Roberto Benigni parle d'Astérix et Obélix contre César

31 janvier 1999
04m 56s
Réf. 00265

Notice

Résumé :

Roberto Benigni est interviewé sur sa participation dans le film de Claude Zidi, Astérix et Obélix contre César qu'il qualifie de "petit rêve". Il évoque son opinion sur le film par rapport à la BD, sa complicité avec Gérard Depardieu et Christian Clavier sur le tournage, la façon dont il est passé de La Vie est belle à cette superproduction plus légère, et enfin il parle de l'universalité du cinéma.

Type de média :
Date de diffusion :
31 janvier 1999
Source :
FR3 (Collection: 19/20 )
Thèmes :

Éclairage

Figure incontournable du cinéma italien, l'exubérant Roberto Benigni, né en 1952 en Toscane, est issu du théâtre. Aussi connu pour ses performances de comédien dans le cinéma d'auteur (Down by Law de Jim Jarmush, en 1986, La Voce della luna de Federico Fellini en 1990) que pour ses succès de réalisateur, où il se met systématiquement en scène, il impose sur les plateaux comme à la ville un personnage comique décalé, à la fois survolté et lunaire.

En 1998, il vient d'achever La Vie est belle, son cinquième film personnel, dans lequel il a évoqué les camps d'extermination à partir du genre de la fable. Les plus grandes récompenses (Oscar, Grand Prix du Jury à Cannes) saluent son travail quand il se lance, comme second rôle, dans une co-production européenne qui relève du pur divertissement : Astérix et Obélix contre César, adaptation, dirigée par Claude Zidi, de la bande dessinée de Goscinny et Uderzo. Ce film l'associera définitivement au monde de l'enfance, ce que confirmera la sortie de son Pinocchio en 2002.

