Le lac du Der en Champagne, de la gestion des crues au développement touristique
- Vitesse de lecture: 1 x (normal)
Infos
Résumé
Le reportage se penche sur les origines du lac du Der dans le sud-est du département de la Marne. Il évoque les différentes étapes qui aboutirent à sa mise en eau dans les années 70, depuis la grande inondation de 1910 qui inonda Paris et sa mise en tourisme.
Langue :
Date de publication du document :
08 déc. 2021
Date de diffusion :
31 juil. 2018
Éclairage
Informations et crédits
- Type de média :
- Type du document :
- Collection :
- Source :
- Référence :
- 00190
Catégories
Niveaux - disciplines
Thèmes
Lieux
Personnalités
Éclairage
Éclairage
Contexte historique
Par
Ce reportage de France 3 peut être utilisé, notamment, dans le cadre de la mise en œuvre du programme de géographie de la classe de seconde, en particulier dans le Thème 1 : "Sociétés et environnements : des équilibres fragiles", puisqu’il permet d’aborder la question des sociétés face aux risques à l’échelle mondiale et à l’échelle de la France. En effet, la prise en compte de la nécessaire gestion des risques naturels n’est pas nouvelle en France. L’inondation centennale qui commença avec les précipitations du 9 janvier 1910 est la deuxième crue la plus importante qu’aient connue la Seine et ses affluents dont la Marne, après celle de 1656, la plus grande catastrophe de ce type qu’ait eu à subir Paris. L’inondation de 1910 fait suite à une succession d’été et d’hiver pluvieux l’année précédente qui laissent les sols du bassin de la Seine saturés d’eau, incapables d’absorber de nouvelles précipitations. Or, un nouveau cycle de précipitations a lieu du 9 janvier au 7 février 1910. Cette crue provoqua l’inondation de 12 arrondissements de Paris, des souterrains dont 5 lignes de métro, causa des dommages sur environ 20 000 immeubles et 200 000 sinistrés furent à déplorer.
En conséquence, il fut décidé de mieux réguler le cours de la Seine et de ses affluents en amont de Paris. Avant la naissance du lac du Der en 1974, un premier réservoir est créé sur le site du « vieux Der » à proximité de la commune d’Eclaron, il est étendu en 1938 avec le réservoir de Champaubert-aux-Bois (village aujourd’hui englouti). Après la guerre, un projet d’extension de ce lac en dérivation de la Marne commence à progresser dans les esprits. Une nouvelle crue en 1955 scelle le sort des villages proches de ce réservoir. Le lac du Der tel que nous le connaissons aujourd’hui fut mis en chantier en 1969 et mis en eau en 1974, non sans résistances de la part des habitants des 3 communes englouties (Champaubert, Chantecoq et Nuisement). Il fut un certain temps le plus grand lac artificiel d’Europe (2e actuellement) d’une superficie totale de 48 km2, pouvant contenir 350 millions de km3 d’eau (remplissage de novembre à juin et vidange de juin à octobre). Une série d’autres lacs furent créés sur l’Yonne (Pannetière-Chaumard dans la Nièvre), la Seine (Lac de la forêt d’Orient dans l’Aube), l’Aube (Lacs Amance et du Temple dans l’Aube). Tous ces lacs sont gérés par l'Etablissement Public Territorial de Bassin (EPTB) Seine Grands Lacs associant la ville de Paris, les départements limitrophes ainsi que les Communautés d’agglomération de Troyes-Champagne-Métropole et de Saint-Dizier-Der et Blaise.
La mise en eau fut accompagnée d’un programme de développement touristique reposant essentiellement sur la construction de 3 ports de plaisance (Giffaumont, Nemours et Nuisement), 250 km de pistes cyclables, des chemins de randonnées et des plages artificielles. Le site touristique principal est constitué de la commune de Giffaumont-Champaubert dont le port de plaisance peut accueillir 400 bateaux de plaisance. L’offre touristique est complétée par l’ouverture d’un casino en 2014, d’une superficie de 2100m2, dont l’architecture s’intègre dans un paysage naturel largement préservé. Un village-musée fut créé sur la commune de Sainte Marie du Lac-Nuisement où furent rebâtis après démontage l’église de Nuisement et quelques bâtiments sauvés de la destruction lors des travaux du lac.
