L’EcoParc rhénan, le nouveau visage des zones d’activités économiques
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Visite guidée de l’EcoParc rhénan de Reichstett, au nord de l’Eurométropole strasbourgeoise, nouveau modèle des zones d’activités, conciliant économie et développement durable.
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Date de publication du document :
08 déc. 2021
Date de diffusion :
27 sept. 2018
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Contexte historique
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En 2010, le groupe de raffinage suisse Petroplus annonce l’arrêt de sa raffinerie de Reichstett, au nord de Strasbourg. Alimentée par un oléoduc depuis le port de Fos-sur-Mer, elle est une des dernières raffineries à l’intérieur du territoire français, la quasi-totalité étant localisée dans les grands ports d’importation du pétrole (Le Havre, Donges et Fos-sur-Mer). Seule une activité de dépôt est maintenue jusqu’en 2013 et la faillite du groupe suisse. Au total, ce sont environ 300 emplois directs supprimés, sur un site de 80 hectares, très pollué et laissant dans le paysage une imposante friche industrielle.
Pour l’Eurométropole strasbourgeoise, le site est à la fois un problème économique et écologique, mais aussi une opportunité. La métropole manque d’espaces disponibles dans sa périphérie pour accueillir des entreprises et se trouve contrainte par la législation qui impose depuis le début des années 2010 de limiter la consommation de terres agricoles et d’espaces naturels, au profit de la reconversion des friches industrielles. Reichstett a des atouts pour attirer les entreprises. En effet, pour leur localisation, celle-ci sont sensibles à trois critères principaux. La proximité d’une métropole, ici Strasbourg, permet d’être proche des territoires les plus actifs et des actifs les plus qualifiés. La disponibilité foncière est un deuxième facteur important : la réussite du projet repose sur la mise à disposition de terrains à des coûts abordables. Enfin, la densité des réseaux de communication est un facteur majeur : ici, les entreprises profiteront du port fluvial, de la voie ferrée, de l'autoroute et bientôt du projet GCO – Grand Contournement de l’Ouest.
En 2016, les travaux de reconversion sont lancés, dans le cadre d’un partenariat public-privé classique dans les grands projets d’aménagement. Sont ainsi à l’œuvre trois acteurs publics, l’Etat (par l’intermédiaire de l’ADEME, Agence de la transition écologique), la Région Grand Est, l’Eurométropole, et un acteur privé, le promoteur Brownfields. Ce dernier a acheté pour un euro symbolique le terrain à dépolluer, soit une opération qui représente 70% des 30 millions d’euros investis par l’entreprise sur le projet. Les quelques 10 millions restant financent l’aménagement et la commercialisation du parc. L’Eurométropole et la Région Grand Est interviennent pour l’achat de terrains non pollués en limite de site, destinés pour une partie à accueillir l’extension future de l’EcoParc et pour une autre partie à garder en zone naturelle.
En septembre 2018 l’inauguration consacre la réussite du projet : les premières entreprises sont déjà implantées, la totalité des lots réservée et en cours d’aménagement, avec à la clé la création de quelque 1300 emplois surtout dans les secteurs du BTP et de la logistique.
L’appellation "EcoParc" désigne en fait une nouvelle conception de la zone d’activités. Elle vise une meilleure gestion des espaces dans une logique de développement durable qui repose sur un partenariat des entreprises du parc d’activités. Trois axes sont en général développés : un urbanisme durable, une gestion environnementale et une écologie territoriale autour de l’énergie (ici la géothermie) et du recyclage. Ainsi dans le projet de Reichstett, la création de l’EcoParc s’accompagne d’une très forte plus-value environnementale pour ce site très pollué. Une réserve de biodiversité de 10 hectares a été créée par le promoteur et la réserve foncière constituée par les collectivités inclut une zone naturelle de plusieurs dizaines d’hectares en direction du Rhin. L’ensemble du parc est aussi desservi par les transports en commun et des pistes cyclables.
L’Ecoparc Rhénan ne suscite pas de contestation, même dans les milieux écologistes et apparaît comme une réussite économique. Seul le volet social semble aujourd’hui en retrait, mais un écoquartier pourrait aussi voir le jour sur le site.
Éclairage média
Par
Le reportage du journal régional de France 3 Alsace est lancé par le présentateur en plateau. Il annonce d’emblée la réussite du projet qui vient d’être inauguré et s’interroge sur les raisons de ce succès. On notera que le bandeau d’annonce à droite du journaliste semble répondre à la question : "Reichstett, un carrefour économique" qui met en valeur l’importance de la situation de carrefour, donc la situation géographique. Cette dimension est soulignée à l’aide d’une carte qui montre que Reichstett bénéficie de la proximité de tous les moyens de communication et constitue donc un territoire très accessible.
Le reportage est constitué d’un mélange d’interviews et d’images. Pour le journaliste, donner à voir le nouvel EcoParc est un peu difficile : si tous les terrains ont trouvé preneurs, peu d’entreprises sont encore installées. Il choisit donc de montrer une entreprise déjà en activité (la sablière Léonhart) et, en fin de reportage, un bâtiment en cours de finition. Mais pour habiller son sujet, il recourt à des images de synthèse produites par le promoteur du projet : on a donc des images promotionnelles transformés en images d’information. Pour les témoignages, le journaliste interroge trois acteurs du projet : le gérant de la sablière, le promoteur du projet et un décideur politique. Ici, le reportage offre bien au téléspectateur trois points de vue différents, chacun développant sa vision du projet. On notera que chacun est mis en scène dans son rôle : le gérant de site est au travail auprès de son personnel, le promoteur est devant ses plans du site et l’élu, président de l’Eurométropole, qui est donc le décideur du projet, est visiblement interrogé sur la terrasse de ses bureaux, avec la métropole en arrière-plan, dans une posture qui en fait un "visionnaire", un homme qui a bien en charge l’avenir de son territoire. Il serait d’ailleurs intéressant de savoir qui a fait le choix de l’emplacement pour l’interview.
Le reportage s’appuie sur une construction narrative efficace. Il part de l’ancien site de la raffinerie, puis se centre sur le projet en cours de finalisation et s’achève sur l’extension future de l’EcoParc : il met donc en évidence le passé (les héritages), le présent (l’aménagement) et le futur (les effets attendus) du site. Les interviews cherchent à dégager les atouts du projet, comme annoncé en lancement mais il en souligne aussi les enjeux avant tout économiques mais aussi écologiques. Ainsi, chacun apporte des éléments qui expliquent sa réussite. Le gérant de la sablière souligne les intérêts de la situation et les perspectives de développement du nord de l’agglomération. Le promoteur met en évidence une réussite presque inattendue par sa rapidité : il montre ainsi la pertinence du projet, annonçant la satisfaction du décideur, l’élu. Celui-ci est là pour souligner l’enjeu économique du projet en expliquant comment une catastrophe, la fermeture de la raffinerie, a été transformée en opportunité par les choix politiques opérés. En mettant en évidence la question de l’emploi, l’élu sait que sa parole aura du poids auprès des téléspectateurs dans un contexte où l’emploi reste la première des priorités. Le journaliste peut donc annoncer que l’EcoParc va grandir après la réussite presque inattendue de la première tranche du projet.
Le reportage montre qu’un projet comme l’Ecoparc rhénan est un projet réussi car pensé de façon multiscalaire et prenant en compte les intérêts d’acteurs de nature différente. En ce sens, il peut être un exemple d’aménagement des territoires, pensé en termes de compétitivité surtout et de durabilité, mais moins en termes de cohésion sociale.
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