L'art roman dans les Landes
Introduction
Lorsqu'on évoque le patrimoine landais, il n'est pas coutumier de citer en priorité l'art religieux. À tort. Car ce pays aux facettes multiples recèle des richesses insoupçonnées ; c'est en effet une terre où, depuis le début du second millénaire, l'art s'exprime dans la pierre de quelque 430 églises d'un territoire qui compte aujourd'hui 331 communes [1].
Ce n'est pas la Toscane, certes, mais l'équipement monumental religieux n'y est pas négligeable ; loin de là ! Cathédrales, basiliques, collégiale, abbatiale, églises, prieurés et chapelles [2], toute la gamme des structures ecclésiales se décline en effet dans ce département, jadis divisé en quatre grands diocèses, qui compte aujourd'hui quelque 110 monuments inscrits ou classés aux Monuments Historiques.
[1] En outre, 75 des 300 églises de la liste fournie par le cartulaire de Dax n'apparaissent dans aucun autre document ; elles sont donc inédites et ont disparu.
[2] Les différences entre les églises sont surtout d'ordre fonctionnel.
La plus grosse église est la cathédrale, elle héberge un évêque, à la tête d'un diocèse. L'édifice est consacré par le Pape.
La basilique est une église privilégiée, elle est gérée par un recteur.
La collégiale est une église qui a été confiée à un collège de clercs ou de chanoines.
L'église abbatiale est celle qui est située dans une abbaye, c'est à dire un monastère ou un couvent.
L'église priorale est celle du prieuré, constituant lui-même l'annexe d'une abbaye.
Enfin, la chapelle est généralement d'ordre privé, comme dans un château ou un monastère par exemple.
Les anciens évêchés
Si la structuration des diocèses landais demeure en partie obscure pour la période carolingienne, on sait qu'à partir du XIe siècle ces diocèses sont divisés en archiprêtrés dont les nombreux cartulaires et listes ecclésiastiques précisent les contours.
Le futur département des Landes est alors divisé en quatre vastes entités, plus ou moins héritières de l'organisation des pagi constituant la partie occidentale de la Novempopulanie ; le territoire est partagé entre les évêchés d'Aire, de Dax, de Bazas et de Bordeaux installés dans d'anciens chefs-lieux de cité.
Jusqu'au Concordat de 1801, le diocèse d'Aire, traversé par l'Adour, conserve globalement ses limites héritées de la civitas Aturensium des Romains. Il confine à l'ouest avec le diocèse de Dax, au sud avec le diocèse de Lescar (ancien chef-lieu de cité des Beneharni), à l'est avec le diocèse d'Auch héritier du domaine des Ausci, et au nord avec le diocèse de Bazas qui constitue une enclave englobant les paroisses du Muret, Liposthey, Pissos, Saugnac et Moustey (archiprêtré de Bernos).
Sur la côte, tout le pays de Born dépend du diocèse de Bordeaux dans l'archiprêtré « de Buch et de Born », réunis au XIIIe siècle, composé de 28 paroisses avec Parentis pour chef-lieu. En relèvent Bias, Biscarrosse, Saint-Paul-en-Born ou Frontignac, Gastes, Lévignacq, Mézos, Mios, Mimizan, Parentis, Saint-Julien-en-Born et Sanguinet.
Le siège d'Aire, rétabli par le Concordat de 1817 et placé dans la province ecclésiastique d'Auch, est à nouveau pourvu d'un évêque en 1823. Le 9 décembre 1856, un décret du Saint-Siège adjoint au titre de l'évêque d'Aire celui de l'évêché supprimé de Dax.
Ce n'est que le 31 mars 1933 que le pape transfère le siège épiscopal d'Aire à Dax. Le diocèse d'Aire et Dax est constitué : Sainte-Marie de Dax devient cathédrale et la cathédrale Saint-Jean-Baptiste d'Aire devient co-cathédrale, la résidence de l'évêque étant fixée à Dax.
Voir également le parcours Les Landes, une palette de paysages de caractère .
Le haut Moyen Âge et ses zones d'ombre
Des premières manifestations de l'art chrétien dans les Landes, on possède peu d'éléments du fait des destructions subies durant le haut Moyen Âge et de la longue période de déshérence qui a suivi. Seuls subsistent, à Aire, sur la colline du Mas, un mausolée voûté du IVe siècle qui abrite le sarcophage paléochrétien dit « de sainte Quitterie » et à Dax, dans le faubourg Saint-Vincent, une basilique épiscopale du Ve siècle, ornée de chapiteaux et de mosaïques. Ces édifices sont réalisés en opus quadratum, un procédé fruste utilisé jusqu'au XIe siècle dans les rares édifices qui sont parvenus jusqu'à nous. Bon nombre de ces bâtiments se caractérisent par une abside semi-circulaire, d'ailleurs parfois orientée à l'ouest, un plan à chevet droit et des fenêtres très étroites.
Un XIIe siècle florissant
Apaisées les grandes peurs liées au passage vers le second millénaire, tout l'Occident chrétien connaît un renouveau qui se traduit par une nette progression démographique et, de facto, par la densification du réseau des paroisses qui se placent, pour la plupart, sous la protection d'un saint, expliquant qu'un dixième des toponymes français soient des hagionymes.
« Trois années n'étaient pas écoulées dans le millénaire que, à travers le monde entier, et plus particulièrement en Italie et en Gaule, on commença à reconstruire les églises... Il semblait que chaque communauté chrétienne cherchait à surpasser les autres par la splendeur de ses constructions. C'était comme si le monde entier se libérait, rejetant le poids du passé et se revêtait d'un blanc manteau d'églises», rapporte le chroniquer Raoul Glaber [1].
Les Landes n'échappent pas à ce phénomène, d'autant plus que le succès grandissant du pèlerinage vers Saint-Jacques-de-Compostelle, en Galice, oblige en quelque sorte les communautés qui se trouvent sur les quatre grandes voies de passage à se doter d'équipements décents ou à améliorer ceux qui existent.
C'est ainsi que, durant les dernières décennies du XIIe et les premières du XIIIe siècle, se poursuivent à la fois la mise en place du réseau paroissial et l'implantation de grands monastères ruraux. Or ces bâtisses de grande ampleur ne se réalisent pas rapidement ; commencées en pleine période romane, elles sont souvent consacrées des décennies plus tard, bénéficiant ainsi, au cours de leur réalisation, des dernières innovations architecturales. Ce qui explique le nombre conséquent d'édifices mixtes dotés d'un chœur roman et d'une nef à voûte d'ogives [2].
[1] Raoul Glaber (Rodulfus Glaber, c'est-à-dire le Glabre ou le Chauve), né en 985 en Bourgogne et mort après 1047, est un moine chroniqueur de son temps et l'une des sources les plus importantes dont disposent les historiens sur la France durant la période dite de l'An Mil.
[2] La progression d'une construction se faisant d'est en ouest, l'arc brisé « gothique » se substitue à l'arc plein cintre roman dans la nef ou simplement dans le portail, suivant la date de construction et le rythme du chantier.
Les chemins de Saint-Jacques indissociables de l'émergence de l'art roman dans les Landes
Interface entre le nord de l'Europe et la péninsule ibérique, la terre landaise est une zone de passage où se déploie un maillage de chemins qui convergent vers Ostabat, au Pays basque, avant le franchissement des Pyrénées à Ronceveaux : la via turonensis venant de Tours, la via lemovicensis venant de Vézelay et Limoges, dont elle tire le nom, et la via podiensis venant du Puy-en-Velay.
Le pèlerinage vers la Galice se développe ; les Landes marécageuses et l'opulente Chalosse se mettent alors en chantier, animés par cette dynamique. Et les projets et les idées de suivre les grands itinéraires, justifiant la carte actuelle des édifices romans sur lesquels se lisent les influences des contrées voisines véhiculées par les maîtres d'œuvre qui nous ont légué une bonne centaine de monuments d'un grand intérêt, inscrits ou classés pour la plupart à l'inventaire des Monuments Historiques.
Les cathédrales
On l'a bien compris, seule subsiste aujourd'hui, dans le rôle d'église de l'évêque, la cathédrale de Dax édifiée au XVIIe siècle après l'effondrement, en 1646, de l'édifice gothique élevé au XIIIe siècle sur un sanctuaire roman. De ce fait, si la cité thermale conserve ses prérogatives religieuses, elle n'offre aucun vestige d'architecture romane alors que la co-cathédrale Saint-Jean-Baptiste d'Aire, située sur la via podiensis, est classée aux Monuments Historiques depuis 1906.
Exposition Dax et ses origines
L'exposition "Dax et ses origines", proposé par le musée Borda, présente un ensemble de bronzes gallo-romains découverts lors des fouilles de 1982 menées sur l'ancien site des halles de la ville. Parmi ces vestiges, figurent deux pièces d'exception : un Esculape et un Mercure qui ont retrouvé toute leur splendeur après un long travail de restauration.
