Lunéville : Versailles en Lorraine
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Résumé
Le château de Lunéville, en cours de restauration après l’incendie de 2003, veut devenir un espace ouvert à tous qui fait revivre l’époque fastueuse de la Lorraine au temps des Lumières et de Stanislas Leszczynski.
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Date de publication du document :
08 déc. 2021
Date de diffusion :
26 févr. 2016
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Contexte historique
Par
Dès l’An mil, Lunéville accueille un château, qui devient résidence des ducs de Lorraine au XIIIe siècle. Le duché, indépendant, demeure une marche entre royaume de France et Saint Empire, régulièrement ravagée par les guerres, notamment par celles du XVIIe siècle (Guerre de Trente ans notamment). C’est ainsi que, face à l’occupation de Nancy par les armées de Louis XIV en 1702, le duc Léopold trouve refuge à Lunéville et décide d’y faire reconstruire le château.
Les travaux durent 20 ans et s’achèvent en 1723. C’est Boffrand, élève de l’architecte de Versailles Mansard, qui a dessiné les plans et dirigé les travaux. Un parc est réalisé par le jardinier Yves de Hours, élève d’un autre artiste de Versailles, Le Nôtre, le père du jardin à la française, un jardin d’agrément, aux formes géométriques, aux jeux d’eau spectaculaires et aux grandes perspectives en terrasses. Les travaux sont gigantesques : il faut aménager le terrain pour y créer ces perspectives grandioses, ces jeux d’eaux, un grand canal, orner le jardin de sculptures, construire ces terrasses, les “Bosquets” comme on les appelle à l’époque.
Quand Léopold meurt en 1729, son Versailles lorrain est terminé. Mais le sort de la Lorraine bascule : les grandes puissances européennes décident de confier le duché à l’ancien roi déchu de Pologne, Stanislas Leszczynski, beau-père du roi de France Louis XV, et il est décidé qu’à sa mort, la Lorraine deviendrait automatiquement française.
Stanislas devient donc le dernier duc de Lorraine (de 1737 à 1766), un duc fantoche : c’est son chancelier français qui prend les commandes du duché. Il ne reste à Stanislas que les lettres et les arts pour marquer son temps. Et Stanislas reste LE duc de Lorraine justement grâce à son œuvre au cœur des Lumières, entre le Versailles de Louis XV et le Sanssouci de Frédéric II, le palais d’été du despote éclairé prussien du XVIIIe siècle. La cour de Stanislas devient ainsi un des lieux de la vie intellectuelle européenne, Lunéville rivalisant avec les plus grandes cours des monarques éclairés, accueillant les philosophes, notamment Emilie du Châtelet et Voltaire.
Stanislas ne modifie pas l’architecture du château mais en fait réaménager l’intérieur. Par contre, il marque de son empreinte les jardins en agrandissant et en enrichissant de nouveaux bosquets et parterres, grâce à Emmanuel Héré (auteur de la célèbre place Stanislas de Nancy). Les jardins se couvrent de pavillons et de fabriques de style oriental (des petites constructions décoratives), et le jardin du Rocher est même doté d’une collection d’automates actionnés par la force de l’eau le long du canal, reproduisant des scènes bucoliques. Enfin, Stanislas fait construire des "Chartreuses", en fait des maisons avec jardins potagers, dans un souci de retour à la nature.
A la mort de Stanislas, Lunéville rayonne trop aux yeux du roi de France Louis XV, qui n’entend pas entretenir à ses frais ce château. Il devient dès 1789 une caserne, faisant de la ville une ‘’cité de cavalerie’’ pour deux siècles. Les riches décorations du château sont très vite dispersées, la Révolution en vend une grande partie en biens nationaux. Le XIXe siècle est celui de l’abandon, du démantèlement et de la ruine : Lunéville n’est pas au goût de l’époque.
Il faut finalement attendre les dernières années du XXe siècle pour que la prise de conscience de la valeur de ce patrimoine se fasse, au travers deux dates : en 1998, l’ensemble du château est classé aux Monuments historiques, et surtout l’incendie de 2003 place le lieu sous les feux médiatiques et les Lorrains se réapproprient leur histoire. Depuis, 2003, le château fait donc l’objet d’un immense chantier de restauration et les jardins sont déjà devenus un grand lieu populaire de culture en Lorraine. Lunéville fait donc aujourd’hui partie de ces biens communs que les générations actuelles veulent transmettre et qu’elles restaurent avec le souci de le rendre accessible au plus grand nombre.
