La tempête Alex dans les Alpes-Maritimes : le chaos en quelques heures
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Des crues apocalyptiques et inédites ont dévasté les vallées de la Vésubie et de la Roya après le passage de la tempête Alex dans les Alpes-Maritimes. La commune de Saint-Martin-Vésubie, à la confluence de deux torrents alpins, a été particulièrement touchée, la crue de la rivière atteignant par endroits plus de huit mètres. A Roquebillière, un couple a disparu pris au piège dans sa maison. Retour en images sur la chronologie des événements avec le témoignage de rescapés ou de sauveteurs organisant les évacuations d'habitants isolés avant que les maisons ne soient emportées par les flots.
Date de diffusion :
03 oct. 2020
Date d'évènement :
02 oct. 2022
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ParDocteur en Histoire contemporaine, Post-doctorant à Aix-Marseille Université
Publication : 2022
Le vendredi 2 octobre 2020 au petit matin, le département des Alpes-Maritimes est placé par les services de Météo-France en vigilance rouge « pluie inondation ». La tempête Alex, une dépression atlantique ayant touché la Bretagne, en faisant un mort dans le Finistère, se dirige en effet vers le Sud-Est de la France. Par décision préfectorale, tous les établissements scolaires et universitaires sont fermés pour la journée. À la mi-journée, la SNCF suspend le trafic ferroviaire sur les axes Toulon-Nice-Vintimille et Nice-Breil-Tende. En début d’après-midi, les centres commerciaux sont fermés. Les entreprises et administrations sont incitées à renvoyer immédiatement leurs salariés à la maison, afin de ne pas encombrer les routes en fin d’après-midi et ainsi gêner les futures opérations de secours.
La partie littorale des Alpes-Maritimes, fortement urbanisée et aménagée, a connu ces dernières années, notamment au début du mois d’octobre 2015, des inondations dévastatrices et meurtrières. La Côte d’Azur a certes fondé son activité touristique d’hiver puis d’été sur les bienfaits de son climat, mais elle connaît, dans le même temps, d’intenses pluies au printemps et surtout en automne.
Le théâtre du présent épisode méditerranéen est l’arrière-pays niçois. Les vallées de la Vésubie, de la Roya, et dans une moindre mesure de l’Estéron et de la Tinée, voient le lit des rivières décupler de taille sous l’effet de pluies diluviennes. Cette crue éclair et centennale transforme de paisibles cours d’eau, comme le Boréon, en des torrents en furie, atteignant plusieurs mètres de haut. Les voitures, les habitations, les bâtiments publics, ou les routes sont emportés par les flots, alors que de nombreux ponts sont détruits. Les réseaux d’eau, d’électricité ou de téléphone ne résistent pas davantage et se retrouvent hors d’usage. Les images tournées par des journalistes se trouvant sur place ou prises par des téléphones portables de particuliers rendent compte de cette violence des éléments.
Le plus lourd tribut est payé par Saint-Martin-Vésubie, « la petite Suisse niçoise » située au pied du Mercantour et où naît la Vésubie de la confluence de deux torrents alpins le Boréon et la Madone de Fenestre. Il y est tombé en 24 heures 500 mm d’eau, soit 500 litres par mètre carré. Le pont Maïssa sur le Boréon, situé à deux kilomètres en amont du village, n’a pas résisté. La station essence, la gendarmerie et la partie basse du cimetière ont été emportées. Le parc animalier Alpha est détruit et les loups se sont enfuis dans la nature. Plus en aval, la commune de Roquebillière a eu notamment à déplorer la mort de deux octogénaires pris au piège dans leur maison, littéralement balayée par la Vésubie. Dans la vallée de la Roya, en bordure de la frontière italienne, les localités de Tende, Fontan ou Breil sont également lourdement sinistrées et, elles aussi, coupées du monde. Les routes aménagées dans les gorges sont impraticables, tout comme le tunnel de Tende venant d’Italie. La ligne de chemin de fer, construite à flanc de montagne, a mieux résisté et certaines sections serviront de longues semaines de cordon ombilical aux habitants isolés. Pour l’heure, un pont aérien par hélicoptère est mis en place depuis l’aéroport de Nice, afin de ravitailler l’arrière-pays et procéder à l’évacuation des personnes devant ou désirant l’être.
Lorsque l’eau se retire elle laisse des amas de boue et un paysage d’apocalypse. Plusieurs centaines de millions d’euros de dégâts sont à déplorer. Les inondations sont certes le premier risque naturel en France métropolitaine par l’importance des destructions qu’elles provoquent, mais le réchauffement climatique joue un rôle d’accélérateur de ces catastrophes et de leur ampleur. Le bilan humain est tout aussi effroyable, puisque dix personnes ont perdu la vie et huit autres sont portées disparues. Il aurait été encore plus lourd si les pompiers, dont deux sont morts, les gendarmes et certains habitants n’avaient pas, avec courage et abnégation, mis rapidement en sécurité les personnes les plus exposées ou les plus vulnérables.
Le premier ministre, Jean Castex, et le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, se rendent sur place le 3 octobre, soit le lendemain de ces inondations, et annoncent la reconnaissance rapide, par arrêté ministériel, de l’état de catastrophe naturelle pour plusieurs dizaines de communes touchées, afin de faciliter et systématiser les indemnisations. Quatre jours plus tard, le président de la République, Emmanuel Macron, se rend dans la Roya et la Vésubie au chevet des sinistrés. Il annonce la création d’un fonds d’urgence, avec un premier versement de l’État de 100 millions d’euros. Il s’agit d’entamer au plus vite la reconstruction, même si elle n’est ni possible ni souhaitable pour certains bâtiments.
Bibliographie
- Frédéric Leone et Freddy Vinet (dir.), Résilience et adaptation aux risques « naturels », Montpellier, Presses universitaires de la Méditerranée, 2021.
- Yvette Veyret et Richard Laganier (dir.), Atlas des risques en France. Prévenir les catastrophes naturelles et technologiques, Paris, Autrement, 2018.
Transcription
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