« Art is Arp », au Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg
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A l’occasion de ses dix ans, Le Musée d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg rend hommage à l’artiste, poète, peintre, sculpteur et dessinateur né à Strasbourg, Hans Arp. L’exposition « Art is Arp », forte de plus de 180 œuvres, retrace le parcours de l’artiste lié à la ville, à l’Aubette et à sa première femme, Sophie Taeuber-Arp.
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Date de publication du document :
08 déc. 2021
Date de diffusion :
17 oct. 2008
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Il faut attendre 1960 pour que la construction du Musée d’Art Moderne et Contemporain soit sérieusement envisagée. Jusque-là, les collections étaient abritées au premier étage du bâtiment de l’Ancienne Douane où le musée d’Art Moderne est officiellement créé en 1973.
Quant au Musée d’Art Moderne et Contemporain, c’est seulement le 6 novembre 1998 qu’il est inauguré. C’est un bâtiment conçu par l’architecte, Adrien Fainsilber, formé en Europe du nord et aux Etats-Unis à l’art de l’urbanisme et du paysage et déjà connu du grand public pour la réalisation de la Cité des Sciences et de l’Industrie à Paris en 1986. Il travaille sur la transparence liée à l’usage du verre structurel et se réfère au mouvement moderne et au rationalisme qui accorde le primat au matériau. Sa grande référence est Le Corbusier, aux origines de sa vocation. Le projet vise à former un quadrilatère englobant le barrage Vauban et l’Hôtel du département refermé sur le musée et l’eau, offrant ainsi une perspective recentrée à la fois sur l’eau et la ville historique.
L’élément architectural majeur du musée est sa nef centrale aux dimensions imposantes, ouverte sur différents espaces d’accueil et d’exposition. Les collections sont composées d’oeuvres datant de 1870 à nos jours et séparées en deux sections : au rez-de-chaussée, l’art moderne, à l’étage, l’art contemporain.
Plusieurs personnalités avaient œuvré à la constitution des collections depuis 1870 : Wilhelm Bode dépêché par Berlin dès 1870 puis entre 1919 et 1963, Hans Haug. A partir de 1998 les collections s’enrichissent progressivement de dépôts de collectionneurs ou de prêts d’institutions publiques tels le Musée d’Orsay ou le Musée National d’Art Moderne de la ville de Paris.
Cependant, c’est autour de deux figures locales que la collection d’art moderne gravite, à savoir Gustave Doré (lui aussi né à Strasbourg) et Hans Arp. Ce dernier fait l’objet d’une importante exposition-rétrospective au MAMCS en 2008 (la précédente datait de 1986), intitulée « Art is Arp », selon un raccourci de la célèbre formule de Marcel Duchamp, « For Arp, art is Arp », et qui célèbre le dixième anniversaire du musée. Le MAMCS conserve en effet avec la fondation Arp de Clamart l’un des fonds les plus représentatifs du travail de l’artiste : 180 œuvres du poète, sculpteur, peintre et dessinateur sont présentées. Elles sont issues de collections diverses, notamment de la fondation de Clamart mais aussi de la fondation de Locarno (où l’artiste a vécu et où il est enterré) et des musées de New-York, Bâle, Zurich et Berlin, témoignant ainsi du rayonnement international d’une œuvre qui circule à travers le monde à l’image de la vie du créateur.
Né à Strasbourg en 1886, Hans Arp quitte la ville dès 1911 et poursuit ses études entre Strasbourg, Paris et Weimar. Dès cette époque ses recherches se caractérisent par des expérimentations abstraites. Il participe en 1911 à la deuxième exposition du groupe Der Blaue Reiter (le cavalier bleu) avec des œuvres d’inspiration expressionniste, il y côtoie Paul Klee et Wassily Kandinsky, artistes majeurs de la naissance de l’abstraction. Dès 1916 il participe à la création du groupe dada à Zurich, autour du Cabaret Voltaire, haut lieu d’expérimentations artistiques de tous ordres (collages, assemblages, lectures de poèmes manifestes), aux côtés de Tristan Tzara, Hugo Ball, Marcel Janco et Sophie Taeuber, qui deviendra sa femme en 1922.