Le musée archéologique de Dax
Découverts lors des fouilles de 1979 à Dax, les vestiges de ce que l'on interprète alors comme un temple gallo-romains édifié au IIe siècle de notre ère, depuis recouverts par un complexe HLM, ont donné lieu à la création d'un musée archéologique ouvert depuis le début de l'été 1986.
Construite a novo aux XIe et XIIe siècles, l'imposante bâtisse d'Aire se situe dans la basse ville. C'est là, en effet, que résident les évêques de ce diocèse créé au VIe siècle sur une terre où le christianisme semble apparaître très tôt comme en témoigne, dans la crypte du Mas, le sarcophage paléo-chrétien de sainte Quitterie, jeune princesse et martyre céphalophore, morte en 476.
De la période romane, la cathédrale, souvent remaniée, ne conserve cependant que trois travées, une abside et une belle série de chapiteaux polychromes.
Les abbayes
En suivant bien souvent le fil rouge des routes du pèlerinage, la découverte des édifices conventuels landais, tous classés ou inscrits aux Monuments Historiques, se fait ici au gré de la géographie des petits « pays » qui composent le vaste département XL constitué sous la Convention.
Au cœur de la Chalosse, l'abbatiale de Saint-Sever
Au début du Ve siècle, un ancien légionnaire, Severus, qui aurait évangélisé la Gascogne, subit le martyre et donne son nom au premier bourg formé au VIIe siècle autour d'une abbaye bénédictine, détruite en 812, et dont on ne sait hélas pas grand-chose. La cité renaît à la fin du Xe siècle quand le duc de Gascogne, Guillaume Sanche, fonde un monastère qui adopte la règle de Cluny.
La puissance de la nouvelle abbaye s'accroît alors rapidement car elle tire des revenus substantiels de vastes domaines répartis sur un territoire s'étendant du Médoc à Pampelune. Centre spirituel et intellectuel majeur situé sur la via lemovicensis, elle abrite clercs et copistes de grande valeur comme ceux qui ont réalisé le Beatus .
En 1190, Richard Cœur de Lion confirme les avantages que Guillaume Sanche avait accordés mais une bourgeoisie locale de plus en plus influente réduit, avec l'appui du roi d'Angleterre, la puissance de l'abbé, lors du paréage du 12 juillet 1270. La ville souffre ensuite lors des affrontements contre les Capétiens en 1295 mais se relève pour ne capituler qu'en 1442.
L'abbaye pâtit des dommages causés alentour mais une nouvelle période de prospérité s'ouvre au début du XVIe siècle, vite interrompue par le sac des bâtiments le 11 septembre 1579 par les huguenots de Montgomery et, l'année suivante par les exactions des troupes catholiques de Blaise de Montluc. Une douzaine de religieux seulement demeurent à Saint-Sever, hors les murs de l'abbaye, à la fin du XVIe siècle.
L'église abbatiale est classée monument historique en 1911 et inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO en 1998.
Elle se présente comme un vaste vaisseau de style roman aux proportions étonnantes (71 m de long, 31 m de large pour la nef et 41 m pour le transept) qui s'organise selon un plan bénédictin. Un modèle pour bon nombre d'édifices construits à la même époque ; un trésor archéologique aujourd'hui puisque l'on y dénombre pas moins de 150 chapiteaux dont 77 qui sont authentifiés comme gallo-romains ou romans, supportés par des colonnes de marbre provenant pour la plupart d'un édifice antique, probablement le palestrion de Morlanne, situé non loin de là.
Aujourd'hui dans les Landes
Deux jeunes filles découvrent les Landes. En Chalosse, un Landais leur propose une visite guidée qui les mène de Sorde-l'Abbaye à Saint-Sever. Direction ensuite, le Parc naturel régional des Landes de Gascogne où elles rejoignent un groupe d'amis, pour des balades en bicyclette, cheval et canoë.
- Cabanot (J.), « Les premières étapes de la construction de l'abbatiale de Saint-Sever au XIe siècle », Bulletin de la Société de Borda, 1968, p. 307-320.
- Cabanot (J.), « Les chapiteaux romans de l'abbatiale de Saint-Sever [...]», Bulletin de la Société de Borda, 1963, 1966, 1967, 1969.
- Cabanot (J.), Gascogne romane, éditions Zodiaque, La Pierre-qui-Vire, 1978, p. 91-121.
Aux confins des Landes et du Gers, dominant le site de l'ancien chef-lieu de cité "Atura", l'abbaye bénédictine Sainte-Quitterie ("senta Quitèira") du Mas d'Aire (fin XIe)
La colline « du Mas » qui domine la ville, au sud, constitue certainement le noyau initial du chef-lieu de cité des Tarusates . L'abondance et la nature des éléments archéologiques exhumés in situ plaident en faveur de l'existence d'un établissement antique détruit probablement bien avant la fondation d'une église, en 1093, par des Bénédictins venus de La Chaise-Dieu.
La construction de cette bâtisse, classée aux Monuments Historiques en 1840, inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO en 1998 au titre des chemins de Saint-Jacques, émane de la volonté d'un évêque d'Aire, Pierre Ier, d'animer un culte autour des reliques d'une jeune princesse wisigothe qui aurait subi le martyre à cet endroit.
Le lieu est bien choisi puisque Aire est située sur la via podiensis et peut héberger les jacquets dans deux hospices désignés dans les textes sous les termes hospitalis de Adurra et hospitalis de Manso appelé également « hospice de Sainte-Quitterie ».
La bâtisse, en partie ruinée dès 1288, est restaurée sans tarder mais le XVIe siècle et les ravages causés par les troupes de Montgomery y ont laissé des blessures profondes.
L'ensemble représente cependant un intérêt exceptionnel tant par l'architecture de l'édifice proprement dit, doté de contreforts, d'un clocher carré et d'un très beau portail gothique décoré d'un tympan qui se décline en trois registres, que par la richesse de la crypte qui abrite un sarcophage en marbre de Saint-Béat daté du IVe siècle. Cette œuvre, attribuée à l'école d'Arles, est entièrement décorée de sculptures en ronde bosse représentant des scènes de l'Ancien et du Nouveau Testament.
- Cabanot (J.), Gascogne romane, éditions Zodiaque, La Pierre-qui-Vire, 1978, p. 129-137.
- Cabanot (J.), Fabre (G.), Legrand (Fr.), Aire-sur-l'Adour, église et abbaye du Mas, A.E.A.L., 1985
- Boyrie-Fénié (B.) (sous la direction de Michel Provost), Carte archéologique de la Gaule, Les Landes, Académie des Inscriptions et Belles Lettres, Ministère de la Culture et de la Francophonie, Ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Paris, 1994, p. 50.
- Massan (P.), « Le chevet de l'église du Mas », Archéologie des Pyrénées-occidentales et des Landes, 1996, p. 113-117.
- Collectif, « Évaluation archéologique de la crypte de l'église abbatiale consacrée à sainte Quitterie au Mas d'Aire-sur-l'Adour (Landes) (1995-2000) », Aquitania, XVIII, 2001-2002, p. 301-341.
Entre Tursan et Béarn, la collégiale Saint-Barthélemy de Pimbo
La collégiale Saint-Barthélemy, mentionnée pour la première fois au XIe siècle, constitue une étape sur la via podiensis . L'église du XIIe siècle, qui présente un aspect défensif, comporte trois nefs et trois absides et conserve tout son intérêt malgré les outrages subis tant par ses destructeurs que par ceux qui ont voulu la restaurer.
Du chevet roman décoré de beaux modillons au portail sculpté, elle constitue un ensemble homogène, témoin de l'art roman triomphant de cette période dans les Landes. Elle est inscrite aux Monuments Historiques en 1998, avec l'ensemble architectural auquel elle appartient (presbytère et salle romane).
- Cabanot (J.), Gascogne romane, éditions Zodiaque, La Pierre-qui-Vire, 1978, p. 39-40.
En Chalosse, dans la mouvance de Saint-Sever, la crypte Saint-Girons d'Hagetmau (XIIe s.)
C'est là, au début du Ve siècle, que saint Girons connaît le martyre. C'est donc là que Charlemagne, revenant d'Espagne, aurait fondé une abbaye, en 778, pour y abriter les reliques de l'apôtre de la Chalosse mais rien n'est assuré.
Autour d'un château des Gramont se développe par la suite la ville qui subit les dégâts des troupes de Montgomery, en 1569. L'abbaye est détruite, à l'exception de la crypte de saint Girons, datée de la fin du XIe siècle, dont les chapiteaux décorés constituent l'un des fleurons de l'art roman dans les Landes.
Classé aux Monuments Historiques dès 1862, cet ensemble monumental, surmonté d'une voûte à croisée d'ogives, est connu pour la richesse de ses chapiteaux présentant des décors de feuillage de type corinthien, un bestiaire ou des personnages. Les fûts de colonnes en marbre de Campan qui les soutiennent, semblent avoir été remployés et pourraient avoir été récupérés dans un édifice antique (villa, temple).
