À Marseille, manifeste de collectifs en faveur d'une nouvelle ville
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Ce sont 39 collectifs et structures associatives marseillaises qui se sont réunies après le drame de la rue d'Aubagne pour construire une nouvelle force politique. Conseil municipal populaire, débats et discussions des enjeux de la ville, ces collectifs d'habitants, associations et syndicats, ont rédigé ensemble un manifeste pour une Marseille vivante, accueillante et populaire. Même s'ils ne souhaitent pas s'inscrire comme liste pour les élections municipales de 2020, ils comptent bien devenir un contre pouvoir face à une municipalité qui pour eux, a laissé depuis longtemps ses habitants et habitantes de côté.
Date de diffusion :
29 janv. 2019
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Contexte historique
ParDocteur en Histoire contemporaine, Post-doctorant à Aix-Marseille Université
À Marseille aux 63 et 65 rue d’Aubagne dans le quartier populaire de Noailles en plein centre-ville, l’effondrement, le lundi 5 novembre 2018, de deux immeubles insalubres, entraînant la mort de huit personnes, a constitué un électrochoc. Ce drame a pour beaucoup mis en exergue les défaillances de la municipalité dans la lutte contre l’habitat indigne. Les édiles de leurs côtés attribuent l’effondrement à de fortes pluies survenues les jours précédents avant toutefois de se rétracter. Et, au prétexte de mise à l’abri, ils tentent d’expulser des habitants de ce quartier populaire. L’assistance matérielle et psychologique est davantage prodiguée par des collectifs de citoyens, qui organisent parallèlement le 10 novembre une marche blanche pour rendre hommage aux victimes et soutenir leurs proches. Le 14 novembre une « marche de la colère » dénonce les décennies d’inaction des pouvoirs publics face au problème du mal-logement. Elle est suivie, le 1er décembre, par une autre marche contre l’habitat indigne.
Dans le droit fil de cette forte mobilisation citoyenne, trente-neuf collectifs d’habitants des quartiers, d’associations et de syndicats locaux lancent, le 29 janvier 2019, un manifeste pour une ville de Marseille vivante et populaire. Certaines revendications sont encore largement imprégnées du drame de la rue d’Aubagne. Le programme de lutte contre l’habitat indigne comprend notamment la réquisition de logements vides pour y installer les sinistrés de Noailles, les évacués, les sans domicile et les mineurs isolés. Mais l’action de ces collectifs s’inscrit dans une optique beaucoup plus large de transformation de la ville en étroite concertation avec ses habitants. Une des priorités exprimées est ainsi la création de crèches et de centres sociaux, ainsi que le lancement, dans les plus brefs délais, d’un vaste programme public de rénovation et de reconstruction des écoles. Il est aussi demandé la consultation des habitants lors de toute opération d’urbanisme, l’arrêt des chantiers inutiles et un coup de frein à la spéculation immobilière, en particulier rue d’Aubagne par respect pour les morts. La demande d’arrêt de prolifération des centres commerciaux et le souhait de maintien des marchés populaires et des commerces de proximité témoignent par ailleurs du souci de préservation du lien social. Dans cette même perspective est vivement souhaitée la mise en place d’une politique de transports en commun digne de ce nom pour permettre à tous les habitants de disposer d’une réelle liberté de déplacement y compris, le cas échéant, par le biais de la mise en œuvre de la gratuité de ces transports. Une préoccupation environnementale de préservation du patrimoine naturel de la ville est également exprimée avec force.
Dans l’ensemble de ces revendication transparaît l’idée d’une réappropriation de la ville de Marseille par ses habitants. La fin du financement clientéliste des associations figure d’ailleurs sans surprise parmi les revendications. Dans le reportage une personne propose d’organiser le conseil municipal populaire par opposition à celui se tenant en marie et ne prenant pas suffisamment en compte les intérêts et les besoins des Marseillais. Cette forte défiance à l’égard des instances politiques traditionnelles et des élus se conjugue à une aspiration à une démocratie plus directe et plus participative, qui s’exprime largement au sein de la société française. Le samedi 2 février 2019, plusieurs milliers de manifestants défilent dans le centre-ville de Marseille avec comme destination finale l’Hôtel de Ville sur le Vieux-Port pour rappeler à la municipalité que l’effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne ne doit et ne peut être oublié, que la colère est toujours intacte, mais que le ciment de la solidarité est lui aussi plus que jamais présent. Cette mobilisation issue de la société civile trouve un prolongement certain dans la victoire du Printemps marseillais, coalition, qui, lors du second tour des élections municipales de 2020, se présente comme le rassemblement de la gauche, des écologistes et des citoyens, avec des priorités telles que la réhabilitation des logements insalubres ou un investissement massif pour la construction et la rénovation des écoles.
Bibliographie
- Virginie Baby-Collin, Antonio Bonafede, Assaf Dahdah, « Quelles politiques pour le logement populaire dans le centre-ville de Marseille ? », Métropolitiques, 2020. URL : https://metropolitiques.eu/Quelles-politiques-pour-le-logement-populaire-dans-le-centre-ville-de-Marseille.html
- Michel Peraldi et Michel Samson, Marseille en résistances. Fin de règnes et luttes urbaines, Paris, La Découverte, 2020.
- Philippe Pujol, La chute du monstre : Marseille année zéro, Paris, Seuil, 2019.
Transcription
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