Le mouvement dada, profondément iconoclaste, s’oppose aux valeurs établies et au désespoir ambiant, valorise le hasard dans le geste créateur et revendique une liberté absolue. Lié à l’émergence de l’abstraction au début du XXe siècle, le dadaïsme se caractérise par un usage libre et créatif de matériaux bruts et selon des formes géométriques. Dans l’écriture, de la même manière, Tzara prône un retour à la matérialité de la langue et compose des poèmes en choisissant des mots découpés d’un article de presse. Quant à Arp, privilégiant le collage, il laisse tomber des bouts de papiers déchirés. Il s’agit d’associer librement formes et sons, selon les principes de l’écriture automatique, principe réinvesti par le mouvement surréaliste. Car, avant d’être le célèbre sculpteur que l’on connaît, Hans Arp privilégiera l’écriture poétique avec le recueil La Pompe à nuages, écrit entre 1915 et 1920. Il mènera cette activité de front avec la création de collages abstraits et de reliefs dada, formes découpées de bois polychromes et assemblées pour créer des reliefs. Le travail de Hans Arp questionne profondément le rapport à la nature que l’artiste ne veut pas simplement imiter, mais il dit plutôt vouloir « travailler comme elle ».
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Le reportage s’ouvre sur une photographie en noir et blanc de l’artiste posant devant une de ses œuvres, puis sur l’affiche promouvant devant le Musée d’Art Moderne et Contemporain l’exposition “Art is Arp” destinée à célébrer l’anniversaire des dix ans du musée. La caméra effectue d’ailleurs un gros plan sur la plaque de la place Hans-Jean Arp qui constitue le parvis du musée.
Puis le reportage se centre sur la biographie de l’artiste, filmant la cathédrale, proche de sa maison natale, et la maison elle-même, située rue Vieux-Marché-aux-Poissons. Hans Arp naît en effet à Strasbourg en 1886. Indissociable de son identité première alsacienne, il quitte la ville en 1906 pour la Suisse mais aussi l’Allemagne, où il séjourne, notamment à Berlin. Il obtient la nationalité française en 1926 et se réinstalle à Strasbourg. La commissaire de l’exposition, Isabelle Ewig, interviewée devant la maison natale de l'artiste, témoigne de l’ancrage de son oeuvre dans un éclectisme culturel européen : né pendant la période allemande de la ville, l’artiste parle l’allemand, le français et le dialecte alsacien. Son oeuvre porte ainsi la marque de sa volonté d’effacer toute frontière, tant entre les arts qu’entre les peuples et les langues. Le reportage se poursuit avec des images de Zurich où Arp participe dès 1916, au Cabaret Voltaire, à la création du mouvement dada.
La deuxième partie du reportage est consacrée à la fondation Arp de Clamart dont on voit des images. En effet, Hans Arp est paradoxalement plus connu en France pour ses sculptures, comme le souligne Claude Weil Seigeot, présidente de la fondation Arp Clamart et que l’on voit à l’image. Elle rappelle cependant qu’avant tout il est peintre et reconnu pour cela en Allemagne et aux Etats-Unis. Un grand nombre de ses œuvres est conservé au sein de la maison-atelier, achetée dès 1927 en compagnie de Sophie Taeuber-Arp. La naissance de sa vocation de sculpteur doit beaucoup à sa rencontre avec celle qui allait être sa femme. La maison-atelier est devenue la fondation Arp depuis 1979 à l’initiative de sa seconde épouse, Marguerite Hagenbach, et contribue à la conservation et au rayonnement de l’artiste, comme en témoignent les nombreuses images d’oeuvres qui y sont conservées et régulièrement exposées au public. L’inspiration des sculptures courbes de l’artiste, organiques ou biomorphiques, se plaisant à l’imitation de la nature. Après un silence de plusieurs années dû à la mort accidentelle de Sophie Taeuber-Arp en 1943, l’artiste reprend la sculpture en 1947 et développe notamment le goût des formes courbes que l’on aperçoit dans l’atelier et le jardin de la maison. Hans Arp est enterré à Locarno (dont on voit quelques vues), où il a vécu dans les années 60. Une vue du tombeau et de Marguerite Hagenbach, sa seconde femme, est diffusée.
