Les cérémonies du 8 mai à Berlin
08 mai 1995
02m 27s
Réf. 00227
Notice
Résumé :
A l’occasion des célébrations pour le cinquantième anniversaire de la Libération de l’Europe, François Mitterrand livre son dernier discours présidentiel sur le plan international. Alors qu’il se trouve à Berlin, il célèbre le courage allemand lors du dernier conflit mondial et invite à dépasser les divisions d’autrefois en mettant l’accent sur ce qui unit désormais l’Europe.
Type de média :
Date de diffusion :
08 mai 1995
Personnalité(s) :
Éclairage
Les cérémonies pour le cinquantenaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale correspondent à la dernière apparition internationale de François Mitterrand en tant que président de la République française. A quelques jours de la passation des pouvoirs avec Jacques Chirac, élu le 7 mai, le président aborde cet événement avec l’intention de laisser un message pour l’Europe, qui célèbre en cette journée sa libération du nazisme et du fascisme.
L’occasion est d’ailleurs propice aux grands discours. Il s’agit non seulement du dernier événement international du président socialiste, mais c'est aussi la première fois que l’Allemagne participe aux cérémonies du 8 mai à côté des représentants de la France, de la Grande-Bretagne, de la Russie et des États-Unis. La participation de Bonn, puis de Berlin, a toujours posé problème. Pays défait le 8 mai 1945, l’Allemagne est aussi la nation qui a pu profiter de sa défaite pour se reconstituer en État démocratique. Telle est la vision qui est donnée de cette journée par le président allemand Roman Herzog, vision également partagée au milieu des années 1980 par le président fédéral Richard von Weizsäcker : les deux présidents invitent à entreprendre une réflexion sur ce que le 8 mai représente pour le peuple allemand et sur le contenu de cet événement, auquel on ne peut pas rester indifférent.
Alors qu’il pense que l’Allemagne est un élément indispensable de la construction européenne, François Mitterrand estime que l’État d'outre-Rhin ne peut plus demeurer au deuxième plan des événements censés célébrer la liberté et rejeter le totalitarisme. Il suffit de penser au geste de Verdun accompli en 1984, témoignage de cette volonté mitterrandienne de souligner, par les actes et les symboles, que les rivalités de guerre ne sont plus d’actualité, surtout au sein de ce couple franco-allemand autrefois ennemi et aujourd’hui pierre angulaire de la construction européenne.
L’occasion est d’ailleurs propice aux grands discours. Il s’agit non seulement du dernier événement international du président socialiste, mais c'est aussi la première fois que l’Allemagne participe aux cérémonies du 8 mai à côté des représentants de la France, de la Grande-Bretagne, de la Russie et des États-Unis. La participation de Bonn, puis de Berlin, a toujours posé problème. Pays défait le 8 mai 1945, l’Allemagne est aussi la nation qui a pu profiter de sa défaite pour se reconstituer en État démocratique. Telle est la vision qui est donnée de cette journée par le président allemand Roman Herzog, vision également partagée au milieu des années 1980 par le président fédéral Richard von Weizsäcker : les deux présidents invitent à entreprendre une réflexion sur ce que le 8 mai représente pour le peuple allemand et sur le contenu de cet événement, auquel on ne peut pas rester indifférent.
Alors qu’il pense que l’Allemagne est un élément indispensable de la construction européenne, François Mitterrand estime que l’État d'outre-Rhin ne peut plus demeurer au deuxième plan des événements censés célébrer la liberté et rejeter le totalitarisme. Il suffit de penser au geste de Verdun accompli en 1984, témoignage de cette volonté mitterrandienne de souligner, par les actes et les symboles, que les rivalités de guerre ne sont plus d’actualité, surtout au sein de ce couple franco-allemand autrefois ennemi et aujourd’hui pierre angulaire de la construction européenne.
Ilaria Parisi
Transcription
Présentateur
Alors après Paris ce matin, Berlin cet après-midi, aux côtés des Allemands, les dirigeants des quatre puissances victorieuses du nazisme. Une cérémonie au cours de laquelle François Mitterrand a prononcé son dernier grand discours, Philippe Harrouard sur place.Philippe Harrouard
À six heures moins le quart à Berlin, toutes les cloches ont sonné pour associer la population qui vaque à ses occupations comme à l’ordinaire aux cérémonies du 8 mai. Elles ont lieu ici à huis clos entre grands, les quatre puissances victorieuses du Reich. Au Schauspielhaus, à 500 mètres de l’ancienne chancellerie où Hitler s’est suicidé le 30 avril 1945, la France, avec François Mitterrand, les Etats-Unis, Al Gore, la Grande-Bretagne, John Major, La Russie Viktor Chernomyrdin, ont été conviés par Helmut Kohl à prendre la parole. Mais d’abord, les Allemands ont pu entendre à la télévision leur Président Roman Herzog dire que pour eux, le 8 mai représente eux une libération attendue de la barbarie nazie et l’instauration de la démocratie en Allemagne. Un thème revient dans les discours des dirigeants ici rassemblés. Tous les pays engagés dans les combats ont connu la souffrance et aujourd’hui, tous se tournent résolument vers la paix.François Mitterrand
Je ne suis pas venu célébrer la victoire, dont je me suis réjoui pour mon pays en 1945. Je ne suis pas venu souligner la défaite, parce que j’ai su ce qu’il y avait de fort dans le peuple allemand, ses vertus, son courage. Et peu m’importe son uniforme, et même l’idée qui habitait l’esprit de ses soldats qui allaient mourir en si grand nombre, ils étaient courageux. L’Europe, nous la faisons, nous aimons nos patries, restons fidèles à nous-mêmes, relions le passé et le futur et nous pourrons passer, l’esprit en paix, le témoin à ceux qui vont nous suivre, merci !(Bruit)