Indépendance du Vanuatu
Notice
Reportage au Vanuatu qui fête son accès à l'indépendance, dans un contexte de rivalité entre francophones et anglophones. Entretien avec Olivier Stirn, secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, et avec un planteur français inquiet quant à l'avenir.
Éclairage
En novembre 1979, le Vanua'aku Pati du pasteur anglican Walter Lini remporte les élections législatives avec 26 sièges sur 39. Walter Lini devient premier ministre et l'indépendance du condominium est fixée au milieu de l'année 1980.
Les francophones, très présents sur les îles d'Espiritu Santo et de Tanna n'acceptent pas l'évolution de la situation. Les négociations entre les deux communautés linguistiques échouent. En mai 1980, les sécessionnistes du mouvement Nagriamel prennent Luganville dans l'île de Santo. Leur leader, Jimmy Stevens, un des premiers militants pour l'indépendance du condominium, forme alors un gouvernement sur Santo et proclame l'indépendance de la « République de Vemerana ». Le gouvernement central de Walter Lini ordonne, lui, un blocus de l'île de Tanna. Les tensions se multiplient entre les deux communautés linguistiques et l'on recense des heurts et des déplacements de population. Le 30 juillet 1980, l'indépendance effective du pays est proclamée. Les forces armées franco-britanniques interviennent du 27 juillet au 18 août 1980 pour rétablir l'ordre mais cette opération va aussi, pour les unités françaises du 8ème RPIMA, se transformer en mission d'exfiltration des ressortissants français, menacés par l'évolution de la situation politique. Ce reportage est diffusé le 2 août, soit quelques heures après la fin des cérémonies de l'indépendance.
Avant même le départ des forces françaises, le gouvernement central a, comme indiqué dans le reportage, fait appel à l'aide militaire de la Papouasie Nouvelle-Guinée dont les forces vont reprendre le contrôle de l'île de Santo. Les insurgés vont être arrêtés et jugés. Stevens est emprisonné pour plus de 10 ans. De nombreux ressortissants français, souvent des planteurs, sont expulsés du nouvel état indépendant et trouvent refuge en Nouvelle-Calédonie où beaucoup ont des attaches familiales. L'arrivée de ces réfugiés en Nouvelle-Calédonie, où des structures d'accueil sont mises en place, va sans doute contribuer à exacerber les tensions et les craintes entre communautés sur ce territoire.
Ce reportage montre la situation sur l'archipel au lendemain même de l'indépendance, le temps que les images soient transmises en métropole. Le ton de ce reportage est sans concession et les critiques envers le monde anglophone assez virulentes. Il faudra quelques crises et des alternances démocratiques pour que la situation se normalise entre les différentes communautés linguistiques du Vanuatu.