Conférence de presse du 29 juillet 1963
Notice
Le général de Gaulle donne une conférence de presse le 29 juillet 1963 à l'Elysée. Il répond aux questions des journalistes sur l'actualité de la France et du monde, et notamment sur les objectifs du Plan de développement quinquennal, sur les rapports franco-américains, sur la construction européenne.
- Colonisation et décolonisation > Guerre d'Algérie > Population > Français d'Algérie
- Politique extérieure > Construction européenne > Défense commune
- Politique extérieure > Construction européenne > Politique Agricole Commune
- Politique extérieure > Relations internationales > Guerre froide > Relations Est-Ouest
- Politique extérieure > Relations internationales > Organisation internationale > OTAN
- Politique extérieure > Relations internationales > Relations franco > allemandes > Accords franco-allemands
- Politique extérieure > Relations internationales > Relations franco > américaines
- Politique extérieure > Tiers Monde > Coopération
- Politique intérieure > Défense nationale > Armement > Arme atomique
- Politique intérieure > Economie > Vie économique > Croissance > Progrès économique et social
- Politique intérieure > Economie > Vie économique > Plan quinquennal
- Seconde Guerre mondiale > Régime de Vichy
- Afrique > Algérie > Alger
- Amérique Centrale > Cuba
- Amérique du Nord > Etats-Unis > Washington
- Asie > Chine
- Europe > Allemagne > Berlin
- Europe > Allemagne > Bonn
- Europe > Allemagne > Potsdam
- Europe > France > Ile-de-France > Paris
- Europe > France > Outre-mer > Saint-Pierre-et-Miquelon
- Europe > Suisse > Genève
- URSS > Russie > Moscou
- URSS > Ukraine > Yalta
Éclairage
Le 29 juillet 1963, le général de Gaulle tient sa neuvième conférence de presse depuis qu'il est à la tête de la Cinquième République. C'est un exercice dont il a l'habitude : sorte de bilan prévisionnel effectué deux fois l'an, destiné à exposer les positions officielles de la France sur les grandes questions de l'heure, il s'agit aussi de s'adresser au peuple directement, sans intermédiaire, pour lui expliquer ce qui a été fait, et ce qui doit être encore accompli.
Le document ne présente que des extraits de cette conférence de presse. Dans le premier, le général de Gaulle - évoquant les clés du succès économique (un État dirigiste et des travailleurs solidaires) - rappelle la nécessité de développer la "coopération" entre le capital et le travail, faisant ainsi référence à l'ordonnance du 7 janvier 1959 ayant pour but de "favoriser l'association ou l'intéressement des travailleurs à l'entreprise" (c'est-à-dire la participation des salariés aux bénéfices, au capital ou à la gestion des sociétés).
Il parle ensuite du " pardon de la France " qui pourrait être offert aux membres de l'OAS emprisonnés pour avoir mis en péril la nation pendant la Guerre d'Algérie (un an plus tard, en décembre 1964, les prisonniers condamnés à des peines inférieures à quinze ans seront graciés, et en 1966, plusieurs lois d'amnistie seront votées).
Dans les trois extraits suivants, le général de Gaulle évoque les relations que la France entretient avec les Etats-Unis d'Amérique, deux nations qui ne se sont jamais fait la guerre et qui ont toujours été alliées précise-t-il. Si " l'amitié " cultivée entre les deux pays est forte, il n'en demeure pas moins vrai qu'il peut y avoir " des divergences politiques entre Paris et Washington ". En effet, en décembre 1962, le président Kennedy avait proposé à l'Europe occidentale la création d'une force multilatérale sous l'égide des Etats-Unis ; le président français - refusant résolument de se plier à toute hégémonie - avait repoussé catégoriquement cette proposition lors de sa conférence de presse du début 1963.
Le général de Gaulle aborde ensuite la question - très attendue - de la position de la France face au Traité de Moscou, conclu quelques jours plus tôt entre les Etats-Unis, l'URSS, le Royaume-Uni et l'Allemagne fédérale (il sera signé début août). Cet accord - qui prévoit l'interdiction des essais nucléaires dans l'atmosphère, dans l'espace ou sous l'eau - est dénoncé par le Général, car il ne peut y avoir, selon lui, d'entente soviéto-américaine qu'aux dépens de l'Europe. De plus, la France est en train de bâtir sa propre force de frappe afin que sa défense reste indépendante de toute emprise extérieure (en janvier, le ministre des Armées Pierre Messmer avait annoncé le lancement de la fabrication en série des bombes A). Ainsi, seule la France, la Chine, Cuba et l'Albanie refusent-ils le Traité de Moscou.
Dans le dernier extrait, le général de Gaulle évoque la question de l'Europe, et il revient tout d'abord sur la conclusion du traité franco-allemand de janvier 1963, qui consacre la réconciliation des deux nations, et oriente la construction européenne sur l'axe Paris-Bonn (au début du mois, les premières consultations prévues par ce traité entre de Gaulle et Adenauer franco-allemand ont eu lieu à Bonn). Il parle ensuite des discussions qui ont cours entre les Six pays du Marché commun sur le principe d'une politique agricole commune, qui se concluront, le 23 décembre 1963, par l'adoption à Bruxelles des premiers règlements agricoles.