- Cabanot (J.), Gascogne romane, éditions Zodiaque, La Pierre-qui-Vire, 1978, p. 122-128.
- Cabanot (J.), Les débuts de la sculpture romane dans le Sud-Ouest de la France, éd. Picard, Paris, 1987.
- Cabanot (J.), Crypte de Saint-Girons, Association des Amis des Églises Anciennes des Landes, 1990.
Sur les bords du gave d'Oloron, l'abbaye Saint-Jean de Sorde
Situé sur un point stratégique, sur la voie romaine reliant Bordeaux à Saragosse, près de l'embranchement vers Lescar, Sorde est un centre important à l'époque romaine. En témoignent l'odonymie qui fournit les lieux-dits « Barat de By », altération du gascon Barat de via, « fossé longeant une voie », et un chemin dit « de Charlemagne ». De plus, devant la maison des abbés, se trouvent les substructions d'une imposante villa des IIIe-IVe siècles.
Le renouveau de Sorde se fait ensuite autour de l'abbaye Saint-Jean, fondée au Xe siècle. La cité médiévale évolue ensuite avec la fondation d'une « bastide » en 1290. C'est l'apogée avant la période noire que constituent successivement les ravages des protestants du prince d'Orange en 1523, puis des troupes de Montgomery en 1570 puis celles du baron de Mortemart et du baron d'Arros. En 1616, le sort s'acharne sur la petite ville qui est alors saccagée par le duc de la Force.
On tente de reconstruire par la suite mais la Révolution entraîne l'abandon définitif des lieux.
Aujourd'hui, Sorde, sur la via turonensis, mise sur le tourisme culturel : on peut y visiter le vaste vaisseau de l'abbaye Saint-Jean-Baptiste, classé aux Monuments Historiques en 1909, construit sur un plan traditionnel quelque peu perturbé par la présence des substructions gallo-romaines qui ont gêné les constructeurs.
Si l'édifice a perdu une grande partie de ses éléments romans, en raison de multiples remaniements, le chevet à deux absidioles reste intact et offre bien tous les partis pris architecturaux du XIe siècle, notamment une abside percée de trois fenêtres en plein cintre à colonnettes.
À l'intérieur de l'église, située derrière le maître-autel, une grande mosaïque du XIe siècle confère à la visite un intérêt particulier : imitant l'art antique du pavement, le panneau central présente oiseaux et scènes de chasse - motifs profanes - qui rappellent, selon les spécialistes, certains motifs de l'art hispano-arabe du Moyen Âge. Une parenté certaine avec les œuvres présentes à Moissac, Layrac ou Lescar, sur la route des ports pyrénéens.
Sorde des bords du gave
Aux portes du pays d'Orthe, Sorde-l'Abbaye est au Moyen Âge une étape importante sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Située au bord du gave d'Oloron, le fleuve le plus poissonneux d'Europe qui devient vite le privilège du seigneur et de l'abbé, elle possède une longue tradition de braconnage que les anciens du village, pêcheurs et garde pêche, font revivre à travers leurs récits.
- Cabanot (J.), Gascogne romane, éditions Zodiaque, La Pierre-qui-Vire, 1978, p. 172-177.
- Cabanot (J.), Meyer (D.), Sorde-l'Abbaye, Association des Amis des Églises Anciennes des Landes, Dax, 1985.
Fleuron du pays d'Orthe, l'abbaye d'Arthous
En pays d'Orthe, aux confins du Pays basque, l'abbaye Sainte-Marie-d'Arthous, à Hastingues, est, à l'origine, une fondation des Prémontrés datant de 1167. Située en bordure des vastes barthes, étape possible sur la via turonensis, elle occupe une place « stratégique », entre seigneurs de Navarre, de Béarn et d'Aquitaine.
Cette abbaye, dont l'église - fait assez rare - précéda les bâtiments strictement conventuels, est une fille de La Case-Dieu (Gascogne gersoise), fondée par son abbé Bernard III à l'appel de Guillaume de Sort, évêque de Dax, et de Martin de Sanche de Domezain, noble du Pays de Soule.
De style roman tardif, elle est à nef unique et au chevet tripartite. De celui-ci se dégage une grande unité dans les motifs décoratifs : formes géométriques ou végétales (entrelacs, crossettes, pommes de pin, faisceaux de tiges), personnages frustes au visage rond et yeux globuleux, souvent vêtus d'une robe simple.
À l'extérieur, le chevet de l'abbatiale, orienté à l'est, se caractérise par l'originalité des 35 modillons qui ourlent l'abside et ses deux absidioles. Motifs végétaux ou géométriques se mêlent en effet à des figurations anthropomorphes traitées avec une certaine naïveté. Aux thèmes classiques représentant des épisodes majeurs rapportés par l'Écriture (Faute originelle figurée sur une dizaine de modillons de la travée sud de l'abside, Adoration des Mages et Fuite en Égypte) se mêlent en effet des thèmes inspirés du contexte local (tête d'ours, brebis dévorée par un loup etc.) se déclinant dans une sculpture qui ne s'apparente à aucun grand atelier et que l'on peut situer vers la fin du XIIe siècle.
Classée aux Monuments Historiques en 1955, bien avant sa restauration, l'église d'Arthous est dotée de bâtiments conventuels à colombages des XVIIe et XVIIIe siècles, classés en 1969. Fort bien mis en valeur, cet ensemble monumental devient, en 2003, le Centre départemental du Patrimoine, mis en place par le Conseil Général.
Sous la galerie de la cour centrale, on peut admirer les vastes pavements de mosaïques provenant de la villa gallo-romaine de Sarbazan.
Le centre Lapios
Depuis son inauguration en 1984, le centre de rechercher et de formation à la musique traditionnelle de Lapios œuvre pour la sauvegarde et la diffusion du patrimoine musical gascon, à travers le collectage des airs et des danses populaires, la publication de nombreux ouvrages et la fabrication et la restauration d'instruments anciens.
- « L'abbaye d'Arthous », Les amis de Sorde et du pays d'Orthe, 1965.
- Cabanot (J.), Gascogne romane, éditions Zodiaque, La Pierre-qui-Vire, 1978, p. 292-319.
En pays de Born, sur l'antique voie littorale, le clocher-porche de l'abbaye bénédictine de Mimizan
Même si l'admirable clocher-porche de Mimizan, sur le bord de la route de la plage, ne peut se classer dans la période romane, il est difficile de ne pas faire un détour par ce haut lieu classé au patrimoine mondial de l'UNESCO, au titre des chemins de Saint-Jacques, en 1990.
De fait, une légende, racontée dans le bréviaire de Lescar, assure que l'église Sainte-Marie de Mimizan aurait été construite à l'emplacement d'un édifice religieux du VIe siècle, érigé en l'honneur de saint Galactoire qui aurait subi le martyre, en 506, dans ce port maritime des plus actifs.
Bâtie une première fois au XIe siècle, cette église n'a laissé aucun vestige. Elle fut donc reconstruite a novo, dans un style « gothique » primitif vers la fin du XIIe ou au début du XIIIe siècle, passant du statut d'église priorale à celui d'église paroissiale jusqu'en 1891.
La tour-porche est le seul élément conservé de cette ancienne bâtisse qui fut peu à peu menacée par les sables. Le portail sculpté qu'elle abrite, réalisé vers 1220 par un sculpteur espagnol, est exceptionnel.
- Voir l'article sur Wikipedia .
L'inauguration de la voie littorale sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle
La voie littorale, quatrième chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle dans les Landes, vient d'être réhabilitée. Empruntée il y a près de mille ans par les premiers pèlerins, elle propose aujourd'hui 150 kilomètres de parcours balisé, le long de l'océan Atlantique, entre Sanguinet et Tarnos.
Les églises et chapelles
Sans entrer dans les détails, ce « parcours » a pour seule prétention d'indiquer les édifices remarquables, toujours plus ou moins liés aux grands axes de pérégrination landais, qui méritent d'être connus et qui valorisent l'image du territoire.
Les contraintes de présentation nous obligent cependant à écarter bon nombre d'édifices offrant encore des traces intéressantes de l'époque romane et qui sont inscrits sur la liste des Monuments Historiques. Nous avons donc retenu pour critère, la sélection faite par l'abbé Jean Cabanot, spécialiste du sujet, dans son ouvrage magistral intitulé La Gascogne romane .
Afin de compenser ces lacunes, une bibliographie indique, in fine, les lectures utiles concernant ce thème. Elle présente les publications qui traitent d'édifices « mineurs » englobant seulement des parties relevant de la période considérée ; a contrario, ont été retenus, de façon tout à fait exceptionnelle, quelques monuments, un peu plus tardifs, mais incontournables en raison de leur intérêt patrimonial.