Éclairage média
Par
Pour les 250 ans de la mort du Duc de Lorraine Stanislas Leszczynski, le journal régional offre à ses téléspectateurs une série sur le duc le plus célèbre de Lorraine, avec plusieurs courts reportages dont nous voyons ici un épisode.
Le reportage commence par remonter le temps et l’espace : le journaliste fait un rapide rappel sur le maître d’œuvre de château, Léopold et son architecte Boffrand, puis il remonte la cour intérieure, montrant ainsi une façade de style classique : le centre est occupé par un grand fronton montrant des scènes de guerre, reposant sur des colonnes massives. La régularité est renforcée par des fenêtres en arcades du logis central, encadrés par deux pavillons carrés. Ce style se retrouve sur de nombreux châteaux construits au XVII-XVIIIe siècle, notamment le palais de Rohan à Strasbourg.
On pénètre dans le château par la chapelle sur laquelle la caméra s’arrête assez longuement avec notre guide, l’adjoint du conservateur du château. C’est lui qui nous présente cette chapelle comme le joyau du lieu et dont il souligne l’usage quotidien par Stanislas. La chapelle est donc une chapelle palatine, attachée au palais, avec une tribune à l’étage, soutenue par des colonnes de style corinthien. Elle a été entièrement restaurée après l’incendie de 2003 et montre de très riches décorations, notamment sur les chapiteaux des colonnes, couvertes de motifs végétaux en stuc.
Nous ressortons du château pour en voir une autre façade, côté jardin, accompagné du journaliste qui en profite pour raconter la fin accidentelle de Stanislas, dont une ombre se dégage derrière une fenêtre. Le guide évoque ce qui est peut-être aujourd’hui le plus important : les jardins, héritiers des jardins à la française, tels qu’on les retrouve bien sûr à Versailles mais aussi à Vaux-le-Vicomte ou à Villandry. Par la fenêtre, la caméra nous montre la perspective des jardins qui s’étendaient sur environ 750 mètres. Le guide peut maintenant redescendre au cœur de ce jardin pour nous en parler plus longuement. On voit autour de lui des parterres avec des massifs et des parterres de style topiaire, créant des motifs végétaux très réguliers. Mais ce qui occupe son propos ne se voit plus : il évoque les riches aménagements des jardins réalisés par Stanislas, en s’inspirant du goût pour le retour à la nature de Rousseau. Les édifices construits, fabriques ou chartreuses de style exotique, sont cités, rappelant l’attrait de la période pour l’Orient. Le conservateur s’arrête sur la spectaculaire cascade aux automates, installée sur le Rocher, le soubassement de la terrasse, qui n’existe plus sauf sur une tapisserie d’époque qui permet d’en apprécier la magnificence grâce aux gros plans de la caméra. Les 88 automates, fruits des progrès de l’horlogerie, actionnés par la force de l’eau, faisaient vivre un village idéal, dans un modèle de vie proche de la nature, inspirée notamment de Rousseau. C’est bien par ses jardins que Lunéville a brillé au XVIIIe siècle et la politique actuelle de gestion du site les met en avant, d’autant plus que seule une partie du château a été restaurée et est donc visitable. De plus le château n’est pas l’œuvre de Stanislas mais de son prédécesseur, ce n'est donc pas le sujet du reportage, contrairement aux jardins.
Le journaliste finit son reportage sur une vue extérieure, en jugeant utile, sûrement pour rehausser le prestige du lieu, de souligner que le grand Voltaire en personne a séjourné à Lunéville auprès de Stanislas.
Au final, ce court reportage est un peu une gageure pour la télévision : il lui faut traiter d’un sujet qui ne se voit pas beaucoup, faute de traces particulièrement intéressantes pour séduire le téléspectateur. On sent ainsi qu’il est difficile pour l’équipe télé de choisir une ligne narrative et d’accompagner en images les propos.
Transcription
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