Vauban et ses réalisations au siècle de Louis XIV
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Le reportage de France 3 Lorraine présente des réalisations de Vauban en Lorraine, les places fortes de Longwy, Phalsbourg et Bitche. Elles sont mises en perspective au regard de la vie de leur auteur et des dynamiques du règne de Louis XIV.
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Date de publication du document :
08 déc. 2021
Date de diffusion :
01 janv. 1980
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La vidéo souligne le lien entre la construction de places fortes en Lorraine, la vie de Vauban, l’ingénieur et architecte militaire les ayant conçues, et l’évolution du pouvoir monarchique sous Louis XIV.
En plus des forteresses de Longwy, Phalsbourg et Bitche, Vauban construisit plus de 30 places fortes et en modifia plus de 130. Ce besoin est apparu suite à une évolution de la poliorcétique, l’art de mener un siège, et de manière plus générale de changements militaires importants. Le nombre de soldats et la puissance des armes à feu étant de plus en plus élevés, les défenses « verticales » sont devenues de moins en moins utiles, puisque très fragiles face à une concentration du feu des canons. Mazarin demanda donc à Vauban de participer à la mise en place de cette frontière de fer, dans le Nord-Est mais également dans les Alpes (Briançon) ou sur les littoraux (Camaret, en Bretagne) et même en Amérique à Québec. L’ensemble constitua le pré carré à défendre. Beaucoup de ces réalisations sont localisées dans le Nord-Est de la France, puisqu’il s’agissait de territoires récemment acquis et dont le contrôle restait fragile. Une partie des Flandres fut d’ailleurs perdue de nouveau par Louis XIV. De plus, peu d’obstacles naturels venaient s’opposer à d’éventuelles armées, venues par exemple des Pays-Bas espagnoles.
Les forteresses de Vauban sont donc venues consolider des frontières externes du royaume qui s’étendait, que ce soit par les politiques de mariage (la Bretagne au XVIe siècle par exemple), les héritages (le Béarn avec Henri IV), des achats (Dunkerque par Louis XIV) ainsi que les guerres contre les nobles ou les princes étrangers (une partie des Flandres avec Louis XIV). Le reportage cite en ce sens les évêchés de Metz, Toul et Verdun, qui passèrent officiellement sous contrôle royal par le traité de Westphalie en 1648.
L’évocation de la Fronde à laquelle participa Vauban indique bien que la guerre était au centre à la fois de l’affirmation du pouvoir monarchique, de la volonté du pouvoir royal de soumettre la noblesse mais aussi de l’extension du territoire soumis à l’autorité royale. Louis XIV utilisa la force pour imposer son autorité aux grands nobles du royaume. Le domaine royal effectivement contrôlé par le roi s’élargit, au point de plus en plus coïncider avec le royaume. Cela permit de dégarnir des garnisons à l’intérieur du territoire, affectées dès lors sur les frontières, dans les forteresses progressivement construites par Vauban.
Ce contrôle royal reposait également sur le développement de l’administration royale, une collecte d’impôt plus efficace et un développement économique. Vauban, présenté dans le reportage comme un « économiste », développa en effet des idées telles que la fusion de différents impôts et taxes, dans un souci d’efficacité.
L’œuvre de Vauban participa également à la glorification de Louis XIV comme roi de guerre et roi absolu, incarnant un État dont l’intérêt serait supérieur aux intérêts personnels des nobles. L’ingénieur permit par exemple la prise de Maastricht en 1673, immortalisée par un tableau d’Adam François van der Meulen sur lequel Vauban n’apparaît pas, au contraire de Louis XIV.
En effet, la noblesse restait la classe dominante et, parmi elle, un individu de petite noblesse comme Vauban ne pouvait pas espérer de reconnaissance à la hauteur de son mérite, d’autant plus que son rôle fut mis à profit durant toute sa vie dans diverses luttes de pouvoir entre ministres. Les réseaux clientélaires, des réseaux dont les liens de fidélité entre un homme et un personnage plus puissant sont primordiaux, restaient toujours très importants. La vidéo s'attache à dépeindre cela, en creux, lorsqu’est par exemple cité Saint Simon parlant dédaigneusement de Vauban.
