Plombières-les-Bains fête le 150e anniversaire de l'entrevue entre Napoléon III et Cavour
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A l’occasion du 150e anniversaire de la rencontre de Plombières-les-Bains (Vosges) entre Napoléon III et Cavour en 1858, la ville célèbre par des expositions, des conférences et des reconstitutions le souvenir de cet évènement. Différents intervenants donnent leur avis sur cette entrevue et son rôle dans l’unification de l’Italie.
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Date de publication du document :
08 déc. 2021
Date de diffusion :
19 juil. 2008
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Contexte historique
ParProfesseur agrégé d’histoire au Lycée international Jeanne-d’Arc, Nancy
Depuis 1856, l’Empereur Napoléon III passe une partie de l’été dans la station thermale de Plombières dans les Vosges. Il y mène secrètement une diplomatie toute personnelle, sans informer son gouvernement, qui vise à remettre en cause l’ordre international établi lors du Congrès de Vienne de 1815. Le soutien à l’unification de l’Italie, dont les modalités sont alors discutées, est au cœur de cette politique de puissance d’un Napoléon III qui se veut le chantre de la lutte pour la liberté des nations.
Après la défaite du Piémont-Sardaigne contre l’Autriche en 1849, le roi Victor-Emmanuel II et son premier ministre Cavour cherchent des alliés. L’Autriche contrôle alors une grande partie du nord de la péninsule italienne, morcelée entre de nombreux Etats. Le Piémont, qui aspire à unifier l’Italie, se tourne vers Napoléon III qui y a vécu et a manifesté sa sympathie pour la cause nationale. Les Piémontais commencent par s’engager aux côtés de la France et de ses alliés dans la guerre de Crimée contre la Russie, gagnant ainsi voix au chapitre au Congrès de Paris en 1856. Ils font tout pour rassurer les Puissances sur le caractère non révolutionnaire de ce mouvement du Risorgimento (réveil) pour lequel luttent des plus radicaux comme Mazzini. Cavour tente d’influencer Napoléon III en chargeant la comtesse de Castiglione de devenir sa maîtresse, mission dont elle s’acquitte, afin de le persuader d’agir, apparemment sans succès. Paradoxalement, l’attentat contre l’Empereur de janvier 1858, organisé par Orsini, révolutionnaire italien, va accélérer les décisions. Napoléon III se persuade qu’en aidant le Piémont, il permettra à l’Italie de lutter contre l’Autriche sans relancer de vague révolutionnaire.
En 1857, une première entrevue secrète a eu lieu à Plombières avec un envoyé personnel de Cavour, le comte de Salmour. L’expérience est renouvelée les 21 et 22 juillet 1858, cette fois-ci avec Cavour. L’entrevue est organisée par le docteur Conneau, médecin de l’Empereur et défenseur de la cause italienne, et Nigra, envoyé parallèle de Cavour à Paris.
Sur le fond, les deux pays se mettent d’accord sur une alliance défensive et offensive contre l’Autriche dont ils discutent les modalités pratiques, en particulier le financement. Ils parlent aussi de l’avenir territorial et politique de la péninsule. L’Empereur n’envisage pas d’autre unification que dans le cadre d’une confédération présidée par le Pape qui laisse quasiment intact son pouvoir temporel donc ses territoires. Il soutient le rattachement au Piémont des territoires septentrionaux pris aux Autrichiens. Pour le sud, il ne souhaite pas la disparition du royaume des Deux-Siciles, mais éventuellement l’abdication des Bourbons au profit des descendants de Murat. En apparence, Napoléon III fait donc prévaloir son point de vue. Cavour semble lui donner raison mais a d’autres projets territoriaux : il souhaite unifier toute l’Italie. Ces questions sont renvoyées à plus tard pour les détails, tout comme la contrepartie que constitue le rattachement de Nice et de la Savoie à la France.
Le traité franco-sarde, qui entérine ces discussions, est signé à Turin le 26 janvier 1859 en lien avec le mariage du prince Napoléon et de la fille de Victor-Emmanuel. Mais après avoir laissé filtrer ses intentions et ainsi révélé le contenu des discussions de Plombières, Napoléon III semble de nouveau tergiverser. La plupart des catholiques français s’opposent à l’enclenchement d’une mécanique qui pourrait signifier la fin des Etats du Pape. Or Napoléon III a absolument besoin de leur soutien politique. Il faudra la maladresse de l’Autriche, dans un contexte de tension, pour que la France soit en droit d’intervenir en mai 1859.
