Le Stück, un premier bilan après sa mise en circulation
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Depuis septembre 2015, il est possible de faire ses achats à Strasbourg sans euro. Le Stück est entré en circulation comme monnaie locale en complément de l’euro. Cette monnaie locale, labellisée « éthique », entend participer au développement de l’économie sociale et solidaire et favoriser l’économie locale. Un premier bilan après quelques semaines d’utilisation.
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Date de publication du document :
08 déc. 2021
Date de diffusion :
27 oct. 2015
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Contexte historique
ParProfesseur agrégé d’histoire-géographie en CPGE au lycée Montaigne à Mulhouse
Depuis le 24 septembre 2015, les habitants de Strasbourg et du Bas-Rhin peuvent utiliser une nouvelle monnaie locale complémentaire à l’euro : le stück. Son nom a été choisi par le collectif de citoyens qui a promu cette monnaie locale : elle signifie morceau en alsacien (sans référence aucune avec l’usage nazi du mot) envoyant à la dimension régionale et identitaire de la monnaie. Cette expérimentation s’inscrit dans un contexte de multiplication des monnaies locales en France, mouvement qui a été initié avec l’Abeille (première monnaie locale en France) à Villeneuve-sur-Lot en 2010. On en dénombre plus d’une cinquantaine en France actuellement (dont le Florain à Nancy, le Radis à Ungersheim ou la Cigogne à Mulhouse pour ne rester que dans le Grand Est) et plus de 5000 dans le monde. Leur nombre augmente rapidement depuis la crise de 2008 et la défiance croissante envers les banques et le système financier globalisé, en parallèle au développement des monnaies virtuelles (crypto-monnaies, bitcoin).
Il s’agit d’une monnaie à part qui bénéficie de ses différents attributs et fonctions et qui prend la forme de billets-coupons. Comme toute monnaie, elle se définit comme un actif liquide, qui dispose d’un pouvoir libératoire immédiat et sans coût, qui se caractérise par des fonctions instrumentales : une fonction d’instrument de transaction, et une fonction d’étalon de mesure. Elles n’assurent cependant pas nécessairement une fonction de réserve de valeur : elles subissent souvent une dépréciation programmée afin d’encourager leur circulation au détriment de sa thésaurisation. Mais c’est également un bien social, qui repose sur la confiance au sein d’une communauté de paiement, producteur de lien social et l’expression d’un pouvoir.
Les monnaies locales sont créées par une association, parfois par des collectivités locales, en collaboration avec un établissement bancaire qui en assure l’émission et qui accepte d’opérer des conversions monétaires avec la monnaie nationale. Elles ne peuvent circuler que dans un périmètre territorial restreint (Strasbourg et le Bas-Rhin pour le stück) et pour opérer des transactions concernant des biens et des services du quotidien, produits ou vendus par des producteurs ou des commerçants de proximité. Ce sont des monnaies complémentaires à la monnaie nationale avec un cours « libre » (les agents économiques sont libres de l’utiliser et de l’accepter ou non) alors que la monnaie nationale a un cours « légal ». Les monnaies locales sont adossées à la monnaie officielle, et disposent d’une parité déterminée, qui en garantit une convertibilité contrôlée par la Banque centrale. Elle a d’ailleurs interdit en France de rendre la monnaie en euro sur un paiement en monnaie locale.
Elles disposent depuis la loi Hamon de juillet 2014 relative à l’économie sociale et solidaire d’une reconnaissance légale, ce qui constitue une situation inédite dans le monde, permettant d’encadrer et de sécuriser ces expériences monétaires par des institutions et les pouvoirs publics. Elles visent à promouvoir l’économie locale (commerce et production de proximité), à dynamiser les circuits courts des citoyens-consommateurs dans le cadre du développement d’une économie sociale et solidarité. Elles traduisent également des préoccupations plus globales (lutter contre la spéculation financière, contre les risques de défaillances monétaires et financières, promouvoir une transition écologique, favoriser un contrôle démocratique sur les institutions financières).
