À la découverte des héritages et du patrimoine de la sidérurgie dans le bassin de Longwy

Tourné en 1997, à l’occasion des journées du patrimoine, le reportage s’inscrit dans la fin de la phase de deuil qui touche tout territoire post-industriel. Cette phase est caractérisée par une négation et la destruction de nombreux héritages de l’industrie passée. Elle est d’ailleurs rappelée, à 2’03’’, par Jean Boucon, professeur d’histoire-géographie et président de l’association « Patrimoine du Pays de Longwy ».

Après une brève présentation par Daniel Bilalian, aux commandes du JT de France 2, le sujet débute par des vues des hauts-fourneaux du bassin de Longwy, d’abord en activité (0’23’’), puis dynamités et mis à terre (0’33’’) et enfin devenus vestiges rouillés (0’38’’). Ainsi sont rapidement résumés la toute-puissance, puis l’effondrement de la sidérurgie dans ce territoire.

Le reportage aborde ensuite ce qu’il reste de la sidérurgie et qui peut donc être mis en valeur. La première image concerne l’ancien haut-fourneau couché de l’usine de Senelle (0’44’’), sur la commune d’Herserange, fermée en 1987. Il s’impose face aux anciens Grands Bureaux de l’usine construits en 1929 (à gauche, en arrière plan). La pression d’associations locales, aura imposé la conservation de la partie centrale du haut-fourneau détruit, témoignage vif de la sidérurgie et de son effondrement. Jean Boucon disait de ce haut-fourneau renversé qu’il est plus grand couché que debout. Roger Cuter, ancien « thermicien » qui s’en occupait, témoigne d’un grand attachement vis-à-vis de l’objet massif inanimé. Préservé et entretenu ce vestige orne désormais le Golf de Longwy qui a recouvert la friche en 2004. Les Grands Bureaux ont été quant à eux été réhabilités en2008 et transformés en immeuble résidentiel avec vue sur le Golf.

Sont ensuite présentés, à partir de 0’47’’, les vitraux Art-déco uniques signés Louis Majorelle ornant les Grands Bureaux de l’aciérie de Longwy, construits en 1928 sur la commune de Longlaville. Les vitraux retracent les différentes phases de la production de l’acier et les hauts-fourneaux, entourés des cowpers (récupérateurs de gaz permettant de réchauffer l’air réinjecté ensuite dans les hauts-fourneaux), sont bien visibles. L’inscription « 1865 », présente dans un vitrail et sur une plaque rouillée, date la première installation de la sidérurgie sur le site. Préservés de la démolition de l’aciérie, ces Grands Bureaux ont été réhabilités dans les années 1980 laissant la place à la Maison pour l’emploi du bassin de Longwy, baptisée espace Jean Monnet.

Intercalé entre les images de vitraux, apparaît brièvement (1’26’’) l’un des piliers des anciens systèmes industrialo-paternalistes : la « cité ouvrière » caractérisée par son uniformité et ses alignements. Il s’agit ici de la rue Albert Lebrun à Herserange.

La caméra montre ensuite à 1’38’’ l’ancien haut-fourneau de Cons-la-Grandville (lieu-dit « Les Forges ») digne héritier de sites sidérurgiques au charbon de bois plus anciens (bas-fourneaux). Haut-fourneau de « première génération », il a été édifié en pierres en 1865 par le Marquis Lucien de Lambertye, Ingénieur des Mines dont les initiales sont visibles sur le haut-fourneau à 1’35’’. Fermé peu de temps après 1870 car ne pouvant faire face au développement très rapide des usines sidérurgiques géantes voisines, Ce haut-fourneau tombe dans l’oubli avant d’être classé monument historique en 1974 et réhabilité depuis plusieurs fois (1977, 1992 et 2021).

La partie finale du reportage est filmée au Luxembourg, et concerne « Minett Park Fond-de-Gras », parc muséal créé à partir de 1973 autour de l’ancienne mine de Fond-de-Gras à Rodange (commune de Pétange) et du village minier de Lasauvage (commune de Differdange), dans la vallée du Ru de la Côte Rouge à 4 km plus au sud-ouest. Ces deux ensembles sont reliés par d’anciennes galeries minières et le « Minièresbunn », jadis train minier devenu désormais train touristique, est filmé en surface puis sous terre. Cette partie du reportage illustre la différence d’approche de la patrimonialisation industrielle de part et d’autre de la frontière, la phase de deuil ayant été dépassée bien plus tôt au Luxembourg que du côté français.

Sur les derniers plans du reportage, Jean Boucon parle (2’02’’), adossé à une locomotive du « Minièresbunn ». Ce passionné de l’histoire industrielle de la région est à l‘origine de la « Route du fer » évoquée à plusieurs reprises dans le reportage, circuit touristique tracé entre le Musée du fer à Jarville-la-Malgrange (banlieue de Nancy) et les installations du bassin de Longwy présentés dans le reportage, et qui passe par le U4, haut-fourneau patrimonialisé d’Uckange. Si un guide concernant « la mise en itinéraires touristiques des sites ferrifères » (Édith Fagnoni, 2003) de Lorraine a été publié en 2001, cette mise en réseau, semble-t-il, ne fonctionne plus en 2021. 

• Édith Fagnoni, « La mise en itinéraires touristiques des sites ferrifères du vieux bassin industriel », Téoros, Vol. 22, n°2, 2003, [en ligne], http://journals.openedition.org/teoros/1757, page consultée le 28 octobre 2021.