L'aménagement du littoral vendéen

10 juillet 1974
07m 05s
Réf. 00236

Notice

Résumé :
Le littoral vendéen est à la croisée des chemins. L'ALCOA (Aménagement du littoral centre-ouest atlantique) étudie son aménagement pour les années à venir, avec les élus locaux et l'Etat. Il en ressort la nécessité de promouvoir le tourisme en préservant l'économie, tout en tirant les leçons des aménagements déjà réalisés, à Saint Jean de Monts par exemple.
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Date de diffusion :
10 juillet 1974
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Éclairage

Le schéma d'Aménagement du Littoral Centre Ouest Atlantique (ALCOA) a été décidé par le Ministère de l'Équipement en novembre 1971. La rapidité de la croissance touristique des années 1960 avait en effet rendu urgente la nécessité d'une réflexion sur ce phénomène. Il s’agissait de développer des visions prospectives sur les évolutions possibles du littoral vendéen et de définir une politique d'aménagement à long terme. En 1974, les travaux de la mission permettaient de tirer un premier bilan des opérations menées par la Société d’Aménagement de la Côte de Monts (SACOM), qui avaient porté la capacité d’accueil des deux communes de Saint-Jean et Notre-Dame de Monts à près de 85 000 lits pour une population permanente de 5 500 habitants.
Le constat posé en 1974 est celui d’un développement anarchique, gros consommateur d’un foncier vierge (dunes, forêts) destiné à l’accueil d’une population présente seulement 3 à 4 mois avec un pic de 50% de fréquentation estivale en août. Sans que l’arrière-pays rural n’en retire le moindre bénéfice, le littoral du département a connu une croissance annuelle de 7% de sa capacité d’accueil dans les années 1960. Au moment où l’on réalise ce bilan, l’habitat collectif, privilégié sur la côte de Monts, subit ses premières critiques organisées, dans un contexte d’émergence de la pensée politique écologiste et après que l’on ait procédé à la création du premier Ministère de l’environnement (1971).
L’ALCOA diagnostique alors les risques que fait peser la poursuite de ce mode de développement sur le littoral vendéen. Sur cette côte, le foncier est atomisé, hérité d’une petite polyculture marquée par la pluriactivité (travail de la terre, activité de pêche, artisanat, services) des exploitants. Les parcelles de bord de mer sont modestes tout comme le sont leurs propriétaires, faciles à convaincre de vendre leur bien à des promoteurs. La doctrine portée par Olivier Guichard, maire de La Baule et ministre de l’Equipement (1972-1974), consiste alors à rééquilibrer les choses. L’engagement est pris de mieux répartir les efforts entre littoral et arrière pays, en préservant certaines zones des effets de la construction d’immeubles collectifs ou de pavillons. C’est tout le sens du discours prononcé lors de la visite qu’il mène en Vendée en 1973, prenant acte du fait que les permis de construire délivrés cette année là sur le littoral du département sont 6 fois plus nombreux qu’en 1960.
En 1975, avec la création du Conservatoire du Littoral, les intentions politiques trouvent un début de réalisation. A travers l’action de cette institution, l’Etat se fixe pour mission de soustraire une partie du linéaire côtier aux appétits du marché. Successivement, des achats seront réalisés à Brétignolles sur mer ou à la pointe du Payré. Il s’agit aussi de promouvoir un développement moins uniforme, conciliant la préservation des activités traditionnelles (agriculture, ostréiculture, pêche), le développement d’une économie résidentielle confinée dans des bornes plus strictes et le développement de nouvelles infrastructures de loisirs (plans d’eau et ports de plaisance). Choisie comme zone d’expérimentation, le littoral de Talmont-Saint-Hilaire figure bien les résultats de cette phase d’aménagement planifié avec son port de plaisance (Port-Bourgenay ouvert en 1985), sa zone ostréicole (estuaire du Payré) et les plages de Jard sur mer toutes proches du bois du Veillon, espace protégé par le Conservatoire du Littoral.
Thierry Sauzeau

