Inauguration de l'Arche de la Fraternité à la Défense
26 août 1989
02m 09s
Réf. 00293
Notice
Résumé :
A l'occasion du bicentenaire de la déclaration universelle des droits de l'homme, François Mitterrand inaugure l'Arche de la fraternité à la Défense.
Type de média :
Date de diffusion :
26 août 1989
Personnalité(s) :
Éclairage
La réalisation de ce projet architectural monumental doit permettre la mise en place d'un nouveau bâtiment sur "l'axe historique" de Paris. Cette perspective urbaine rectiligne, symbole du pouvoir, débute au Louvre (le premier véritable palais des rois de France) à partir de la statue équestre de Louis XIV, puis passe par le jardin des Tuileries, la place de la Concorde et son obélisque d'Egypte, l'avenue des Champs Elysées, l'Arc de Triomphe de l'Etoile, l'Avenue de la Grande Armée, la Porte Maillot, puis l'avenue Charles de Gaulle, le pont de Neuilly avant d'atteindre la Défense.
Georges Pompidou puis Valéry Giscard d'Estaing avaient tenté de définir un projet urbain majeur pour la "Tête Défense". Mais aucun de leur projet n'aboutit. En 1971, Ieoh Ming Pei avait proposé le "diapason", sorte d'arc de triomphe renversé, composé de deux tours symétriques reliées par un volume parabolique. Cet ensemble architectural ouvert en son centre permettait de poursuivre la perspective de l'axe historique. La même année, Emile Aillaud propose, avec beaucoup d'ironie, deux immeubles-miroirs qui ferment la perspective. En 1980, Jean Willerval a formulé à son tour une proposition d'immeubles "cristaux" qui n'aboutit pas non plus.
Après son élection, François Mitterrand reprend le dossier et demande à l'EPAD (l'Etablissement Public d'Aménagement de la Défense) de lancer un nouveau concours international d'architecture en juillet 1982. Ce bâtiment doit accueillir un Carrefour de la communication et rassembler sur un site unique l'ensemble des services du ministères de l'équipement (actuel ministère de l'Ecologie, du Développement durable et l'Energie). Le jury du concours est présidé par Robert Lion, le président de la Caisse des dépôts et des consignations. Au terme des discussions, c'est le projet de Grande Arche du danois Johan Otto von Spreckelsen qui est retenu. Cet architecte est un parfait inconnu : il n'a réalisé dans sa carrière que quatre églises et sa propre maison. Il meurt avant même la fin du chantier de la Grande Arche en 1987. Cependant, François Mitterrand adhère immédiatement à ce projet qui "est remarquable par sa pureté, par la force avec laquelle il pose un nouveau jalon sur l'axe historique de Paris et par son ouverture" (communiqué de la présidence du 25 mai 1983). La perspective de l'axe historique reste ainsi définitivement ouverte. Le symbole est fort : un arc de triomphe pour la paix et les droits de l'homme, une fenêtre ouverte sur le monde, un cadre à la Magritte pour regarder le ciel (Martine Morel, « La défense point final », Vingtième Siècle) ou encore une sorte de tour Eiffel du Bicentenaire.
Les travaux débutent en juillet 1985 pour trois ans. 2000 ouvriers, compagnons, artisans et ingénieurs travaillent sous la direction de Von Spreckelsen puis, après sa démission en 1986 pour raison de santé, sous la direction de Paul Andreu. Le bâtiment est un cube évidé, de 110 mètres d'arête, composé de 40 étages. Les dimensions du vide du cube sont de 70 mètres de large et 90 mètres de haut, soit la hauteur de Notre-Dame de Paris avec sa flèche. Ce cube d'environ 300 000 tonnes a été construit sur des vérins hydraulique et des coussins de Néoprène afin de permettre au sous-sol fragile de supporter une telle structure. Ces contraintes nécessitent de faire pivoter l'Arche de 6°33 par rapport à l'axe historique. Ce bâtiment de forme esthétique très simple repose sur des techniques extrêmement complexes. L'Arche est entourée de deux groupes d'immeubles dessinés par l'architecte Jean-Pierre Buffi, nommés Collines nord et sud. Enfin, Von Spreckelsen ajoute "le nuage" au centre du cube (un ensemble de toiles suspendues entre 12 et 22 mètres du sol), un élément fantaisiste afin de contre-balancer les formes géométriques rigoureuses du bâtiment. Le peintre Jean Dewasne réalise deux immenses peintures abstraites sur le pilier sud de l'Arche et sur les coursives.
