Valoriser le patrimoine : la Cité radieuse de Le Corbusier à Briey
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A Briey en Meurthe-et-Moselle, Le Corbusier a édifié une unité d’habitation sur le modèle de la Cité radieuse de Marseille. Cette architecture, toujours habitée, appartient à un patrimoine moderne et vivant, que de nombreux acteurs cherchent à sauvegarder et à valoriser.
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Date de publication du document :
08 déc. 2021
Date de diffusion :
07 déc. 2012
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Contexte historique
ParProfesseur agrégée d’histoire-géographie au Gymnase Jean Sturm à Strasbourg
Le reportage a été tourné en 2012, soit trois ans après le dépôt du premier dossier de candidature pour inscrire sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco les réalisations architecturales de Le Corbusier. Le dossier collectif, qui a mobilisé de nombreux acteurs locaux, nationaux et internationaux, a été élaboré par plusieurs Etats où Le Corbusier a œuvré : l’Allemagne, l’Argentine, la Belgique, la France, l’Inde, le Japon et la Suisse. En 2016, le bien en série intitulé "L’Œuvre architecturale de Le Corbusier, une contribution exceptionnelle au Mouvement Moderne" a été inscrit sur la liste de l’Unesco. L’inscription des premiers biens en série sur la liste du patrimoine mondial intervient dès le début du classement, en 1979, avec des biens culturels comme les sites préhistoriques et les grottes ornées de la vallée de la Vézère en France. Cette notion est ainsi définie en 1980 par l’Unesco : ce sont des biens séparés géographiquement mais reliés entre eux parce qu’ils appartiennent à un même groupe historico-culturel comme les sites funéraires et mémoriels de la Première Guerre mondiale en France et en Belgique et qui candidatent à un tel classement (voir Les sites funéraires de la Première Guerre mondiale en quête d’une reconnaissance par l’Unesco).
Le Corbusier, architecte suisse et designer, a créé entre les années 1910 et les années 1960 (il est mort en 1965) plus de 78 bâtiments dans 12 pays différents et a travaillé sur près de 400 projets architecturaux dans le monde entier. Il a laissé une œuvre considérable, devenue patrimoniale, que de nombreux acteurs, publics et privés, cherchent à sauvegarder et à valoriser. Les associations, aux côtés des Etats, ont joué un rôle essentiel dans cette patrimonialisation et pour la construction du dossier Unesco. Parmi elles, l’Association des Sites Le Corbusier (ASLC) représente ainsi l’ensemble des collectivités françaises et étrangères impliquées dans cette démarche, ainsi que d’autres acteurs internationaux autour du patrimoine réalisé par l’architecte. Cette association internationale, créée à Ronchamp (où se trouve la chapelle Notre-Dame-le-Haut dessinée par Le Corbusier) en 2010, regroupe l’ensemble des acteurs des territoires concernés (régions, départements, villes, structures intercommunales, propriétaires privés et publics, associations d’usagers) et porte des projets de protection et de valorisation de ce patrimoine.
Parmi ce patrimoine figurent les unités d’habitation. En 1952, dans un quartier désert de Marseille, Le Corbusier inaugure la Cité radieuse, une barre de 337 appartements sur pilotis. Il s’agit, dans un contexte d’après-guerre, de proposer un habitat collectif et social accessible à tous et fonctionnel. Ce principe, ce modèle, sera ensuite décliné à Nantes-Rézé, à Berlin, à Firminy et à Briey en Meurthe-et-Moselle, une ville du bassin minier de Lorraine. Cette dernière, objet du reportage, s'inscrit dans un projet plus large de nouveau quartier en pleine forêt. Il s’agissait alors de loger une population en pleine augmentation, en lien avec l'expansion des mines de fer et de l'industrie sidérurgique. En 1955, Le Corbusier est nommé architecte en chef du projet et André Wogenscky architecte d'opération. C'est l'office HLM qui en est le maître d'ouvrage. Le modèle est celui de la Cité Radieuse de Rezé, repris quasiment à l'identique avec quelques nuances : les logements y sont plus petits et il n'y a aucun équipement sur le toit, ni rue commerciale.
