Mulhouse accueille une statue du capitaine Dreyfus réhabilité
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La statue d’Alfred Dreyfus est inaugurée à Mulhouse 110 ans après sa réhabilitation, en présence de son petit-fils et des membres de l’association qui œuvre pour sa mémoire. Cet événement s’inscrit dans un devoir de mémoire et de transmission des valeurs de la République : égalité, respect des droits de l’Homme et indépendance de la justice.
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Date de publication du document :
11 mai 2021
Date de diffusion :
09 oct. 2016
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L’Affaire Dreyfus occupe une place centrale dans l’histoire contemporaine de la France. Cet événement polarise l’opinion publique et domine la vie politique pendant douze années (1894-1906).
Au départ, l’affaire Dreyfus est une affaire d’espionnage. Le capitaine Alfred Dreyfus, juif d'origine alsacienne, est accusé par la Section de statistique (service de renseignements de l’armée) d'avoir livré des secrets militaires à l'Allemagne.
Dreyfus est condamné en 1895 à la détention à perpétuité sur la foi d’une pièce non communiquée à l’accusé et à sa défense, dégradé dans la cour de l’école militaire de Paris et envoyé au bagne en Guyane la même année.
Le frère de Dreyfus, Mathieu, et un écrivain, Bernard Lazare, luttent alors pour la révision du procès. En 1896, le colonel Picquart (chef du contre-espionnage) découvre le véritable coupable : le commandant Esterhazy. Celui-ci est jugé mais acquitté : l’armée refuse de reconnaître son erreur. Émile Zola publie alors le célèbre « J'accuse » à la une du journal L'Aurore le 13 janvier 1898. Zola est condamné pour diffamation mais cela permet de relancer l’affaire, qui devient politique, avec une implication massive de la presse écrite et de l'opinion dans le débat public. La France se divise en deux camps : les Dreyfusards et les Antidreyfusards.
La situation évolue en faveur des Dreyfusards grâce à la découverte d’un faux document dans le dossier Dreyfus. Un nouveau procès a lieu, Dreyfus est à nouveau condamné en 1899 à une peine de 10 ans de prison, mais le président Loubet décide de gracier Dreyfus qui est remis en liberté mais toujours reconnu coupable. Ce n'est que huit ans après, en 1906 que la Cour de Cassation reconnaît Alfred Dreyfus innocent et le réhabilite dans l'armée française.
Jusqu’en 1898, Dreyfus a tout du coupable idéal : l’opinion est plutôt unanime quant à sa culpabilité, en raison du contexte à la fois antisémite et nationaliste de l’époque. La défaite de 1871 face à la Prusse a favorisé « l’esprit de revanche ». Communiquer des informations stratégiques à l’Allemagne apparaît alors comme la pire des trahisons. L’antisémitisme est à cette période très répandu dans la société. Les juifs sont même parfois désignés comme les fomenteurs d’un complot international contre la France dirigé par le triptyque juifs/francs-maçons/socialistes qui gangrènerait le régime parlementaire alors en place.
Après la publication du « J’accuse », deux camps apparaissent. Le camp des antidreyfusards accuse Dreyfus au nom de la raison d’État, de la protection du prestige de l'armée et de la Nation. On retrouve dans ce groupe la droite nationaliste, antisémite, souvent antiparlementaire. Le camp des dreyfusards soutient Dreyfus au nom des valeurs de la République et de la démocratie (égalité, liberté, justice, droit de l'homme...). Le groupe est constitué par la gauche républicaine et les intellectuels. Le terme d’intellectuel est d'ailleurs apparu pendant l'affaire Dreyfus, utilisé au départ d’une manière péjorative par les antidreyfusards pour désigner Zola et les dreyfusards. La réhabilitation de Dreyfus s'apparente finalement à la victoire des républicains et de leurs valeurs.
L’inauguration de la statue de Dreyfus 110 ans plus tard, en présence de son petit-fils, apparaît donc comme un événement majeur : il s’agit à la fois d’exercer un devoir de mémoire, en rappelant l’intensité de l’atmosphère antisémite dans la France du début du siècle, mais aussi de souligner l’importance du respect des garanties fondamentales accordées à chaque citoyen dans toute procédure judiciaire, et de la défense du droit des citoyens face à la raison d'Etat.
