L'Extrême-Orient et les Américains
Notice
La guerre de Corée a éclaté le 25 juin 1950, opposant en apparence les deux Corées, et plus profondément, le bloc occidental et le bloc soviétique. Les troupes nord-coréennes ont franchi le 38e parallèle pour envahir la Corée du Sud. Devant l'intensité des combats, l'Organisation des Nations Unies demande une intervention internationale. Les Etats-Unis s'impliquent dans le conflit et font de nombreux prisonniers nord-coréens.
Éclairage
Ce sujet du Magazine des Armées consacré au soutien américain à la guerre d'Indochine se divise en plusieurs chapitres.
Tout d'abord une « introduction » expliquant le rôle et l'engagement des Américains en Asie du Sud-Est par une contextualisation de la guerre de Corée, conflit voisin, opposant depuis 1950 les Etats-Unis à la Corée du Nord.
Ce cadrage géopolitique au montage rapide et au commentaire partisan permet de replacer la guerre d'Indochine sur l'échiquier international de la Guerre froide et d'un affrontement idéologique Est-Ouest qui occulte soudain toute dimension « colonialiste » d'une tentative de reconquête de la Perle de l'Empire par sa Métropole. Un tel déplacement du propos est essentiel pour justifier l'intervention des Etats-Unis et le soutien diplomatique, logistique et financier accordé à la France.
Il est tout particulièrement intéressant de prêter attention aux ambiances musicales différentes créées pour animer les différentes parties de ce sujet. Ainsi, la visite de l'ambassadeur itinérant Philip C. Jessup, envoyé par le Président Truman pour évaluer la situation au début de l'année 1950, est-elle ponctuée par une mélodie doucereuse aux accents presque bucoliques (cette partie s'ouvre d'ailleurs « gratuitement » par un plan sur l'étal d'un fleuriste). Jessup n'y est montré qu'en compagnie de Bao Dai afin d'appuyer l'option d'une nationalisation du conflit (nationalisation qui dédouane forcément la France de toute velléité de reconquête et souligne, au contraire, sa volonté de protection contre un péril communiste menaçant les pays de l'Union française). De la même manière, le commentaire insiste systématiquement sur le fait que ces démarches diplomatiques engagées par les Etats-Unis vont à la rencontre des « personnalités franco-vietnamiennes » et non des seules autorités coloniales. En contrepoint de l'ambiance paisible de ces moments, intervient soudain la contestation d'une partie de la jeunesse vietnamienne s'exprimant contre la présence américaine. Au calme des discussions entre dignitaires, succède la violence de la rue. Le commentaire insiste sur le fait que les principaux dégâts créés par cette agitation concernent les Vietnamiens eux-mêmes, privés de leurs biens (incendie des « baraquements des marchands ambulants vietnamiens ») et de leurs transports (autocars brûlés). L'introduction du sujet indochinois par l'exemple coréen prend alors tout son sens, puisque la guerre d'Indochine revêt soudain les attributs d'une guerre civile en puissance.
Le dernier chapitre du sujet évoque tout naturellement les moyens mis au service de la France pour endiguer une situation à la dérive. La reprise du thème musical mielleux précédent sonne ainsi de manière d'autant plus étrange que n'apparaissent à l'écran que des militaires et des appareils de guerre (avions dakotas livrés à la France notamment) et que le commentaire insiste sur la donne factuelle, énonçant l'aide concrète apportée par les Etats-Unis. En hommage au généreux donateur, quelques mesures de l'hymne national américain retentissent également.
Cette partie est enfin remarquable en ce qu'elle est tournée par l'un des opérateurs les plus célèbres de la guerre d'Indochine, Georges Kowal, mort en Indochine en 1952, noyé dans une rizière pour n'avoir pu se relever après une explosion, écrasé sous le poids de son matériel de prise de vue qu'il portait dans le dos. Georges Kowal est également, malgré lui, l'initiateur de la carrière d'un autre opérateur célèbre, Pierre Schoendoerffer, qui en apprenant la mort du reporter de guerre, sut soudain que son destin d'apprenti cinéaste le mènerait en Indochine pour y faire ses premières armes, caméra au poing (Voir le sujet Na San, une bataille dans la jungle).