Lancement du Congrès mondial de la nature à Marseille par Emmanuel Macron

Du 3 au 11 septembre 2021 se tient à Marseille le Congrès mondial de la nature, qui rassemble tous les quatre ans des décideurs politiques ou économiques et des représentants de la société civile dans le but de préserver l’environnement. Ce sommet est organisé à l’initiative de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Cette organisation intergouvernementale a été fondée en 1948 à la suite d’une conférence internationale tenue à Fontainebleau. Elle est notamment connue pour établir une liste rouge des espèces menacées, qui constitue l’inventaire mondial le plus complet de l’état de conservation global des espèces animales et végétales. Or sans action concertée, la biodiversité est menacée d’effondrement à brève échéance, puisque l’on estime que près d’un million d’espèces animales et végétales pourraient disparaître à l’horizon de quelques décennies.    

Présent à Marseille pour y présenter son plan « Marseille en Grand » destiné à rattraper le retard d’aménagement pris par la cité phocéenne dans différents domaines, Emmanuel Macron consacre le dernier de ses trois jours de visite dans la cité phocéenne aux questions d’environnement. Après une sortie en mer au large des calanques, il lance ce sommet et annonce que la France entend porter d’ici 2027 les aires marines fortement protégées à 5% de son espace maritime contre seulement 0,2% en 2021.

Plus largement, en adéquation avec la stratégie européenne « Biodiversité pour 2030 », le gouvernement français s’est fixé pour ambition de mettre sous protection forte au moins 10% du territoire terrestre ou maritime du pays. Les zones de protection forte (ZPF), telles que définies par la loi du 22 août 2021 portant lutte contre le dérèglement climatique et renforcement de la résilience face à ses effets, sont par exemple les espaces terrestres et maritimes constituant les cœurs de parcs nationaux ou les autres réserves naturelles. Ces zones doivent être préservées des atteintes liées aux activités humaines et ces dernières doivent être effectivement contrôlées. Les ZPF doivent aussi bénéficier d’un régime de protection foncière ou réglementaire. Ces mesures de protection du milieu sont essentielles au sein du bassin méditerranéen où l’impact anthropique est important, via l’urbanisation et l’artificialisation des sols ou le tourisme balnéaire de masse, auquel de nombreux pays riverains ont adossé leur développement. Les pollutions industrielles en mer ou à terre sont une autre manifestation de l’action néfaste de l’homme sur le milieu.

Des actions de protection concrètes et efficientes ont néanmoins été engagées par l’État depuis plusieurs décennies. Dès 1963 a vu le jour au sein de l’archipel des îles d’Hyères le parc naturel national de Port-Cros, premier parc marin créé en Europe. Ce classement a permis de préserver les fonds marins et de mieux protéger certaines espèces, notamment en interdisant partiellement la pêche et en favorisant l’atténuation d’autres nuisances. Le mérou brun, bon indicateur de la qualité du milieu, est ainsi revenu peupler les herbiers de posidonies, écosystèmes marins endémiques de la Méditerranée eux aussi menacés. La naissance en 2012 du parc naturel national terrestre et marin des Calanques entre Marseille et Cassis constitue un nouveau défi pour la protection du milieu et de la biodiversité. Il est en effet le seul en Europe à être péri-urbain, en l’occurrence situé à proximité de la seconde ville de France. Le périmètre du parc a par ailleurs connu par le passé une intense activité industrielle, dont certains résidus continuent à polluer les sols et les eaux. Les calanques doivent enfin faire face à une intense pression touristique que les autorités tentent de réguler, par exemple en imposant, durant la période estivale, un quota d’accès de 400 personnes par jour maximum à la calanque de Sugiton.

Conscient de la dimension nécessairement globale du combat pour la biodiversité, Emmanuel Macron annonce à Marseille la tenue en 2022 à Brest, dans le cadre de la présidence française du conseil de l’Union européenne, d’un sommet international sur la question des océans (One Ocean Summit) pour lancer des initiatives en matière de recherche, en matière de juridiction internationale et pour compléter le droit international qui nous permettra de protéger cet espace.

Bibliographie 

Paul Arnould, Yvette Veyret, Atlas du développement durable. Un monde en transition, Paris, Autrement, 2022.

Xavier Daumalin, Isabelle Laffont-Schwob (dir.), Les Calanques industrielles de Marseille et leurs pollutions : Une histoire au présent/Pollution of Marseille's Industrial Calanques : The impact of the Past on the Present,  Aix-en-Provence, REF.2C Editions, 2016.

Christian Lévêque, La biodiversité avec ou sans l’homme ? Réflexions d’un écologue sur la protection de la nature en France, Versailles, Éditions Quae, 2017.