En 2018, le lac du Der accueillait 1,2 millions de visiteurs dont un tiers d’étrangers, souvent en quête d’un environnement préservé. Le lac est classé Réserve Nationale de Chasse et de Faune Sauvage accueillant plus de 200 espèces d’oiseaux dont les grues cendrées qui y stationnent lors de leur migration. Leur présence attire de nombreux ornithologues amateurs. Toutefois, le site reste à l’écart des grands axes de communication hormis la RN4 (Paris-Nancy) ce qui peut être un frein à son développement, tout comme l’absence de structures hôtelières autres que des campings. Donc, il sera possible d’inclure l’étude du lac du Der dans le thème 2 de géographie de la classe de 1ère consacré aux espaces productifs mais aussi dans le thème 3 consacré aux espaces ruraux et à leur mutation, en montrant que la région du Der est un espace préservé mais qui peut être encore valorisé dans un cadre durable.
Éclairage média
Par
Les reportages sur le lac du Der et ses activités sont relativement nombreux sur France 3 Grand-Est ou France 3 Champagne-Ardenne avant la réforme du découpage des régions en France. La journaliste Johanna Albrecht propose de revenir sur l’histoire du lac et ses conséquences. Les origines du lac sont brièvement exposées (juguler les crues de la Seine à Paris), la journaliste diffuse des images du lac en 2018 avant de procéder à un retour en arrière et un retour en images sur la construction du Der (endiguement, canal de dérivation de la Marne). Le reportage s’appuie sur des témoignages : des témoins contemporains de la mise en eau (1974), non identifiés, mais le texte affiché indique qu’il doit s’agir de deux habitants de Giffaumont qui racontent chacun une histoire du lac du Der.
Du point de vue historique, les divers témoignages (ceux des habitants ou d’Alain Venderschooten, directeur du village musée du Der) permettent de mesurer à la fois l’ampleur des aménagements qui furent réalisés mais aussi et surtout les « sacrifices » subis par les habitants des trois communes disparues, on peut parler de traumatismes comme le rappelle le directeur du village-musée. Ce traumatisme est mis en valeur par le témoignage de cet habitant âgé, dont l’émotion est palpable à l’évocation de son expulsion du village.
La mise en perspective des images d’archives et d’images actuelles permet de mesurer les progrès accomplis dans la mise en tourisme des rives du Der. Le reportage montre que ce développement a tardé à prendre son essor puisqu’il fallut attendre la fin des années 80 pour que les bases nautiques ou les plages attirent une clientèle d’abord locale, puis régionale et étrangère. Ainsi, Johanna Albrecht insiste sur les difficultés de cette mise en tourisme, bien que le site se trouve au centre d’un triangle métropolitain (Reims, Nancy, Bar-le-Duc), mais aussi sur le succès non démenti que rencontre le lac. Les images montrent des plages très fréquentées, des activités nautiques identiques à celles de la Méditerranée, mais avec des paysages singuliers qui associent la balnéarisation de certains sites (Giffaumont) et les espaces préservés permettant de miser sur plusieurs formes de mise en tourisme. C’est cet équilibre entre aménagements touristiques et paysages préservés qui représente l’enjeu majeur du développement du Der.
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
Olivia Villamy
Ce soir, « Un été dans l’Est » vous emmène sur les rives du Lac du Der, un lac très fréquenté par les vacanciers, mais qui fut d’abord créé pour endiguer les inondations parisiennes.Une histoire qui a commencé dans la douleur pour les habitants, avec la disparition de trois villages.Johanna Albrecht et Xavier Claeys
(Musique)
Johanna Albrecht
A l’origine, cette église n’a pas été bâtie au bord de l’eau.Mais, le village qui l’entourait autrefois en contrebas, Champaubert, lui a été entièrement détruit et englouti sous les eaux.Les eaux du lac réservoir de la Marne, plus connu sous le nom de Lac du Der, créé pour protéger Paris des inondations.C’est aujourd’hui devenu un haut lieu du tourisme dans le Grand Est.Voici nos guides du jour, Alain Vanderschooten est le directeur du Village Musée du Der .Il conserve la mémoire des villages disparus sous les eaux.Pierre Le Thies est Président de l’Office de tourisme du lac.Il est responsable du développement touristique.Avant d’être une destination estivale au début des années 70, le lac réservoir du Der, c’était un projet de la ville de Paris pour contrôler les crues de la Seine.