S'il fallait évoquer une caractéristique commune à ces constructions érigées, pour la plupart, au temps de la Gascogne anglaise (1154-1453), à la suite du mariage d'Aliénor d'Aquitaine avec Henri Plantagenêt, il faudrait mettre en exergue la fréquence des fortifications de ces espaces sacrés, lieux de refuge lors des épisodes belliqueux de la guerre dite « de Cent Ans » menée par les Anglo-Gascons contre la Couronne de France. Et noter que bon nombre d'églises possèdent une porte « des cagots » [1], petite, discrète, généralement située sur un côté de la nef, réservée à un groupe de parias marginalisés jusqu'à la fin du Moyen Âge et dénommés, selon les lieux, cagots, capots, crestians ou gahets .
Concernant la répartition des édifices les plus anciens, il apparaît rapidement que les pays « bordiers » (Born, Marensin, Maremne et Seignanx) n'offrent quasiment aucun site vraiment digne d'intérêt pour le segment chronologique retenu ; il appert également que Grande Lande, Petites Landes, Gabardan et Brassenx semblent se doter, d'une façon générale, d'équipements plus tardifs et plus modestes, la richesse et la puissance ecclésiales se concentrant autour des évêchés, des grandes abbayes et vicomtés, dans les pays de Chalosse et le Marsan notamment.
- [1] Loubès (G.), L'énigme des cagots, éd. Sud Ouest, 1988
En Chalosse, une nébuleuse d'édifices romans
Autour de la puissante abbaye de Saint-Sever, le pays des Chalosses déroule ses collines fécondes. Le maillage des communautés villageoises y est dense et d'un « pouy » à l'autre se répond l'écho des clochers signalant, pour une bonne part, des édifices particulièrement intéressants, témoins de l'efflorescence d'un art roman bien caractérisé dans le sud de la Gascogne aux XIe et XIIe siècles.
Proposer un circuit dans ce secteur complexe, entaillé de vallons, sillonné par un chevelu de routes tortueuses, serait trop compliqué, d'autant plus que le nombre d'édifices qui « valent le détour » sont nombreux. Terre riche, la Chalosse regroupe en effet l'essentiel du patrimoine religieux pour l'époque concernée.
Ces promenades romanes suivent donc un ordre alphabétique, repris pour les autres « pays » landais, non significatif mais commode.
Promenade en Chalosse
Carte postale présentant différents aspects de la Chalosse : les richesses de son terroir, la vie tranquille de ses habitants, les lacs d'Halco et d'Hagetmau qui participent au développement touristique du sud-est des Landes et enfin l'étendue de son patrimoine artistique et historique que représentent les églises romanes.
- Gassie (Maurice), « Montfort, bastide de Chalosse », édition de la Sauvagère, Montfort-en-Chalosse, 2013.
Les bastides de Monfort-en-Chalosse, Mugron et Saint-Sever
Présentation de trois bastides chalossiennes : la bastide de Monfort-en-Chalosse et le musée de la Chalosse qui œuvre pour la conservation et la présentation du patrimoine chalossien ; la bastide de Mugron et la ganaderia Latapy où Michel Lassale élève des vachettes pour la course landaise ; Saint-Sever qui présente chaque année depuis 20 ans un son et lumière consacré à son riche passé historique.
Audignon
À 6 km au sud-ouest de Saint-Sever, sur un petit affluent de rive gauche du Gabas, Audignon est connu pour la richesse de son église paroissiale dédiée à la Vierge et classée aux Monuments Historiques en 1975. Le chevet roman de Notre-Dame date de la fin du XIe siècle et le clocher-tour fortifié est percé de meurtrières et flanqué d'une tourelle tandis que la flèche sommitale pyramidale est hérissée de crochets ; une silhouette tout à fait singulière.
De part et d'autre de la nef du XIIe siècle, se développent des collatéraux couverts de voûtes ogivales. Deux magnifiques chapiteaux historiés soutiennent l'arc triomphal du chœur qui abrite un rétable en pierre peinte du XVe siècle, rare exemple du style « perpendiculaire » anglais. Sur les différents registres s'épanouissent les scènes classiques de l'enfance du Christ, complétées par la représentation des saints, apôtres et prophètes.
- Rousseau (Fr.), « Le chœur roman d'Audignon », Bulletin de la Société de Borda, 1969, p. 37-57.
- Cabanot (J.), Gascogne romane, éditions Zodiaque, La Pierre-qui-Vire, 1978, p. 167-171.
Brassempouy
Le bourg primitif de Brassempouy, perché sur une colline (gascon poi [pouy]) se groupe autour d'une très belle église dédiée à saint Sernin ; de style roman à l'origine, remaniée à l'époque gothique, elle est classée aux Monuments Historiques dès 1939. Chevet et nef semblent remonter au XIIe siècle alors que le reste de l'édifice présente plusieurs phases architecturales, jusqu'à la flèche et aux chapelles latérales de style gothique flamboyant.
Un superbe ensemble qui abrite deux statues de bois du XVIIe siècle, classées en 2001.
La maison de la dame de Brassempouy
La Maison de la dame de Brassempouy rassemble les vestiges préhistoriques découverts en 1894, dans la grotte du Pape, dont la copie de la célèbre dame à la capuche. Le musée, conçu tel un mastaba, propose, à travers ses collections et un parcours initiatique, de découvrir la vie quotidienne des hommes du paléolithique supérieur.
- Carrère (Jean), Église de Brassempouy, Mon-de-Marsan, 1998.
Caupenne
Passé le Louts, entre Montfort-en-Chalosse et Saint-Cricq-Chalosse, Caupenne offre l'un des plus beaux édifices de la région : l'église Saint-Martin, du XIIe siècle, inscrite aux Monuments Historiques en 1970 ; un ensemble remarquable tant par l'harmonie de son chevet d'origine, surmonté d'un cul-de-four, que par sa décoration intérieure enrichie au cours des siècles. Fortifiée au XIVe par l'édification d'une tour percée d'archères qui sert de clocher, cette belle construction comble les amateurs d'art roman qui ne peuvent rester indifférents à la décoration intérieure où l'harmonie d'une architecture gothique, réalisée dans un programme pensé, le dispute à la fraîcheur de peintures polychromes d'une rare beauté : un bel écrin pour le maître-autel réalisé en 1770 par les frères Mazetti.
Au sud-ouest du bourg, au quartier de Saint-Laurent, s'élève sur un coteau une seconde église, inscrite aux Monuments Historiques en 2005 ; sa construction est certainement antérieure à celle de l'église paroissiale car elle est déjà mentionnée sous le nom de Sanctus Laurentius de Guarrigues au cartulaire de Dax (XIe-XIIe s.).
Visages des Landes
Les Landes présentent une multitude de paysages qui évoluent au fil du temps et des hommes : la Chalosse, caractérisée par un relief de collines où se développent les cultures agricoles ; la Haute Lande recouverte de pins au XIXe siècle et où est créé le domaine de Solférino ; Arjuzanx, dans le Brassenx, dont l'ancien site minier est en cours de reconversion en une vaste réserve naturelle.
- Cabanot (J.), Marquette (J.-B.), Suau (B.), Églises de Chalosse, Association des Amis des Églises Anciennes des Landes, 1987, p. 19-21.
- Voir un article sur l'église Saint-Martin de Caupenne
Montaut
Avant de redescendre vers la vallée du Louts, du côté de Larbey et Caupenne, un indispensable détour, vers le nord, permet de découvrir la belle église Saint-Pierre-de-Brocas, sise au milieu d'un cimetière, sur le site primitif de la paroisse de Montaut. Classée aux Monuments Historiques en 1934, elle constitue, semble-t-il, le dernier témoignage d'une importante abbaye fondée vers le Xe siècle par les Bernardins de Cîteaux.
D'architecture romane, édifiée en pierre extraite des carrières locales, elle se compose d'une nef prolongée par une abside semi-circulaire et se distingue par un impressionnant portail en arc de triomphe de style gallo-romain, réalisé certainement à la Renaissance par un artiste italien, bien après que la famille de Brocas, au service des rois d'Angleterre, eut fait élever l'imposante tour fortifiée qui la signale de loin.
- Cabanot (J.), Gascogne romane, éditions Zodiaque, La Pierre-qui-Vire, 1978, p. 36-37.
- Cabanot (J.), Marquette (J.-B.), Suau (B.), Églises de Chalosse, Association des Amis des Églises Anciennes des Landes, 1987, p. 36-45.
Montfort-en-Chalosse
Si Montfort est une bastida, l'une de ces villes « neuves » érigées dans un segment chronologique précis (XIIe-XIIIe siècle), l'occupation du sol dans ce secteur des confins de la Chalosse et du pays de Dax y est bien plus ancienne comme l'atteste le premier nom connu de la paroisse, Sanctus Petrus de Oiossa, au cartulaire de Dax (XIe-XIIe s.).
Établi sur un promontoire au sud du bourg actuel, au lieu-dit Batsempé (gascon Vath Sent Pèr, « vallon de Saint-Pierre »), le noyau primitif du village occupe un point stratégique autour de l'église Saint-Pierre qui dépendait jadis de l'Abbaye de Divielle.