Éclairage média
Par
Le reportage, diffusé par FR3 Lorraine, alterne entre des explications énoncées par une journaliste et les interventions du commandant Philippe Truttmann. Ce dernier est un militaire qui a terminé sa carrière avec le grade de lieutenant-colonel du génie (le corps chargé notamment de la construction ou de la réparation de infrastructures militaires). Il est également un enseignant à l’école militaire du génie et un historien spécialisé dans les places fortes.
L’aspect militaire de la problématique est donc renforcé par cette appartenance de l’intervenant à l’armée, mais aussi par le choix d’une musique martiale accompagnant les images de place fortes ou de cartes.
Des gros plans sur des éléments architecturaux et des vues aériennes se succèdent. Ils permettent de mettre en évidence certains points communs entre les places fortes construites par Vauban. L’architecture « enterrée » est ainsi visible : les constructions se sont adaptées au développement de la puissance des canons, leur hauteur devant ainsi être limitée. On peut également repérer des plans géométriques, en étoile, avec des « demies lunes » protégeant les entrées, chaque élément de la structure pouvant être protégé par les tirs venant d’une autre arrête de la place forte. Les fossés venaient compléter cette défense extérieure, ralentissant l’avancée des assaillants. L’existence de « portes monumentales » est aussi relevée : cet élément avait également une fonction symbolique, affirmant l’autorité et la puissance du roi, dans un contexte où les portes (et les remparts) d’une ville signifiaient son indépendance. En 1629 d’ailleurs, l’édit de grâce d’Alès imposait la destruction d’un grand nombre de remparts à l’intérieur du royaume.
Les vues aériennes montrent par contre la diversité des sites géographiques, diversité à laquelle Vauban s’est adapté. Les places fortes furent placées à des points stratégiques des frontières. Vauban s’adapta ainsi au site, considérant par exemple les Alpes ou l’Océan Atlantique comme des lignes de défense naturelles. C’est pourquoi il ne souhaita pas rédiger un traité sur la construction de places fortes et les trois systèmes qu’il créa ne furent qu’une évolution progressive de sa réflexion et de ses adaptations. Ainsi, le site dictait l’architecture : plan hexagonal à Longwy, échelonnement de remparts à Besançon et haute tour centrale et fossé inondable à Camaret.
Les vues aériennes, de même que les explications quant au projet urbanistique de Vauban, permettent de voir que les places fortes combinent des bâtiments militaires et des bâtiments civils. Un certain nombre de places fortes construites par Vauban furent en effet des villes nouvelles, notamment Longwy (ou Neuf-Brisach en Alsace). L’architecte y appliqua ses idées novatrices tout en essayant de créer ce qu’il estimait être une ville idéale. Par contre, sur certains plans nous pouvons apercevoir de grandes barres d’immeubles, probablement construites dans les années 1960-1970, ainsi qu’une circulation automobile importante et des places transformées en parking, le tout révélant les évolutions urbanistiques et sociales de ces décennies, remises en question en partie depuis.
Actuellement, Longwy fait partie du Réseau Vauban, réunissant 12 places fortes, inscrites au Patrimoine mondial de l’UNESCO depuis 2008. Le but de cette inscription est à la fois de protéger et de faire connaître ce patrimoine. Le reportage, tourné en 1980, n’énonce pas ces objectifs. La vidéo semble avoir un objectif éducatif mais, dans un contexte de crise économique en développement en Lorraine et de politiques de protection du patrimoine (loi Malraux de 1962, créant les secteurs sauvegardés et étendue en 1970, Convention du Patrimoine mondial en 1972), l’on peut souligner que la mise en valeur de la richesse patrimoniale dans un but touristique est une solution de plus en plus proposée pour lutter face aux difficultés économiques.
Transcription
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