Un défilé à Marseille pour la commémoration des 100 ans du génocide arménien
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Résumé
Cent ans après, la Turquie refuse toujours de reconnaître sa responsabilité dans le génocide arménien. Des commémorations du centenaire du massacre de plus d'un million et demi de victimes par l'Empire ottoman ont pris place à Marseille. Une marche de la mémoire a rassemblé environ 10 000 personnes sur le Prado. Le cortège était mené par des femmes, figures de proue de la résistance arménienne.
Date de diffusion :
24 avr. 2015
Date d'évènement :
1915
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Contexte historique
ParDocteur en Histoire contemporaine, Post-doctorant à Aix-Marseille Université
Le vendredi 24 avril 2015 se déroule à Marseille une journée de commémoration durant laquelle la communauté arménienne de la ville se souvient ensemble du premier génocide du XXe siècle, cent ans jour pour jour après le début des massacres. Cette élimination physique intentionnelle a été perpétrée par le gouvernement Jeunes-Turcs de l’Empire ottoman contre la minorité arménienne et fit 1,5 million de victimes. La ville portuaire de Marseille constitue à partir de 1922 un lieu de refuge pour 50 000 rescapés. Peuplée aujourd’hui de 80 000 Arméniens ou descendants d’Arméniens, la cité phocéenne compte une Chambre de commerce et d’industrie franco-arménienne et de multiples associations de différentes natures, à l’instar de la Maison arménienne de la jeunesse et de la culture, de l’Association pour la recherche et l’archivage de la mémoire arménienne (ARAM) sans oublier les lieux de culte. La municipalité a officiellement décrété 2015 année de l’Arménie, avec à la clé la labélisation de manifestations culturelles, dont l’exposition « 100 portraits d’exil : La quête d’identité des réfugiés arméniens » présentée au musée d’Histoire de Marseille.
Ce 24 avril 2015 au matin dès 9h30 chemine depuis l’église du quartier de Beaumont, haut lieu de présence arménienne à Marseille, une procession se rendant au mémorial du génocide arménien inauguré en 2006 à l’occasion des débuts des célébrations de l’année de l’Arménie en France. Pour atteindre son but, le cortège a emprunté l’avenue du 24 avril 1915, principale artère du quartier de Beaumont. L’ancienne avenue Saint-Julien a en effet été rebaptisée par délibération du conseil municipal de Marseille du 30 juin 1980 « pour perpétuer une des dates les plus tragiques de l’histoire du peuple arménien ». L’après-midi entre 7 500 et 10 000 personnes participent à une marche de la mémoire allant de la place Castellane au consulat général de Turquie sur le Prado à l’occasion de laquelle sont déployés des drapeaux français et arméniens. En tête de cortège se trouvent cent femmes de différentes générations pour pointer leur rôle essentiel à travers l’histoire du peuple arménien et symboliser la transmission dans le temps de l’identité arménienne et de la mémoire de ce génocide. Une banderole proclame d’ailleurs « La Turquie doit reconnaître et réparer le génocide arménien » et certains manifestants brandissent des pancartes avec des photos montrant des corps crucifiés ou des enchevêtrements de cadavres décharnés. La veille, à l’initiative des jeunes Arméniens de Marseille, a été organisée une veillée sous l’Ombrière du Vieux-Port en respectant 1915 secondes de silence.
Dès le cinquantenaire du génocide arménien, la jeune génération née en France, secondée par les anciens, avait (malgré la domination soviétique) sonné le glas du réveil national arménien dans le but de faire triompher les droits du peuple arménien. En 1965 alors que les communautés arméniennes du monde entier commémorent le demi-siècle du génocide, à Marseille, des affiches sont placardées en vue d’un « deuil national arménien » pour le dimanche 25 avril. Dès 9 heures du matin, les Arméniens se rassemblent au cinéma Le Capitole sur le Canebière, puis un important cortège de plusieurs milliers de personnes (femmes en tête comme en 2015) remonte l’avenue pour déposer des gerbes de fleurs au Monument des Mobiles, en l’honneur des martyrs de 1915. Parallèlement une protestation a lieu devant le consulat général de Turquie. La veille, jour officiel du début des massacres, des offices ont par ailleurs été célébrés dans les différentes églises arméniennes de la cité phocéenne. A cette époque, il n’existe pas encore de monument à Marseille commémorant le génocide, puisque ce dernier est érigé en 1972 et inauguré l’année suivante dans la cour de la cathédrale apostolique arménienne de l’avenue du Prado « à la mémoire des 1 500 000 Arméniens victimes du génocide ordonné par les dirigeants turcs de 1915 [et] à la gloire des combattants et résistants arméniens morts pour la liberté et la France » avant que ne soit édifié en 2006 le mémorial du quartier de Beaumont où une stèle préexistait.
