La géothermie : ressource renouvelable ou nouveaux risques pour les territoires ?
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Le reportage traite d’une énergie renouvelable alternative aux énergies fossiles dans un but de réduction des gaz à effet de serre : la géothermie. L’utilisation de cette ressource en Alsace soulève la question de la lutte contre le changement climatique à une échelle locale mais également de l’apparition de nouveaux risques liés à l’exploitation de la ressource.
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Date de publication du document :
08 déc. 2021
Date de diffusion :
15 mai 2017
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ParProfesseure agrégée de géographie au lycée Charlotte Delbo (Créteil)
La géothermie est une ressource renouvelable et inépuisable qui transforme la chaleur de la Terre en énergie. Elle apparaît comme un choix possible pour la transition énergétique, c’est-à-dire le passage d’un système reposant sur des énergies de stock (pétrole, charbon, gaz ou uranium) à un système reposant sur des énergies de flux (éolien, solaire, biomasse, géothermie…). En 1988, le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) est créé, dans le cadre de l’ONU, afin d’évaluer le changement climatique. La Conférence de Rio de 1992, à partir de ces travaux, alerte alors sur les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Dès lors, les experts font le lien entre l’utilisation de combustibles fossiles et le réchauffement climatique. De même, la question des réserves d’énergie se pose : les quantités totales de charbon, pétrole ou gaz ne sont pas toutes accessibles et les réserves connues s’amenuisent. Les énergies renouvelables apparaissent ainsi comme des solutions pour faire face à la demande croissante en énergie dans le monde, due à la croissance démographique. La géothermie est alors ressource, puisque la chaleur de la Terre devient un élément mis en valeur et exploité par les sociétés. Ce type d’extraction de l’énergie pose la question de l’innovation technologique pour régler la question du changement climatique. Dès les années 1960, des scientifiques se sont posés la question de l’utilisation de la technologie pour résoudre un problème : selon eux, l’utilisation d’une technologie va régler un problème créé par une autre technologie, ce qui n’empêche pas la création de nouveaux problèmes par la suite. Dans le cas de la géothermie, ces nouveaux problèmes sont l’apparition de risques.
La géothermie est une énergie non dépendante des conditions climatiques comme les énergies éoliennes ou solaires et est donc disponible constamment. Il existe deux types d’extraction de la chaleur. D’une part, la géothermie de surface exploite la chaleur superficielle et est extraite de quelques dizaines de centimètres à une centaine de mètres de profondeur, ce qui permet de chauffer des bâtiments à proximité. D'autre part, la géothermie profonde exploite la chaleur des nappes aquifères. Cette dernière est alors extraite jusqu’à plusieurs kilomètres sous la surface de la Terre, dans des lieux spécifiques (sur une faille sismique, une zone volcanique…). Ce type de géothermie a pour but le chauffage et la production d’électricité. Cependant, cette technique représente moins de 0,1% de la production électrique mondiale. Les Etats-Unis sont le plus grand producteur mondial (163 TWh). En France, seules deux centrales électriques géothermiques existent, à Bouillante (Guadeloupe) et Soultz-sous-Forêts (Grand-Est), malgré le terreau favorable à leur installation par exemple dans le Massif Central ou les Pyrénées.
La géothermie repose sur une volonté de développement local. Ce sont les acteurs locaux qui décident de l’implantation d’une centrale de géothermie. Le but est alors la réduction des coûts de l’énergie liée à l’exploitation des énergies fossiles mais également le développement local. Les centrales sont, en effet, des pourvoyeuses d’emploi. Ces infrastructures sont donc décidées au niveau local et soutenues au niveau national par l’Etat, représenté notamment par l’Ademe (Agence de la transition écologique). Ces projets d’aménagement peuvent donner lieu à des enquêtes publiques de concertation afin d’intégrer la société locale dans le processus de décision, comme cela a été le cas pour l’Eurométropole de Strasbourg au printemps 2015 au sujet de quatre projets de géothermie profonde. L’opinion publique y a été d’ailleurs défavorable. Seuls deux des projets ont été autorisés par la préfecture à la suite de la concertation : un à Illkirch-Graffenstaden et l’autre à Eckbolsheim.
