Découverte du musée Unterlinden après sa rénovation
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Tour d’horizon des principaux aménagements effectués dans le nouveau musée Unterlinden lors de sa réouverture en octobre 2015 après 3 années de travaux.
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Date de publication du document :
08 déc. 2021
Date de diffusion :
09 déc. 2015
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Situé au centre-ville de Colmar, le musée Unterlinden (« sous les tilleuls ») est l’un des musées français parmi les plus visités en dehors de Paris. Il offre un exemple de musée régional riche d’une collection et d’un parcours couvrant près de 7 000 ans d’histoire, de la préhistoire à l’art contemporain. L’histoire du lieu plonge ses racines au cœur de l’époque médiévale.
Le musée est aménagé dans les bâtiments d’un ancien couvent fondé par des dominicaines au XIIIe siècle. La communauté monastique est dissoute pendant la période révolutionnaire (en 1792) et les murs du couvent sont convertis un temps en logement pour prisonniers de guerre puis en hôpital militaire. L’état des bâtiments s’étant alors fortement dégradé, l’ancien couvent semble voué un temps à la destruction. En 1853, la fondation Schongauer, créée quelques années auparavant et dotée d’un statut associatif, donne une nouvelle orientation au lieu en y ouvrant un musée. D’abord consacré à une collection de dessins et de gravures, le fonds du musée s’enrichit progressivement des découvertes issues des fouilles archéologiques entreprises dans la région, ainsi que de peintures et sculptures datant de la fin du Moyen-Âge et de la Renaissance. Au début du XXe siècle, les collections s’ouvrent aux arts décoratifs et populaires alsaciens, mettant en valeur les principaux éléments constitutifs du patrimoine et de l’identité régionale. Après la Seconde Guerre mondiale, le fonds permanent commence à accueillir des œuvres des grands courants de la modernité. Dans les années 2000, une importante série de donations et de legs vient rappeler combien l’espace muséographique est à l’étroit dans l’enceinte du couvent. Une seule solution s’impose : envisager une extension du côté des anciens bains municipaux, dont le bâtiment, face au musée, date du début du XXe siècle et a fermé ses portes en 2003. Dès lors, une nouvelle page de l’histoire du site s’ouvre.
Après un appel à projet de rénovation et d’agrandissement soumis à concours, le réaménagement du musée est confié au cabinet d’architecture suisse de renommée internationale Herzog & De Meuron, titulaire du prestigieux prix Pritzker (en 2001) et à qui l’on doit, entre autres, le stade olympique de Pékin et la Tate Modern à Londres. Achevé à l'automne 2015, à l’issue de trois années de travaux, pour un investissement de 44 millions d’euros (cofinancés par l'Etat, la région, le Haut-Rhin, des mécènes privés et la société Schongauer qui gère le site), la rénovation double la surface d’exposition du musée qui déploie désormais ses collections sur près de 8 000 m2. Celles-ci s’articulent en quatre zones distinctes réunies par les architectes : le couvent, dont les salles ont été entièrement rénovées, accueille les collections anciennes de la préhistoire à la Révolution ; la galerie souterraine de liaison, qui passe sous la place Unterlinden et le canal urbain, est dédiée au XIXe siècle et à l’histoire du musée ; une nouvelle aile, l’Ackerhof, est vouée à l’art contemporain ; et les anciens bains municipaux offrent désormais un vaste hall d’exposition permettant l’organisation de conférences et de concert.
Le projet, conçu de manière globale, prend en compte tout l’environnement du musée, de manière à ce qu’architecture, urbanisme et muséographie interagissent avec l’objectif affiché de concilier passé et modernité. Sur le plan muséographique, les nouveaux aménagements permettent de (re)découvrir dans la chapelle du couvent aux lignes plus épurées le chef-d’œuvre du musée, le Retable d’Issenheim, qui a bénéficié d’un éclairage repensé. L’aile nouvelle, qui reprend la volumétrie de la chapelle des dominicaines, offre un espace d’exposition beaucoup plus vaste pour les collections modernes ou des œuvres de grand format qui étaient jusqu’ici montrées de façon très temporaire. Plusieurs éléments du nouveau parcours rappellent régulièrement au visiteur la nature monacale et originelle du lieu. La muséographie très sobre invite à une approche plus personnelle des œuvres. A l’extérieur, l’architecture conjugue audace contemporaine et préservation de l’ancien. Soucieux d’inscrire leur intervention dans le respect des principes de la charte de Venise (qui encadre la préservation et la restauration des bâtiments anciens), les architectes se sont montrés attentifs aux qualités matérielles et formelles de l’environnement bâti. L’aile moderne rappelle ainsi la morphologie de l’ancienne ferme médiévale du cloître dont les plans ont été retrouvés dans les archives. Sa toiture pyramidale, recouverte de cuivre, emprunte sa forme aux toits des maisons qui bordaient autrefois le canal tandis que la teinte des briques rouges du bâtiment fait écho au grès local.
D’un point de vue urbanistique, la transformation du musée a été pensée dans un cadre large. Elle est le moteur d’une opération de redéveloppement urbain qui donne un nouveau visage à l’ensemble du quartier. Avant les travaux, l’environnement du musée était assez hétérogène, faisant cohabiter maisons anciennes et logements sociaux de style pseudo-régionaliste. Le canal enterré sous la place abritait une gare routière. Devenu un lieu de vie piétonnier et de passage attrayant, les abords du musée sont désormais plus aérés, le parvis étant ouvert sur le canal et l’entrée repositionnée sur un des côtés du cloître, lui donnant ainsi plus de visibilité.