Les victoires difficiles et coûteuses en hommes de Magenta et Solférino permettent à Napoléon III d’affirmer sa puissance en Europe et de s’ériger en libérateur de la nation italienne sous le joug autrichien, ce qui renforce son prestige auprès des Italiens. Mais il ne souhaite pas poursuivre et signe avec l’Autriche l’armistice de Villafranca. L’alliance scellée à Plombières n’a donc que partiellement fonctionné. Il faudra les insurrections dans le centre et l’expédition de Garibaldi dans le sud pour que l’unité de toute l’Italie se fasse autour du Piémont. De libérateur, Napoléon III est devenu pour les Italiens, dont le royaume est proclamé le 17 mars 1861, un obstacle à l’unité en les empêchant de s’emparer de Rome pour en faire leur capitale.
Éclairage média
ParProfesseur agrégé d’histoire au Lycée international Jeanne-d’Arc, Nancy
Le reportage peut constituer une entrée en matière intéressante pour étudier la participation du Second Empire à la marche vers l’unité italienne et le contexte du rattachement de Nice et la Savoie à la France. Diffusé dans le journal du soir de Lorraine-Champagne-Ardenne, il est tourné à l’occasion de la célébration du 150e anniversaire de l’entrevue, en juillet 2008. Expositions, conférences et animations sont organisées par la ville pendant ce week-end de commémoration. Le lancement mentionne une « célébration franco-italienne » et il est probable que des représentants italiens aient participé à l’évènement même s’ils n’apparaissent pas ici. Les rues de la ville sont pavoisées aux couleurs actuelles des deux pays. On entrevoit brièvement les plaques de la place Napoléon III et de la rue Cavour, signe que la mémoire locale de l’évènement se prolonge au début du XXIe siècle. S’il y a bien une mémoire française de l’évènement, la mémoire italienne n’est évoquée qu’indirectement lors de l’entretien avec l’historien David Chantranne, Vosgien et spécialiste de l’Empire napoléonien. Pourtant, les événements troublés de l’année 1859 qui ont conduit à la création du Royaume d’Italie ont laissé un goût amer aux Italiens en raison des désaccords apparus avec la France au cours de la guerre. L’entrevue de Plombières n’est bien sûr pas absente des livres d’histoire en Italie mais n’est pas particulièrement mise en avant dans la mémoire italienne du Risorgimento. Elle n’est sans doute pas l’équivalent de la « prise de la Bastille » pour les Italiens qu’évoque David Chanteranne dans l’interview.
Le reportage n’entre pas dans les détails sur la teneur des entretiens entre Napoléon III et Cavour. Lors de son lancement, la présentatrice affirme que « c’est là que serait né le projet de réunification du pays ». David Chantranne semble également accréditer l’idée que tout se serait joué à Plombières, parlant à juste titre de « moment fondateur de l’unité italienne » mais annonçant que les deux hommes « se sont entendus pour qu’enfin, l’unité italienne puisse exister ». C’est sans doute l’intention de Cavour mais non celle de Napoléon III, beaucoup plus prudent.
La mention du camp de Châlons permet d’aborder l’histoire de ce site de 10 000 hectares situé à Mourmelon dans la Marne. Il s’agit d’un camp de manœuvres militaires utilisé pendant les mois d’été à partir de 1857. Lieu d’entraînement pour les troupes impériales, il a également constitué un outil de propagande napoléonienne, relayée par la photographie naissante. Des clichés célèbres de Gustave Le Gray montrent l’Empereur et les nombreuses troupes à l’exercice. Le reportage permet d’entrevoir les uniformes de certaines de ses troupes portés par des bénévoles de l’association des « Arquebusiers de l’Est » dont « Passepoil », qui a revêtu un uniforme de zouave. Ce corps, créé en 1830, est typique des combats du Second Empire pour son rôle joué en Crimée (Alma) et en Italie. On aperçoit également des gardes impériaux, des fantassins et des artilleurs. Précisons qu’il ne s’agit pas d’arquebusiers mais de membres de l’association des « Arquebusiers de l’Est ».
Les festivités permettent d’animer la ville au son du canon et de la musique militaire grâce aux associations de reconstitution historique. Le reportage offre un aperçu intéressant d’un évènement qui rassemble des groupes et des individus aux motivations différentes : recherche historique, passion personnelle, animation festive, développement touristique et économique, diplomatie et coopération.
Précisons que d’autres commémorations ont eu lieu par le passé à Plombières, notamment en 1988, et que la mémoire des passages de Napoléon III en tant que curiste est mentionnée régulièrement dans la ville et dans la communication touristique. En 2018, à l’occasion du 160e anniversaire de l’entrevue, Plombières-les-Bains a officialisé son jumelage avec Santena, ville où a vécu et est enterré Cavour.
Transcription
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