La reconversion de la mine de Petite-Rosselle en Lorraine

Les mines de charbon de Lorraine, jugées peu rentables en raison d’une extraction toujours plus profonde et confrontées à la concurrence des pays étrangers, ferment progressivement à partir des années 1960. Dans la région, la dernière mine à cesser la production est celle de la Houve à Creutzwald en 2004. A une quinzaine de kilomètres, à Petite-Rosselle, dans le bassin de Forbach, les cinq puits des carreaux Wendel et Vuillemin sont fermés entre 1962 et 2001. Ainsi prennent fin deux siècles d’histoire industrielle pour le bassin houiller lorrain.

Sur le site des carreaux Wendel et Vuillemin, propriété d’une des grandes familles de maîtres de forge lorrains, le premier puits entre en fonction en 1862. Dans les deux fosses, trois autres puits sont foncés jusqu’en 1889, le cinquième est mis en service en 1953, alors que les puits du XIXe siècle sont modernisés. Le charbon est prioritairement destiné à alimenter les usines sidérurgiques de la famille Wendel, dont celle notamment de Stiring-Wendel. La main d’œuvre est logée dans les cités ouvrières que la famille a faites construire à Petite-Rosselle. Après la Seconde guerre mondiale, les besoins en charbon sont considérables et la production en Lorraine augmente fortement dans le cadre de la bataille du charbon. Le bassin compte jusqu’à plus de cinquante puits en fonction. La production triple en moins de dix ans. Nationalisé en 1946, le siège Wendel passe sous le contrôle des Houillères du bassin de Lorraine. Au plus fort de l’exploitation, en 1960, 5000 mineurs descendent chaque jour sur le carreau et extraient 10 000 tonnes de charbon.

Dès 1985 un centre de culture scientifique, technique et industrielle (CCSTI)  est créé, regroupant des particuliers, des associations de conservation du patrimoine et des représentants de l’Etat afin de sauvegarder et mettre en valeur les sites miniers lorrains. En 1991, est prise la décision de réaliser un musée sur les anciens carreaux Wendel et Vuillemin, avec l’aide du Syndicat mixte du musée de la Mine, créé par la communauté d’agglomération de Forbach et la communauté de communes de Freyming Merlebach. Le projet rassemble le syndicat mixte, l’Etat, la région Lorraine et le département de la Moselle. Les objectifs sont de sauvegarder et valoriser le site, préserver la mémoire, participer au développement de la région et à l’aménagement du territoire, et devenir un pôle important du tourisme industriel. Le site est inscrit à l’inventaire des monuments historiques en 1998. 

Le musée « La Mine Wendel » ouvre en 2006. Le musée « Les Mineurs » est inauguré en 2012. Le Parc Explor Wendel est conçu comme un lieu de loisirs et de culture, accessible à tous, avec plusieurs espaces de visites permettant la découverte d’un ancien espace productif caractéristique de l’industrie lourde: une présentation de la vie quotidienne des mineurs dans l’ancien bâtiment administratif (salle des pendus, douches, lampisterie, infirmerie, bureau des plaques), la reconstitution d’une mine et des différentes méthodes d’extraction dans un bâtiment d’architecture contemporaine, et des espaces extérieurs avec l’esplanade où sont visibles les infrastructures de surface du carreau de mine, l’ancien terril, le lavoir devenu une salle d’expositions et de spectacles, une cafétéria, mais aussi de nombreux itinéraires pédestres et pistes cyclables.

Le reportage et son analyse prennent leur place dans les programmes d’histoire pour l’étude de la révolution industrielle au XIXe siècle, « la bataille du charbon » et la nationalisation des entreprises stratégiques après la Seconde guerre mondiale, et la crise économique à partir des années 1960. La réflexion sur la reconversion d’un espace productif et le rôle des collectivités territoriales peut aussi servir de point d’appui pour un cours de géographie.

Consacré au Parc Explor Wendel à Petite-Rosselle, dans l’agglomération de Forbach, à la frontière de l’Allemagne, ce reportage a été diffusé dans le journal télévisé de France 3 Lorraine, le 23 avril 2018. Le sujet du reportage - le carreau Wendel- s’explique par l’interrogation portée à la situation et au devenir du patrimoine industriel local, alors que quatorze ans auparavant fermait la dernière mine de charbon lorraine, sur le site de la Houve à Creutzwald, à une quinzaine de kilomètres. La comparaison de Petite-Rosselle avec, d’une part, le site de Völklinger Hütte dans la Sarre et, d’autre part, les deux hauts fourneaux de Belval au Luxembourg met en évidence la différence de moyens financiers pour la reconversion touristique. Ainsi, l’ancien complexe sidérurgique allemand, classé au Patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco, est devenu un véritable pôle d’attractivité économique avec 500 000 visiteurs par an, alors que le site de Petite-Rosselle peine à devenir un moteur du développement économique et touristique comme le soulignent les journalistes. 

Le reportage de France 3 utilise à la fois des images d’archives et des séquences récentes tournées sur les sites des carreaux Wendel-Vuillemin et de l’usine de Völklingen. Les interviews du président du syndicat du musée de la mine, de la directrice du musée, d’un ancien mineur devenu guide, du PDG du patrimoine culturel mondial Völklinger Hütte et du sociologue Piero Galloro, de l’université de Lorraine, mettent en évidence les différents acteurs du projet, les enjeux financiers, les investissements prévus et les dynamiques transfrontalières.