Du 14 au 16 juillet 1989, le sommet du G7 inaugure officiellement la Grande Arche de la défense. Cette arche monumentale doit accueillir dans les mois suivants le ministère de l'Equipement. Le projet de Carrefour de la Communication est abandonné depuis 1986. Le Bicentenaire de la Révolution permet de faire émerger un nouveau projet, celui d'une fondation de l'Arche de la Fraternité qui s'installe dans le toit de l'Arche. Cette fondation, présidé par Claude Cheysson, est inauguré par François Mitterrand le 26 août 1989, date du Bicentenaire de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen. Cette fondation a pour but de promouvoir les droits de l'homme dans le monde. Après un long feuilleton judiciaire (affaire de népotisme, gestion défaillante, malversation), la fondation est dissoute en 2008.
Cette Arche de la Fraternité est le parachèvement symbolique de l'un des plus grands pôles tertiaires d'Europe. Elle affirme dans le coeur géographique de l'économie française les valeurs morales que veut défendre la France dans le monde. C'est ce que rappelle François Mitterrand dans son discours : "Ne transigez pas sur le droits des peuples à disposer d'eux-mêmes". La soirée de lancement de la fondation se poursuit en musique sur le parvis de la Grande Arche (Maxime le Forestier, Jacques Higelin, Khaled, Manu Dibango).
Georges Pompidou puis Valéry Giscard d'Estaing avaient tenté de définir un projet urbain majeur pour la "Tête Défense". Mais aucun de leur projet n'aboutit. En 1971, Ieoh Ming Pei avait proposé le "diapason", sorte d'arc de triomphe renversé, composé de deux tours symétriques reliées par un volume parabolique. Cet ensemble architectural ouvert en son centre permettait de poursuivre la perspective de l'axe historique. La même année, Emile Aillaud propose, avec beaucoup d'ironie, deux immeubles-miroirs qui ferment la perspective. En 1980, Jean Willerval a formulé à son tour une proposition d'immeubles "cristaux" qui n'aboutit pas non plus.
Après son élection, François Mitterrand reprend le dossier et demande à l'EPAD (l'Etablissement Public d'Aménagement de la Défense) de lancer un nouveau concours international d'architecture en juillet 1982. Ce bâtiment doit accueillir un Carrefour de la communication et rassembler sur un site unique l'ensemble des services du ministères de l'équipement (actuel ministère de l'Ecologie, du Développement durable et l'Energie). Le jury du concours est présidé par Robert Lion, le président de la Caisse des dépôts et des consignations. Au terme des discussions, c'est le projet de Grande Arche du danois Johan Otto von Spreckelsen qui est retenu. Cet architecte est un parfait inconnu : il n'a réalisé dans sa carrière que quatre églises et sa propre maison. Il meurt avant même la fin du chantier de la Grande Arche en 1987. Cependant, François Mitterrand adhère immédiatement à ce projet qui "est remarquable par sa pureté, par la force avec laquelle il pose un nouveau jalon sur l'axe historique de Paris et par son ouverture" (communiqué de la présidence du 25 mai 1983). La perspective de l'axe historique reste ainsi définitivement ouverte. Le symbole est fort : un arc de triomphe pour la paix et les droits de l'homme, une fenêtre ouverte sur le monde, un cadre à la Magritte pour regarder le ciel (Martine Morel, « La défense point final », Vingtième Siècle) ou encore une sorte de tour Eiffel du Bicentenaire.