Thierry Méranger

Transcription

Laurent Bignolas
Roberto Benigni, bonsoir. Merci d'être avec nous sur ce plateau. Alors dites-moi, vous jouez le rôle de Détritus, un romain qui est d'abord un fourbe, un méchant. Ca ne vous ressemble pas, ça !
Roberto Benigni
Mais ça, c'est le cinéma ! Ça, c'est la vie des acteurs. Je vous remercie beaucoup pour m'avoir invité. Quoi de plus beau d'être là, à parler d'un petit rêve comme Astérix et Obélix ?
Laurent Bignolas
Vous avez vécu ça comme un rêve ?
Roberto Benigni
Oui. Mais c'est un rêve ! C'est un rêve parce que d'être dedans une bande dessinée, c'est comme être dedans un rêve. C'est la même chose, exactement. Vous savez que les bandes dessinées, c'est comme si on trouvait la forme définitive, non, parce que pour exemple, Federico Fellini, il a jamais eu le courage, il me disait, de faire la Divine Commedia, la divine comédie ou un film sur Pinocchio parce qu'il disait : « Ils ont trouvé la forme définitive ». Mais il ne connaissait pas, (malheureusement, il nous a laissés trop tôt), les effets spéciaux modernes que pouvons nous faire. Avec Astérix et Obélix, ils ont fait... Vous avez vu ? C'est impossible de ne pas être joyeux quand on voit des images comme ça, non ? Et ils ont réussi à le faire devenir vrai, vraiment. La couleur, quand j'ai vu le film hier matin, je me suis déshabillé et j'ai dansé. J'ai fait des... comment on dit ?
Laurent Bignolas
Il n'y a pas eu d'émeute ? Est-ce que le film vous a fait rire autant que la bande dessinée ?
Roberto Benigni
Je voudrais répondre mais j'ai pas compris la question.
Laurent Bignolas
C'est très gentil de votre part donc on va tout de suite... Est-ce que vous avez autant ri, finalement, en regardant le film qu'en lisant la bande dessinée ?
Roberto Benigni
Mais oui. Mais c'est pas le problème de rire. C'est un sourire continuellement que... c'est parce que c'est tellement douce, légère. C'est la légereté du film qui m'a... que c'est étonnant, époustouflant C'est quelque chose... une petite poésie, un petit rêve alors il y a tout : l'histoire d'amour. Vous avez vu Obélix et Falbala ? Qu'il tombe amoureux, c'est une chose. Mais vraiment, c'est comme devenir un petit enfant. Et alors ça, c'est la joie. Et alors quoi de plus beau. Et je suis rentré. A voir le film, j'avais mal à la tête, je suis sorti. J'étais guéri.
Laurent Bignolas
Mais comment vous le qualifiez, alors, ce film ? C'est une farce ? C'est une poésie comme vous venez de le dire, parce que tout le monde n'a pas ri en le regardant.
Roberto Benigni
C'est un petit rêve. Je dirais que moi, j'ai eu l'occasion d'être dans ce petit rêve. Je suis très fier, très orgueilleux d'avoir... Et en plus, c'est la plus grande production européenne de tous les temps. C'est parce que c'est une coproduction franco allemande italienne. C'est l'Union européenne avant l'Europe.
Laurent Bignolas
Et sur le tournage, vous vous êtes amusé quand même, avec Gérard Depardieu, je crois, d'ailleurs, surtout.
Roberto Benigni
Mamma mia ! Mais quelle chance. Je peux parler de Gérard Depardieu. Seulement, la satisfaction, le plaisir de l'embrasser, d'embrasser le corps.
Laurent Bignolas
C'est la première fois que vous le rencontriez ?
Roberto Benigni
Oui, c'était la première fois, la première fois que je travaille avec lui. Mais j'avais jamais eu l'occasion de l'embrasser et d'être... Mais c'est l'homme le plus généreux du monde. C'est un plaisir. Il m'a aidé beaucoup, il m'a appris le français, il m'a aidé à jouer dans le film. C'est quelqu'un qui te donne tout ce qu'il a dans la vie. Il est un des plus grands acteurs de tous les temps. Et Christian Clavier, c'est une chose très fascinant. J'ai eu l'occasion d'être dedans un petit rêve, je répète.
Laurent Bignolas
Et comment est-ce qu'on passe de La Vie est belle, un film aussi sensible, aussi fin, à Astérix et Obélix comme ça, sans difficulté ?
Roberto Benigni
Mais non mais ça, c'est... Je suis un acteur. Tous les acteurs... Mais tous les oeuvres, tous les choses artistiques, tous les films qu'on fait, ce sont différentes sensibilités mais on va partir de l'art toujours, de la même chose, de la même racine. Aussi, c'est très différent La Vie est belle de Astérix, naturellement, mais ça, c'est un film sur la joie aussi pour les enfants. Là, c'était un enfant qui jouait un rôle. Ça, c'est pour les enfants. C'est la même joie, la même chose. Ça, c'est la vie des artistes. Les artistes, c'est quelqu'un qui est lourde sur la société, qui a un poids. Mais il chante, et quand il chante, il fait devenir légères toutes les choses. Maintenant, je pratique trop bien les conseils que j'avais dans... mais on parle toujours des mêmes choses. Quand on parle du gaulois, on parle du présent, on parle de 50 ans avant Christ mais on parle de notre... du présent.
Laurent Bignolas
Et alors, vous arrivez à vous occuper et à suivre Astérix et Obélix d'un côté et encore La Vie est belle qui vous donne toujours du travail ?
Roberto Benigni
Oui, toujours mais d'un plaisir et d'un amour extraordinaire par tout le monde, maintenant, dans les Etats-Unis, il y a... Au Japon, je suis passé film, tout ce que j'aime dans ma vie, je l'ai mis dans ce film et alors j'ai tellement d'amour. Et pour Astérix et Obélix aussi. Mais je voulais vous remercier vraiment pour m'avoir invité à parler avec une joie comme ça. Merci beaucoup.
Laurent Bignolas
On est là pour ça et merci d'avoir pris le temps, entre deux avions, de venir nous rendre visite sur le plateau du 19-20.