Histoire d'un village
Notice
Après l'enlèvement d'un villageois, les habitants de ce village décident de s'organiser en autodéfense avec l'aide de l'Armée. Distribution des fusils, entraînement.
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Éclairage
Le film, terminé en mars 1961, peu avant les premières négociations d'Evian entre la France et le GPRA (en mai), présente la situation de l'année précédente : « Algérie 1960. La rébellion déclenchée six ans plus tôt par quelques fanatiques inspirés et soutenus de l'étranger jette maintenant ses dernières flammes, prenant de plus en plus la forme d'un terrorisme aveugle et négatif ». Le but du film est de montrer la constitution, dans un petit village de Kabylie, d'un groupe d'autodéfense ; une solution qui existait avant 1958 mais qui a décuplé en 1959, notamment parce qu'elle permet de montrer la confiance nouvelle de l'armée dans les populations désireuses de prendre en main leur sécurité.
Le titre de ce film en couleurs (une chose encore rare au SCA) est aussi en arabe, signe qu'il a été pensé pour être projeté dans les populations arabophones. Il s'agit d'une fiction au statut plus clairement assumé que dans la plupart des films militaires. Toutefois, le discours n'a guère changé depuis les films de 1957, signe que l'évolution est assez lente dans les représentations et les discours, où on retrouve toujours la « peur », les « hors-la-loi » et les « brigands », avec « leur dictature de misère et de haine ». Aussi, « le fellagha sait bien qu'il ne peut s'imposer que par la terreur », comme le montre preuve à l'appui une séquence fictionnelle mettant en scène un assassinat, suivie d'une autre « reconstitution » nocturne sur une musique lugubre. Mais ces éléments négatifs vont être contrebalancés par le retour à « Ouled Brahim, petit village du djebel » de Hacène sur son âne, sur une musique de western. S'ensuit un improbable échange en voix over entre Hacène et son ami Chergui, sur lequel viennent se plaquer des images de ce qu'a vu Hacène « de l'autre côté de la montagne », avec des maisons, des usines : « Là-bas l'armée française a détruit le FLN, la paix française est une réalité » entend-on sur fond de musique aux accents ravéliens accompagnés de plans d'agriculture florissante et d'enfants joyeux. Mais tout cela s'explique parce que « là-bas les hommes sont armés Chergui, et ils ils se défendent ». Mais le « traître Ben Mira » surprend leur conversation, et Chergui est enlevé par le FLN. L'armée, aidée par des hommes du village, part à sa recherche et on voit, chose rare, des « rebelles » fictionnels en action puis arrêtés. « Alors Hacène tu voudrais bien le garder ce fusil ? », demande le capitaine. L'autodéfense s'organise donc au village : « Les hommes courageux qui ont décidé de défendre eux-mêmes la vie de leurs familles et de leurs concitoyens auront désormais les moyens de le faire », les armes s'ajoutant aux autres dispositifs scolaires ou sanitaires. Le film se termine sur la chanson et sur l'effigie des groupes d'autodéfense : un hérisson au-dessus d'un fusil et du drapeau français.