Strasbourg 1200-1230 quand la révolution gothique arrive à Strasbourg
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Visite guidée en images avec Cécile Dupeux, la conservatrice du Musée de l’Oeuvre Notre-Dame à Strasbourg, de l’exposition Strasbourg 1200-1230 – La révolution gothique qui s’est tenue en 2015-2016 et qui évoque l’arrivée du style gothique en Alsace.
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Date de publication du document :
08 déc. 2021
Date de diffusion :
12 nov. 2015
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Contexte historique
ParProfesseur agrégée d’histoire-géographie au Gymnase Jean Sturm à Strasbourg
L’année 2015, année de ce reportage, a été marquée par les célébrations du millénaire de la fondation de la cathédrale de Strasbourg, grâce entre autres à une exposition intitulée Strasbourg 1200-1230 – La révolution gothique au Musée de l’Ouvre Notre-Dame à Strasbourg, musée des arts du Moyen Age.
En 1015, l’évêque Werner de Habsbourg et l’empereur Henri II avaient posé la première pierre de ce qui allait devenir la cathédrale de Strasbourg. Cette date nous est connue grâce à une chronique du XIIe siècle. L'édifice de style ottonien, probablement achevé vers 1050, mesurait alors près de 100 m de long, une dimension considérable pour l’époque. Suite à des incendies au XIIe siècle sa reconstruction, toujours sur les mêmes fondations, démarrait en 1176, dans le style roman avec un transept nord très inspiré de la cathédrale de Spire.
Autour de 1200, point de départ retenue par l’exposition, un nouvel architecte et sculpteur, resté anonyme et qui a sans doute travaillé sur des chantiers en Champagne et en Ile-de-France, amenait avec lui le style gothique pour le transept sud, marquant une véritable révolution artistique sur laquelle revenait l’exposition. Ce vocabulaire, né dans le Nord de la France autour de 1130, est totalement nouveau en terre germanique. Il repose sur l’utilisation simultanée et systématique de la voûte d’ogives, de l’arc brisé, et de l’arc-boutant et permet de combiner alors dimensions et légèreté des supports, lumière, couleurs et décor grâce à l’évidement des murs au profit des vitraux et à l’abondante statuaire polychrome des portails. Ce langage artistique innovant s’est développé dans un contexte de croissance démographique et économique, à un moment où les campagnes, le commerce et les villes comme Strasbourg connaissent un essor rapide.
Siège épiscopal depuis le VIe siècle Strasbourg n’avait pas, jusque-là, l’envergure de Metz ou de Mayence. A partir du XIIe siècle, la cité était devenue une active ville commerçante, exportatrice et importatrice à longue distance, mais aussi à l’échelle régionale et locale. L’atelier monétaire de l’évêque ainsi que la riche communauté juive en avaient fait une importante place financière. Strasbourg avait ainsi pu se lancer dans des constructions de grande ampleur, l’église Saint-Thomas, la deuxième de la ville par ordre d’importance et surtout de nouvelles fortifications. Il lui fallait une cathédrale à la hauteur de ce statut, capable de rivaliser avec d’autres comme celle de Chartres, de Soissons ou de Sens et faire appel à des artisans qui avaient travaillé sur ces chantiers. La cathédrale de Strasbourg exerça à son tour une large influence notamment dans tout le monde germanique et ses innovations inspirèrent les sculpteurs de Bamberg et Marbourg.
Éclairage média
ParProfesseur agrégée d’histoire-géographie au Gymnase Jean Sturm à Strasbourg
Le reportage présente l’exposition comme une enquête et adopte d’ailleurs une démarche similaire. Il part ainsi à la recherche d’un « inconnu pourtant célèbre » surnommé le Maître du Transept sud, un architecte et sculpteur venu probablement de Chartres et qui aurait apporté le gothique à Strasbourg. Il sillonne ainsi l’exposition sur les pas de Cécile Dupeux, conservatrice du musée et commissaire de l’exposition avec Jean Wirth, historien de l’art.
Il commence par un gros plan sur un sphinx, qui n’a rien d’égypto-assyrien sinon le style, une base de colonne zoomorphe de la fin du XIIe s., un des rares témoignages de la sculpture romane strasbourgeoise mais qui ne provient pas de la cathédrale. Cette sculpture est ensuite confrontée à deux chefs d’œuvre de la statuaire gothique, l’Eglise et la Synagogue, qui ornaient le portail du bras sud du transept et personnifient le christianisme et le judaïsme. La caméra s’approche et met en évidence la qualité des drapés que le journaliste compare, sans grande précaution oratoire, à ceux de Botticelli, exemple parlant pour les spectateurs. La scénographie, qui repose sur un jeu d’ombre et de lumières marqué, vient d’ailleurs valoriser les lignes et les volumes des deux ronde-bosse et leur donner chair. En parallèle, le propos de la conservatrice insiste sur le caractère révolutionnaire de ce moment, « un saut qualitatif exceptionnel », en rupture avec la sculpture romane en Alsace, « très traditionnelle », parfois « assez frustre ».
Le reportage contextualise ces œuvres grâce à des images de synthèse notamment du portail sud, dans son état d’avant la Révolution connu grâce à une gravure d’Isaac Brunn de 1617 et du fameux pilier des anges ou du jugement dernier et dont le programme iconographique est difficile à saisir dans son ensemble in situ. Il s’achève, sur un clin d’œil, avec un chien en grès jaune, la première sculpture en ronde-bosse de la cathédrale et la première représentation animale grandeur nature. Celui du Maître du Transept sud peut-être…
Transcription
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