Strasbourg porte elle aussi la double empreinte de l’oeuvre de l’artiste. En 1964, peu avant la mort de l’artiste, la ville se porte acquéreur de plusieurs œuvres aux formes courbes et sensuelles qui sont exposées tout le long de l'avenue du Général-de-Gaulle, dans le quartier de l’Esplanade,formant un musée à ciel ouvert conçu comme une mémoire vivante de l’artiste. On peut ainsi y voir Hommage à Rodin (1938) ou encore Objet sur Seuil (1939). Le Torse des Pyrénées (1962), vandalisé, a rejoint les collections du Musée d’Art Moderne et Contemporain. Mais l’oeuvre majeure de l’artiste dans sa ville natale se trouve au centre névralgique, place Kléber : c’est l'Aubette.
Entre 1926 et 1929, Hans Arp avait participé avec sa femme, Sophie Taeuber et Theo van Doesburg, architecte et artiste hollandais, à la décoration intérieure de l’Aubette, œuvre majeure de l’avant-garde du début du XXe siècle. Plasticienne, Sophie Taeuber était aussi danseuse, formée aux arts décoratifs. La collaboration décisive des trois artistes trouve ainsi place à l’Aubette à Strasbourg.
A l’origine bâtiment militaire, puis centre de loisirs, l’Aubette (le nom désigne la relève de la garde dès l’aube) est classée monument historique dès 1929. Un café-concert se trouvait déjà alors au premier étage, mais il cède la place dès 1869 au Musée de Sculpture et de Peinture. Alors qu’elle avait été détruite au cours de la guerre de 1870, elle s’intègre au vaste projet de reconstruction de Jean-François Conrath. Sa réhabilitation est achevée dès 1877 et comprend une grande salle de concert, tandis que le rez-de-chaussée est composé de commerces et de boutiques.
En 1922, les frères Horn devenus concessionnaires de l’aile droite du bâtiment, (Paul, architecte, est aussi le concepteur de la grande percée), souhaitent y installer un vaste complexe de loisirs d’une dizaine de salles dont un cinéma-dancing, une salle de billard, une salle des fêtes. Le projet est confié à Jean Arp et à sa femme. Ils demandent à Theo van Doesburg de s’associer à eux entre 1926 et 1928. C’est l’occasion pour ce dernier d’expérimenter ses théories d’inspiration abstraite : la décoration doit exprimer un nouvel art de vivre. Conçu comme une œuvre d’art totale (Gesamtkunstwerk), le lieu résume les principes utopistes énoncés dans la revue de Stijl (qui deviendra aussi un mouvement pluridisciplinaire) associé au peintre Piet Mondrian : architecture, formes et couleurs doivent se compléter pour former un ensemble construit, à la fois projet artistique mais aussi utopie sociale et politique. Tout le mobilier (cendriers, lampes, éclairage mais aussi la typographie) doit s’accorder à la géométrie abstraite de l’ensemble. Les décors des murs et des plafonds se composent d’une grille oblique de carrés, rectangles et triangles de couleurs noires, blanches, jaunes, rouges, bleu et vertes. A la composition architecturale doit répondre le dynamisme induit par les couleurs. Cette nouvelle orientation, l’usage de l’oblique notamment, marque un virage pour Theo van Doesburg et lui permet d’appliquer les principes du néoplasticisme qui l’éloignent des théories strictement géométriques de Mondrian.
Le style imprimé par Sophie-Taeuber est lui plutôt inspiré par le Bauhaus et l’architecte autrichien, Adolf Loos. Il semblerait d’autre part que le couple Taeuber-Arp ait associé à la décoration d’ensemble les impressions récentes liées à un voyage sur les sites archéologiques de Pompéi et Tarquinia, en Italie, et qui aurait marqué le style des peintures murales. Ceci crée un contraste avec l’uniformité d’ensemble recherchée. L’œuvre est controversée dès son inauguration, le 17 février 1928. Le public dénigre les effets perturbants des couleurs et des lignes.
Isabelle Ewig évoque à l’image la principale originalité de cette oeuvre dans laquelle on entre de plain-pied. Le reportage se clôt sur l’évocation d’une des caractéristiques plastiques majeures de l’oeuvre, à savoir le retour obsessionnel de la forme ovale. Des images de l’exposition en cours confirment le retour récurrent de cette forme et l’éclectisme de l’oeuvre de l’artiste naturalisé français en 1926.
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