milliers d’Algériens venus en France après l’indépendance enfin mériteraient également d’être questionnées pour compléter la réflexion.
Remarque : une erreur de traduction s’est glissée pour les propos introductifs du journaliste au début du reportage. Ce dernier déplore que les conscrits aient « fêté » et non pas « brûlé » leurs 20 ans dans l’Aurès.
Transcription
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