Inscrite en 1970 aux Monuments Historiques, cette bâtisse du XIIIe siècle est de style romano-gothique. Plusieurs pierres de l'abside romane portent des marques de tâcherons.
Nerbis
En 982, Guillaume Sanche fait donation de l'église de Nerbis (prioratus de Nerbes Castets en 1270, dans les Rôles gascons) et de son monastère à l'abbaye de Saint-Sever, lors de la fondation de cette dernière. C'est dire l'antériorité de ce prieuré qui reste attaché à la maison mère jusqu'à la Révolution. C'est aussi comprendre l'intérêt de l'église Saint-Pierre, classée aux Monuments Historiques en 2003.
Ce puissant monument, offrant un aspect très massif aujourd'hui, conserve de ses origines romanes trois absides du chevet et le chœur.
- Cabanot (J.), « L'église de Nerbis », Bulletin de la Société de Borda, 1965, p. 225-246, 351-365.
- Cabanot (J.), Gascogne romane, éditions Zodiaque, La Pierre-qui-Vire, 1978, p. 129-137.
- Cabanot (J.), Les débuts de la sculpture romane dans le sud-ouest de la France, éditions Picard, Paris, 1987.
- Cabanot (J.), Marquette (J.-B.), Suau (B.), Églises de Chalosse, Association des Amis des Églises Anciennes des Landes, 1987, p. 46-49.
Pouillon
Saint-Martin de Pouillon (Sancti Martini de Polione au cartulaire de Dax, XIe-XIIe s.), consacrée en 1054, est un joyau de l'art roman. Il ne faut pas se fier à son clocher pointu, du type « clocher Donnet », mais faire le tour de l'édifice. On se trouve alors face à une abside semi-circulaire du XIe siècle qui se détache des deux murs plats des absidioles datées du XIIe siècle.
Cette église est fortifiée à l'époque où les Anglo-Gascons luttent contre les Capétiens, et incendiée par les protestants au XVIe siècle, comme tant d'autres édifices religieux landais. Suite à ces avatars, elle est restaurée et embellie dans le contexte de la Contre-Réforme et, au XVIIIe siècle, elle reçoit un autel en marbre, œuvre des frères Mazzeti.
Classé aux Monuments Historiques depuis 2002, l'édifice a été récemment enrichi de vitraux qui déclinent les béatitudes évangéliques dans un chatoiement de couleurs qui animent la pierre.
Présentation de Pouillon dans les Landes
Carte postale de Pouillon, village de Chalosse. Visite des bâtiments principaux avec la mairie, l'école, le fronton et la piscine. Les activités à Pouillon sont centrées sur l'agriculture et la viticulture, le rugby, la chasse et la pêche.
- Cabanot (J.), « Le chevet roman de l'église Saint-Martin de Pouillon », Bulletin de la Société de Borda, 1970, p. 313-326.
- Cabanot (J.), Gascogne romane, éditions Zodiaque, La Pierre-qui-Vire, 1978, p. 40.
Souprosse
Petit sanctuaire marial situé sur la commune de Souprosse, Notre-Dame de Goudosse semble être un lieu de culte dès le XIe siècle puisque Sanche, comte de Gascogne, fait donation de cette terre à l'abbaye de Saint-Sever en 1012. L'église, classée aux Monuments Historiques en 1995, est donc d'origine romane.
Le chevet date de la fin du XIe ou du début du XIIe siècle ; le chœur, orné de fresques des XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, présente des ressemblances avec celui de l'abbatiale saint-séverine. Un puissant clocher carré, percé de meurtrières est élevé au XIVe siècle, conférant à l'ensemble une belle harmonie.
- Daugé (C.), « Notre-Dame de Goudosse », Bulletin de la Société de Borda, 1906, p. 125-156.
- Cabanot (J.) « Un décor d'abside inédit : l'arcature sur pilastres de Notre-Dame de Goudosse (Landes), De la création à la restauration, Travaux d'histoire de l'art offerts à Marcel Durliat pour son 75e anniversaire, Toulouse, 1992, p. 109-122.
Dans les Landes de Dax
Autour de la sous-préfecture landaise, les bâtisseurs du tout début du second millénaire ont œuvré à Oeyreluy et réalisé un véritable chef-d'œuvre à Saint-Paul-lès-Dax, sur la rive droite de l'Adour, face à l'ancien chef-lieu de cité.
Oeyreluy
La paroisse d'Oeyreluy (Sanctus Petrus de Uria au cartulaire de Dax, XIe-XIIe siècle) semble bien émaner d'un terme générique indiquant un cours d'eau. Comme l'Eyre [Euyre] qui coule en Grande Lande, « l'eyre Luy » et « l'eyre gave » peuvent simplement se traduire « rivière Luy » et « rivière Gave ». Ce préalable toponymique est établi pour comprendre précisément les avatars de l'église Saint-Pierre.
Il existait en effet à Oeyreluy, dans une zone inondable, un prieuré dépendant de l'ordre du Saint-Esprit, fondé par Guilhèm de Montpellier. L'église, qui présente quelques détails architecturaux intéressants, est donc déplacée, certainement au XVIIIe siècle.
Elle présente notamment, sur la façade nord, un curieux portail préroman du XIe siècle, classé aux Monuments Historiques en 1926. Les colonnes qui l'encadrent supportent des chapiteaux archaïques et le tympan présente un linteau sculpté de formes géométriques que surmonte un superbe chrisme du XIIe siècle. L'abside aurait été édifiée, comme à Géou (commune de Labastide-d'Armagnac) avec du matériau de remploi d'une ancienne villa gallo-romaine.
- Dufourcet (E.), « Oeyreluy et la porte romane de son église », Bulletin de la Société de Borda, 1881, 175-188, 1882, p. 29-33.
- Cabanot (J.), Gascogne romane, éditions Zodiaque, La Pierre-qui-Vire, 1978, p. 38-39.
Saint-Paul-lès-Dax
Décrire l'église paroissiale Saint-Paul en quelques lignes est une gageure. Dès lors, comment inciter l'amateur d'art roman à faire le détour vers cet édifice majeur ?
Étape sur la via turonensis, avant le passage de l'Adour, cette église posée sur un tertre pourvu de nombreuses sources [1] offre une abside du XIIe siècle, véritable joyau de l'art roman, qui a permis de classer l'ensemble de la bâtisse dès 1862.
Outre l'intérêt de la décoration intérieure de l'abside, assez sobre au demeurant, le vénérable monument se distingue par la présence, sur le mur extérieur du chevet, d'une frise composée de onze bas-reliefs en marbre blanc qui se succèdent en un programme pensé : un fait exceptionnel en France. Ces derniers ont été mis en place avec soin, de façon à ce que la frise qu'ils constituent, puisse être lue. A leur conception, ils ont même été cintrés pour épouser exactement la courbe de l'abside, à l'exception de ceux qui ne nécessitent pas d'être incurvés à cause de leur petite taille. Ils représentent un véritable catéchisme illustrant des épisodes majeurs de l'Ancien et du Nouveau Testament.
Chapiteaux historiés, arcatures intérieure et extérieure d'une grande valeur artistique complètent cet ensemble d'une grande harmonie.
Les artistes qui ont travaillé à Saint-Paul semblent avoir utilisé des techniques similaires à celles qui ont été pratiquées à Moissac (Tarn-et-Garonne) ou au monastère de Leyre, en Aragon.
[1] De là, partait, dans l'Antiquité, un aqueduc alimentant la cité d' Aquae Tarbellicae (Dax).
- Voir un article sur Saint-Paul l'ermite à Saint-Paul-lès-Dax
- Dufourcet (E.), « L'église de Saint-Paul-lès-Dax et son abside romane », Congrès scientifique de Dax, mai 1882, Dax, 1883, p. 127-146.
- Cabanot (J.), Gascogne romane, éditions Zodiaque, La Pierre-qui-Vire, 1978, p. 263-269.
Dans la Grande Lande
De même que l'on a souvent évoqué les « trois sœurs provençales » pour signifier la parenté architecturale des abbayes de Sénanque, de Silvacane et du Thoronet, de même on pourrait user de la même métaphore pour présenter le bouquet d'églises paroissiales regroupées dans le nord et le nord-est de la Grande Lande [1].
Toutes sont construites en garluche et moellons ; pourvues d'un clocher-mur et d'un abat-son, elles sont associées à une source guérisseuse. Mais si elles s'apparentent par leur aspect général, elles ne datent pas toutes de la même époque : l'église Notre-Dame de Moustey, anciennement accolée à un prieuré, et l'église paroissiale Saint-Martin sont gothiques, comme Saint-André d'Argelouse, alors que Saint-Pierre-ès-Liens de Biganon et Saint-Vincent de Belhade sont, pour leur plus grande partie, romanes.
Bien que postérieures à l'époque retenue, les deux églises de Moustey sont décrites en raison de leur spécificité [2].
