Europe des Cultures - Nina Hagen

Éclairage

Née le 11 mars 1955 à Berlin-Est dans une famille d'intellectuels (son beau-père est le poète et chanteur dissident Wolf Biermann), Nina Hagen quitte l'école à 16 ans pour intégrer le Studio für Unterhaltungsmusik (atelier de musique populaire), former son premier groupe Automobil et enregistrer un titre devenu mythique en Allemagne de l'Est, Du hast den farbfilm vergessen.

Mais c'est en 1976, lorsque la famille se voit contrainte d'émigrer à Berlin-Ouest, que la carrière de Nina Hagen prend une autre dimension. Elle voyage à Londres, fréquente le mouvement Punk naissant et publie coup sur coup deux disques, Nina Hagen Band (1978) et Unbegagen (1979) qui la transforment en icône de cette nouvelle scène alternative et internationaliste. African Reggae, chanson flamboyante mêlant Anglais et Allemand, vocalises démentes d'opéra décadent, rythmes reggae et arrangements rock, s'installe durablement en tête des hit parades partout en Europe.

Installée aux USA, Nina tentera avec des fortunes diverses de poursuivre ce mélange singulier de punk, de funk et d'opéra ( NunSexMarkRock en 1982, Angstlos en 83, Street en 91). La chanteuse a effectué un retour remarqué au premier plan en 1999 en enregistrant une version de l'Opéra de 4 sous de Kurt Weill suivie de deux disques ( Big Band Explosion en 2003 et Nina Hagen & Capital Dance Orchestra en 2006) consacrés aux répertoire des standards de jazz et des chansons populaires allemandes et internationales des années 30.

Stéphane Ollivier

Transcription

(Musique)

Patrice Drevet

Bruxelles, 19 heures. Nina Hagen se joint aux quelques jeunes punks belges qui attendent dans la rue face à l'entrée de la salle où aura lieu, une heure plus tard, son concert. Peu d'échanges mais un air de famille. Quelle aventure que la jeunesse de cette chanteuse née à Berlin Est, belle-fille d'un chanteur dissident qui se fait expulser d'Allemagne de l'Est en 1976, parce que faire du rock de ce côté du rideau rouge, c'est plus facile. Un personnage démesuré à qui on pardonne ses excentricités quand on a entendu cette voix comparable à nulle autre au monde.

Nina Hagen

[Trad. Anglais] Je m'identifie à de nombreuses personnes, comme Valesca Gad, Edith Piaf, Patti Smith, Ariana Foster, Rosa Luxemburg et Kalte Trutchkin.

(Silence)

Nina Hagen

Qu'est-ce que vous aimez dans Edith Piaf ? [Trad. Anglais] Je crois qu'elle était une combattante de la liberté. Elle aussi, elle chantait des chansons d'amour... et des histoires qu'elle avait réellement vécues.

(Musique)

Patrice Drevet

Que pensez-vous des gens que vous croisez dans la rue et qui vous ressemblent ?

Nina Hagen

[Trad. Anglais] Je dis qui êtes vous et je fais...

Patrice Drevet

Est-ce qu'il y a des excentricités que avez eu envie de faire et que vous n'avez pas faites ? [Anglais]

Nina Hagen

[Trad. Anglais] Oui, je voudrais rencontrer un OVNI et partir avec eux quelques jours.

Patrice Drevet

Est-ce qu'il y a une question que vous aimeriez que je vous pose ?

Nina Hagen

[Trad. Anglais] Oui, demandez-moi si je crois en Dieu.

Patrice Drevet

Do you believe in God ?

Nina Hagen

[Trad. Anglais] Oui, je crois en Dieu.

(Musique)

Nina Hagen

[Trad. Anglais] Je chante le futur, la Bible, la fin du monde qui aura lieu en 1998. Je chante le LSD, Berlin-Ouest, Je chante le haschich, l'Afrique, je chante contre l'héroïne, contre les drogues dures, contre l'alcoolisme, je chante pour Einstein, contre la magie noire... Et je chante... des chansons saintes, très sauvages bien entendu. Beaucoup de gens vous disent des mensonges sur Dieu... Qui le connaît ? Pas ceux qui vont dans les églises... Des bouddhistes, des gourous, des prêtres jamaïcains l'ont trouvé... Pas ceux qui vont à l'église.

(Musique)