L'ouverture du Musée Cocteau à Menton
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Résumé
Le Musée Cocteau à Menton ouvre ses portes. C’est une création de l'architecte Rudy Ricciotti. Il expose la collection privée d'un donateur, Séverin Wunderman, qui est à l'origine de ce musée.
Date de diffusion :
05 nov. 2011
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Contexte historique
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Le 6 novembre 2011, le musée Cocteau ouvre ses portes au public à Menton. C’est l’aboutissement d’une histoire entre le poète et une ville, initiée plus d’un demi siècle auparavant. Jean Cocteau, né en 1889, est un créateur qui a touché à tous les arts. Dès l’âge de vingt ans il publie son premier recueil de poèmes. Il continue à pratiquer la poésie, mais connaît le succès avec des romans (Thomas l’imposteur, Les Enfants terribles), des pièces de théâtre (Les Parents terribles, Les Monstres sacrés), des films (La Belle et la bête, Orphée, Le Testament d’Orphée). Mais Jean Cocteau, ami de Picasso, manie aussi le crayon et le pinceau : il dessine, réalise des affiches, des tableaux, des fresques murales. En 1955 il est au faîte de sa gloire ; il est élu à l’Académie française. C’est alors que commence son histoire avec Menton. Depuis 1950, il séjourne régulièrement à Saint-Jean-Cap-Ferrat, dans la villa Santo Sospir de son amie Francine Weisweiller, dont il a entrepris la décoration des murs. En août 1955 il assiste au festival de musique de Menton ; il est conquis par la manifestation et par le site. Il rencontre le maire, Francis Palmero. Une collaboration va s’instaurer : Cocteau dessine l’affiche du festival pour 1956, et il entreprend, à la demande du maire, la décoration, sous forme de fresques, des murs de la nouvelle salle de mariage de la mairie, mêlant motifs figuratifs et motifs abstraits, tout en méandres. C’est alors que naît l’idée de la restauration et de la décoration du fortin qui se trouve sur la digue du port. Cocteau réalise des mosaïques originales, dont le célèbre lézard, pour l’entrée et l’intérieur du bâtiment, destiné à accueillir une centaine de ses œuvres (dessins, peintures, lithographies, tapisseries, céramiques). Jean Cocteau décède brutalement en octobre 1963, et le « bastion Cocteau » ouvre ses portes au public en 1966.
Trente-sept ans plus tard, l’homme d’affaire et collectionneur américain d’origine belge, Séverin Wunderman, rencontre le maire de Menton, Jean-Claude Guibal, et décide de léguer sa très importante collection d’œuvres de Jean Cocteau à la ville, à condition qu’elle s’engage à édifier un musée pour les accueillir. En 2005 une mission de préfiguration du musée est mise en place, un concours d’architecture est ouvert pour sa construction en front de mer, à quelques pas du fortin. Il est remporté par Rudy Ricciotti, grand prix national d’architecture, qui conçoit un bâtiment qu’il veut à la fois en adéquation avec le site et avec l’œuvre de Jean Cocteau. Le site, c’est d’un côté la ville, et de l’autre la Méditerranée. Le bâtiment s’ouvre sur la ville par un large parvis qui permet ainsi de voir l’architecture urbaine. Mais par son architecture basse, le musée s’ouvre aussi sur la mer : un rez-de-chaussée qui ne masque pas la vue, et qui au contraire, de l’intérieur, multiplie les échappées du regard vers les flots bleu, et un niveau aveugle en sous-sol, qui est particulièrement adapté aux nombreuses projections d’extraits de films de Cocteau qui participent de la muséographie. Mais ces deux niveaux jouent aussi du contraste entre lumière et obscurité, du clair-obscur si présent dans l’œuvre - notamment cinématographique - de Cocteau. Délaissant le noir qu’il a utilisé pour les façades du pavillon du Centre chorégraphique national d’Aix-en-Provence et du Musée des Civilisations d’Europe et de Méditerranée à Marseille, ici Rudy Riciotti a opté pour le blanc dans une façade animée par le dessin tout en ondulations et méandres des murs de la galerie côté mer.
En plus d’un millier d’œuvres de Cocteau de la donation Séverin Wunderman, le musée bénéficie de la donation par Lucien Clergue de plus de deux-cents photographies, dont celles qu’il avait réalisées, à la demande de Cocteau, sur le tournage de son dernier film, Le Testament d’Orphée, aux Baux de Provence.
Transcription
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musique
(musique)
Magali Roubaud-Soutrelle
Un coquillage de presque 3000 mètres carrés, comme un rocher creusé par les embruns, Menton vient d’offrir à Cocteau son plus grand musée, sorti de l’imagination d’un architecte varois.Rudy Ricciotti, cette créature, c’est vous qui en êtes le maître d’oeuvre, l’architecte, le créateur justement.Est-ce que les contraintes qui ont été les vôtres, enfin, qu’elle soit plus haute que 4,50 mètres, qu’elle s’intègre dans ce paysage, ont été difficiles à respecter ?
Rudy Ricciotti
Ecoutez, la seule contrainte à laquelle j’ai eu à rendre compte, c’est celle de la présence de l’horizon métaphysique de la Méditerranée.Vous savez, ce bleu cobalt qui rend fou, comment l’ignorer ?
Magali Roubaud-Soutrelle
Oui.
Rudy Ricciotti
Voilà, c’est la seule vraie contrainte, voilà.Comment ne pas l’observer, la regarder ?Donc, il n’était, pour moi, pas question, que je fasse une boîte noire, opaque, décontextualisée, vous voyez ?
Magali Roubaud-Soutrelle
Est-ce que ce qu’il y avait à l’intérieur, c’était essentiel, Cocteau ?Parce que forcément, ce qu’on voit de l’extérieur, on se dit, ça aurait pu être dessiné par Cocteau.