Entre temps, l’Arménie a recouvré, en 1991, son indépendance et la France a reconnu définitivement le 18 janvier 2001 « le génocide des Arméniens de 1915 ». Les manifestants ayant défilé à Marseille et ailleurs en France ou dans le monde pour commémorer le centenaire de cette tragédie espèrent que l’État turc est désormais prêt à assumer son histoire.
Bibliographie
- Edwige Breuils, Les Arméniens à Marseille : une mémoire en quête de reconnaissance de 1965 à nos jours, mémoire de maîtrise d’histoire contemporaine (dirs. M. Crivello, J.-M. Guillon), Université de Provence, Médiathèque de la MMSH, 2004.
- Lydie Belmonte, La petite Arménie à Marseille. Histoire de la communauté arménienne à Marseille à travers le boulevard des Grands Pins à Saint Loup, Marseille, Éditions Jeanne Laffitte, 2004.
- Stephan Boghossian, La communauté arménienne de Marseille. Quatre siècles de son histoire, Paris, L’Harmattan, 2009.
- Myriame Morel-Deledalle, Claire Mouradian et Florence Pizzorni (dir.), Loin de l’Ararat… Les petites Arménies d’Europe et de Méditerranée. Les Arméniens de Marseille, Paris, Éditions Hazan, Marseille, MUCEM, 2007.
Transcription
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Matthias Julliand
A Marseille, la marche pour le centenaire du génocide arménien a ressemblé environ 10 000 personnes cet après-midi.Parti de la place Castellane, le cortège a pris la direction du consulat de Turquie.Il y a un siècle jour pour jour, le 24 avril 1915, débutait le massacre du peuple arménien par l’Empire ottoman.Ce génocide, le premier du XXème siècle fera plus de 1 million et demi de victimes.100 ans après, la Turquie refuse toujours de reconnaître sa responsabilité.Je vous propose d’écouter quelques réactions recueillies parmi les manifestants.
Interviewée 1
Ça fait 100 ans que tout est arrivé, la Turquie ne reconnaît toujours pas le génocide arménien et c’est très important pour nous.
Interviewé 1
On demande que justement Erdogan reconnaisse le génocide, ça fait 100 ans maintenant, il y a plusieurs générations qui sont passées, et aujourd’hui on est au XXIème siècle et si on ne reconnaît pas ça, c’est difficile pour le peuple arménien et pour tous les Arméniens qui ont vécu ça.
Interviewée 2
Nous sommes Arméniennes, pour nous c’est quelque chose de très important, c’est une fierté d’être arménien et c’est très important d’être ici.Ça nous rappelle que le génocide a été très dur, plus de 1 500 000 morts quand même, ce qui est énorme.
Matthias Julliand
En direct avec nous depuis la cathédrale apostolique arménienne dans le 8ème arrondissement, Julien Arounyan, porte-parole des associations arméniennes de Marseille.Bonjour, alors cette marche, on l’a vu, a été le moment fort de cette journée de commémoration.
Julien Arounyan
Ça été en effet un moment très fort et surtout riche en émotions puisque plus de 10 000 personnes se sont rassemblées et ont marché de Castellane jusqu’au consulat de Turquie pour cette marche de la mémoire.
Matthias Julliand
100 femmes étaient en tête de ce cortège.C’est un symbole fort que vous avez choisi là.
Julien Arounyan
Oui, parce que les femmes ont eu un rôle clef durant toute la période du génocide.Elles ont toujours été porteuses à la fois de l’identité et de la transmission de l’identité arménienne, mais aussi de la résistance arménienne puisque très vite, elles ont été les premières victimes du génocide, mais aussi en même temps à rentrer très vite en résistance lors de cette période-là.
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