Éclairage média
Par
Le reportage s’ouvre sur l’interview du petit-fils d’Alfred Dreyfus, Charles Dreyfus, qui s’attache à perpétuer le souvenir de son grand-père. Il apparaît très ému, et insiste ici sur la question de la transmission et sur le devoir de mémoire, en soulignant l’atmosphère antisémite de l’époque.
Fernand Hessel, cardiologue, figure du monde associatif mulhousien est interviewé ensuite en tant que président de l’association « Monument Dreyfus » créée en juillet 2006 pour porter le projet. On le voit très ému lui aussi de vivre l’aboutissement de dix ans de mobilisation pour aboutir à cette inauguration.
Le reportage date de 2016. Mulhouse a alors décidé de consacrer l'année à Alfred Dreyfus. Une série de manifestations sont organisées par la municipalité. Ainsi, le 13 janvier 2016, la ville de Mulhouse inaugure l'année Alfred Dreyfus, car c'est le 13 janvier 1898 que l'écrivain Emile Zola a publié son célèbre «J'accuse !» dans L'Aurore. Charles Dreyfus, le petit-fils du capitaine, et Martine Le Blond-Zola, arrière-petite-fille d'Émile Zola, lancent officiellement à l'Hôtel de ville cette année commémorative. Le 12 juillet, date anniversaire de la réhabilitation, est ouverte la salle Dreyfus au musée historique de la ville. Enfin, le 9 octobre, jour de la naissance d'Alfred Dreyfus à Mulhouse, a lieu l’inauguration d'un monument dédié à sa mémoire dans le parc Steinbach. C’est l’objet de ce reportage : il s’agit du point d’orgue de cette année commémorative.
La statue représente un Dreyfus réhabilité, élevé au grade de commandant et porteur de la croix de la Légion d’honneur. Elle est l’œuvre de la sculptrice Sylvie Koechlin. L’édification de cette statue a été permise par une souscription publique organisée par l’association « Monument Dreyfus », créée pour l’occasion. Taillée dans un bloc de granit, elle mesure 2.50 mètres de haut. Dreyfus est comme prisonnier d’une gangue de pierre, dont il semble sur le point de s’échapper. On peut y voir ici une double métaphore : cette « fente » figure cette France divisée par l’Affaire ; mais aussi la volonté de faire émerger la vérité. D’ailleurs, le soir, une lumière surgit entre le bloc de granit brut et la silhouette du capitaine, comme pour faire jaillir cette vérité des ténèbres.
Mulhouse possédait déjà quelques éléments rappelant son lien avec Dreyfus : une plaque commémorative apposée à sa maison natale, une rue à son nom où a été placée une plaque commémorant le centenaire de la réhabilitation. Cette œuvre monumentale donne de la visibilité au lien de la cité du Bollwerk avec Dreyfus et permet à la ville de souligner l’universalité du combat du capitaine Dreyfus pour la justice et la liberté.
Le reportage se poursuit avec l’interview du premier président de la cour de cassation Bertrand Louvel. Celui-ci insiste sur le rôle déterminant des magistrats dans l’affaire ; il fait ici allusion à son prédécesseur, le Mulhousien Louis Loew qui examina la requête en révision déposée par l'épouse du condamné et la déclara recevable. Il fut pour cela l’objet d’une violente campagne de presse (surnommé « le juif Loew », bien qu'il ne fût pas juif), mais refusa de se récuser : le 3 juin 1899, le jugement ayant condamné Dreyfus fut cassé et annulé. Même si une autre révision et un autre procès furent nécessaires à la réhabilitation définitive du capitaine Dreyfus, Louis Loew incarne l’attachement que doit avoir tout magistrat aux vertus de d'indépendance de la justice. Le 12 juillet 1906, un arrêt de la Cour de Cassation réhabilite finalement Alfred Dreyfus.
La journaliste évoque une autre statue d’Alfred Dreyfus à Paris : elle se trouve dans le VIe arrondissement, sur la place Pierre Lafue. Œuvre du sculpteur Tim en 1988, elle figure le capitaine Dreyfus au moment de sa dégradation, le sabre brisé. Elle était destinée à la cour d’honneur de l’école militaire, mais n’y a jamais trouvé place, à cause des réticences de l’Etat-major, qui a toujours refusé, y compris lors de la dernière demande en date formulée par Jack Lang et le maire de Paris en 2006.
Transcription
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