La France demeure l'un des rares pays d'Europe à ne pas avoir ratifié la charte européenne des langues régionales ou minoritaires adoptée en 1992. En cause, l’article deux de la constitution de la Cinquième République selon lequel « la langue de la République est le français ».
Le reportage emmène à la rencontre de deux linguistes lorrains pour tenter de comprendre à quoi correspond l’accent lorrain ou plutôt les accents lorrains et comment ces derniers se répartissent et se différencient à travers l’espace régional.
Le patois roman témoigne de la diversité linguistique du territoire alsacien résultante de la diversité et de la complexité de son peuplement depuis la préhistoire. Tout comme pour les dialectes alsaciens, le nombre de ses locuteurs décline au fil des années et il n’est pratiqué plus que par une minorité vieillissante.
A l’occasion de la tenue des premières assises nationales des langues de France en 2003 à Paris, l’émission-débat s’intéresse aux perspectives de reconnaissance et de valorisation des langues régionales, tels le platt lorrain et le champenois.
La Champagne et les Ardennes offrent des conditions idéales pour développer l’énergie éolienne et les projets se multiplient. Enedis adapte donc ses installations à cette nouvelle source d’énergie locale qui fait de la région une exportatrice d’électricité.
Face au fléau social du chômage de longue durée, la région de Toul cherche des solutions en s’appuyant sur un dispositif expérimental, les ‘’Territoires zéro chômeur de longue durée’’. Le reportage revient sur la genèse du projet et en dresse un bilan après cinq années d’existence en interrogeant tous les acteurs de la lutte.
Maire des Voivres depuis plus de 30 ans, Michel Fournier témoigne de son action locale et nationale au service de la ruralité, et montre que des initiatives peuvent contribuer à maintenir des activités et des habitants dans les villages. Il est aussi le symbole de l’engagement fort de citoyens au service de leurs concitoyens et de leur territoire.
Convaincu de la nécessité de participer à la transition énergétique et d’aller vers l’autonomie, la mairie de Griesheim-sur-Souffel a fait le choix de miser sur le photovoltaïque pour ses bâtiments communaux et veut convaincre les particuliers de s’équiper.
Ce reportage présente les différents projets réalisés par Rachel Paillard, maire de la commune viticole de Bouzy, afin de dynamiser cette dernière, pour ne pas voir sa population baisser. Cette politique volontariste a permis à la commune de décrocher de nombreux labels, dont celui de pôle d’excellence rurale.
Le reportage présente l’émergence du pôle bioéconomie de Pomacle Bazancourt, comprenant une unité de production de biocombustible de nouvelle génération dénommée HPCI Black pellet et une centrale de cogénération biomasse, fruit de plus de 10 ans de recherches de la société européenne de biomasse.
Le reportage de France 3 montre comment la filière agricole de la Champagne cherche à développer de nouveaux débouchés non-alimentaires en investissant dans la recherche sur les agro-ressources, contribuant ainsi à la transition vers une économie décarbonée. Le site de Pomacle-Bazancourt est à la pointe de ces innovations.
Le site de Pomacle-Bazancourt dans la Marne est devenu un des grands pôles européens de recherches sur les produits biosourcés, en particulier dans le secteur des bio-énergies. Cette réussite repose sur un travail en synergie entre laboratoires de recherches, entreprises innovantes et coopératives agricoles.
Ce sujet présente « Inpirama », une exposition sur les brevets d’invention, organisée par l'Institut National de la Propriété Intellectuelle, l'Académie Lorraine des Sciences, le Centre Image Lorraine en mettant l’accent sur 35 brevets déposés par des entreprises lorraines en 220 ans.
Les combats de la poche de Colmar ont marqué les esprits et les paysages alsaciens, suscitant l’intérêt de passionnés qui se sont employés à en faire vivre le souvenir. Ce fut le cas de Christian Burgert et Gérard Terni, collectionneurs à l’origine du Musée Mémorial des combats de la poche de Colmar qui a ouvert ses portes à Turckheim en 1994, aujourd’hui lieu important du tourisme de mémoire.
Commémoration du 50e anniversaire de la libération du camp de concentration de Natzweiler-Struthof, seul camp d'extermination nazi sur le sol français, situé dans en Alsace. Ce sont près de 40 000 personnes qui ont été détenues dans ce camp, près de 10 000 y ont perdu la vie. Au 50ème anniversaire de leur retour, des rescapés se recueillent et témoignent sur les lieux de leur martyr.
Le 9 février 1945, la poche de Colmar a été définitivement libérée après plusieurs mois de combats intenses entre les Alliés franco-américains et la Wehrmacht. L’évacuation allemande est d’autant plus symbolique que la région a été annexée de facto à l’Allemagne nazie en 1940 et qu’il s’agit d’y rétablir la souveraineté française.
