Robert Schuman

Avec Konrad Adenauer, Acide de Gasperi et Jean Monnet, Robert Schuman (1886-1963) fait partie des « pères de l’Europe ». C’est avec la déclaration du 9 mai 1950 qui porte sur les fonts baptismaux la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA) que Robert Schuman, alors ministre des Affaires étrangères, est entré dans l’histoire de la Communauté européenne. Au-delà de l’accord commercial, ce discours, et les négociations qui l’ont précédé, est surtout désormais considéré comme un moyen d’empêcher une nouvelle guerre au sein de l’espace géographique européen. Pour comprendre cette genèse et cet aboutissement heureux seulement six années après la fin de la Seconde Guerre mondiale, il faut se pencher sur le destin européen et les racines profondes du parcours hors du commun de Robert Schuman. 

C’est le 29 juin 1886 que naît Robert Schuman à Luxembourg, capitale de l’Etat éponyme, fils unique de Eugénie et Jean-Pierre Schuman, la première Luxembourgeoise et le second Français. Son enfance est heureuse et marquée par l’empreinte d’une mère aimante, bienveillante. A Luxembourg où il réside dans le quartier de Clausen comme cela est indiqué dans le reportage par Gilbert Trausch, directeur du centre européen Robert Schuman, il intègre l’Athénée, établissement d’enseignement secondaire de renom et est surtout nourri d’une double culture française d’abord et allemande ensuite. Il est un élève brillant et obtient son baccalauréat en 1903. Après quelques hésitations, fidèle à ses croyances profondes, il opte pour le droit comme art du bien et de l’équité. Son parcours universitaire débutera à Bonn, puis Munich, Berlin et enfin Strasbourg où il soutient sa thèse le 26 février 1910 avec la plus haute distinction summa cum laude.  

Fort de ses diplômes, il s’installe comme avocat à Metz, alors petite cité de 68 000 habitants à l’époque fortement marquée par l’implantation militaire et où assez vite il s’intéresse à la politique. En 1918, Metz revient à la France. Robert Schuman devient député de Moselle le 8 décembre 1919. Il le restera durant plus de 42 années, d’abord élu par scrutin de liste puis dans la circonscription de Thionville et ses trois frontières (France, Allemagne, Luxembourg). Robert Schuman y retrouvera ses racines familiales, les sources de son attachement à sa triple culture française, allemande et luxembourgeoise et « l’âme de la Lorraine » qu’il défendra avec détermination au Palais Bourbon. 

L’homme d’État se dessine au sortir du cataclysme de la Seconde Guerre mondiale. C’est Pierre Mendès France qui suggère à Georges Bidault, chargé de former le Gouvernement après les élections à la seconde constituante de 1945, le nom de Robert Schuman pour prendre un portefeuille ministériel, en l’espèce celui tant convoité des finances. Dès le 22 novembre 1947, il est ensuite désigné comme président du Conseil (Premier ministre) et le soir même il prononce son discours d’investiture devant l’Assemblée nationale. La France connaît alors de vives tensions sur le plan social et une véritable instabilité politique qui vont entraîner la démission de Robert Schuman le 20 juillet 1948, seulement huit mois après sa nomination. Pour autant, et cela pourrait paraître étrange aujourd’hui, dès le 26 juillet 1948, il est nommé au Quai d’Orsay en tant que ministre des Affaires étrangères, fonction dans laquelle il va véritablement se révéler et faire montre de sa capacité au dialogue et au compromis, notamment avec l’Allemagne et Konrad Adenauer qu’il rencontre dès son élection à la chancellerie et avec qui il nourrira une profonde amitié.

La conviction et le destin européen de Robert Schuman se concrétisant par son élection à la présidence de l’assemblée parlementaire le 19 mars 1958, s’inscrivent dans cette période où il faut imaginer la cité européenne comme moyen de parvenir à la paix des nations. La grande idée de Robert Schumann est ainsi de faire de la coopération des nations un instrument de leur paix. C’est dans cet esprit qu’est rédigée la déclaration du 9 mai 1950 qu’il aura travaillée patiemment, notamment depuis sa demeure de Scy-Chazelles sur les hauteurs de Metz, son lieu de vie, de recueillement et de réflexion comme le rappelle dans ce reportage Bernard Nicolas, président de l’association des amis de Robert Schuman. Cette maison est aujourd’hui propriété du conseil départemental de la Moselle. 

Pionnier de l’Europe, homme de foi et de conviction, Robert Schuman a laissé une trace indélébile dans la Grande Histoire de notre continent. Il s’est éteint le mercredi 4 septembre 1963 dans sa demeure de Scy-Chazelles sur le Mont Saint-Quentin qui surplombe Metz. Lors de ses obsèques en la cathédrale Saint-Etienne de Metz, près de 500 personnalités de tous horizons y vinrent célébrer le « père de l’Europe ».

La maison de Robert Schuman abrite aujourd’hui un musée classé au Patrimoine culturel européen avec pour mission de faire connaître l'œuvre de Robert Schuman et de contribuer au développement international et à l'animation du site de Scy-Chazelles.         

• René Lejeune, Robert Schuman : Un père pour l’Europe, Broché, Paris, Editions de l'Emmanuel, 2013, 304 p.