Nancy, un foyer de l’Art nouveau
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Résumé
Les 50 ans du musée de l’Ecole de Nancy, installé dans la maison du mécène Eugène Corbin, sont l’occasion de revisiter l’Art nouveau en compagnie des responsables du Musée de la ville, une des capitales de ce style mêlant arts et industrie et né au début du XXe siècle.
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Date de publication du document :
08 déc. 2021
Date de diffusion :
26 juil. 2014
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Contexte historique
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Intégrée au royaume de France à la mort du dernier duc de Lorraine Stanislas en 1766, la ville de Nancy a connu un déclin relatif, malgré son industrialisation (chimie, sidérurgie) au XIXe siècle. L’occupation de l’Alsace-Moselle, à partir de 1871, fait d’elle la ‘’capitale de l’Est de la France’’ : la ville y gagne un dynamisme démographique, urbain et économique. Une nouvelle génération de chefs d’entreprises, férus de techniques et d’art, devient les promoteurs de l’Art nouveau en France.
L’Art nouveau est issu du mouvement Arts & Crafts né en Angleterre vers 1860 pour défendre la production artisanale au pays de la Révolution industrielle. Il gagne rapidement les grands foyers artistiques européens (Berlin, Vienne ou Bruxelles) et à la fin du siècle, il est solidement implanté en France, autour de Paris avec l’architecte Guimard, célèbre pour ses entrées du métropolitain, le bijoutier Lalique, et surtout autour du foyer nancéien qui est la capitale française de ce nouveau style.
L’Ecole de Nancy, en fait un courant artistique, est portée par des hommes qui sont à la fois artistes et chefs d’entreprises : c’est le cas des verriers Gallé, Daum ou Gruber mais aussi de Louis Majorelle, ébéniste et ferronnier d’art, de l’architecte Sauvage, de l’ébéniste Vallin ou de Victor Prouvé. Leur inspiration est d’abord puisée dans les formes végétales et animales, mais aussi dans l’art japonais très à la mode à la fin du XIXe siècle. Le fer, symbole par excellence de l’industrie, est très présent dans leur production, en le travaillant comme une matière de légèreté, par exemple dans des décors floraux ou des verrières. Leur production d’objets et de meubles se veut un art du beau accessible à tous et surtout pas un luxe, d’où une production souvent en petite série. L’architecture les passionne aussi et Nancy est le grand théâtre de leur imagination, avec quelques 250 bâtiments de style Art nouveau. L’ensemble de leur œuvre témoigne d’une très grande maîtrise technique, d’une imagination fertile et d’un sens aigu de la diffusion pour ne pas rester un art des élites.
Dès les années 1890, les promoteurs de l’Art nouveau de Nancy exposent à Paris et acquièrent une renommée certaine, qui atteint le grand public avec l’Exposition universelle de Paris en 1900. Dans la foulée, et à l’initiative du maître-verrier, céramiste et ébéniste Emile Gallé, est créée en 1901 l’Association de l’école de Nancy ou Alliance Provinciale des Industries d’Art. Elle a pour but de promouvoir le rayonnement culturel de la ville de Nancy, de trouver des pratiques et thèmes propres à unir les productions des membres de l'association, tout en préservant leur autonomie, et de valoriser les industries d'art de province. Elle regroupe des artistes et artisans mais aussi des entrepreneurs. L’idée est bien de valoriser une production lorraine qui essaie de concilier art et économie, innovation et vie quotidienne, artisanat et industrie.
La Première Guerre mondiale, un changement de générations et l’émergence de l’Art déco signent le déclin de l’Art nouveau. Il tombe alors dans l’oubli, ses édifices sont abandonnés voire détruits, même si certains sont classés par les Monuments historiques - dans les années 1970 seulement. C’est donc récemment, avec un regard nouveau sur cette École mêlant art et industrie, que sa portée a été soulignée.
