Cession de Hanoï au Vietminh
Notice
Rétrocession au Viet Minh de la ville d'Hanoï en république démocratique du Vietnam, conformément aux accords de Genève. Les troupes franco vietnamiennes quittent définitivement le Vietnam.
Éclairage
Le 9 octobre 1954, la France quitte définitivement la ville d'Hanoï.
Les Actualités cinématographiques choisissent pour illustrer ce moment-clef du départ des troupes françaises (départ progressif puisque le Nord est évacué en mai 1955 et le Sud en avril 1956), un montage décomposé en deux temps : les ultimes cérémonies d'adieux militaires puis l'arrivée du Vietminh dans la ville.
Ces deux temps sont ponctués par un crescendo musical à tonalité plutôt dynamique et enlevée, qui, s'il convient parfaitement au spectacle de l'entrée dans Hanoï des troupes d'Ho Chi Minh, semble pour le moins étrange lorsqu'il s'agit d'illustrer la visite des cimetières et autres monuments aux morts à laquelle se livrent dans la première partie du sujet les généraux Cogny et Castries (voir à ce sujet la fin de la dernière communication radiophonique entre les deux hommes au moment de la reddition du camp retranché de Dien Bien Phu). Cette musique plutôt enjouée est en revanche en totale harmonie avec le commentaire. Alors que le montage égrène des plans sur des alignements de pierres tombales, dont certaines mentionnent les noms des héros de la colonisation (Bobillot, Rivière, Garnier), la voix off insiste sur le bilan positif de la présence française au Vietnam : « ils firent de Hanoï et du Vietnam ce qu'ils sont aujourd'hui, une ville moderne dans un pays mis en valeur (...). Pensons à cette présence française qui demeure ». S'ensuivent quelques plans qui insistent sur le caractère lugubre de ce départ : « rues mortes », « heures mornes », « une ville qui sentait l'abandon », tel est le champ lexical travaillé par le commentaire alors que s'égrènent à l'écran des plans déserts ou peuplés de rares silhouettes errantes et désoeuvrées.
A cette séquence du départ des Français, répond, selon un schéma quasi-symétrique, celle de l'arrivée du Vietminh. La musique reprend de plus belle et les plans s'opposent : aux rues vides succèdent l'euphorie d'une foule en liesse, aux visites compassées et cérémonielles des cimetières dans lesquelles ne se distinguaient que les généraux Cogny et Castries succède le défilé de jeunes combattants vietminh nombreux et anonymes traversant fièrement le pont Paul Doumer, sans oublier l'éclosion des drapeaux partout dans la ville, là où « les couleurs françaises disparaissaient du ciel d'Hanoï ».
Ce sujet tente donc de mettre en scène des adieux dignes et valorisant l'ennemi. Il est particulièrement amusant de noter qu'il se conclut par une remarque sur la propagande vietminh, alors même qu'il est assurément lui-même un sujet de propagande (comme en témoigne son montage extrêmement travaillé) ayant pour but de relativiser la défaite et le départ en soulignant le patrimoine humain et historique légué par la France à ce territoire.