Éclairage média
ParProfesseur agrégée d’histoire-géographie au Gymnase Jean Sturm à Strasbourg
Comme le rappelle le reportage, l'unité de Briey comporte 339 logements déclinés en 11 variantes. Ces logements sont presque tous des duplex, qui traversent tout l’immeuble et ouvrent sur les deux façades du bâtiment et qui sont desservis par six couloirs ou "rues intérieures".
Les premiers locataires sont arrivés en 1961, mais, suite à la fermeture des mines de Briey, des bases américaines de l’OTAN et des usines de la région, le bâtiment se vide progressivement. De plus, des malfaçons sont mises au jour et le bâtiment se dégrade, ses locataires connaissant de grosses difficultés financières. En 1973, les derniers locataires sont évacués de l'unité, restée très isolée du reste de la commune. Dans les années 80 elle est à l’abandon. Sauvée à la fin des années 1980 grâce aux efforts de la municipalité de Briey et de l'État, entièrement habitée sous la forme d'une copropriété, elle a retrouvé aujourd'hui tout son sens. Depuis 1993, l'unité d'habitation fait l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques. Les façades et les toitures ainsi que le portique de la chaudière font également l'objet d'une inscription au titre des monuments historiques depuis le 16 juillet 2007. L'ensemble porte le label « Patrimoine du XXe siècle ». Cependant la cité de Briey ne fait pas partie de la liste de l’Unesco retenue en 2016 car elle a été trop retouchée, ce qui va à l’encontre des critères de l’Unesco sur la question de l’authenticité et de l’intégrité.
La spécificité de ce patrimoine Le Corbusier réside dans le fait qu'il s'agit d'un patrimoine vivant, dont les édifices ont conservé leur usage originel privé ou public. D’ailleurs le journaliste interroge des enfants qui y habitent et qui participent à un atelier organisé par l’association des habitants de la cité radieuse. Il donne aussi la parole à Vivian Peluzzi, président de l’association qui insiste sur la mixité voulue par l’architecte. Des résidents comme Geneviève exprime leur vécu dans cet habitat devenu patrimoine. Elle explique que les habitants y ont finalement constitué leur petit village, un « village à la verticale », tout en reconnaissant avoir acheté l’appartement en 2004 pour l’environnement proche - la forêt - mais pas pour Le Corbusier, ce qui révèle les limites de l’appropriation patrimoniale de l’édifice. D’ailleurs le reportage rappelle que le chantier en 1960 a été très mal accueilli par les habitants qui ne comprenaient pas pourquoi on rasait la forêt. Une médiation s’avère effectivement nécessaire pour comprendre les enjeux d’un tel projet.
Ainsi des visites d’étudiants, en plus des activités destinées au public local, sont organisées par l’association d’architectes La Première Rue (du nom du long couloir inscrit à l'Inventaire des Monuments Historiques et que Le Corbusier assimilait à une "rue") née en 1989 du parrainage international d'une trentaine d'architectes et d'artistes qui ont voulu contribuer à la protection et à la valorisation de l'Unité d'habitation de Briey. Véronique Léonard, directrice de l’association, insiste sur le lien social qui se tisse à travers ces lieux de rencontre. Elle rappelle la dimension moderne de cette architecture grâce à l’appartement témoin que la caméra explore, qui montre un design et un mobilier (sièges, luminaires, rangement…) fonctionnel aux lignes épurées et conçus par d’autres grands noms parfois éclipsés par Le Corbusier (et que le reportage ne cite pas) : Charlotte Perriand et Jean Prouvé. Une ouverture murale permet de se passer des objets entre voisins, facilitant le lien social. Ou encore un meuble permet à lui seul de connecter les espaces, la cuisine et le séjour, la cuisinière et ses invités. Le Corbusier, lors de l'inauguration de la Cité radieuse de Marseille en 1952, ne déclarait-il pas : "Les avantages les plus clairs, c’est libérer la femme, la maîtresse de maison, des contraintes domestiques qui sont un véritable esclavage et qui peuvent être facilitées par l’organisation des services communs" ?
Transcription
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