L’exploitation de cette ressource renouvelable n’est pas sans risque. Les forages peuvent donner lieu à des effondrements de terrain, ainsi qu’à une activité sismique importante. Le risque est un phénomène d’origine naturelle ou anthropique porteur de dangers pour la société. La recherche de solutions techniques pour lutter contre le changement climatique et ses risques est donc à l’origine de nouveaux risques pour les populations. De plus l’exploitation de la ressource géothermique n’est pas forcément acceptée par les sociétés. Dans l’Eurométropole de Strasbourg, notamment, l’implantation de projets de géothermie profonde a suscité des controverses lors des enquêtes publiques : les risques liés à cette activité y ont été particulièrement mentionnés.
Éclairage média
ParProfesseure agrégée de géographie au lycée Charlotte Delbo (Créteil)
Ce reportage a été diffusé le 15 mai 2017 au journal télévisé de France 3 Champagne-Ardenne, dans la catégorie « Economie ». Il s’agit d’un reportage revêtant une forme plutôt classique qui a pour but de transmettre une information locale. D’une durée brève, il alterne entre plans de centrales et d’installations géothermiques et plans sur les espaces qui utilisent cette technologie. Plusieurs acteurs y sont interrogés : un responsable d’exploitation, un maire, un représentant de l’Ademe et un ingénieur du BRGM (Bureau de Recherches Géologiques et Minières).
Les journalistes s’attardent dans un premier temps sur les bénéfices économiques de la géothermie sur la région. En Lorraine, une mine de fer fermée est rouverte pour développer une « technologie inédite », à savoir la géothermie de surface. Cette technologie n’est d’ailleurs pas réellement inédite puisqu’elle son développement est soutenu depuis 2006 par le BRGM. Les journalistes mettent donc l’accent sur l’utilisation d’une innovation technologique qui utilise les aménités d’un territoire : l’existence de galeries souterraines ou la présence d’une faille sismique à proximité. Ces territoires sont donc mis en valeur dans le reportage. Il est aussi dit que les factures d’électricité de la commune pourraient être amoindries grâce à la géothermie.
Ce reportage a également un but pédagogique. Les journalistes retracent l’histoire de la géothermie dans la région Grand-Est en mentionnant la centrale de Soultz-sous-Forêts en Alsace, première centrale de géothermie profonde en France. Démarré en 1985, le projet de cette centrale a mis 30 ans à sortir de terre, entre la phase de recherche et de développement et la phase de construction. Des images d’archive, probablement datant de la mise en service de la centrale en 2008, sont montrées en noir et blanc. Un schéma est également proposé aux spectateurs afin de mieux comprendre le mécanisme d’extraction d’eaux chaudes dans la plaine d’Alsace.
La dernière partie du reportage se concentre sur les risques liés à l’exploitation de cette ressource mais également sur la façon dont faire face à ces risques. On peut souligner l’absence d’interviews d’habitants du quartier qui subit les dégradations (affaissement du terrain et des fondations notamment) liées à l’exploitation géothermique. Les journalistes soulignent, à la fin, le caractère naissant de cette technologie, ce qui renvoie aux critiques de certains habitants contre l’installation de ces centrales lors des enquêtes publiques.
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
Ophélie Masure
C’est une énergie d’avenir dans le Grand Est.A l’heure des grands enjeux climatiques, on s’intéresse ce midi à la géothermie : source d’énergie verte et surtout inépuisable, technologie de pointe qui consiste à récupérer les degrés présents dans la couche terrestre.Pour mieux comprendre, dossier Grand Est signé Olivia Villamy et Paul-Antoine Boudet.
(Bruit)
Olivia Villamy
Dans ces kilomètres de galeries souterraines noyées par l’eau, on développe une technologie inédite.En Lorraine, cette ancienne mine de fer fermée il y a plus de 60 ans a rouvert ses portes grâce à la géothermie.Ici, la chaleur de l’eau qui coule à 12 degrés est récupérée et directement injectée dans le réseau de la ville.