Elles restent toutefois peu diffusées et peu utilisées, en décalage avec le contexte de dématérialisation et de virtualisation monétaire mais peuvent également être porteuses d’un risque de repli communautaire (solidarités de voisinage) et de mise en concurrence des monnaies dans l’espace public.
Éclairage média
ParProfesseur agrégé d’histoire-géographie en CPGE au lycée Montaigne à Mulhouse
Le reportage sur le stück a été réalisé quelques semaines après sa mise en circulation en septembre 2015, bien que le projet ait été initié dès décembre 2013. Cette monnaie locale strasbourgeoise est portée par l’association éponyme Le stück en partenariat avec le Crédit Municipal de Strasbourg et la Nef (une banque coopérative). Les interviews d’agents économiques (des commerçants et des consommateurs du quartier de Cronenbourg à Strasbourg) utilisant cette monnaie locale permettent de la caractériser, de s’interroger sur sa forme et ses fonctions par rapport à la monnaie officielle et d’en déduire les limites ou les freins.
Le journaliste reconstitue le processus de circulation du stück depuis le Crédit Municipal de Strasbourg, qui est un des deux établissements qui peuvent assurer l’émission et la conversion avec la monnaie officielle (un stück = un euro). Cette monnaie ne peut pas donner lieu à un processus de la « création monétaire » (qui repose essentiellement sur la monétisation de crédit) : l’émission monétaire doit être couverte par une réserve équivalente en monnaie nationale déposée sur le compte bancaire détenue par l’association émettrice, ce qui en limite la diffusion. Utilisée à la fois des producteurs ou des commerçants, dans l’alimentation et la restauration, et leurs clients, cette monnaie est avant tout pensée comme un instrument de transaction devant circuler et favoriser la consommation au détriment des comportements d’épargne comme le précise Apolline Noiré, graphiste indépendante et représentante du collège des professionnels du stück. Pour favoriser la vitesse de circulation de la monnaie locale (supérieure à celle d’une monnaie officielle), le journaliste rappelle que chaque billet-coupon émis subit un décote (une fonte) de 2% de sa valeur tous les 9 mois, ce qui limite sa fonction de réserve de valeur dans le temps. Les utilisateurs de cette monnaie insistent tous sur sa dimension sociale et son inscription dans une perspective d’économie sociale et solidaire. Le stück est moins un instrument technique qu’un bien social, producteur de lien social entre les acteurs de l’économie locale mais aussi d’un sentiment d’appartenant à une communauté partageant les mêmes représentations et les mêmes valeurs. C’est pourquoi les commerçants l’utilisent alors que cette monnaie locale génère des coûts d’utilisation supérieure à la monnaie officielle. Elle ne vise pas à se substituer à la monnaie officielle mais à encourager les agents économiques à se réapproprier la monnaie comme un bien social et pas seulement comme un actif liquide
Si le reportage précise quelques chiffres pour contextualiser l’usage de cette monnaie (plus de 600 utilisateurs globalement, une vingtaine à l’échelle de la boulangerie), on peut en déduire son faible rayonnement et sa faible diffusion. Or la réussite de cette expérimentation monétaire repose sur le soutien des collectivités locales (subventions), sur les usages par des producteurs, des commerçants et des associations de proximité mais aussi par des groupes sociaux diversifiés. Le qualificatif de « monnaie de bobo » que suggère le journaliste lors d’une question à un client d’un restaurant interroge le risque d’un accaparement de cette monnaie par les élites de centres-villes ou par les groupes sociaux militants, promouvant des logiques sociales et solidaires qui risqueraient d’en circonscrire l’usage et d’en limiter l’objectif de modification des comportements d’échanges à l’échelle locale. Le modèle économique et financier de cette monnaie lui-même est problématique car il repose sur le bénévolat et sur les subventions des collectivités territoriales. Trois ans après le reportage, le stück est en crise et l’association éponyme a dû de séparer de son dernier salarié.
Transcription
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