Les travaux débutent en juillet 1985 pour trois ans. 2000 ouvriers, compagnons, artisans et ingénieurs travaillent sous la direction de Von Spreckelsen puis, après sa démission en 1986 pour raison de santé, sous la direction de Paul Andreu. Le bâtiment est un cube évidé, de 110 mètres d'arête, composé de 40 étages. Les dimensions du vide du cube sont de 70 mètres de large et 90 mètres de haut, soit la hauteur de Notre-Dame de Paris avec sa flèche. Ce cube d'environ 300 000 tonnes a été construit sur des vérins hydraulique et des coussins de Néoprène afin de permettre au sous-sol fragile de supporter une telle structure. Ces contraintes nécessitent de faire pivoter l'Arche de 6°33 par rapport à l'axe historique. Ce bâtiment de forme esthétique très simple repose sur des techniques extrêmement complexes. L'Arche est entourée de deux groupes d'immeubles dessinés par l'architecte Jean-Pierre Buffi, nommés Collines nord et sud. Enfin, Von Spreckelsen ajoute "le nuage" au centre du cube (un ensemble de toiles suspendues entre 12 et 22 mètres du sol), un élément fantaisiste afin de contre-balancer les formes géométriques rigoureuses du bâtiment. Le peintre Jean Dewasne réalise deux immenses peintures abstraites sur le pilier sud de l'Arche et sur les coursives.
Du 14 au 16 juillet 1989, le sommet du G7 inaugure officiellement la Grande Arche de la défense. Cette arche monumentale doit accueillir dans les mois suivants le ministère de l'Equipement. Le projet de Carrefour de la Communication est abandonné depuis 1986. Le Bicentenaire de la Révolution permet de faire émerger un nouveau projet, celui d'une fondation de l'Arche de la Fraternité qui s'installe dans le toit de l'Arche. Cette fondation, présidé par Claude Cheysson, est inauguré par François Mitterrand le 26 août 1989, date du Bicentenaire de la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen. Cette fondation a pour but de promouvoir les droits de l'homme dans le monde. Après un long feuilleton judiciaire (affaire de népotisme, gestion défaillante, malversation), la fondation est dissoute en 2008.
Cette Arche de la Fraternité est le parachèvement symbolique de l'un des plus grands pôles tertiaires d'Europe. Elle affirme dans le coeur géographique de l'économie française les valeurs morales que veut défendre la France dans le monde. C'est ce que rappelle François Mitterrand dans son discours : "Ne transigez pas sur le droits des peuples à disposer d'eux-mêmes". La soirée de lancement de la fondation se poursuit en musique sur le parvis de la Grande Arche (Maxime le Forestier, Jacques Higelin, Khaled, Manu Dibango).
Félix Paties
Transcription
Présentatrice
C’était donc le 26 août 1789, la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, célébrée aujourd’hui très officiellement, comme il se doit, par le Président de la République, lors de l’inauguration à la Défense de la Fondation de l’Arche de la Fraternité. Un lieu symbolique où se réunissaient tous ceux qui oeuvrent dans la lignée du texte de 89 pour la défense des Droits de l’Homme dans le monde, Florence Bouquillat.Florence Bouquillat
Il fallut un mois de débat à l’Assemblée Nationale constituante pour adopter le 26 août 1789 la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. 200 ans plus tard, l’acte 2 du bicentenaire de la Révolution Française est dignement fêté avec comme point d’orgue l’inauguration de la Grande Arche de la Défense. Cette Arche de la Fraternité abritera la Fondation de Claude Cheysson, ancien ministre des relations extérieures, François Mitterrand a inauguré ce soir cette sorte de Tour Eiffel du bicentenaire.François Mitterrand
Affirmez-vous comme les mainteneurs obstinés de la tradition qui refusent et condamnent les violations des Droits de l’Homme ; qu’il s’agisse du racisme, des dictateurs ivres de leur pouvoir, des terroristes preneurs d’otages ou de la volonté de domination d’un État sur un autre. Ne transigez pas sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, projection à l’échelle du monde des droits de l’individu proclamé par notre révolution ; et soyez fiers de ce que la Déclaration Universelle de 1948 s’inscrive dans le droit fil de la Déclaration du 26 août et transpose dans l’ordre international les libertés fondamentales que définirent nos ancêtres.(Musique)
Florence Bouquillat
Couronnement de ce jour d’exception, la soirée était placée sous le double signe de la musique et de la fraternité. Maxime Leforestier, Jacques Higelin, Barbara Hendricks, Manu Dibango, Cheb Khaled, et d’autres encore chantent le Droit de l’Homme en ce moment même sous la Grande Arche de la Défense.(Musique)