1978-1986 : Un vent nouveau
Une équipe renouvelée
L'édition 1978 est marquée par l'arrivée d'un personnage d'importance dans l'administration du Festival : Gilles Jacob devient Délégué Général. Il crée la Caméra d'Or, qui récompense le meilleur premier film, toutes sélections confondues - Sélection officielle, Quinzaine des Réalisateurs et Semaine de la critique - et regroupe les sections non compétitives dans la sélection Un Certain regard. Un autre changement d'importance intervient dans la destinée du Festival de Cannes : le Palais de la Croisette devenu trop petit, la municipalité de Cannes fait construire le Palais des Congrès. Comparé à un blockhaus de béton par de nombreux observateurs mécontents, il accueille de nombreux événements tout au long de l'année. Peu propice aux besoins spécifiques du Festival, le "bunker" s'adapte progressivement à ses nombreuses subtilités. L'année suivante survient un nouveau bouleversement : l'homme qui a marqué la naissance et l'évolution du Festival, Robert Favre le Bret, quitte la présidence du Festival en 1984, Pierre Viot lui succède.
La sélection vue par le nouveau délégué général Gilles Jacob
Sur la plage de Cannes, interview de Gilles Jacob, nouveau délégué général du Festival. Il évoque la sélection, des films liés à l'actualité et qui reflètent une certaine angoisse, et il présente une journée exceptionnelle sur les comédies de Billy Wilder.
Polémiques
Mais avant son départ, le président est mis en cause par la présidente du jury de l'édition 1979. Françoise Sagan scandalise la Croisette en déclarant : "Il est exact que j'ai essayé de faire pression sur le jury. Tout simplement parce que la veille, M. Favre le Bret qui, lui, n'avait pas à intervenir, avait tenté la même manoeuvre." Françoise Sagan soutient le film de Volker Schlöndorff Le Tambour, tandis qu'une partie des jurés vote pour Apocalypse Now de Francis Coppola. Jusqu'à la dernière minute, le suspense reste entier : les bobines parviennent une à une à l'aéroport de Nice, via Paris où elles sont sous-titrées, au fur et à mesure qu'avance le travail de montage de Francis Coppola à Los Angeles. Finalement, la Palme d'Or sera accordée ex aequo aux deux films. Une récompense que n'aura pas Lars Von Trier en 1984. En recevant le Grand Prix technique, le réalisateur danois suggère élégamment qu'une Palme d'Or aurait mieux récompensé son film The Element of Crime .
Du passé vers l'avenir
La 39ème édition, en 1986, est déclarée ouverte par Charlotte Gainsbourg, 14 ans, et Charles Vanel, 94 ans, main dans la main. Un symbole qui résume bien le Festival de Cannes, entre honneur aux aînés et attention aux jeunes talents. En 1982, Stanley Kilburn, pianiste britannique de 81 ans, impressionne les festivaliers quand il accompagne un film muet de 1916, en improvisant pendant 4h30. L'année précédente, en 1981, le réalisateur américain John Waters présente le premier film en "odorama". En regardant Polyester, les spectateurs grattent des pastilles numérotées libérant de nouvelles odeurs à mesure que les chiffres correspondants s'inscrivent à l'écran. Une scène que n'aurait pas reniée ce même réalisateur: le premier entartrage médiatique, en 1986. La victime est Jean-Luc Godard, qui s'apprêtait à donner la conférence de presse à propos de Détective, avec Nathalie Baye et Johnny Hallyday. En 1983, une nouvelle chaîne voit le jour. Star 83, télévision interne du Festival, elle filme Cannes vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Tous les éléments sont réunis pour un succès d'audience : des stars, des scandales et le suspense du palmarès, menaçant de transformer la Croisette en feuilleton télévisé. Des mesures de régulation sont prises, pour que le Festival garde le contrôle des retransmissions, à travers un partenaire unique (Canal Plus).
Le Festival soutient la liberté d'expression
Parallèlement, le Festival remplit une noble mission : soutenir la liberté d'expression. En 1981, le Polonais Andrzej Wajda remporte la Palme d'Or avec son film L'Homme de fer, qui retrace la naissance du syndicat Solidarnosc. L'année précédente, le Festival rendait hommage aux réalisateurs luttant contre la répression avec une journée spéciale. Dans le cas du cinéaste malien Souleymane Cissé, soutenu depuis ses débuts par le Festival (Le Vent est présenté en 1982, La Lumière remporte le Prix du Jury en 1986), ce sont les appuis financiers qui lui ont permis de s'exprimer.
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