(Musique)
Journaliste 2
12 kilomètres de long sur 7 kilomètres de large, le grand Der, comme on l’appelle déjà, a été implanté dans une cuvette naturelle au Sud de Vitry-le-François et de Saint-Dizier, à la limite des départements de l’Aube, de la Marne et de la Haute-Marne.
(Musique)
Journaliste 2
Pour que le lac existe, trois petits pays ont dû se sacrifier et disparaître, leurs terres seront submergées sous 350 millions de mètres cubes d’eau.
Johanna Albrecht
Ces trois communes :Champaubert, Chantecoq et Nuisement sont entièrement détruites, leurs maisons brûlées.Aujourd’hui, il n’en reste plus que quelques vestiges conservés au Village Musée du Der .
Alain VANDERSCHOOTEN
C’est l’église de Nuisement en bois et cette église a été sauvée des eaux.Les villageois ont voulu préserver leur bâtiment, qui était voué à être brûlé.Et donc, on a trouvé une équipe de charpentiers, qui a fait exactement le même travail qu’on faisait au moyen-âge, c’est-à-dire qu’on a démonté le torchis.On a démonté toutes les pièces de bois une par une.Ces pièces sont numérotées et on les remet exactement à la même place, pour retrouver le même bâtiment.
Johanna Albrecht
Plus ancienne église en pans de bois de Champagne, elle est le dernier témoin de la contestation des villageois expropriés.Lorsqu’elle est déplacée en 1972, deux ans avant la mise en eau du réservoir. Certains vivent encore sur place.Pourquoi est-ce que ces gens-là ne voulaient pas partir ?
Alain VANDERSCHOOTEN
C’était leurs terres, c’était leur maison, c’était leurs racines, c’était leur histoire.Il a fallu déplacer les cimetières, ça c’est quelque chose qui est impossible à imaginer, être obligé de déplacer ses morts, c’est quelque chose d’affreux.
Intervenant
C’est la guerre, c’est pire que celui qu’a fait la guerre !Parce que ça a été fait à la main par des Français.On s’est battu pour défendre notre pays.Ceux qui n’avaient rien se sont fait trouer la peau, comme moi, pour défendre la France, et puis je suis fichu à la porte par des Français.
Johanna Albrecht
Alors, pour convaincre les Champenois, les autorités ont imaginé un nouvel avenir pour la région.
Inconnu 1
On a essayé de voir dans un rayon raisonnable, quels étaient les touristes qui pouvaient accéder au lac.Et finalement, le périmètre est assez large, puisqu’il n’y a pas d’équipement équivalent dans tout l’Est de la France.Alors, nous pensons que des agglomérations importantes, comme Bar-le-Duc, Nancy et même Châlons-Reims, seront certainement intéressées par le tourisme autour du lac.
Intervenant
Moi, personnellement, j’y crois, mais je ne sais pas si les habitants me suivent.Mais, je pense quand même, derrière cette étendue d’eau de 4 700 hectares, je pense que les gens, quand même.. on doit quand même y croire.
Johanna Albrecht
Mais, malgré toute la bonne volonté des élus locaux, il faut attendre les années 80 pour que le lac devienne un lieu prisé des plaisanciers, pêcheurs et sportifs.Les premières compétitions sont organisées.
(Musique)
Johanna Albrecht
Et les plages se remplissent.
Journaliste 2
Même à des centaines de kilomètres de la Méditerranée, on ne peut s’empêcher de jouer à la Côte d’Azur, dès que le thermomètre grimpe un peu.
Johanna Albrecht
Alors, de nouveaux travaux sont lancés.
Journaliste 3
C’est sur cette grande plateforme que seront réalisés la plupart des aménagements touristiques de la future station, des commerces, des hôtels et une piscine entre autres.Plus loin, les premiers remblais d’une île artificielle d’un hectare et demi en forme de croissant, qui abritera le port.
Johanna Albrecht
15 ans plus tard, le site de Giffaumont est le plus important du lac.Il peut accueillir jusqu’à 400 bateaux motorisés.
Pierre Le Thies
Aujourd’hui, c’est un port qui ne se désemplit pas.D’une année sur l’autre, on a une fréquentation permanente.Les pontons sont effectivement de très haute qualité, puisque je vous dis, les ports de la Côte d’Azur ou de l’Atlantique nous les envient.On a eau et électricité à chaque bateau.On a une sécurité totale.Donc, c’est vraiment des investissements de haut de gamme.
Johanna Albrecht
En 2017, 1 400 000 touristes ont fréquenté les abords du lac, dans la majorité des locaux, mais aussi des touristes étrangers et de plus en plus de Lorrains et d’Alsaciens.