IMPRIMER
5 août
2016
Le rôle des femmes paysannes pendant la Première Guerre mondiale
Le musée de Meaux consacre une part importante de ses collections au quotidien des Français dans la guerre. C’est l’occasion de s’intéresser à une figure trop souvent occultée de la période : les paysannes. Pourtant, en l’absence des hommes mobilisés partis à la guerre, les femmes paysannes ont mené un difficile combat pour gagner la bataille du ravitaillement des Français dans des conditions dégradées.
ParProfesseur certifié d'histoire-géographie au collège François Legros de Reims
La figure des femmes dans la Première Guerre mondiale est très présente au travers de quelques images : les munitionnettes, les marraines de guerre, les infirmières ou encore les veuves. Plus rarement apparaît la figure des paysannes. Quels rôles ont joué les femmes dans la guerre ?
Les femmes travaillent massivement dès avant la guerre : elles sont presque la moitié des actifs dans le commerce et plus du tiers dans l’agriculture et l’industrie. Le taux d’activité des femmes augmente peu, de 38 à 42%, entre 1911 et 1920. Les changements sont ailleurs, dans les métiers exercés ou le fait que nombre de femmes des milieux favorisés ont aussi une activité.
La guerre mobilise les hommes durant plus de 4 ans, loin de chez eux, avec des permissions rares, surtout avant 1916. Il faut donc les remplacer dans le cercle familial mais aussi dans le monde du travail. Il faut répondre aux nouveaux besoins créés par la guerre. D’autre part, la guerre bouleverse aussi certaines hiérarchies sociales en ruinant les petits épargnants. Ainsi, le travail de la femme devient chose commune, comme le montre une très riche iconographie : les femmes au travail deviennent un sujet pour l’œil des photographes.
Les femmes sont classiquement représentées en tant qu’ouvrières dans les usines d’armement. S’il est vrai que des usines sont reconverties, il ne faut pas non plus réduire les femmes à des munitionnettes : les industries d’armement ont été prioritaires pour le retour des ouvriers qualifiés du front. Beaucoup de femmes dans l’industrie ont par contre abandonné les tâches de production pour le fonctionnement des usines, par exemple l’entretien des machines. Elles y ont donc acquis de nouvelles compétences, plus techniques et mieux rémunérées. On peut associer aux femmes de l’industrie une autre figure classique de l’époque : les femmes dans les transports publics, la conductrice de tramway au visage maculé de graisse.
Autre métier où les femmes sont très nombreuses : la santé. Rares sont les femmes médecins, faute d'études nécessaires. Mais elles exercent les métiers subalternes de la santé, comme infirmières. La guerre voit leur nombre exploser avec l’organisation d’un nouveau système de santé. Si quelques-unes sont au plus près des combats dans les ambulances, la plupart travaillent dans les hôpitaux de l’arrière et les maisons de convalescence. Cette population soignante regroupe ainsi des femmes formées au métier et beaucoup d’autres, salariées pour les plus modestes, bénévoles pour les plus favorisées, qui découvrent le métier au contact de la guerre. Ce sont elles qui accompagnent les soldats dans les souffrances, le handicap et parfois la mort loin des leurs.
La marraine de guerre constitue la troisième grande figure des femmes en guerre. Dès 1915, la création des marraines de guerre a pour objectif d’apporter réconfort et soutien aux soldats isolés. Leur action se manifeste essentiellement par des relations épistolaires, l’envoi de colis, mais parfois la relation débouche sur de vraies rencontres.
Enfin, la dernière figure des femmes en guerre, c’est bien sûr la veuve. Figure omniprésente dans un conflit qui tue environ 1.4 million d’hommes dont au moins les deux tiers sont mariés, la veuve de guerre est présente partout, et rappelle pendant et après la guerre, à l’instar des blessés et invalides, le sacrifice enduré. Cette veuve est souvent représentée en mater dolorosa de la guerre.
Le reportage explore un autre visage des femmes en guerre, beaucoup moins montré, mais dont le rôle est fondamental : les paysannes. Toutes ces femmes soulignent plusieurs des caractères essentiels de la guerre : c’est une guerre totale, qui mobilise tous les moyens de l’économie, notamment les industries et l’agriculture, mais aussi tous les habitants du pays, dont les femmes à l’arrière, et qui constituent un traumatisme que les femmes portent souvent seules en tant que veuves après la guerre.
Éclairage média
ParProfesseur certifié d'histoire-géographie au collège François Legros de Reims
En août 1914, quand le tocsin retentit dans les campagnes françaises, on est en convaincu, la propagande le certifie : la guerre sera courte, chargée de gloire et on sera rentré pour Noël, peut-être même pour les vendanges. Les femmes ne devront remplacer leurs pères, leurs maris ou leurs fils que quelques semaines... En réalité, l’absence dure plus de quatre longues années. Comment les femmes ont-elles participé à l’effort de guerre?
Le reportage de France 3 apporte de nombreux éléments de réponse à cette question, depuis le musée du pays de Meaux, un musée récent qui prend en compte le regard nouveau porté par la recherche sur la vie quotidienne.
