Jean-Claude Juncker élu président de la Commission Européenne

Avant de devenir président de la commission européenne, officiellement le 1^er novembre 2014, Jean-Claude Juncker fut d’abord un homme politique luxembourgeois connu pour sa longévité, en particulier en tant que premier ministre, poste qu’il occupa 19 années durant. 

Né le 9 décembre 1954 à Rédange-sur-Attert, commune située dans le nord du Grand-Duché de Luxembourg (Oesling), après des études de droit à Strasbourg, il devient avocat, profession qu’il n’exercera quasiment pas du fait de son engagement politique précoce (secrétaire d’État à seulement 28 ans) chez les chrétiens sociaux très européistes.     

Il faut dire que sur le plan politique, le Grand-Duché de Luxembourg et la construction politique de l’Europe sont intimement liés. Le plus petit État de la Communauté européenne fait en effet partie des six pays fondateurs et signataires du traité de la CECA (Communauté européenne du charbon et de l'acier) le 18 avril 1951 à Paris (France, Allemagne, Pays-Bas, Luxembourg, Italie, Belgique), prémices de la structuration politique européenne d’aujourd’hui. Par ailleurs, avant Jean-Claude Junker, deux personnalités luxembourgeoises avaient déjà été portées à la présidence de la Commission, Gaston Thorn (1928-2007) de 1981 à 1985 et Jacques Santer de 1995 à 1999. Déjà dans un article du Monde daté du 5 mai 1972 relatant une rencontre entre le président français Georges Pompidou et le Premier ministre luxembourgeois Pierre Werner, le Luxembourg était qualifié  d’un État à la pointe de la construction européenne . Jean-Claude Junker s’inscrit pleinement dans cette tradition politique européiste, ayant été membre préalablement d’ECOFIN (Conseil pour les Affaires économiques et financières de l’Europe), et de l’UEM (Union Économique et Monétaire). 

Le 15 juillet 2014, date à laquelle est diffusé le reportage, Jean-Claude Juncker devient, en application du traité de Lisbonne, voté en 2007 et entré en application le 1^er décembre 2009, le premier président de la Commission démocratiquement élu par le Parlement européen (422 voix pour, 250 contre et 47 abstentions). 

La réforme des institutions prévoit en effet que désormais le président de la Commission soit désigné, sur proposition à la majorité qualifiée du Conseil européen (devenu un organe officiel de l’Union Européenne depuis le traité de Lisbonne et rassemblant les chefs d’États ou de Gouvernements des États membres) et après vote à la majorité absolue du Parlement (réunissant les députés élus des désormais 27 pays membres de l’UE), pour un mandat de 5 ans.

Sous son mandat, outre les suites des crises économiques successives, initiées avec la crise des « subprimes » (2007-2009) et poursuivies avec celle des dettes souveraines (2009-2012), Jean-Claude Juncker aura notamment eu à gérer le dossier politique aussi compliqué que délicat du Brexit, suite au référendum britannique du 23 juin 2016 porté par le premier ministre James Cameron et mis en œuvre par ses successeurs Theresa May et Boris Johnson. 

Sur le plan économique et financier, il aura par ailleurs contribué à la mise en place de la politique dite du « quantitative easing », mécanisme permettant à la Banque Centrale Européenne, alors dirigée par Mario Draghi, de racheter les dettes des États et de pratiquer des taux bas pour relancer les économies. 

Le mandat de Jean-Claude Juncker s’est achevé le 1^er novembre 2019 et c’est l’allemande Ursula van der Leyen qui lui a succédé, après le vote du Parlement européen le 16 juillet 2019.