[1] « On l'appelait la Grande Lande parce que c'était la partie de la Lande sur laquelle les villages s'éloignaient le plus... sur cet immense plateau, Sabres, Labouheyre, Escource, Morcenx...Ce vide n'était pas l'exception : entre Salles et Ychoux s'étendait un espace vide plus considérable encore » (Félix Arnaudin, Œuvres complètes, P.N.R.L.G., éd. Confluences, 2003, t. VII, p. 553).
[2] Les deux édifices voisinent, à une vingtaine de mètres l'un de l'autre. Ce fait unique en France aurait inspiré à Cirot de la Ville, professeur d' Écriture sainte à la Faculté de théologie de Bordeaux, docteur en théologie (1865), la remarque suivante, proférée en gascon : « Qu'ei tant corrut, tant viatjat, jamèi n'ei vist duas glèisas en un segrat ! », « J'ai tant couru, tant voyagé, jamais je n'ai vu deux églises dans un cimetière ! ».
Belhade
Inscrite aux Monuments Historiques dès 1968, Saint-Vincent-de-Xaintes de Belhade (Sanctus-Vincentius de Esquasse au cartulaire de Dax, XIe-XIIe s.) est un bel exemple d'édifice roman du XIe siècle, doté d'un clocher-mur un peu plus tardif. Son portail, d'une grande simplicité, est surmonté d'un tympan orné d'un chrisme et les quatre piliers qui l'encadrent portent des chapiteaux passablement endommagés symbolisant le péché.
Entre la fin du XIVe et le début du XVe siècle, les contreforts extérieurs sont élevés et des baies gothiques sont percées. Au cours du XVe siècle, l'église est agrandie par l'adjonction au nord-est de la nef d'une chapelle rectangulaire voûtée d'ogives quadripartites. En 1997, sa restauration permet de mettre au jour un ensemble de peintures murales remarquables.
- Cabanot (J.), Gascogne romane, éditions Zodiaque, La Pierre-qui-Vire, 1978, p. 27.
- Suau (J.-P.), Gaborit (M.), Peintures murales des églises de la Grande Lande, P.N.R.L.G., éd. Confluences, 1998, p. 15-17.
- « Belhade. Église Saint-Vincent-Martyr », Bulletin de l'Association des Amis des Églises Anciennes des Landes, n° 16, 2007, p. 15-17.
Biganon
Cette église, dédiée à Saint-Pierre-ès-Liens (Sanctus Petrus de Biganono au cartulaire de Dax, XIe-XIIe s.), de bonnes dimensions, située au cœur de l'ancienne paroisse de Biganon aujourd'hui rattachée à Moustey, est l'une des plus anciennes du secteur. Son origine remonte au XIe siècle. De cette époque datent la nef, l'abside, polygonale à l'extérieur mais semi circulaire à l'intérieur, caractéristique des églises locales, et les absidioles.
Le choeur roman a fait l'objet d'une belle restauration conduite par les services des Bâtiments de France et achevée fin 2006, mettant en valeur de belles peintures murales du XVe siècle. Un imposant clocher mur a été rajouté tardivement.
Au sud du chevet, la fontaine Sainte- Ruffine sourd ; elle guérit les maladies de peau.
L'ensemble du site est inscrit aux Monuments Historiques depuis 1997.
- Cabanot (J.), Gascogne romane, éditions Zodiaque, La Pierre-qui-Vire, 1978, p. 27.
- Suau (J.-P.), Gaborit (M.), Peintures murales des églises de la Grande Lande, P.N.R.L.G., éd. Confluences, 1998, p. 19-21.
Moustey
La commune de Moustey (parrochia de Mosters, Vasatensis diocesis, en 1274), au nord de la Grande Lande, à la confluence des deux Leyre, relevait jadis de l'ancienne enclave de l'évêché de Bazas, tout comme Pissos et Saugnac-et-Muret ; elle englobe Biganon en 1965 et se retrouve ainsi à la tête d'un patrimoine religieux exceptionnel : deux églises séparées par quelques mètres, au centre du bourg, auxquelles s'ajoute donc aujourd'hui Saint-Pierre-ès-Liens de Biganon, datée du XIe siècle.
Cet héritage particulier s'explique par le fait que l'église paroissiale Saint-Martin, qui daterait du XIIIe siècle, devait être séparée d'un second lieu de culte réservé aux pèlerins et aux lépreux, l'église Notre-Dame (XIVe-Xve s.) rattachée jadis à un hôpital (espitau ou espitalet) installé au bord d'un itinéraire secondaire de la via turonensis [1].
Cet ensemble exceptionnel en France est inscrit aux Monuments Historiques depuis 1973.
[1] La signification du toponyme (gascon Mosteir) indique bien un « moûtier, un monastère » dès la fondation de la paroisse.
Le musée du Patrimoine Religieux et des Croyances Populaires de Moustey
A Moustey, l'église Notre-Dame accueille une exposition consacrée aux traditions landaises et aux dévotions populaires telles que les sources guérisseuses ou encore le cycle de mai. Y sont également présentés des costumes et des objets de la vie quotidienne de la Haute Lande.
- Suau (J.-P.), Gaborit (M.), Peintures murales des églises de la Grande Lande, P.N.R.L.G., éd. Confluences, 1998, p. 67-73.
- Thouvignon (F.), « Chronique de la Société de Borda, Moustey-les-deux-églises », A.A.L., n° 95, 96, juillet et août 1963.
Sore
L'église paroissiale Saint-Jean-Baptiste de Sore, inscrite aux Monuments Historiques en 1992, a été grandement remaniée au XXe siècle. De ses origines demeure seulement une nef romane surélevée. Construite majoritairement en garluche, elle possédait, comme la plupart des églises du secteur, un clocher-mur pourvu d'une imposante bretèche en bois et flanqué d'une tourelle.
De belles peintures murales couvrant l'absidiole nord et la partie attenante au transept ont été mises au jour en 1989. Les plus anciennes dateraient du XIVe siècle.
Histoires de votre ville : Sore
Monographie du village de Sore, dans les landes, préparée par des élèves de cm2du village. Leur maîtresse et F. Hubert du service histoire écomusée de la grande lande, leur raconte l'histoire des différents monuments de la ville. L. Descoubes présente quelques cartes postales qu il a sur le village. Les enfants expliquent ensuite comment ils ont procédé pour constituer ce dossier sur Sore.
- Arnaudin (Félix), Œuvres complètes, P.N.R.L.G., éd. Confluences, 2003, t. VIII, p. 844-849.
- Gaborit (M.), Des hystoires et des couleurs. Peintures murales médiévales en Aquitaine, éd. Confluences, Bordeaux, 2002, p. 290-294.
Vert
Situé au pays des « aulnes », à proximité de Labrit, Vert se groupe autour de l'église Saint-Vincent, construite au XIIe siècle et qui, malgré les remaniements successifs, conserve un aspect cohérent. Elle abrite, dans le chevet, de très belles peintures murales organisées en plusieurs registres, mettant en scène le saint tutélaire, le Credo Apostolique et le Jugement dernier .
Le circuit des églises à peintures murales
Le Parc naturel régional des Landes de Gascogne propose de découvrir quatre siècles d'art pictural religieux à travers un circuit de sept églises landaises et girondines. Ces fresques particulièrement bien conservées, datant du XVIe siècle pour les plus anciennes, offrent des programmes iconographiques variés.
Landes
Originaire de Labouheyre, le photographe et poète landais Félix Arnaudin (1844-1921) a à cœur, tout au long de sa vie, de livrer un témoignage fidèle des Landes et de ses traditions, au moment où celles-ci connaissent une irréversible mutation liée à la plantation des pins et au développement de l'industrie sylvicole.
- Suau (J.-P.), Gaborit (M.), Peintures murales des églises de la Grande Lande, P.N.R.L.G., éd. Confluences, 1998, p. 150-163.
Dans les Petites Landes
Le « pays » des Petites Landes est un peu flou : c'est un espace de transition entre la Grande Lande et l'Armagnac d'une part, la Chalosse d'autre part.
Sarbazan
Sarbazan est avant tout connu des historiens pour la belle mosaïque trouvée sur le site d'une villa romaine au quartier de Mouneyres [1]. Cependant, l'église Saint-Pierre est bien classée aux Monuments Historiques en 1997. Pourquoi ?
C'est une construction à courte nef et chevet plat qui remonte, semble-t-il, au XIe siècle. Elle pourrait être constituée, en partie, de matériau de remploi de la villa toute proche, à l'instar de Notre-Dame-des-Cyclistes, à Labastide-d'Armagnac. Au XIIe siècle, elle s'augmente, au sud, d'une travée sur laquelle se greffe une absidiole semi-circulaire. Elle est fortifiée au XIVe siècle par l'adjonction d'une haute tour défensive percée d'archères. Les siècles suivants l'enrichissent d'apports variés, améliorations architecturales et mobilier de grande qualité.
En contrebas de l'édifice coulent des sources « guérisseuses », dédiées à saint Eutrope et Notre-Dame-de-Pitié, qui confèrent à l'ensemble un charme particulier.