Sur le plan économique, le réaménagement du musée témoigne des nouveaux enjeux liés aux transformations de l’ensemble des grandes institutions muséales. De nos jours, dans une société où le temps consacré aux loisirs et les mobilités ont augmenté, les musées sont pleinement intégrés à l’industrie de la consommation culturelle et à l’imbrication croissante entre culture et économie de marché. L’activité d’un musée ne se borne plus à la seule préservation et exposition d’une collection patrimoniale mais s’inscrit dans un environnement économique concurrentiel. Il s’agit de se démarquer des autres musées (et des autres lieux culturels et de divertissement) pour attirer le maximum de “visiteurs consommateurs”. La mutation du musée Unterlinden a aussi pour objectif de lui permettre de trouver sa place dans un paysage muséal national dense et le hisser au même rang de renommée que les autres grands musées de province tels que le Mucem à Marseille, le Musée des Confluences à Lyon, le centre Pompidou-Metz ou encore le Louvre-Lens. Pour le dire autrement, le musée Unterlinden doit devenir à moyen terme à la fois un musée capable d’être identifié comme une valeur sûre sur le plan patrimonial mais aussi comme une véritable marque ou signature, gage de qualité et d’authenticité.
Il faut également insister sur les enjeux touristiques que représente le réaménagement du musée pour une ville comme Colmar qui accueille plus de 3 millions de visiteurs par an. Bien identifiée comme un point de passage incontournable sur la route des vins et comme l’une des cités les plus représentatives du patrimoine architectural régional, la ville souffre depuis quelques années d’une surfréquentation chronique. La part importante des investissements des acteurs publics locaux et régionaux dans la rénovation du musée témoigne de leur ambition de monter en gamme dans l’offre culturelle, afin de cibler un tourisme plus qualitatif, mais aussi d’orienter une partie des flux touristiques vers le musée dont la fréquentation était déclinante. Force est de constater que, pour l’instant, l’objectif est loin d’être atteint. Après une année faste en termes de fréquentation qui a suivi sa réouverture, le musée a retrouvé un niveau de visiteurs équivalent à la période antérieure à son réaménagement. Ce constat est en partie lié à la politique tarifaire, jugée excessive, mais justifiée pour rentabiliser des investissements conséquents.
Au final, la rénovation du musée, même si elle n’a pas été épargnée par les critiques, a été saluée tant par les spécialistes de l’histoire de l’art que par le grand public comme un exemple de mutation permettant de concilier passé, présent et avenir. Le « nouveau Unterlinden » poursuit par ailleurs régulièrement sa mue à petites touches : les salles archéologiques, entièrement réaménagées, ont été inaugurées au début de l’année 2020 tandis que le Retable d’Issenheim connaît une opération de restauration complète in situ qui s’achèvera en 2021.
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Ce reportage de France 3 Alsace est réalisé dans le nouvel écrin du musée Unterlinden, quelques jours avant sa réouverture au public en octobre 2015, après un long chantier accusant un retard de plus d’une année au regard du planning initial. Il s’agit d’une visite en avant-première organisée pour la presse. Elle permet de faire le tour du site en insistant sur les principaux (ré)aménagements de l’espace muséal. Elle donne à voir quelques salles de la galerie souterraine qui fait la jonction entre l’ancien couvent et le nouvel espace aménagé dans les anciens bains municipaux. On peut observer que l’extension de ces derniers, à l’architecture résolument contemporaine, se marie de façon harmonieuse avec le bâti ancien, les architectes ayant recherché une configuration et un langage architectural qui s’intègre dans la vieille ville, tout en manifestant son caractère contemporain du point de vue formel.
La caméra circule dans quelques salles et offre un panorama rapide des nombreuses œuvres exposées. Le reportage consacre un temps à la pièce phare du musée, le Retable d’Issenheim, exposé dans la chapelle de l’ancien couvent des dominicaines. Pour des raisons de sécurité imposées par le ministère de la Culture, la structure de maintien du chef d’œuvre de Mathias Grunenwald a été transformée. L’interview de Pantxika de Paepe, directrice et conservatrice en chef des collections d'art ancien, montre combien cette opération était délicate. Le pari est largement tenu.
Le reportage donne un bon aperçu du travail de communication inhérent à toute structure culturelle qui cherche à renforcer son attractivité auprès du plus grand nombre : la visite de presse avant l’ouverture au grand public est un passage obligé de ce circuit afin de trouver l’écho le plus large possible. La présence de nombreux journalistes, en particulier de la presse nationale, rappelle que le musée a une renommée importante qui déborde du strict cadre régional et hexagonal. Outre les très nombreux touristes transfrontaliers allemands et suisses, le musée constitue une étape dans le parcours des visiteurs étrangers aiguillés par les grands tours opérateurs qui sillonnent la région. A la fin du reportage, l’annonce de l’inauguration officielle du nouveau musée par le président de la République François Hollande quelques semaines plus tard permet de mesurer l’intérêt que porte l’État français à la valorisation d’un site soutenu dans le cadre de la politique de décentralisation culturelle. A noter que plus de 600 articles de presse après l’inauguration présidentielle ont été publiés. Cela a nettement contribué à doper la fréquentation du lieu qui a franchi la moyenne de plus de 1 000 visites quotidiennes l’année qui a suivi sa réouverture.
De nombreux journalistes se sont déplacés lors de cette visite en avant-première, bien conscients de la portée culturelle de l’événement. Tous s’accordent à dire que la rénovation est une réussite tant d’un point de vue architectural que dans sa vocation à mettre en valeur les œuvres. Guy Boyer, directeur de la rédaction du magazine Connaissance des arts, s’enthousiasme du dialogue ainsi créé entre des peintures au style résolument différent. C’est l’occasion pour tous les visiteurs de porter un regard neuf sur le vaste fonds muséal colmarien.
Transcription
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