Cession de Hanoï au Vietminh

14 octobre 1954
01m 28s
Réf. 00141

Notice

Résumé :

Rétrocession au Viet Minh de la ville d'Hanoï en république démocratique du Vietnam, conformément aux accords de Genève. Les troupes franco vietnamiennes quittent définitivement le Vietnam.

Date de diffusion :
14 octobre 1954
Source :
Lieux :

Éclairage

Le 9 octobre 1954, la France quitte définitivement la ville d'Hanoï.

Les Actualités cinématographiques choisissent pour illustrer ce moment-clef du départ des troupes françaises (départ progressif puisque le Nord est évacué en mai 1955 et le Sud en avril 1956), un montage décomposé en deux temps : les ultimes cérémonies d'adieux militaires puis l'arrivée du Vietminh dans la ville.

Ces deux temps sont ponctués par un crescendo musical à tonalité plutôt dynamique et enlevée, qui, s'il convient parfaitement au spectacle de l'entrée dans Hanoï des troupes d'Ho Chi Minh, semble pour le moins étrange lorsqu'il s'agit d'illustrer la visite des cimetières et autres monuments aux morts à laquelle se livrent dans la première partie du sujet les généraux Cogny et Castries (voir à ce sujet la fin de la dernière communication radiophonique entre les deux hommes au moment de la reddition du camp retranché de Dien Bien Phu). Cette musique plutôt enjouée est en revanche en totale harmonie avec le commentaire. Alors que le montage égrène des plans sur des alignements de pierres tombales, dont certaines mentionnent les noms des héros de la colonisation (Bobillot, Rivière, Garnier), la voix off insiste sur le bilan positif de la présence française au Vietnam : « ils firent de Hanoï et du Vietnam ce qu'ils sont aujourd'hui, une ville moderne dans un pays mis en valeur (...). Pensons à cette présence française qui demeure ». S'ensuivent quelques plans qui insistent sur le caractère lugubre de ce départ : « rues mortes », « heures mornes », « une ville qui sentait l'abandon », tel est le champ lexical travaillé par le commentaire alors que s'égrènent à l'écran des plans déserts ou peuplés de rares silhouettes errantes et désoeuvrées.

A cette séquence du départ des Français, répond, selon un schéma quasi-symétrique, celle de l'arrivée du Vietminh. La musique reprend de plus belle et les plans s'opposent : aux rues vides succèdent l'euphorie d'une foule en liesse, aux visites compassées et cérémonielles des cimetières dans lesquelles ne se distinguaient que les généraux Cogny et Castries succède le défilé de jeunes combattants vietminh nombreux et anonymes traversant fièrement le pont Paul Doumer, sans oublier l'éclosion des drapeaux partout dans la ville, là où « les couleurs françaises disparaissaient du ciel d'Hanoï ».

Ce sujet tente donc de mettre en scène des adieux dignes et valorisant l'ennemi. Il est particulièrement amusant de noter qu'il se conclut par une remarque sur la propagande vietminh, alors même qu'il est assurément lui-même un sujet de propagande (comme en témoigne son montage extrêmement travaillé) ayant pour but de relativiser la défaite et le départ en soulignant le patrimoine humain et historique légué par la France à ce territoire.

Delphine Robic-Diaz

Transcription

Journaliste
Pendant ce temps, à l’autre bout du monde, un autre pas s’est accompli. Pas douloureux, puisqu’il s’agit de l’abandon, au Viêt Minh, de la ville d’Hanoï. Et le pèlerinage du général Cogny et du général [de Castres] donne toute sa force et toute sa valeur à cet adieu. Il restera, quoi qu’il en soit, à Hanoï, une présence française, des pierres et des noms. Des pierres de cimetière et des noms de morts. Ceux-ci furent ici les premiers de tous ces Français qui firent, en soixante-quinze ans, d’Hanoï et de l’Indochine ce qu’ils sont aujourd’hui : une ville moderne dans un pays mis en valeur. Le sang du sergent Bobillot, celui du lieutenant Rivière, celui de Francis Garnier ont fécondé le Tonkin. Au moment où les couleurs françaises disparaissent du ciel d’Hanoï, pensons à cette présence qui demeure. Et Hanoï a vécu ses dernières heures françaises. Heures mornes où la caméra du reporter n’a vu que des rues mortes d’une ville qui sentait l’abandon. C’est dans ce silence que les dernières troupes franco-vietnamiennes ont quitté la capitale du Tonkin. Une page de l’histoire se tournait.
(Musique)
Journaliste
Déjà dans les faubourgs, les drapeaux viêts commençaient à apparaître. Ici, sur un mat, là, à une fenêtre, de plus en plus nombreux à mesure qu’approchait l’heure fixée pour l’entrée des viêts concentrés autour de la ville.
(Musique)
Journaliste
Déjà, aussi, la propagande s’emparait des étalages. Hanoï était devenue viêt-minh.