Mathieu Roger
On a deux pompes qui vont aller aspirer de l’eau du carreau de mine ennoyé.On va remonter cette eau sur une pompe à chaleur par un truchement thermique, on monte la tempe et ça nous permet de chauffer les bâtiments.
Olivia Villamy
Quelques mètres plus haut, c’est toute une partie de la ville de Fontoy qui vit désormais grâce à cette source d’énergie.Maison de retraite, salle des fêtes ou mairie, au total, plus de 7 bâtiments chauffés par la géothermie.Un investissement coûteux pour le maire de la ville mais il espère à terme économiser 25 % de sa facture énergétique.
Henri Boguet
L’avantage, c’est qu’on a une énergie incommensurable avec l’eau de mine, puisqu’on est carrément sur un lac souterrain ici, avec toutes les galeries des mines de fer qui ont été ennoyées lorsqu’on a arrêté le pompage.
Olivia Villamy
Des mines de Lorraine aux nappes phréatiques de la Champagne-Ardenne jusqu’aux failles sismiques d’Alsace, les ressources géothermiques de la région sont inépuisables mais pas suffisamment exploitées pour l’agence de l’environnement.
Axel Wyckhuyse
C’est un potentiel que l’on méconnaît.Autant, on est capable de voir une forêt et de tirer derrière la conclusion qu’il y a du bois énergie, autant effectivement de savoir exactement ce qu’on a dans le sous-sol et ce qu’on peut en faire est assez difficile à appréhender.
(Bruit)
Olivia Villamy
En Alsace, il a fallu aux ingénieurs 20 ans pour mettre au point cette centrale.A Soultz-sous-Forêts, on fait de l’électricité grâce à la géothermie profonde.Un pari risqué mais réussi, si bien qu’aujourd’hui, d’autres centrales quasi-identique voient le jour, comme ici à Rittershoffen.
Bernard Keintz
Nous puisons en réalité une eau à plus de 170 degrés.Cette eau passe ensuite dans des échangeurs qui sont dans le bâtiment et pour retourner immédiatement grâce à ce puits-là, être réinjectée dans la même profondeur pour redescendre en convection et se réchauffer à nouveau.
Olivia Villamy
Un procédé sans incidence pour la nature et qui permet d’économiser tous les ans 16 000 tonnes d’énergie fossile.Une prouesse rendue possible par la qualité du sol alsacien.
Bernard Keintz
Notre sous-sol ici, ce qu’il a de particulier, c’est que nous sommes sur un bassin d’effondrement, la plaine d’Alsace, qui s’est effondré entre la Forêt-Noire et les Vosges.Et donc, nous arrivons à capter de l’eau géothermale aux alentours de 150 degrés, voire plus de 150 degrés.
(Musique)
Olivia Villamy
Mais la géothermie a aussi ses victimes.Lochviller, petit village alsacien, peut en témoigner.En 2008, le forage d’un lotissement vire au cauchemar : le maître d’ouvrage libère une eau sous pression qui, au contact de la roche, forme une couche de gypse.Tout le sol de la ville se gonfle alors et les maisons se fissurent une à une.Pour éviter des drames similaires, le Bureau de recherches géologiques cartographie le territoire et identifie les zones à risque.
Dominique Midot
Vous avez donc sur cette carte-là qui est une carte de la Lorraine, vous avez des zones en rouge, en fait, et toutes ces zones-là correspondent en fait à des couches de sel qui sont présents dans le sous-sol.Vous avez d’autres zones ici qui sont en orange, et ici, le risque, c’est la mise en communication de nappes d’eau potable avec des zones qui sont potentiellement polluées en surface.
Olivia Villamy
Mais les géologues n’en sont qu’au début.Tout l’Hexagone n’a pas encore été cartographié et les cartes devront être plus précises à l’avenir pour que la géothermie se développe.
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