L’art nouveau dans sa forme allemande, le Jugendstil, est très présent dans les collections des musées, et dans les quartiers de Neustadt et du Neudorf (nombreuses réalisations architecturales) de Strasbourg ou encore à Metz. Le musée d’Orsay possède une riche collection d’objets et de meubles. A Nancy, on peut voir aussi de nombreux bâtiments dont la villa Majorelle. La ville a réouvert cette villa en 2020, après travaux. Elle apparaît comme un manifeste de l’Ecole de Nancy, initiée par Majorelle, dessinée par Sauvage, et dans laquelle les créateurs nancéens font montre de tout leur savoir-faire.
Éclairage média
Par
Le reportage de France 3 Lorraine fait partie des chroniques estivales de la chaîne régionale d’informations qui propose régulièrement des découvertes à faire dans l’espace proche. On a donc un reportage qui donne à voir, sans point de vue particulier, sur un musée peu connu (55 000 entrées en 2014) par les Lorrains.
Après un lancement sobre en plateau, le reportage démarre. Il invite le téléspectateur à une découverte intérieure et extérieure du musée, avec tout d’abord une série de plans arrêtés qui font entrer dans le sujet. Nous sommes dans la maison et le jardin de Jean-Baptiste Corbin, le grand mécène de l’Art nouveau nancéien. Corbin a fait fortune en créant les Magasins Réunis, des grands magasins de l’époque, à la décoration Art nouveau, et a constitué une des plus importantes collections dans le monde qu’il lègue pour partie à la ville de Nancy dès les années 1930. Mais il faut attendre 1964 pour que la ville ouvre le musée de l‘Ecole de Nancy dans la maison même du mécène, comme une immersion dans les lieux mêmes où s’est épanoui l’art nouveau, permettant une mise en contexte des œuvres.
On est sur un sujet "vacances et arts" : la réalisation a une forme qui correspond au thème, avec une succession de "belles images" et de points de vue décalés.
Nous avons une alternance d’images réalisées à l’intérieur et à l’extérieur, de plans larges et de vues en détails sur des objets du musée, avec des angles de vue originaux pour mettre en valeur les collections. Le fil conducteur semble être la volonté de montrer une des lignes de force des artistes de l’Ecole de Nancy : ils se sont fortement inspirés des formes végétales, locales ou exotiques, que l’on retrouve notamment dans la ferronnerie et les vitraux. L’inspiration vient de la nature, de l’observation des végétaux (le nénuphar) et des insectes (la libellule) par des créateurs attirés par l’entomologie, mais aussi du Japon dont l’art exerce une forte attraction au tournant du siècle. A l’intérieur, l’objectif du reportage est de montrer les collections pour accompagner et illustrer le discours des conservateurs : nous voyons des œuvres qui sont emblématiques de la diversité et du style Art nouveau de l’Ecole de Nancy, notamment la chambre Majorelle qui apparaît comme une œuvre phare du musée, de par ses lignes et sa conservation intégrale. Nous déambulons comme des visiteurs privilégiés dans le musée, accompagnés de l’expertise du conservateur-adjoint, dans une visite privée immersive.
Le reportage alterne aussi les interventions entre le journaliste, qui assure surtout la mise en contexte, et les personnels du musée, qui présentent la richesse de leur collection. L’ensemble des interventions permet donc de construire progressivement une présentation de l’Art nouveau : le contexte européen et local, les éléments caractéristiques sont présentés, l’originalité et la diversité des productions, et les grands représentants de l’Ecole de Nancy sont nommés. Le reportage offre donc une entrée dans l’Art nouveau, une sorte de grammaire du style qui pourrait servir d’introduction à une future visite. D’ailleurs, le reportage se termine en montrant des visiteurs, comme une incitation à la découverte.
On notera enfin que le reportage s’ouvre et se ferme sur le jardin et en particulier le pavillon de style Art nouveau : le téléspectateur a fait le tour du musée.
Transcription
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