Le travail des femmes paysannes est d’abord largement contextualisé de façon à en comprendre l’importance. 40% de la population active travaille dans le monde agricole, avec plus de 5 millions d’exploitants (les exploitations sont surtout de type familial) dont les deux tiers sont mobilisés au cours de la guerre. Près d’un million de femmes doivent assumer seules le travail sur la ferme, faute d’hommes et pour un demi-million d’entre elles, cette tâche est prolongée par le veuvage. Or, si elles ont l’habitude du travail sur la ferme (la basse-cour ou la transformation des productions), de participer aux récoltes, toute une partie de l’activité leur est mal connue (la préparation des champs).
Le reportage montre les femmes comme si elles devaient assumer seules tout le travail. Il faut nuancer cette présentation même si les femmes assurent bien la responsabilité des exploitations. Pour les aider, ces femmes peuvent compter sur leurs enfants. Dans les faits, les obligations scolaires sont largement assouplies et les plus grands fréquentent encore moins que d’habitude l’école. Elles peuvent aussi s’appuyer sur les vieux paysans et leur savoir-faire à défaut de leur force physique. Dès 1915, devant la peur d’un effondrement des productions, le ministère de l’Agriculture et du Ravitaillement obtient du ministère de la Guerre que des vieux soldats soient renvoyés à l’arrière. Le système des permissions est un peu adapté pour permettre aux paysans de rentrer pour les périodes de gros travaux. Enfin, des prisonniers allemands ont parfois été affectés aux travaux des champs.
Il faut dire que les besoins en main d’œuvre sont d’autant plus importants que les conditions de la production se dégradent. Les réquisitions de chevaux et de bœufs entraînent une pénurie de force motrice, avec à l’extrême cette photographie largement utilisée par la propagande montrant des femmes tirant elles-mêmes la charrue. La production d’engrais chimiques laisse place aux productions liées à la guerre.
Pourtant le défi est énorme pour les paysannes : elles doivent nourrir une population civile et supporter le ravitaillement des troupes alors que la surface agricole de la France est amputée de 2.5 millions d’hectares, dans le nord et l’est, souvent de bonnes terres, perdues car situées sur la zone des combats. Autrement dit, ces femmes doivent faire au moins aussi bien que leurs maris partis au front dans un contexte infiniment plus difficile.
L’ampleur de la tâche est d’ailleurs perçue dès le début de la guerre par le président du Conseil René Viviani qui, le 4 août 1918, fait placarder en France son appel Aux femmes françaises dans lequel il proclame "Remplacez sur le champ de travail ceux qui sont sur le champ de bataille. Préparez-vous à leur montrer, demain, la terre cultivée, les récoltes rentrées, les champs ensemencés ! Il n’y a pas dans ces heures graves de labeur infime".
La bataille de la production a été gagnée par les paysannes, avec l’aide des importations et d’un rationnement croissant après 1917. A leur retour du front, beaucoup d’hommes et notamment de paysans, ont ainsi retrouvé une épouse devenue chef d’entreprise, autonome et émancipée. Car les femmes ont incontestablement gagné la bataille de l’arrière et par là même interrogé les hommes sur les rapports de genre.
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
Mathieu Guillerot Durant la guerre, 3 millions 400 mille paysans partent en direction des champs de batailles.Dans cette France rurale où les agriculteurs représentent 40 pourcent de la population, les femmes prennent alors la relève dans les champs pour continuer à produire et nourrir civils et soldats.
(Bruit)
Mathieu Guillerot Restées sur les exploitations, les femmes doivent désormais soigner le bétail, récolter, vendre, acheter, dans l’angoisse permanente d’apprendre un jour le décès de leurs époux qui leur prodiguent quelques conseils par courrier.Conscients de leur rôle de gardiennes du territoire national, les politiques, le président du Conseil René Viviani en tête, les appellent dès le début de la guerre, à achever les moissons et à ne pas oublier les travaux de l’automne.Progressivement, comme à l’usine où les ouvrières prennent leurs marques, les femmes apprennent vite à tel point que certains poilus s’inquiètent de ne plus trouver leur place une fois de retour chez eux.Malgré l’aide des enfants et des personnes âgées, la culture des champs s’avère épuisante, les chevaux étant réquisitionnés pour le front, certaines femmes se mettent même à plusieurs pour tirer elles-mêmes les charrues comme sur cette photo qui fera le tour du monde et sera largement reprise par la propagande américaine pour vanter l’effort de guerre des françaises.En tout, 850000 femmes se retrouvent à la tête d’exploitations avec parfois des surprises où certaines paysannes améliorent la valeur des fermes et parviennent même à régler des dettes antérieures à la mobilisation.Entre 1914 et 1918, 550000 agriculteurs perdent la vie au combat, une véritable saignée qui s’accompagne d’une destruction des terrains sans précédent.2 millions et demi d’hectares sont dévastés, soit l’équivalent en superficie d’une région comme la Champagne-Ardenne.Les femmes, elles, tireront paradoxalement profit de cette période pour s’émanciper professionnellement et poser sans le vouloir les bases d’un féminisme en marche.