[1] Ce vaste pavement est exposé dans la cour de l'abbaye d'Arthous (C. de Hastingues).
- Cabanot (J.), « Notes sur quelques églises à chevet plat du pays de Marsan », Bulletin de la Société de Borda, 1968, p. 135.
- Cabanot (J.), Gascogne romane, éditions Zodiaque, La Pierre-qui-Vire, 1978, p. 42.
- Deloffre (R.), Bonnefous (J.), « Les églises fortifiées des Landes », Bulletin de la Société de Borda, 2001, p. 480-481.
Dans le Gabardan
Héritier d'un petit territoire médiéval, le Gabardan ou « pays de Gabarret » se situe aux confins des Landes de Gascogne et des collines de l'Armagnac. Le découpage départemental y a dessiné, au sud de Gabarret, une sorte d'appendice où se situe la commune de Parleboscq qui a la particularité de compter sept églises.
Ce sont des paysages de transition entre forêt de pins, au nord, où les marais des sources de l'Estampon ou du Ciron ont été assainis, et terroirs de polyculture, au sud, où l'on produit aussi de l'armagnac.
Escalans
Les vestiges de la vieille église Saint-Martin-le-Vieux se dressent encore aux limites de la commune avec Rimbez-et-Baudiets et une église gothique s'élève au quartier de Sainte-Meille, à Escalans (de Scalanis dans le pouillé d'Auch, au XIVe s.), mais c'est l'église Saint-Jean-Baptiste, d'origine romane, qui fait office d'église paroissiale. Elle est inscrite aux Monuments Historiques depuis 1973.
Accolée à l'ancien presbytère, elle offre encore un beau chevet à deux absidioles, partie la plus ancienne de l'édifice. L'absidiole sud offre une voûte en plein cintre sur laquelle est gravée l'inscription suivante, malheureusement dépourvue d'information chronologique précise :
XVII KALENDAS IANVARII / DEDICACIO / ISTIVS ALT / [A]RE . IN HONORE /
SA[NC]TORV[M] A[POSTOLORVM (?)] PET[RI ET PAVLI (?)] SANCTI [...]
«Le 17 des calendes de janvier [16 décembre], dédicace [ i.e. consécration] de cet autel en l'honneur des saints apôtres Pierre et Paul (?), et de saint...».
L'abside, très pure, est percée de trois fenêtres romanes alors que la nef a été remaniée à l'époque gothique. À l'intérieur du chœur, une arcature avec chapiteaux, colonnettes simples et géminées, repose sur un stylobate.
- Cabanot (J.), Gascogne romane, éditions Zodiaque, La Pierre-qui-Vire, 1978, p. 32.
- Suau (B.), Cabanot (J.), Églises anciennes du Gabardan, Association des Amis des Églises Anciennes des Landes, 1984, p. 14-21.
En Armagnac
L'ancien comté d'Armagnac englobait jadis le Fezensac, l'Eauzan et la Lomagne. C'est un pays de collines mollassiques où les boulbènes donnent des teintes d'ocre à la terre fraîchement labourée. L'Armagnac est à la fois un concept historique et une association d'images diverses dans l'inconscient collectif.
Labastide d'Armagnac
Notre-Dame-des-Cyclistes
L'occupation du sol est très ancienne à Labastide ; c'est ce que confirme, en tout cas, l'importante villa gallo-romaine de Géou, dont les vestiges appartiennent à trois périodes distinctes, le Haut-Empire, le Bas-Empire et une période située entre les Ve et XIe siècles, qui précède son épierrement pour construire la belle petite église du quartier de Géou, appelée, de nos jours, Notre-Dame-des-Cyclistes.
Inscrite aux Monuments Historiques en 1996, elle se présente comme une bâtisse aux dimensions modestes, homogène, réalisée en petit appareil, dotée d'un chœur roman, surmonté d'une voûte en cul de four, percé d'une étroite fenêtre axiale.
Elle doit sa nouvelle vocation à l'abbé Joseph Massie, mordu de cyclotourisme, curé de Lagrange, Créon et Mauvezin, qui décide en 1958 d'en faire un sanctuaire de la « petite reine » ; avec la bénédiction de Jean XXIII...
- « Labastide-d'Armagnac. Église Notre-Dame-des-Cyclistes, à Géou », Bulletin de l'Association des Amis des Églises Anciennes des Landes, n° 12, 2005, p. 16-18.
Lagrange
Isolée dans un vallon, l'église Saint-Pierre de Lagrange, inscrite aux Monuments Historiques en 1996, aurait été fondée à la fin du XIe ou début du XIIe siècle par un vicomte de Gabarret.
C'est un bel édifice roman pourvu d'une tour-clocher carrée fortifiée, flanquée d'une tourelle, le tout surplombant le porche. Le clocher est coiffé d'une toiture élevée à ressauts et la nef se termine par un chevet plat soutenu par un contrefort décoré.
Au sud, la corniche à billettes est soutenue par neuf modillons sculptés alors que de beaux chapiteaux ornent le portail d'entrée, l'arc triomphal et la fenêtre de l'abside.
- Cabanot (J.), « Notes sur quelques églises à chevet plat du pays de Marsan », Bulletin de la Société de Borda, 1968, p. 129-148.
- Cabanot (J.), Gascogne romane, éditions Zodiaque, La Pierre-qui-Vire, 1978, p. 33.
Dans le Marsan
Le Marsan est héritier d'une petite vicomté médiévale qui va, en gros, du Midou à l'Adour. Entre Grande Lande, Petites Landes de Roquefort et Chalosse, il constitue un pays de transition, où le pinhadar s'estompe et où les sables laissent la place aux argiles. Le paysage est plus vallonné et plus ouvert en de vastes clairières où, comme ailleurs dans les Landes, domine le maïs.
On y compte une dizaine d'édifices romans bien caractérisés, dont quatre particulièrement remarquables.
Bostens
L'église Sainte-Marie de Bostens, située au croisement de la via lemovicensis et d'une voie secondaire, est considérée comme un fleuron de l'art roman dans le pays de Marsan. À ce titre, elle est classée aux MH dès 1916.
Son histoire commence très tôt puisque Guillaume-Sanche, duc de Gascogne, en fait don à la toute nouvelle abbaye de Saint-Sever en 988. La bâtisse primitive se compose, à la fin du XIe siècle, d'un chevet plat étroit et bas, couvert en berceau, et d'une nef au plafond plus élevé mais elle connaît très rapidement de nombreux aménagements. Ces derniers lui permettent de conserver un caractère homogène tout en enrichissant l'esthétique d'un ensemble très original.
En effet, la nef et l'abside initiale ont été, dès l'époque romane, complétées par une absidiole et une petite nef latérale qui communique avec la première par de grands arcs plein cintre. Le clocher-tour, percé de six ouvertures géminées avec colonnettes et chapiteaux, a nécessité une consolidation du fond de la nef par un empilement de petits cintres superposés qui confèrent à cette simple église une certaine majesté.
Une série de 53 modillons sculptés et un étrange chrisme rectangulaire du XIe siècle constituent d'autres centres d'intérêt pour ce monument qui compte quelques éléments de remploi prélevés dans les vestiges d'une villa gallo-romaine située à proximité.
Sur la voûte de la nef, on aperçoit un Christ en Majesté, dernier vestige d'une fresque du XIIIe siècle gravement endommagée lors de travaux réalisés dans les années 1970.
- Cabanot (J.), Gascogne romane, éditions Zodiaque, La Pierre-qui-Vire, 1978, p. 163-166.
- Cabanot (J.), Suau (B. et J.-P.), Sainte-Marie de Bostens, Association des Amis des Églises Anciennes des Landes, 1981.
- Cabanot (J.), Les débuts de la sculpture romane dans le sud-ouest de la France, Picard, Paris, 1987.
- Gaborit (M.), Des hystoires et des couleurs. Peintures murales médiévales en Aquitaine, éd. Confluences, Bordeaux, 2002, p. 269-270.
Lugaut (commune de Retjons)
Situé aux confins du Marsan et de l'Armagnac, dans les Petites Landes « de Roquefort », Retjons est surtout connu pour le site de Lugaut qui abrite un joyau de l'art roman.
C'est sur la rive droite du Bouriot, un sous-affluent de l' Estampon, sur la via lemovicensis, que se construit en effet, au début du XIe siècle, une petite église richement décorée de peintures murales à la fin du XIIe et au début du XIIIe siècle. Elle est classée aux Monuments Historiques dès 1964.
Nichée au cœur d'un ancien bois [1] dominant un vallon, la halte pour les pèlerins devient un centre d'intérêt majeur pour les historiens quand, en 1960, on y découvre un ensemble exceptionnel de peintures murales qui couvrent le chœur et la nef, et se déclinent dans plusieurs registres aussi décoratifs que didactiques.
L'ensemble est admirable tant par sa conservation que par la richesse des thèmes développés et la facture de l'œuvre relevant de l'école romane de Cluny, avec cependant quelques influences italo-byzantines.