Rudy Ricciotti
Ah ben oui, c’est ce qu’on m’a dit, parce que effectivement, le projet fait référence, un peu, aux traits déliés de Cocteau, fait référence à La Belle et La Bête , cet imaginaire qu’on a tous en tête depuis qu’on est enfant.Avec ces tentacules, ces chevelures, ces chandeliers, ce travail sur l’ombre et la lumière.Donc, c’est ça, un peu, l’histoire du projet, mais c’est normal.Après tout, c’est un musée qui est dévolu à l’oeuvre de Jean Cocteau.Donc, c’est obligé que je lui fasse hommage.
Célia Bernasconi
C’est un petit personnage qui apparaît sous la plume de Cocteau.Je dis qui apparaît parce que Cocteau parlera toujours, dans son dessin, vraiment, de ce, cette difficulté à contrôler sa main.C’est à dire qu’un motif surgit sur la feuille, guide sa main, guide la plume, et qu’il apparaît à la plus grande surprise de son auteur.
Magali Roubaud-Soutrelle
Cocteau, un homme qui, dès les années 1910, esquisse des autoportraits sans visage parce qu’il cherche son identité, jusqu’à la fin de sa vie, en 63.Les 7 espaces du musée retracent l’oeuvre du poète, réalisateur, et même peintre, lorsqu’il rencontre Picasso.
Célia Bernasconi
En fait Cocteau connaît Picasso dès 1916.Ils traversent le siècle ensemble mais il le retrouve effectivement, à partir de 1950 sur la Côte d’Azur.Et c’est effectivement Picasso qui lui donne ses premiers pastels, mais aussi, qui l’engage à peindre sur chevalet.Les peintures de Cocteau sont très rares.Il se définissait, surtout, lui-même, pas comme un peintre, mais comme un poète qui peint, et effectivement, ses huiles sur toile font partie des quelques-unes qui ont été conservées et que nous présentons, ici, au musée.
Magali Roubaud-Soutrelle
Dans ce musée, il y a les oeuvres de Cocteau et les témoignages de ceux qui l’ont connu.Ces photos ont été prises lors du tournage du Testament d’Orphée dans la carrière des Baux-de-Provence.Cocteau y met en scène sa vie et sa mort, derrière l’objectif, l’arlésien, Lucien Clergue.
Lucien Clergue
Cocteau s’est beaucoup servi de mes photographies et notamment pour le Festival de Menton.Il a pris une photo d’une gitane qui joue d’une guitare cassée, ce qui était quand-même un choix bizarre, pour des musiciens qui allaient jouer du violon avec de bons violons.Mais moi, j’en suis très fier, parce que, effectivement, c’est un hommage aux gitans qu’il aimait beaucoup et il était allé en Espagne les voir ;et il avait beaucoup aidé, d’ailleurs, Manitas de Plata lorsqu’il a eu un procès avec Barclay, voilà.
Magali Roubaud-Soutrelle
C’est la collection privée d’un mécène, à la tête d’un groupe d’horlogeries de luxe, Severin Wunderman, qui est à l’origine du musée.Seule condition de ce donateur, la mise en lumière de ce patrimoine.La lumière, qui rentre, justement, par tous ces interstices, c’était une caractéristique de votre projet.
Rudy Ricciotti
C’est une caractéristique qui consiste à faire un lieu public, populaire, qui regarde aussi la mer, qui regarde la cité, qui regarde aussi l’horizon dans laquelle il est inscrit.Evidemment, comment échapper à cette dictature esthétique qui est celle de la lumière méditerranéenne ?Et je crois qu’on ne peut pas lui tourner le dos, c’est une réalité.Je crois que si on veut que les musées aient un destin, un jour, partagé, il faut bien qu’ils acceptent aussi cette circonstancialité du territoire, c'est-à-dire regarder et vivre avec cette lumière naturelle.Ce projet est déchiqueté, il est déchiré, c’est un ouvrage déchiré, voilà.
Magali Roubaud-Soutrelle
Cocteau disait que son oeuvre, on avait du mal à la ramasser.
Rudy Ricciotti
Oui.
Magali Roubaud-Soutrelle
Ça vous a inspiré ?
Rudy Ricciotti
Oui, totalement, bien sûr oui, c’est un peu le musée, on a du mal à le ramasser, comprendre où il commence et où il finit.C’est le trait délié de Coteau qui fabrique aussi tous ces percements, toutes ces fenêtres, ces regards, ces yeux vers le territoire.J’aimerais seulement qu’on retienne que ce Musée Cocteau, finalement, est bienveillant par rapport à l’oeuvre de Cocteau, oui.
Magali Roubaud-Soutrelle
Oui, c’est en harmonie, quoi !
Rudy Ricciotti
Oui, l’idée d’une bienveillance, voilà, l’idée d’une bienveillance !
Magali Roubaud-Soutrelle
D’accord !Du bastion à la pointe de la digue décorée par l’artiste au nouveau Musée Cocteau, la ville de Menton est désormais plus que jamais attachée au poète.
musique
(musique)
Jean-Claude Guibal
Aujourd’hui, le tourisme, ça ne consiste pas simplement à offrir de l’hébergement, le tourisme, c’est aussi offrir des prestations.Et pour une ville comme la nôtre, on est heureux que la meilleure prestation que l’on puisse apporter est, soit une prestation culturelle.
Magali Roubaud-Soutrelle
Le Musée Cocteau à Menton ouvrira ses portes au public demain dimanche, il sera ensuite ouvert tous les jours sauf le mardi, une belle idée de sortie.Pour toutes les autres idées, regardez notre agenda.Bonne fin de samedi, à la semaine prochaine.
musique
(musique)
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