(Musique)
Sur les mêmes niveaux - disciplines
Date de la vidéo: 07 juin 2018
Durée de la vidéo: 02M 11S
Nestlé Waters dans les Vosges : l’enjeu de l’eau
Date de la vidéo: 23 mai 2016
Durée de la vidéo: 03M 55S
Le PNR des Ballons des Vosges, laboratoire de développement durable
Date de la vidéo: 26 juin 1972
Durée de la vidéo: 02M 30S
Inauguration du centre national de recherches forestières de Champenoux
Date de la vidéo: 09 nov. 2019
Durée de la vidéo: 02M 0S
Le parc national des forêts de Champagne et de Bourgogne, catalyseur économique ?
Date de la vidéo: 06 avr. 2018
Durée de la vidéo: 02M 03S
L’Alsace dans l’UE et la mondialisation : une intégration économique et territoriale
Date de la vidéo: 08 avr. 2018
Durée de la vidéo: 03M 20S
Le dynamisme de la filière des industries de la santé et des biotechnologies en Alsace
Date de la vidéo: 18 févr. 1992
Durée de la vidéo: 01M 30S
Champagne-Ardenne : des territoires marqués par des dynamiques très contrastées
Date de la vidéo: 25 juil. 2018
Durée de la vidéo: 05M 35S
La cité ouvrière de Mulhouse et l’empreinte du paternalisme
Sur les mêmes thèmes
Date de la vidéo: 07 août 2015
Durée de la vidéo: 05M 19S
Le vignoble champenois au patrimoine mondial de l'UNESCO: entre protection et valorisation
Date de la vidéo: 23 mai 2016
Durée de la vidéo: 03M 55S
Le PNR des Ballons des Vosges, laboratoire de développement durable
Date de la vidéo: 16 mars 1994
Durée de la vidéo: 04M 29S
L’ouverture du musée mémorial des combats de la poche de Colmar à Turckheim
Date de la vidéo: 03 avr. 2004
Durée de la vidéo: 07M 27S
Natura 2000 : protéger la nature, valoriser les territoires
Date de la vidéo: 23 mai 2016
Durée de la vidéo: 03M 55S
Le PNR des Ballons des Vosges, laboratoire de développement durable
Date de la vidéo: 16 août 2018
Durée de la vidéo: 05M 38S
Le Parc naturel régional de la forêt d'Orient : un parc à trésors
Date de la vidéo: 10 sept. 2018
Durée de la vidéo: 01M 28S
Une ZAD contre le GCO : une arme nouvelle pour les opposants aux grands projets d’aménagement
Date de la vidéo: 27 sept. 2018
Durée de la vidéo: 02M 16S
L’EcoParc rhénan, le nouveau visage des zones d’activités économiques
Date de la vidéo: 22 juin 2013
Durée de la vidéo: 01M 57S
Fegersheim : quel devenir pour les espaces périurbains ?
Date de la vidéo: 02 sept. 2016
Durée de la vidéo: 02M 34S
Répondre aux enjeux du développement durable : l’exemple du pôle de compétitivité agro-ressources de Pomacle-Bazancourt
Sur les mêmes lieux
Date de la vidéo: 24 juil. 1981
Durée de la vidéo: 04M 36S
La gare de Metz, des origines à son 150ème anniversaire
Date de la vidéo: 03 mai 2011
Durée de la vidéo: 02M 21S
Claude Le Lorrain au Louvre : le dessinateur face à la nature
Date de la vidéo: 05 sept. 2014
Durée de la vidéo: 02M 06S
La première bataille de la Marne : quand la France faillit perdre la guerre en un mois
Date de la vidéo: 01 sept. 2016
Durée de la vidéo: 01M 58S
René Schickelé, un pacifiste alsacien à l’épreuve de la Grande Guerre
Date de la vidéo: 22 avr. 1966
Durée de la vidéo: 03M 32S
L’intégration des Harkis à Reims dans les années 1960
Date de la vidéo: 23 juin 2001
Durée de la vidéo: 01M 22S
Premier meeting aérien international à Reims en 1909
Date de la vidéo: 07 nov. 2018
Durée de la vidéo: 01M 45S
Le monument aux Héros de l’Armée noire : pour l’histoire et pour le présent
Date de la vidéo: 12 nov. 2019
Durée de la vidéo: 02M 13S