De cet héritage pictural, rarissime pour la région, se dégagent quatre thèmes majeurs : des scènes « classiques » inspirées des Évangiles ; les « Travaux et les jours » (danse, guerre, paix et travail) qui se développent dans un registre moralisateur ; une scène de chasse symbolisant peut-être la lutte du Bien contre le Mal ; enfin, une évocation historique représentant la donation de l'église aux hospitaliers de Jérusalem qui est sous-titrée, ou plutôt « sur-titrée », puisque une inscription latine se déroule dans un phylactère au dessus du tableau [2].
Le circuit des églises à peintures murales
Le Parc naturel régional des Landes de Gascogne propose de découvrir quatre siècles d'art pictural religieux à travers un circuit de sept églises landaises et girondines. Ces fresques particulièrement bien conservées, datant du XVIe siècle pour les plus anciennes, offrent des programmes iconographiques variés.
[1] Lugaut émane du gascon luc, « bois » (du latin lucus, « bois sacré »), et aut, « profond, étendu » (du latin altus).
[2] Cette inscription précise que « Amanieu d'Albret donne cette église avec les dîmes à Dieu et aux hospitaliers de Jérusalem, à perpétuité. Les hospitaliers l'acceptent volontiers ».
- Cabanot (J.), « Notes sur quelques églises à chevet plat du pays de Marsan », Bulletin de la Société de Borda, 1968, p. 135.
- Cabanot (J.), Gascogne romane, éditions Zodiaque, La Pierre-qui-Vire, 1978, p. 40.
- Suau (J.-P.), Gaborit (M.), Peintures murales des églises de la Grande Lande, P.N.R.L.G., éd. Confluences, 1998, p. 35-65.
- Voir un site sur le choeur de Lugaut sur (Landes en vrac)
Roquefort
Roquefort (castrum de Rokefort de Marciano, en 1255), situé sur la via lemovicensis, se présente comme un point stratégique contrôlant la Douze sur la route des Petites Landes.
L'église Notre-Dame-de-l'Assomption, classée aux Monuments Historiques en 1996, présente encore une abside romane semi-circulaire ; elle s'élève contre les murs défensifs de ce bourg déjà important au XIIIe siècle quand les Bénédictins de Saint-Sever y installent un prieuré, séparant l'église par un mur destiné à isoler la partie paroissiale de la partie réservée aux moines.
- Cabanot (J.), Gascogne romane, éditions Zodiaque, La Pierre-qui-Vire, 1978, p. 41.
- Deloffre (R.), Bonnefous (J.), « Les églises fortifiées des Landes », Bulletin de la Société de Borda, 2001, p. 479-480.
Saint-Pierre-du-Mont
Le site primitif de la préfecture landaise se trouve à Saint-Pierre-du-Mont qui se développe au sud-ouest de l'agglomération, sur une hauteur, alors que Mont-de-Marsan s'étale au bord de l'eau [1].
La vieille église romane de ce premier bourg, sous la protection de saint Pierre, est inscrite aux Monuments Historiques en 1953, le chœur et le clocher sont classés en 1963 et l'ensemble en 1969. Autant dire que cet édifice présente de multiples intérêts.
De fait, cet établissement fondé par les moines de Saint-Sever au XIe siècle constituait l'un des trois prieurés que possédait l'abbaye dans les environs.
De l'époque romane il ne subsiste plus qu'un chevet triconque construit à la base en petit appareil dont les trois absides, voûtées en cul de four, encerclent un clocher-tour carré, massif, percé de quatre baies.
Les absides centrale et méridionale et la tour-clocher sont ornées d'un entablement à billettes reposant sur des modillons sculptés aux motifs rappelant ceux de Saint-Sever (copeaux et rouleaux, têtes d'animaux, personnages en buste, étoiles alvéolées et serpents enlaçant des figures).
[1] Mont-de-Marsan est une bastide, fondée en 1133 par Pierre de Marsan, fils de Lop-Aner de Marsan.
- Cabanot (J.), Les débuts de la sculpture romane dans le sud-ouest de la France, Picard, Paris, 1987.
- Cabanot (J.), Gascogne romane, éditions Zodiaque, La Pierre-qui-Vire, 1978, p. 41.
Dans le Brassenx
Ce petit pays ancré au cœur du département englobe les territoires d'Arengosse, Arjuzanx, et Morcenx comprenant l'ancienne lande de Cornalis où se dressait jadis une petite chapelle des Templiers. Il constitue un trait d'union entre la Grande Lande et les « pays de l'Adour ». Sur le passage des pèlerins qui le traversent, deux édifices très anciens retiennent l'attention.
Lesgor
Ce n'est pas une église, c'est une forteresse. L'architecture de l'église Saint-Pierre de ce petit bourg du canton de Tartas-ouest, inscrite aux Monuments Historiques en 1970, est en effet étonnante. Tout y a été conçu pour la défense : contreforts, meurtrières, archères et créneaux, chemin de ronde couronnant la nef et l'abside et tour-donjon carrée.
La puissante bâtisse, l'une des plus imposantes du département, s'élève dans un bel ensemble d'apparence homogène, bien que le chevet du XIIe soit quelque peu antérieur à la nef recouverte d'une très belle charpente en chêne.
Cabanot (J.), Gascogne romane, éditions Zodiaque, La Pierre-qui-Vire, 1978, p. 35.
Ousse-Suzan
Cette commune s'est formée en 1846 par la réunion des paroisses d'Ousse et de Suzan (Sancta Maria de Ose ; Sanctus Johannes de As Susan au cartulaire de Dax, XIe-XIIe s.), aux confins de la Grande Lande, du Marsan et du Brassenx.
À l'écart du bourg, vers l'est, le petit hameau de Suzan se résume en un carrefour autour duquel s'égayent une poignée de maisons, au milieu d'un grand espace vallonné, bordé par un ruisseau servant de décor à une chapelle médiévale dédiée à saint Jean-Baptiste, inscrite aux Monuments Historiques en 1995 [1].
Pourvu d'un étrange porche défensif semi-circulaire datant du XVe siècle précédé d'une galerie à jour rajoutée au XVIIIe siècle, cet oratoire est situé sur un itinéraire jacquaire secondaire menant vers Ostabat.
La partie la plus ancienne est la nef romane du début du XIIe siècle alors que le chœur, construit à la même époque que le clocher-mur (XIIIe siècle) est gothique. Des travaux réalisés en 1981 ont révélé la présence, dans le chœur, de peintures murales d'une grand richesse qui dateraient du début du XVIe siècle.
Dissimulées à proximité, trois fontaines guérisseuses, très fréquentées jadis, n'attirent plus désormais que quelques curieux qui se détachent de la foule rassemblée ici pour la foire de la Saint-Michel. [2]
[1] Le site et les abords de la chapelle sont déjà inscrits depuis 1981.
[2] Des milliers de personnes, locaux mais aussi marchands venus de toute la France, se retrouvent là, à cette date, depuis des siècles. Autrefois les domestiques venaient s'y louer et les bergers y renouvelaient les clochettes de leurs troupeaux (clarinas, trucs, miei-trucs, bascolets, crics, tictics, clacatòts, clarabassas....).
- Suau (B.), Suau (J.-P.), Cabanot (J.), Suzan, les fontaines, le pèlerinage, la foire de Saint-Michel, Association des Amis des Églises Anciennes des Landes, Mont-de-Marsan, 1982.
- Suau (J.-P.), Gaborit (M.), Peintures murales des églises de la Grande Lande, P.N.R.L.G., éd. Confluences, 1998, p. 130-149.
Bibliographie
- Cabanot (J.), Gascogne romane, éditions Zodiaque, La Pierre-qui-Vire, 1978.
- Cabanot et Pon, Chartes et documents hagiographiques de l'abbaye de Saint-Sever (Landes) (988-1359), Comité d'études sur l'histoire et l'art de la Gascogne, Dax, 2010, 2 tomes.
- Cabanot et Pon, Cartulaire de Dax, Liber rubeus (XIe-XIIe s.), Comité d'études sur l'histoire et l'art de la Gascogne, Dax, 2004.
- Cabanot et Pon, Cartulaire de Dax, L'Église et la société dans le diocèse de Dax aux XIe-XIIe siècles. Journée d'études sur le Livre rouge de la cathédrale de Dax, 1er mai 2003, Comité d'études sur l'histoire et l'art de la Gascogne, Dax, 2004.
- Gaborit (M.), Des hystoires et des couleurs. Peintures murales médiévales en Aquitaine, éd. Confluences, Bordeaux, 2002.
- Soussieux (Ph.), Dictionnaire historique des Landes, Études landaises, 2012.
- Suau (J.-P.), Gaborit (M.), Peintures murales des églises de la Grande Lande, P.N.R.L.G., éd. Confluences, 1998.
- Zapata (Francis) et Rousset (Jean-Pierre), Les chemins de Saint-Jacques dans les Landes, Éditions Sud Ouest, Bordeaux, 2002.