Un gigantesque incendie dévaste le massif des Maures dans le Var

Le 16 août 2021 dans le massif varois des Maures survient un gigantesque incendie, qui s’étend extrêmement rapidement sur un terrain escarpé d’accès parfois très difficile. Parti d’une aire d’autoroute sur la commune de Gonfaron, le feu, attisé par un violent et tourbillonnant mistral, fait un saut de 800 m et se propage dans la forêt à une vitesse exceptionnelle. Cet incendie englobe un périmètre de plus de vingt kilomètres dépassant au Sud Cogolin, à quelques encablures du golfe de Saint-Tropez, et atteignant à l’Ouest La Garde Freinet. Il ravage au final 8 000 hectares et coûte la vie à deux personnes retrouvées dans une habitation calcinée au hameau isolé du Val de Gilly sur la commune de Grimaud, alors que 10 000 personnes sont évacuées préventivement pour ne pas alourdir ce bilan ou gêner les secours. Les dégâts matériels s’avèrent également importants, car des maisons et autres bâtiments, tels des campings ou des hôtels, sont partiellement ou totalement détruits. La biodiversité est aussi durablement affectée, puisque les deux tiers de la réserve naturelle nationale de la plaine des Maures, créée en 2009, ont brûlé.

Il s’agit du plus grand incendie de l’été 2021 en France et de l’un des plus importants des deux dernières décennies. Le massif des Maures a certes connu d’importants incendies par le passé, notamment en 1990 puis en 2003, et il en est de même pour la région Provence-Alpes-Côte d’Azur extrêmement boisée et soumise au climat méditerranéen, qui se caractérise pour des étés chauds et secs. Mais le réchauffement climatique joue un rôle d’amplificateur. Les températures annuelles moyennes sont de plus en plus élevées avec des périodes de canicule de plus en plus prolongées. Les sécheresses, habituelles en Provence en saison estivale, commencent de plus en plus tôt, y compris au printemps voire en hiver. Ces sécheresses et canicules se répètent également d’année en année. La forêt devient donc une véritable poudrière où une végétation et des sols très secs peuvent s’embraser à la moindre étincelle ou au moindre mégot de cigarette jeté négligemment à terre. Neuf incendies sur dix en France ont une cause humaine, volontaire ou involontaire, et celui du massif des Maures ne fait pas exception. Des mesures temporaires d’interdiction d’accès aux massifs forestiers sont certes prises, notamment en cas de forts vents annoncés. Mais la priorité est au renforcement de la prévention et de l’information à destination de la population permanente et des nombreux touristes présents dans la région lors de la saison estivale.

Les comportements à éviter pour ne pas provoquer de feu, les façons de réagir face au feu ou l’utilité du débroussaillage sont en effet des éléments fondamentaux à transmettre en amont. Face à ces sécheresses de plus en plus intenses et récurrentes, il faut par ailleurs être en mesure de stopper le feu dès qu’il démarre. La stratégie française est d’avoir une première intervention dix minutes au maximum après chaque départ de feu et d’attaquer massivement l’incendie naissant. Pour cela d’importants moyens humains sont indispensables. Des guetteurs de feu, postés en hauteur dans des vigies, scrutent constamment l’horizon, afin de détecter et localiser la grande majorité des feux naissants, ce qui permet d’alerter immédiatement  les soldats du feu prépositionnés à terre ou les moyens aériens en alerte. Dans le massif des Maures lors de cet incendie plus de 1 200 sapeurs-pompiers venus du Var, de Provence-Alpes-Côte-d’Azur ou d’autres régions françaises ont été engagés pour combattre les flammes de jour comme de nuit. Ils ont pu compter dans les airs sur une large mobilisation des hélicoptères et avions bombardiers d’eau ou largueurs de retardant (Canadair, Dash ou Tracker). Le recrutement et la formation de nouveaux sapeurs-pompiers volontaires et professionnels ainsi que le renouvellement et la modernisation de la flotte aérienne s’avèrent donc indispensables, d’autant que l’on constate une extension géographique progressive des feux de forêt vers des contrées plus septentrionales du territoire national auparavant épargnées. Malgré tous les moyens engagés il a fallu une dizaine de jours pour venir à bout du méga feu du massif des Maures. À l’avenir pour lutter contre les incendies les spécialistes considèrent que les forêts françaises devront être moins denses, rajeunies, car les arbres jeunes résistent mieux aux flammes, et composées d’essences plus diversifiées.

Bibliographie 

Vincent Moriniaux, « La forêt. France, XVIIe-XXIe siècle », La Documentation photographique, n° 8150, Février 2023.  

François-Marie Bréon et Gilles Luneau, Atlas du climat. Face au défi du réchauffement, Paris, Autrement, 2021.

Thomas Curt (et al.), Feux et végétation : comprendre leur diversité et leur évolution, Versailles, Éditions Quae, 2022.

Michel Vennetier, Pourquoi les forêts brûlent-elles ?, Paris, Éditions Le Pommier, 2006.