Transcription

Intervenant 1
Je pense qu’il faut arriver à concilier la sauvegarde et le développement.
Journaliste
Aménager et sauvegarder, ce sont évidemment les deux mots-clés, dont l’équilibre reste précisément à définir. Le problème pour la Vendée, dont le littoral n’est pas précisément le secteur économiquement fort est d’associer autant que faire se peut, zone côtière et arrière pays. Un schéma directeur est à l’étude dans les bureaux de l’ALCOA, c’est-à-dire de la mission d’Aménagement du Littoral Centre Ouest Atlantique. La base de l’action, les élus locaux ont été contactés et se sont prononcés pour une solution économie et tourisme. En d’autres termes, l’ALCOA est chargé de mettre sur pied une politique destinée à promouvoir le tourisme tout en préservant l’économie.
Intervenant 2
Alors actuellement, le développement touristique auquel nous assistons, qui est en fin de compte le phénomène le plus important pour nous ; puisque ce sera quand même celui de la dynamique qui soutient des activités du bâtiment ; nous pouvons déplorer son développement anarchique en particulier avec un développement linéaire le long des routes, une tendance à s’approcher, à approprier le littoral. Et ce qui nous inquiète aussi considérablement, une pression sur les forêts.
Journaliste
Exemple le plus connu d’aménagement sur le littoral vendéen, Saint-Jean-de-Monts, 5 275 habitants en janvier, plus de 80 000 au mois d’août. Depuis 1969, date du premier chantier, 1500 logements ont été construits, 850 en collectif, immeubles du front de mer ; 650 individuels, aménagés en village dans les dunes et les bois de pins. D’ici, à 1980, 2 000 logements seront encore édifiés.
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(bruit)
Intervenant 3
Saint-Jean a vu par nécessité, s’est vu par nécessité augmenter son accueil touristique, et pour ça, il fallait faire quelque chose, la SACOM s’est trouvée là pour le faire. Et la SACOM s’est trouvée là heureusement parce que les communes ne pouvaient pas le faire toutes seules.
Intervenant 4
Il nous a paru absolument absurde de mobiliser le rivage, le bord de mer, si ce n’était pas pour faire profiter de la vue le plus grand nombre possible de personnes. Ce qui vous explique ces constructions hautes en bord de mer, que nous avons voulu d’ailleurs discontinues de forme courbe aussi bien en élévation qu’en plan de façon à éviter la barrière de béton. Mais par contre, que nous avons voulu suffisamment grandes et suffisamment denses pour qu’elles permettent à un grand nombre de personnes, un grand nombre de familles de venir y habiter.
Intervenant 5
Et sur le plan d’aménagement de la côte vendéenne, je pense que c’est la seule opération de cette envergure ; et qui a permis d’ailleurs de modérer des appétits et aussi de faire qu’on n’a pas réalisé n’importe quoi.
Journaliste
Pour l’instant effectivement Saint Jean de Monts est unique en son genre, mais une grande partie de la côte vendéenne présente une similitude de base. Longue plage de sable fin, bordée de dunes et de bois de pins. L’ensemble est divisé en parcelles et la plupart de celles-ci sont à vendre. Là comme ailleurs, le premier souci du client est d’être le plus près possible de la mer. La construction de ce fait reste linéaire à la côte. L’ALCOA a lancé projet sur ces cartes, les moyens de réagir.
Intervenant 2
Les grandes options que nous allons suivre, nous les avons résumées sur quatre points. Répartir les fonctions sur le littoral. Offrir des choix quant aux loisirs. Créer des emplois permanents et essayer de promouvoir une politique foncière disposant des moyens financiers nécessaires. D’abord, répartir les fonctions sur le littoral. Nous pensons qu’il convient de réserver des espaces futurs pour accéder à la mer.
Olivier Guichard
Et ça je crois que c’est très important, car vous savez que la France a 3 500 km de côte. Et si on réfléchit, on s’aperçoit qu’il suffirait de 140 000 maisons ayant 25 mètres de façade pour aveugler entièrement la côte française.
Intervenant 2
Ensuite, offrir des choix quant aux loisirs. Nous sentons très bien que nous nous tournons vers un tourisme beaucoup plus actif, qui sera donc consommateur tant d’équipements nautiques que d’équipements terrestres. Alors, créer des emplois permanents, soit en développant des pôles économiques comme Les Sables-d’Olonne, Saint-Gilles pour la Vendée, Pornic ; soit en essayant dans le Pays de Retz d’étendre vers les effets de sous-traitance à partir du pôle économique de la Basse-Loire ; soit en associant les pôles économiques de la côte avec les pôles économiques des petites villes de l’intérieur c’est-à-dire Challans, La Roche-sur-Yon ou Luçon. Ensuite, et je crois que c’est ça l’essentiel, c’est appliquer et essayer de promouvoir une politique foncière disposant des moyens financiers nécessaires. Parce que je pense qu’on peut toujours, à travers les plans d’urbanisme, prévoir une politique contraignante, de prévoir une politique de réserve. En fait, le seul moyen d’être efficace c’est d’avoir une politique foncière qui permet d’acheter les terrains.
Olivier Guichard
Il faut que l’Etat dans cette affaire intervienne, pourquoi ? Parce que les communes et les départements quelquefois n’ont pas les moyens de le faire. Je souhaite donc que l’Etat, par l’intermédiaire du conservatoire du littoral, puisse acquérir des terrains routiers, pour non pas les neutraliser, sinon sur le plan de la construction, car il est évident que les terrains qui sont achetés seront inconstructibles. Mais pour permettre, par des conventions avec les communes ou les départements, de les protéger bien sûr et de les organiser par exemple à travers des bases de loisirs et de plein air.
Journaliste
L’application possible du schéma vendéen, le projet d’aménagement de la région de Talmont à quelques kilomètres au sud des Sables-d’Olonne. Trois petits pôles d’activité, un espace rural à préserver, une économie de base, l’ostréiculture à développer. Le projet est prêt, il a même été soumis et présenté aux maires qui pour l’instant lui ont réservé un accueil intéressé.
Intervenant 2
Alors, l’essentiel de ce projet, justement par opposition à cette urbanisation linéaire et au contraire d’arrêter l’urbanisation le long de la côte, est de bloquer le développement autour de trois pôles fort. D’abord, le pôle du Bourgenay avec un projet de port de plaisance. Ce projet d’ailleurs est actuellement très avancé du côté opérationnel ; ensuite un renforcement de l’agglomération de Talmont qui avec son château présente un caractère historique très intéressant. Nous avons prévu en particulier sur le Talmont, dans ce pays de Talmont la création d’un plan d’eau avec des possibilités d’équipements sportifs. Et ensuite le troisième pôle, c’est la petite cité de Jard-sur-Mer qui dispose actuellement d’ailleurs d’un petit port de plaisance. Dans ce coin, nous avons un autre problème assez intéressant à soulever, c’est que c’est un secteur d’ostréiculteurs et nous avons donc le problème de la protection des activités ostréicoles.