La reconnaissance faciale testée pour la première fois au carnaval de Nice
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Testé pour la première fois en France, le dispositif de reconnaissance facial installé lors du carnaval de Nice vise à assurer la sécurité des citoyens. Cependant, cette mesure interroge la Commission nationale informatique et libertés (CNIL) et divise les Niçois. Leurs interviews ainsi que celle de Christian Estrosi, maire de Nice, évoquent ces mesures de contrôle d’identité prises par la municipalité à l’aide de caméras de vidéosurveillance installées sur la voie publique.
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19 févr. 2019
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Contexte historique
ParDocteur en Histoire contemporaine, Post-doctorant à Aix-Marseille Université
En février 2019 lors de la 135e édition du carnaval de Nice, une expérimentation inédite d’identification par reconnaissance faciale sur la voie publique est menée, durant trois jours, à l’initiative de la municipalité dirigée par Christian Estrosi. Ce dernier est un fervent défenseur de l’utilisation de cette technologie biométrique à des fins sécuritaires. Des photos récentes ou plus anciennes de personnes s’étant portées volontaires sont d’abord introduites dans plusieurs bases de données fictives, telles celles des personnes disparues, recherchées ou interdites de zone. Puis un algorithme extrait de ces photos des gabarits, qui sont des signatures propres à chaque visage, et les compare, en temps réel, à d’autres gabarits issus de photos de visages filmés par les caméras de vidéosurveillance, de l’une des entrées du carnaval, et émet une alerte si un pourcentage élevé de correspondance est trouvé. Le taux de cent pour cent n’étant jamais atteint, un choix de seuil doit donc être effectué par les utilisateurs de ces dispositifs.
Endeuillée par l’attentat au camion-bélier du 14 juillet 2016 sur la promenade des Anglais, la capitale azuréenne a misé, depuis plusieurs années, sur la technologie pour tenter de détecter les comportements suspects ou répréhensibles. La police municipale, forte de près d’un demi-millier d’agents, dispose ainsi d’un centre de supervision urbain (CSU) où sont centralisées les images émanant des 3 800 caméras disséminées dans la ville. En décembre 2018, Christian Estrosi a demandé, sans succès, au préfet des Alpes-Maritimes de lui fournir la liste des « fichés S » par radicalisation islamiste résidant à Nice, afin de suivre leurs allées et venues à l’aide des algorithmes de reconnaissance faciale. Le mois suivant, l’annonce d’un possible test de reconnaissance et d’analyse des émotions, telles que le stress ou l’anxiété, grâce aux images captées par les caméras du tramway suscite également la polémique. L’opposition municipale saisit alors la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), qui a déjà empêché, l’année précédente, la mise en test à Nice d’une application permettant de filmer une incivilité et d’envoyer la vidéo à la police municipale. Prévenue tardivement de l’expérimentation menée au cours du carnaval de Nice, la CNIL a demandé que lui soit transmis le rapport en tirant le bilan.
La reconnaissance faciale affleure, par polémiques successives, dans le débat public, car les progrès constants de l’intelligence artificielle (IA), et en particulier de l’apprentissage profond ou deep learning, tendent à imposer certaines de ses applications dans le quotidien des citoyens, tout en polarisant l’opinion publique. D’aucuns vantant ses atouts pour renforcer la sécurité ou faciliter la vie quotidienne, alors que d’autres souhaitent au contraire un moratoire sur une technologie biométrique, par nature intrusive, accusée de porter atteinte à la vie privée et aux libertés individuelles. Des opposants brandissent l’exemple de la Chine, où la reconnaissance faciale est à la base d’un système de notation sociale à grande échelle, et rappellent qu’à l’inverse le conseil municipal de San Francisco a interdit l’utilisation de cette technologie par les services de police de la ville.
La reconnaissance faciale a en fait deux facettes distinctes. Elle sert d’une part de moyen d’authentification, c’est-à-dire à vérifier qu’une personne est bien celle qu’elle prétend être. Or ce mode d’utilisation de la reconnaissance faciale s’est progressivement banalisé. Elle permet ainsi le fonctionnement des sas de passage automatisé aux frontières dans les aéroports, mais aussi l’accès à son téléphone portable, à son compte en banque ou à d’autres services en ligne. La question du libre choix et du consentement éclairé demeure, dans ce cas, un enjeu majeur. La reconnaissance faciale peut d’autre part servir de moyen d’identification, c’est-à-dire établir l’identité d’une personne, en allant la rechercher dans une base de données. L’utilisation de ces outils pose la question de la durée et du lieu de conservation des données biométriques et du contrôle de ce stockage par une autorité spécifique à créer. Plus globalement la législation sur l’intelligence artificielle, qui en est encore à ses balbutiements, doit être développée. Enfin se pose une question de souveraineté technologique à l’échelle de l’Union européenne. L’algorithme de reconnaissance faciale utilisé à Nice a en effet été développé par une société israélienne.
Bibliographie
- La reconnaissance faciale, Note scientifique n° 14 de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, Juillet 2019. https://www2.assemblee-nationale.fr/content/download/82754/922439/version/1/file/Note+Scientifique+-+Reconnaissance+Faciale+-+VF+19072019.pdf
- Laurent Mucchielli, « Note sur l’évaluation des nouvelles technologies de sécurité. Cas de la vidéosurveillance et de la reconnaissance faciale », Laboratoire Méditerranéen de Sociologie, Office Parlementaire d’Évaluation des Choix Scientifiques et Technologiques, 2019. https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-02178394/document
Transcription
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