Metz et Thionville rejoignent le réseau de villes transfrontalier LELA +

A l’instar des réseaux de villes du Moyen Âge, tel celui de la Hanse ou encore de la Décapole alsacienne, les villes de la Grande Région s’associent pour mettre en place des stratégies de développement communes et renforcer leur attractivité. Cette coopération qui se développe entre villes en Europe est soutenue par l’Union européenne ainsi que par les États (exemple la loi Pasqua de 1995 en France). Plusieurs réseaux se sont ainsi constitués par-delà les frontières : dans la Grande Région se trouvent « le Quattropole » et « LELA » devenu aujourd’hui « Tonicités ». Regroupant les capitales de la Grande Région (Luxembourg-ville, Metz, Trèves et Sarrebruck), le Quattopole a été créé en 2000 pour renforcer la coopération urbaine autour de projets qui concernent le tourisme, l’environnement, l’énergie, les migrations, le haut débit, etc. Créé en 2006,le réseau LELA associait à la ville de Luxembourg qui l’a initié, trois villes frontalières : Esch-sur-Alzette, Longwy et Arlon. Lela est devenu Lela + en 2007 lorsque Metz et Thionville l’ont rejoint. 

L’objectif, comme annoncé dans le reportage, est de développer une métropole transfrontalière. Cette coopération doit permettre de faciliter les échanges de savoir-faire et de rassembler les compétences dans les domaines touristique, culturel, voire sécuritaire. Avec l’accroissement constant du nombre de travailleurs frontaliers lié à l’attractivité du Luxembourg, une des priorités est d’améliorer la mobilité transfrontalière en favorisant la densification des centres-villes, en particulier autour des gares et en développant les infrastructures de villes à villes comme le précise Louis-François Reitz dans l’interview. Si la Lorraine comptait 50 000 travailleurs frontaliers au Grand-Duché en 2007, les prévisions annoncées dans le reportage, tablant sur 72 000 travailleurs frontaliers en 2020 sont désormais largement dépassées puisqu’en 2021 la Lorraine compte plus de 100 000 travailleurs frontaliers vers le Luxembourg et dans la Grande Région il y en a presque 200 000. Un des autres objectifs de cette coopération était de dynamiser et de moderniser les villes. Longwy est présentée comme ville pilote pour développer le haut débit nécessaire entre autres pour l’IUT de Longwy comme le souligne Jean-Marc Fournel, premier magistrat de la ville. Selon Jean-Marie Rausch, alors maire de Metz, la capitale régionale lorraine a également un rôle à jouer avec ses 7 000 à 8 000 frontaliers. Enfin, en 2011, le réseau LELA +  a été rebaptisé « Tonicités – les villes frontières » afin d’impulser une « nouvelle dynamique » et de le rendre plus « lisible ». 

De nombreuses études ont été réalisées en dix ans et des projets ont été menés à bien dans des domaines toujours plus diversifiés. Cette coopération n’a cessé de se développer et poursuit ses réflexions sur les questions des mobilités, de l’accessibilité au très haut débit, et le développement de ses villes au sein d’une vaste « région métropolitaine polycentrique transfrontalière ». Tonicités est aujourd’hui une association bien structurée avec un comité directeur, un comité de coordination et six groupes de travail mis en place en fonction des thématiques choisies (attractivité, mobilité, Internet, énergies renouvelables, etc.) parmi lesquels deux sont devenus prioritaires depuis 2015 : mobilité et communication. 

Ces réseaux de villes transfrontaliers restent toutefois trop peu connus des populations locales. De même, pour continuer avec la volonté de définir de nouvelles solidarités territoriales, on peut se demander s’il ne serait pas opportun d’imaginer à l’avenir une fusion des deux réseaux de villes, le Quattropole et Tonicités, afin de regrouper les principales villes de l’ensemble de la Grande Région et de renforcer ainsi la cohésion des territoires.